Dans une allocution, au cours de la nuit de mercredi à jeudi 7 août, la présidente du Liberia, Ellen Johnson-Sirleaf, a annoncé l'état d'urgence dans le pays, à partir de ce mercredi et pour une durée de 90 jours. Elle espère ainsi reprendre le contrôle sur la situation, alors que 282 Libériens sont déjà morts de l'épidémie. A Monrovia, l'un des principaux hôpitaux est également resté fermé toute la journée après la mort de son directeur, touché par le virus.
Ellen Johnson Sirleaf a notamment déclaré que l’épidémie de virus Ebola « exige des mesures extraordinaires pour la survie de l'Etat ». Pour la présidente libérienne, « l'ignorance, la pauvreté, ainsi que des pratiques culturelles et religieuses bien ancrées continuent à exacerber la propagation de la maladie, en particulier en province » et « les ramifications et les conséquences de la maladie constituent à présent un trouble affectant l'existence, la sécurité et le bien-être de la République, représentant un danger clair et immédiat ».
Le jeune recommandé par les Eglises chrétiennes
Dans le combat des Libériens contre Ebola, tous les moyens sont bons. Face à l'impuissance de la médecine et pour vaincre le virus, le conseil des Eglises chrétiennes préconise la prière et le jeun. Pé Gervé, un habitant à Monrovia, la capitale, y croit dur comme fer. « Depuis l'arrivée de l'épidémie, chacun, de son côté, essaie de prier le bon Dieu pour le salut, explique-t-il. L'homme, lorsqu'il a des difficultés, se tourne vers l'être suprême. Toutes les stratégies sont bonnes actuellement, donc nous sommes là pour demander le salut ! »
François Xavier, habite lui à Voinjama dans le Lofa, une des région les plus affectées par l'Ebola. Il estime que seule une démarche sanitaire est efficace pour éradiquer l'épidémie : « Personnellement, je ne vais pas jeuner. La prière ne peut rien faire pour aider à se débarasser du virus, car cela n'a rien à voir. Nous regrettons la lenteur de l'Etat pour sensibiliser cette population. Il faut créer les conditions sanitaires et prendre les précautions nécessaires pour éloigner le virus. »
932 morts sur 1 711 personnes touchées, selon le dernier bilan de l'OMS
La fièvre hémorragique reste encore hors de contrôle selon l'OMS. Le virus Ebola a fait 932 morts sur 1 711 cas confirmés, suspects ou probables (dont 363 en Guinée, 282 au Liberia, 286 en Sierra Leone et 1 au Nigeria), selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dressé le mardi 4 août. Le comité d'urgence des règles sanitaires internationales de l'OMS est actuellement réuni à Genève pour deux jours pour décider si l'épidémie d'Ebola est une « urgence de santé publique de portée mondiale » et nécessite des mesures à l'échelle planétaire. « Nous sommes devant une situation inhabituelle. Nous avons une maladie avec un niveau élevé de mortalité sans aucun vaccin approuvé et certifié. Nous devons demander à des spécialistes de l'éthique médicale de nous donner des lignes de conduite pour une politique responsable », explique Marie-Paule Kieny, directeur général adjoint de l'OMS, dans un communiqué publié ce mercredi 6 août.
Au Nigeria, les autorités espèrent contenir la propagation
Au Nigeria, une deuxième personne est morte à Lagos des suites de la maladie. Sept cas confirmés ont déjà été enregistrés dans ce pays depuis l'arrivée d'un malade en provenance du Liberia, fin juillet. Après le ressortissant libérien décédé le 25 juillet dernier, c'est l’une des infirmières qui lui avait prodigué des soins qui a succombé au virus mortel. Les sept cas confirmés du virus Ebola identifiés au Nigeria, l’ont tous été parmi le personnel de l'hôpital qui a accueilli le patient libérien. Soixante dix personnes qui furent de près ou de loin en contact avec ce ressortissant libérien et sont désormais sous surveillance, affirment les autorités nigérianes. La moitié est en quarantaine. Face aux risques grandissants, plusieurs responsables ont appelé les autorités à ouvrir rapidement de nouvelles unités de traitement des malades d'Ebola dans la capitale économique du pays, qui compte 20 millions d'habitants.
Le ministre nigérian de la Santé a par ailleurs affirmé avoir noué des contacts avec les Etats-Unis dans le but de se procurer du Zmapp, cet anticorps expérimental utilisé avec un certain succès sur les deux Américains rapatriés du Liberia. Le ministre n’a pas précisé si les Etats-Unis ont répondu favorablement à sa requête. Mais les spécialistes affirment que le traitement n'en est qu'à un stade expérimentale et qu'il faudra de toute façon patienter encore une année, voire davantage, avant d'avoir une production de vaccin à grande échelle.
Source : Rfi.fr
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