La colère des Afghans ne faiblit pas. Aux cris de "Mort aux Américains !", des milliers de manifestants munis de cocktails Molotov et de lance-pierres sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays, dont Kaboul, Jalalabad (est) et Bagram (60 km au nord de Kaboul) pour la troisième journée consécutive, ce jeudi. Ils accusent les troupes américaines d’avoir brûlé dans la nuit de lundi à mardi des exemplaires du Coran sur la base militaire de Bagram, la plus grande du pays, à 60 km au nord de la capitale.
Le bilan est de neuf morts et de nombreux blessés. "Des journalistes et des photographes ont également été visés", commente Marie Normand, correspondante de FRANCE 24 en Afghanistan. Des manifestants ont chargé les forces de police et ont brisé les vitres de plusieurs véhicules.
Ambassade américaine fermée
L’ambassade des États-Unis et plusieurs ONG ont fermé leurs portes pour des raisons de sécurité. "Tous les déplacements sont suspendus. Que chacun reste en sécurité", peut-on lire sur le compte officiel Twitter de la représentation diplomatique américaine depuis mercredi.
Mardi, à Bagram, près de 2 000 Afghans ont commencé à se rassembler lorsque des ouvriers ont retrouvé des restes calcinés de copies du Coran alors qu'ils ramassaient les ordures sur la base américaine. Un photographe de l'AFP a pu voir plusieurs Coran endommagés que des salariés afghans du site affirment avoir sauvé de la destruction.
Dans la soirée, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, et le commandant de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf), le général américain John Allen, ont rapidement présenté des excuses, cherchant à étouffer dans l'œuf les violentes réactions antiaméricaines provoquées par l'événement. Dans un communiqué, Allen a reconnu que des exemplaires du livre saint de l'islam avaient été jetés "par inadvertance dans l'incinérateur de la base de Bagram", promettant une enquête et assurant que de tels actes ne se reproduiraient plus.
"Nous enquêtons de manière approfondie sur cet incident et nous prenons toutes les mesures nécessaires pour nous assurer que cela n'arrivera plus jamais. Je vous assure, je vous promets que cet acte n'était pas du tout intentionnel", peut-on lire dans le communiqué.
"Plus une maladresse qu'une volonté de nuire"
Pour Guillaume Lasconjarias, historien militaire et chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) de Paris, ces actes semblent plus liés à "de la maladresse qu’à une volonté de nuire". Les troupes de l’Otan, qui sont censées avoir quitté le pays à la fin de 2014, n’en sont pourtant pas à leur première bévue.
Au début du mois de janvier en effet, une vidéo de quatre marines américains urinant sur des cadavres de Taliban présumés a été mise en ligne, provoquant une importante polémique. Quelques jours plus tard, un militaire afghan qui avait tué quatre soldats français et en avait blessé quinze autres a justifié son acte par le contenu de cette vidéo.
Une autre, montrant cette fois des soldats britanniques demandant à des enfants afghans de leur toucher le sexe à travers leurs treillis, avait également "dégoûté" les autorités de Kaboul, non sans provoquer des troubles à l'ordre public.
En avril 2011 par ailleurs, dix personnes étaient mortes et des dizaines d'autres avaient été blessées lors de plusieurs jours de manifestations après que le pasteur américain Terry Jones eut brûlé un Coran en Floride.
D’après Guillaume Lasconjarias, cet acte déplacé révèle surtout plusieurs failles dans le comportement américain. "Les Américains ont toujours eu un problème d’adaptation culturelle, en particulier dans les pays musulmans. Et ce en dépit des efforts de l’armée pour former ses soldats sur la politique et la culture afghanes et de sa présence depuis dix ans dans le pays, commente Guillaume Lasconjarias. Ils ne comprennent pas à quel point cela peut choquer."
À titre d’exemple, l’historien rappelle les erreurs de l’armée américaine en Irak et sa volonté d'imposer son modèle de pensée occidental sans s’adapter aux rites locaux. "Les sociétés privées américaines en charge de la formation des Irakiens n’avaient même pas pris la peine d'apprendre l’arabe et rebaptisaient donc les Irakiens avec des prénoms comme Bill, Joe ou John."
Les Afghans "doivent tuer" les soldats étrangers
Guillaume Lasconjarias regrette enfin que l’ensemble du corps américain ait à payer ce genre d’erreurs commises par un ou deux individus. "Il faut reconnaître que l’armée américaine a fait beaucoup de progrès mais qu'elle pâtit d’un turn-over important de ses effectifs."
Ce genre d’actions est toujours profitable à l’adversaire, souligne encore l’historien militaire dans une allusion aux Taliban. Ces derniers ont appelé jeudi les Afghans à attaquer les forces étrangères. "Notre peuple courageux doit cibler les bases militaires des forces occupantes, leurs convois militaires", a déclaré le porte-parole des taliban Zabihullah Muhajid dans un communiqué. Les Afghans "doivent tuer [les soldats étrangers], les frapper, les capturer pour leur passer l'envie d'oser à nouveau profaner le livre sacré", a-t-il ajouté.
