Les victimes attendaient cela depuis le 24 février 2003 : que les auteurs du massacre de Bogoro, dans l'Ituri congolais, paient enfin pour les crimes commis. Ce jour-là, plus de 200 personnes ont été tuées, par balle ou à la machette. Le village pillé, les femmes violées. C'est chose faite, depuis hier, vendredi : la CPI a condamné Germain Katanga, ancien chef de milice, à 12 ans de prison.
Détenu depuis 7 ans, le Congolais doit donc rester cinq années de plus sous les verrous. La CPI l'a reconnu coupable de « complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité » pour avoir contribué à fournir des armes à la milice armée qui a massacré plusieurs centaines de personnes à Bogoro en raison de leur appartenance ethnique.
Soulagement, mais déception
Du côté des victimes, on se dit soulagé. Même si l'on attendait une peine plus lourde. C'est un sentiment mitigé qui domine : certes, justice a été rendue, mais les victimes auraient souhaité que les juges suivent la Procureure Fatou Bensouda et punissent plus lourdement Germain Katanga.
« Comment la cour va obtenir la réparation pour les victimes ? », s’interroge l’une des victimes, interrogée par RFI, qui a préféré garder l’anonymat. Et, si réparation il y a, « ce sera vraiment symbolique », insiste-t-elle. L’objectif, pour les victimes, n’est « pas une réparation pour que l’on obtienne beaucoup d’argent, non. C’est une réparation symbolique », souligne-t-elle. « Il y a eu des maisons incendiées, il y a eu des pertes de vies humaines. (…) Il faut revenir construire des huttes, des cases pour la population, symboliquement. Il faut donner quelque chose. »
Protection des victimes
« Jusqu'à aujourd'hui, des orphelins ne vont plus à l'école, des personnes sont handicapées, des gens sont traumatisés », rapporte en écho Junior Safari, qui dirige l'Action congolaise pour le respect des droits humains. Désormais, les victimes attendent donc que la CPI obtienne des indemnités pour les survivants, mais aussi qu'elle veille à la protection des témoins. Certains ont été menacés. « Nous devons nous assurer que le gouvernement puisse assurer la protection de ces victimes, parce que nous savons comment toutes ces victimes ont été traquées, ont subi des pressions de la part des autorités locales. Et même de certains groupes armés proches de Germain Katanga », insiste ainsi Junior Safari.
Quid des commanditaires ?
Si pour les victimes, Germain Katanga était bien le commanditaire du massacre, en revanche, faute de preuve la CPI ne l'a condamné que pour sa contribution. Dès lors, s'interroge Me Fidèle Luvengika, l'avocat d'un collectif de victimes, le procureur ne doit-il pas poursuivre ses enquêtes afin de trouver les vrais coupables ? « Si le procureur dispose d’assez d’éléments, contre des responsables ou des commanditaires, normalement, le procureur doit essayer, évidemment, de traduire en justice toutes ces personnes », plaide l'avocat. Comme tout procès, celui de Germain Katanga n'a pas livré toute la vérité, mais seulement une partie. Aux yeux de beaucoup, l'essentiel est aussi d'avoir mis un terme au sentiment d'impunité qui prévaut souvent à l'est du Congo.
Source : Rfi.fr
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