Le bar n'est qu'un décor de théâtre et cette scène l'un des moments-clés de "La Rivière et la montagne", pièce inédite donnée à Kampala, l'une des premières à aborder le tabou de l'homosexualité en Ouganda.
Ecrite par un auteur britannique spécialement pour une troupe ougandaise, elle tente surtout de décrypter les motivations d'une récente campagne anti-homosexuels dans le pays, alimentée par un projet de renforcement de la déjà très sévère législation locale contre l'homosexualité.
Illégales en Ouganda, les relations homosexuelles sont déjà punissables de la prison à perpétuité. Mais un projet de loi récemment re-déposé devant le Parlement prévoit de sanctionner de la peine capitale quiconque est déclaré coupable d'actes homosexuels en récidive, en étant séropositif ou avec un mineur.
Ceux qui discuteront en public d'homosexualité - y compris les membres d'associations de défense des homosexuels - encourront eux sept ans de prison. Le projet, dont ses promoteurs assurent qu'il peut être encore amendé, a été condamné en Occident, mais a suscité peu de réactions en Ouganda.
La pièce a quant à elle dû surmonter nombre d'obstacles. L'autorité de supervision des médias l'a frappée d'une interdiction temporaire, expliquant devoir en étudier le scénario. Le théâtre national d'Ouganda a refusé d'organiser des représentations initialement prévues.
La troupe contourne l'interdiction en se produisant dans des salles privées de la capitale ougandaise.
"En tant qu'artistes, nous repérons un sujet que la société fait semblant de ne pas voir et nous le mettons sur la table", a expliqué à l'AFP Okuyo Joel Atiku Prynce, qui joue le rôle de Samson. "Regardez l'état de nos routes, regardez nos écoles, regardez nos hôpitaux et dites-moi si c'est tout cela est la faute de l'homosexualité", a-t-il poursuivi.
L'homophobie est très répandue en Ouganda et les homosexuels - hommes et femmes - sont harcelés et menacés de violences. Dans la pièce, les concurrents de Samson vont utiliser son homosexualité pour lui nuire, ses amis l'abandonneront et il finira par être assassiné.
Evoquer l'homosexualité est traditionnellement tabou en Ouganda. Pour la metteuse en scène, Angella Emurwon, la pièce pourrait aider à faire avancer le débat: "Le théâtre a cette capacité à vous faire oublier qui vous êtes et vous plonger dans l'histoire de quelqu'un d'autre".
"Nous utilisons des biais comme l'humour pour calmer l'inquiétude et si vous êtes capable de rire avec quelqu'un, cela signifie que vous devenez plus réceptif pour écouter ce qu'il a à dire", a-t-elle poursuivi, à l'issue de deux mois de répétitions.
L'actuelle campagne anti-homosexualité est alimentée par les Eglises évangéliques d'Ouganda, mais aussi leurs grandes soeurs américaines, et ceux qui dénoncent leurs motivations sont souvent accusés de faire la promotion de l'homosexualité.
En visite en Ouganda début août, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, a rappelé les "difficultés et même les dangers" auxquels font face les opposants au projet de loi: "leur vies sont menacées, leur amis et familles intimidés".
L'auteur, Beau Hopkins, poète britannique temporairement installé en Ouganda, se défend d'avoir écrit une pièce pro-gay, estimant qu'elle se concentre surtout sur la façon dont certains peuvent manipuler certains sujets à leur profit.
"Ce que la pièce essaie de faire est de dépeindre une situation où le préjugé devient valorisé et la façon dont vous pouvez en tirer des bénéfices politiques et financiers", a-t-il expliqué, "elle s'attaque (...) à la religion, la politique et l'économie et à la façon dont on fabrique nos façons de voir".
L'homosexualité reste un sujet explosif en Ouganda et Okuyo Joel Atiku Prynce, l'acteur principal, ne se fait aucune illusion sur la capacité d'une si petite production à changer les mentalités.