Cette bavure ne risque en tous cas pas d’améliorer les négociations de paix que Washington tente d’ouvrir avec les Taliban au Qatar.
France 24
Le bilan est de neuf morts et de nombreux blessés. "Des journalistes et des photographes ont également été visés", commente Marie Normand, correspondante de FRANCE 24 en Afghanistan. Des manifestants ont chargé les forces de police et ont brisé les vitres de plusieurs véhicules.
Ambassade américaine fermée
L’ambassade des États-Unis et plusieurs ONG ont fermé leurs portes pour des raisons de sécurité. "Tous les déplacements sont suspendus. Que chacun reste en sécurité", peut-on lire sur le compte officiel Twitter de la représentation diplomatique américaine depuis mercredi.
Mardi, à Bagram, près de 2 000 Afghans ont commencé à se rassembler lorsque des ouvriers ont retrouvé des restes calcinés de copies du Coran alors qu'ils ramassaient les ordures sur la base américaine. Un photographe de l'AFP a pu voir plusieurs Coran endommagés que des salariés afghans du site affirment avoir sauvé de la destruction.
Dans la soirée, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, et le commandant de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf), le général américain John Allen, ont rapidement présenté des excuses, cherchant à étouffer dans l'œuf les violentes réactions antiaméricaines provoquées par l'événement. Dans un communiqué, Allen a reconnu que des exemplaires du livre saint de l'islam avaient été jetés "par inadvertance dans l'incinérateur de la base de Bagram", promettant une enquête et assurant que de tels actes ne se reproduiraient plus.
"Nous enquêtons de manière approfondie sur cet incident et nous prenons toutes les mesures nécessaires pour nous assurer que cela n'arrivera plus jamais. Je vous assure, je vous promets que cet acte n'était pas du tout intentionnel", peut-on lire dans le communiqué.
"Plus une maladresse qu'une volonté de nuire"
Pour Guillaume Lasconjarias, historien militaire et chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) de Paris, ces actes semblent plus liés à "de la maladresse qu’à une volonté de nuire". Les troupes de l’Otan, qui sont censées avoir quitté le pays à la fin de 2014, n’en sont pourtant pas à leur première bévue.
Au début du mois de janvier en effet, une vidéo de quatre marines américains urinant sur des cadavres de Taliban présumés a été mise en ligne, provoquant une importante polémique. Quelques jours plus tard, un militaire afghan qui avait tué quatre soldats français et en avait blessé quinze autres a justifié son acte par le contenu de cette vidéo.
Une autre, montrant cette fois des soldats britanniques demandant à des enfants afghans de leur toucher le sexe à travers leurs treillis, avait également "dégoûté" les autorités de Kaboul, non sans provoquer des troubles à l'ordre public.
En avril 2011 par ailleurs, dix personnes étaient mortes et des dizaines d'autres avaient été blessées lors de plusieurs jours de manifestations après que le pasteur américain Terry Jones eut brûlé un Coran en Floride.
D’après Guillaume Lasconjarias, cet acte déplacé révèle surtout plusieurs failles dans le comportement américain. "Les Américains ont toujours eu un problème d’adaptation culturelle, en particulier dans les pays musulmans. Et ce en dépit des efforts de l’armée pour former ses soldats sur la politique et la culture afghanes et de sa présence depuis dix ans dans le pays, commente Guillaume Lasconjarias. Ils ne comprennent pas à quel point cela peut choquer."
À titre d’exemple, l’historien rappelle les erreurs de l’armée américaine en Irak et sa volonté d'imposer son modèle de pensée occidental sans s’adapter aux rites locaux. "Les sociétés privées américaines en charge de la formation des Irakiens n’avaient même pas pris la peine d'apprendre l’arabe et rebaptisaient donc les Irakiens avec des prénoms comme Bill, Joe ou John."
Les Afghans "doivent tuer" les soldats étrangers
Guillaume Lasconjarias regrette enfin que l’ensemble du corps américain ait à payer ce genre d’erreurs commises par un ou deux individus. "Il faut reconnaître que l’armée américaine a fait beaucoup de progrès mais qu'elle pâtit d’un turn-over important de ses effectifs."
Ce genre d’actions est toujours profitable à l’adversaire, souligne encore l’historien militaire dans une allusion aux Taliban. Ces derniers ont appelé jeudi les Afghans à attaquer les forces étrangères. "Notre peuple courageux doit cibler les bases militaires des forces occupantes, leurs convois militaires", a déclaré le porte-parole des taliban Zabihullah Muhajid dans un communiqué. Les Afghans "doivent tuer [les soldats étrangers], les frapper, les capturer pour leur passer l'envie d'oser à nouveau profaner le livre sacré", a-t-il ajouté.
Cette bavure ne risque en tous cas pas d’améliorer les négociations de paix que Washington tente d’ouvrir avec les Taliban au Qatar.
France 24
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