"Idrissa Seck est un homme à tendance autoritaire. Il y a des Premiers ministres plus "ronds", plus consensuels. Idrissa Seck est tranchant, il ne demande pas, il ordonne. Le premier dossier touchant mon domaine, dont il se saisit, concerne les carrières de Thiès. En 2003, alors que je suis en déplacement à Fatick, ville dont je suis le maire depuis 2002, le Premier ministre provoque une réunion autour de l'avenir des carrières de Thiès. (…) Ce vendredi-là, une réunion est donc organisée sur ce sujet. Mon directeur de cabinet me représente. La rencontre est terminée, il me téléphone immédiatement. "Le Premier ministre nous donne jusqu'à ce soir 18 h, pour présenter un projet de décret ordonnant la fermeture des carrières de Thiès !". Je suis abasourdi. Thiès est le fief d'Idrissa Seck, mais on ne prend pas une telle décision en un tour de main. Je demande ordre écrit, je veux avoir un document officiel.
Vers 18 h, mon collaborateur reçoit le papier et m'en informe. Dès lors, mes instructions à mon directeur de cabinet sont claires : "Rangez le document et stoppez la procédure jusqu'à lundi." Je compte mettre à profit cette fin de semaine pour passer à Thiès et voir le Premier ministre qui s'y trouve. Son accueil est très cordial. Nous déjeunons ensemble, mais nos points de vue sur la question sont diamétralement opposés ! Je rentre à Dakar et je vais passer le reste de ce week-end à bâtir un solide dossier technique sur cette affaire. Je suis fermement opposé à la fermeture des carrières et j'entends bien me battre.
"Le Conseil des ministres suivant se révèle assez agité. Le Premier ministre a fait de la question de Thiès un élément central de l'ordre du jour. Il développe son point de vue : "Il faut fermer ces carrières, notamment pour des raisons environnementales." Je prends la parole à mon tour et affirme mon opposition au projet. Les implications en termes de pertes d'emplois seraient catastrophiques. De plus, il faudrait dénoncer tous les contrats qui lient l'État aux sociétés qui exploitent le site. Ce serait un imbroglio juridique et l'assurance de devoir payer des dédommagements importants. Le président Wade écoute les divers arguments, en toute logique, décide de différer la décision, en attendant une étude plus poussée, faite par une commission d'experts qui donnera ses recommandations. Je regarde le visage du Premier ministre, il peine à contenir sa colère. J'estime avoir eu gain de cause, car je n'ai pas de doute sur les conclusions de la future commission. Au pire, j'aurais tracé la voie d'une décision plus réfléchie et mûrement pensée.
Au cours des premiers mois à son poste, Idrissa Seck laisse percer des traits de caractère qui rendent le travail avec lui extrêmement difficile : arrogance, certitude d'avoir raison, autoritarisme… Je crois que, pour gouverner, il ne suffit pas de taper du poing sur la table et dire d'une voix cassante : "C'est comme ça et c'est tout, j'ai décidé !" dans un pays comme le mien, c'est important.
Vers 18 h, mon collaborateur reçoit le papier et m'en informe. Dès lors, mes instructions à mon directeur de cabinet sont claires : "Rangez le document et stoppez la procédure jusqu'à lundi." Je compte mettre à profit cette fin de semaine pour passer à Thiès et voir le Premier ministre qui s'y trouve. Son accueil est très cordial. Nous déjeunons ensemble, mais nos points de vue sur la question sont diamétralement opposés ! Je rentre à Dakar et je vais passer le reste de ce week-end à bâtir un solide dossier technique sur cette affaire. Je suis fermement opposé à la fermeture des carrières et j'entends bien me battre.
"Le Conseil des ministres suivant se révèle assez agité. Le Premier ministre a fait de la question de Thiès un élément central de l'ordre du jour. Il développe son point de vue : "Il faut fermer ces carrières, notamment pour des raisons environnementales." Je prends la parole à mon tour et affirme mon opposition au projet. Les implications en termes de pertes d'emplois seraient catastrophiques. De plus, il faudrait dénoncer tous les contrats qui lient l'État aux sociétés qui exploitent le site. Ce serait un imbroglio juridique et l'assurance de devoir payer des dédommagements importants. Le président Wade écoute les divers arguments, en toute logique, décide de différer la décision, en attendant une étude plus poussée, faite par une commission d'experts qui donnera ses recommandations. Je regarde le visage du Premier ministre, il peine à contenir sa colère. J'estime avoir eu gain de cause, car je n'ai pas de doute sur les conclusions de la future commission. Au pire, j'aurais tracé la voie d'une décision plus réfléchie et mûrement pensée.
Au cours des premiers mois à son poste, Idrissa Seck laisse percer des traits de caractère qui rendent le travail avec lui extrêmement difficile : arrogance, certitude d'avoir raison, autoritarisme… Je crois que, pour gouverner, il ne suffit pas de taper du poing sur la table et dire d'une voix cassante : "C'est comme ça et c'est tout, j'ai décidé !" dans un pays comme le mien, c'est important.
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