"Cela ne changera pas le pays du jour au lendemain, mais si cela permet à une seule personne de s'interroger sur sa façon de penser, alors cela aura au moins servi à quelque chose", dit-il.
AFP
Ecrite par un auteur britannique spécialement pour une troupe ougandaise, elle tente surtout de décrypter les motivations d'une récente campagne anti-homosexuels dans le pays, alimentée par un projet de renforcement de la déjà très sévère législation locale contre l'homosexualité.
Illégales en Ouganda, les relations homosexuelles sont déjà punissables de la prison à perpétuité. Mais un projet de loi récemment re-déposé devant le Parlement prévoit de sanctionner de la peine capitale quiconque est déclaré coupable d'actes homosexuels en récidive, en étant séropositif ou avec un mineur.
Ceux qui discuteront en public d'homosexualité - y compris les membres d'associations de défense des homosexuels - encourront eux sept ans de prison. Le projet, dont ses promoteurs assurent qu'il peut être encore amendé, a été condamné en Occident, mais a suscité peu de réactions en Ouganda.
La pièce a quant à elle dû surmonter nombre d'obstacles. L'autorité de supervision des médias l'a frappée d'une interdiction temporaire, expliquant devoir en étudier le scénario. Le théâtre national d'Ouganda a refusé d'organiser des représentations initialement prévues.
La troupe contourne l'interdiction en se produisant dans des salles privées de la capitale ougandaise.
"En tant qu'artistes, nous repérons un sujet que la société fait semblant de ne pas voir et nous le mettons sur la table", a expliqué à l'AFP Okuyo Joel Atiku Prynce, qui joue le rôle de Samson. "Regardez l'état de nos routes, regardez nos écoles, regardez nos hôpitaux et dites-moi si c'est tout cela est la faute de l'homosexualité", a-t-il poursuivi.
L'homophobie est très répandue en Ouganda et les homosexuels - hommes et femmes - sont harcelés et menacés de violences. Dans la pièce, les concurrents de Samson vont utiliser son homosexualité pour lui nuire, ses amis l'abandonneront et il finira par être assassiné.
Evoquer l'homosexualité est traditionnellement tabou en Ouganda. Pour la metteuse en scène, Angella Emurwon, la pièce pourrait aider à faire avancer le débat: "Le théâtre a cette capacité à vous faire oublier qui vous êtes et vous plonger dans l'histoire de quelqu'un d'autre".
"Nous utilisons des biais comme l'humour pour calmer l'inquiétude et si vous êtes capable de rire avec quelqu'un, cela signifie que vous devenez plus réceptif pour écouter ce qu'il a à dire", a-t-elle poursuivi, à l'issue de deux mois de répétitions.
L'actuelle campagne anti-homosexualité est alimentée par les Eglises évangéliques d'Ouganda, mais aussi leurs grandes soeurs américaines, et ceux qui dénoncent leurs motivations sont souvent accusés de faire la promotion de l'homosexualité.
En visite en Ouganda début août, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, a rappelé les "difficultés et même les dangers" auxquels font face les opposants au projet de loi: "leur vies sont menacées, leur amis et familles intimidés".
L'auteur, Beau Hopkins, poète britannique temporairement installé en Ouganda, se défend d'avoir écrit une pièce pro-gay, estimant qu'elle se concentre surtout sur la façon dont certains peuvent manipuler certains sujets à leur profit.
"Ce que la pièce essaie de faire est de dépeindre une situation où le préjugé devient valorisé et la façon dont vous pouvez en tirer des bénéfices politiques et financiers", a-t-il expliqué, "elle s'attaque (...) à la religion, la politique et l'économie et à la façon dont on fabrique nos façons de voir".
L'homosexualité reste un sujet explosif en Ouganda et Okuyo Joel Atiku Prynce, l'acteur principal, ne se fait aucune illusion sur la capacité d'une si petite production à changer les mentalités.
"Cela ne changera pas le pays du jour au lendemain, mais si cela permet à une seule personne de s'interroger sur sa façon de penser, alors cela aura au moins servi à quelque chose", dit-il.
AFP
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