Les Tunisiens ont eux-mêmes, par une contestation populaire, renversé le régime Ben Ali en 2011. Sur les réseaux sociaux, nombre de Tunisiens commentent la situation, les uns appelant leurs voisins à savourer et fêter chaque moment de cette transition historique. Les autres invitent à redoubler de vigilance afin de ne pas permettre le retour de l’ancienne garde. Une manifestation de soutien au peuple algérien a été dispersée sans ménagement début mars avant qu’un autre rassemblement, une semaine plus tard, ne réunisse qu’une centaine de personnes au coeur de Tunis.
Le président tunisien commente timidement
Les rares réactions officielles émanent du président Essebsi. Il déclarait fin février : « Le peuple algérien est libre de s’exprimer comme il l’entend sur sa gouvernance. » Fin mars, il se disait confiant dans le fait que « les Algériens feront preuve de sagesse. » Et ce jeudi, interrogé par le quotidien al-Quds al-Arabi, il affirmait que ce peuple « peut surmonter cette épreuve parce qu’il a déjà vécu des situations similaires par le passé. » Seul le chef de l’Etat, nonagénaire, ami du président algérien déchu et diplomate aguerri, a donc commenté.
Le reste de la classe politique observe un silence radio et une rare retenue, tant le dossier est délicat. Tout ce qui est dit aujourd’hui pourrait être reproché demain. Aussi le silence est-il la voie diplomatique privilégiée à l’heure de la volatilité des responsables de premier plan à Alger. La démocratie tunisienne, trop jeune pour s’immiscer dans l’évolution algérienne sans risquer une ingérence malvenue, sait qu’elle n’a pas les capacités d’influer sur les rapports de forces chez le grand frère voisin. Même la visite dimanche dernier, d’Abdelkader Bensalah, à la tête de la délégation algérienne pour le sommet de la Ligue arabe, n’a donné lieu à aucune déclaration.
Tunis ne peut se fâcher avec Alger
Il faut dire que les deux pays entretiennent des relations solides, historiques, économiques et sécuritaires qui, si elles venaient à vaciller, pourraient déstabiliser la Tunisie. Un touriste sur trois est Algérien, et un tiers du gaz tunisien, source d’énergie majeure dans le pays, vient d’Algérie. Mais le domaine le plus sensible reste la coopération sécuritaire, notamment la lutte contre les groupes terroristes qui évoluent à la frontière entre les deux pays, une frontière de mille kilomètres. Les renseignements militaires partagés par Alger auraient même permis de stopper des projets terroristes en territoire tunisien. Autant dire que l’armée algérienne est un partenaire de poids pour la stabilité tunisienne. Le pouvoir redoute par dessus tout une période d’instabilité chez son voisin de l’ouest. Tant qu’aucune violence n’émarge des manifestations, les autorités resteront donc silencieuses.
Cette retenue de la classe politique s’explique également par les implications de ce mouvement étranger sur la politique intérieure. Gouvernement et Parlement sont dirigés par un équilibre précaire entre les partis progressistes et le parti d’inspiration islamiste Ennahdha. La clef du succès de ce dialogue national est à mettre au crédit du président Bouteflika qui fut en 2013, le garant, voire l’un des artisans, des accords entre le président Essebsi et le cheikh Ghannouchi. Alger redoutait à l’époque toute exclusion des islamistes qui risquaient de déstabiliser la Tunisie. La question de ce rapport aux islamistes se pose donc ouvertement aujourd’hui. D’autant que la campagne électorale des législatives et présidentielle bat son plein pour les scrutins d’octobre et novembre 2019.
Le président tunisien commente timidement
Les rares réactions officielles émanent du président Essebsi. Il déclarait fin février : « Le peuple algérien est libre de s’exprimer comme il l’entend sur sa gouvernance. » Fin mars, il se disait confiant dans le fait que « les Algériens feront preuve de sagesse. » Et ce jeudi, interrogé par le quotidien al-Quds al-Arabi, il affirmait que ce peuple « peut surmonter cette épreuve parce qu’il a déjà vécu des situations similaires par le passé. » Seul le chef de l’Etat, nonagénaire, ami du président algérien déchu et diplomate aguerri, a donc commenté.
Le reste de la classe politique observe un silence radio et une rare retenue, tant le dossier est délicat. Tout ce qui est dit aujourd’hui pourrait être reproché demain. Aussi le silence est-il la voie diplomatique privilégiée à l’heure de la volatilité des responsables de premier plan à Alger. La démocratie tunisienne, trop jeune pour s’immiscer dans l’évolution algérienne sans risquer une ingérence malvenue, sait qu’elle n’a pas les capacités d’influer sur les rapports de forces chez le grand frère voisin. Même la visite dimanche dernier, d’Abdelkader Bensalah, à la tête de la délégation algérienne pour le sommet de la Ligue arabe, n’a donné lieu à aucune déclaration.
Tunis ne peut se fâcher avec Alger
Il faut dire que les deux pays entretiennent des relations solides, historiques, économiques et sécuritaires qui, si elles venaient à vaciller, pourraient déstabiliser la Tunisie. Un touriste sur trois est Algérien, et un tiers du gaz tunisien, source d’énergie majeure dans le pays, vient d’Algérie. Mais le domaine le plus sensible reste la coopération sécuritaire, notamment la lutte contre les groupes terroristes qui évoluent à la frontière entre les deux pays, une frontière de mille kilomètres. Les renseignements militaires partagés par Alger auraient même permis de stopper des projets terroristes en territoire tunisien. Autant dire que l’armée algérienne est un partenaire de poids pour la stabilité tunisienne. Le pouvoir redoute par dessus tout une période d’instabilité chez son voisin de l’ouest. Tant qu’aucune violence n’émarge des manifestations, les autorités resteront donc silencieuses.
Cette retenue de la classe politique s’explique également par les implications de ce mouvement étranger sur la politique intérieure. Gouvernement et Parlement sont dirigés par un équilibre précaire entre les partis progressistes et le parti d’inspiration islamiste Ennahdha. La clef du succès de ce dialogue national est à mettre au crédit du président Bouteflika qui fut en 2013, le garant, voire l’un des artisans, des accords entre le président Essebsi et le cheikh Ghannouchi. Alger redoutait à l’époque toute exclusion des islamistes qui risquaient de déstabiliser la Tunisie. La question de ce rapport aux islamistes se pose donc ouvertement aujourd’hui. D’autant que la campagne électorale des législatives et présidentielle bat son plein pour les scrutins d’octobre et novembre 2019.
Autres articles
-
Tchad: Changement des formules de protocole à l’égard du Président de la République
-
Fédération Sénégalaise d’Escrime : Cécile Faye succède à Mbagnick Ndiaye
-
Guinée: une opération anticriminalité provoque des tensions avec la Sierra Leone
-
Donald Trump nomme le créateur de son émission de téléréalité émissaire au Royaume-Uni
-
Cyclone Chido: le bilan s'aggrave à 94 morts au Mozambique