Dans le centre d’Athènes, c’est assez calme ce 25 janvier au matin, mais dans d’autres quartiers de la capitale, les électeurs étaient devant les bureaux de vote dès l’ouverture. Le taux de participation est bien évidemment une des clés du scrutin. Y aura-t-il une abstention forte malgré l’élan et la mobilisation assez palpable ces derniers jours ? Et si tel était le cas, à qui profiterait cette vague de votants ?
Syriza, le parti de la gauche radicale d’Alexis Tsipras, est en tête dans les intentions de vote avec trois à six points d’avance sur les conservateurs de la Nouvelle démocratie actuellement au pouvoir. Mais, pour que Syriza obtienne la majorité absolue de 300 sièges au Parlement d’Athènes, son score devrait dépasser 36%, et surtout 12% des suffrages exprimés doivent aller à des formations qui, faute de dépasser la barre des 3%, n’obtiendraient pas de députés.
Or, ce scénario reste peu probable. En dehors de Syriza et de la Nouvelle démocratie, six autres formations pourraient entrer au Parlement. Le vote s’achève à 19 heures (heure locale) ce dimanche 25 janvier. Les premières estimations seront ensuite rapidement connues.
Pour l’UE, les élections de tous les dangers?
Pour l’Union européenne, les législatives grecques semblent être les élections de tous les dangers. La popularité de la Syriza dans les sondages effraie les milieux d'affaires et fait lever les sourcils des dirigeants européens. Les avertissements du Premier ministre sortant Antonis Samaras sonnent comme le glas des relations entre l’UE et les Hellènes puisqu’il affirme qu’une victoire de Syriza « dresserait les Européens contre la Grèce ». Sortie de la zone euro et retours de la drachme, fin de l’austérité, fin de la troïka des bailleurs de fonds internationaux et rééchelonnement de la dette, tous les scénarios sont évoqués à la faveur des discours d’Alexis Tsipras.
Avec notre bureau de Bruxelles,
Au fur et à mesure du temps qui passait, les dirigeants européens se sont montrés d’autant plus prudents depuis que le score de Syriza a commencé à augmenter dans les sondages. Malgré tout, personne ne se réjouit de la perspective de négocier avec un parti qui remet en cause les plans d’aides dont l’Europe a accouché dans la douleur.
On en arrive par ailleurs à une situation paradoxale où des partis qui n’ont a priori rien à voir entre eux en viennent à souhaiter pour les mêmes raisons la victoire de Syriza. En Espagne, Pablo Iglesias, du parti d’extrême-gauche Podemos, y voit le retour de la souveraineté nationale, un argument entièrement identique à celui du Front national de Marine Le Pen : « La victoire de Syriza serait le retour objectif de la démocratie, c’est-à-dire une des premières expressions très claires du peuple, de ce qu’il n’entend pas se laisser déposséder de sa souveraineté, de sa démocratie et donc de sa liberté par les structures supranationales européennes ».
Mais, quelles que soient leurs opinions, ce qu’une grande partie des dirigeants des institutions européennes semblent cette fois avoir réalisé, c’est la nécessité de ne pas paraître interférer dans le débat national grec. Un commissaire européen affirmait récemment qu’il « marchait sur des œufs avec des ballerines ».
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