​Assassinat de Rafic Hariri : la justice blanchit le Hezbollah, un membre présumé reconnu coupable

Au terme de six années de procès, le Tribunal spécial pour le Liban a jugé qu'"il n'y a[vait] pas de preuve" d'implication du Hezbollah dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri en février 2005. En revanche, un membre présumé du mouvement chiite, Salim Ayyash, a été reconnu coupable.



La direction du Hezbollah et Damas blanchis par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Selon l'instance internationale qui siège aux Pays-Bas, "il n'y a pas de preuve de quelque implication que ce soit de la direction du Hezbollah" dans l'attentat à la camionnette piégée qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri et à 21 autres personnes en février 2005 à Beyrouth, a déclaré mardi 18 août le juge David Re, lors de la lecture du verdict de ce procès.
 
"Nous espérons que le verdict vous permettra de faire le deuil"
 
Le tribunal a reconnu coupable Salim Ayyash, membre présumé du Hezbollah, d'"homicide intentionnel" et d'avoir été à la tête de l'équipe qui a mené l'attaque tuant l'ancien Premier ministre. Les juges ont déclaré qu'ils étaient "convaincus au-delà de tout doute raisonnable" que Salim Ayyash était l'utilisateur de plusieurs téléphones portables ayant servi à surveiller Rafic Hariri pendant les mois précédant l'attentat, élément clé du dossier formé par l'accusation.
 
Les magistrats ont également indiqué être convaincus que Salim Ayyash, 56 ans, - également accusé d'être impliqué dans trois autres attentats contre des hommes politiques en 2004 et 2005 - "avait des liens avec le Hezbollah".
 
"La Syrie et le Hezbollah ont peut-être eu des motifs d'éliminer M. Hariri et ses alliés politiques, mais il n'y a aucune preuve que les dirigeants du Hezbollah aient été impliqués dans le meurtre de M. Hariri et il n'y a aucune preuve directe de l'implication syrienne", a toutefois déclaré le juge président David Re.
 
Les magistrats prononceront ultérieurement sa peine. Condamné en son absence, il risque la prison à perpétuité s'il devait un jour être rendu au tribunal.
 
Après avoir entendu près de 300 témoins et examinés plus de 3 000 pièces à convictions, les juges du tribunal ont estimé qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour condamner les trois autres suspects, Hassan Merhi, Hussein Oneissi et Assad Sabra.
 
Saad Hariri accepte la décision
 
Au bout de six ans de procès, "nous espérons sincèrement que le verdict d'aujourd'hui vous permettra de faire le deuil", a-t-il déclaré, s'adressant aux victimes et à leurs familles. Saad Hariri, fils de l'ancien Premier ministre libanais, était présent pour assister à l'audience. Il dit avoir accepter la décision de justice.
 
Le mouvement chiite, acteur incontournable sur la scène politique libanaise, a nié toute implication. Vendredi 14 août, son leader Hassan Nasrallah a dit ne pas être concerné par le jugement et que si un membre du mouvement était jugé coupable, le Hezbollah clamerait son innocence.
 
Le TSL avait reporté la lecture du verdict, initialement prévue le 7 août, "par respect pour les innombrables victimes" de l'explosion dévastatrice trois jours plus tôt au port de la capitale libanaise, qui a fait au moins 177 morts et plus de 6 500 blessés.
 
Mis en place après une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, le tribunal "a été très largement contesté", les Libanais restant "profondément divisés" à son sujet, selon Karim Bitar, professeur en relations internationales à Paris et Beyrouth. Mais ils "ont tellement d'autres problèmes qu'ils ont tendance à regarder ça avec un haussement d'épaules, à l'exception de ceux qui sont directement concernés", avait-il expliqué à l'AFP quelques jours avant la double déflagration sur le port de Beyrouth.



Mardi 18 Aout 2020 16:55


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