​Recrudescences de la violence : Les Sénégalais diagnostiquent ses causes

La violence a pris des proportions inquiétantes au Sénégal. Il ne se passe pas un jour sans qu’une affaire de meurtre ou d’agression ne soit relayée dans la presse. Si certains avancent la thèse de la crise à tous les niveaux, pour d’autres, c’est la perte des valeurs qui est le soubassement de ce fléau, qui prend de jour en jour plus d’ampleur. Toujours est-il que certains observateurs sont persuadés que la violence est exacerbée par le manque de travail, la porosité et le manque de sécurité. Pour percer le mystère, pressafrik.com a interrogé la population sénégalaise sur cette question



Jamais l’histoire du Sénégal n’a connu un tel degré de cruauté, de tuerie, de sadisme et de barbarie. La presse a fait d’importantes révélations sur par exemple le meurtre au niveau du canal 4 à Gueule Tapée, le corps d’un homme retrouvé près de la voie ferrée à Guinaw ray, le cambriolage des pharmacies, à Rufisque et dans le département de Nioro. Aucune partie du pays n’échappe à la violence qui dicte sa loi partout, sur toutes et sur tous, et qui étale ses tentacules, de jour comme de nuit. Si les uns arguent la crise économique pour expliquer cette recrudescence, il demeure qu'ils ne trouvent pas de justificatifs à cela.

 Pour Serigne Adama Ndoye, moniteur d’auto-école,  la perte de valeurs ancestrales et coutumiers est  l'origine de la recrudescence de la violence. D’abord comme le dit l’adage «un pour tous, tous pour un », c’est  la communauté qui veillait sur les uns et les autres. A l’heure actuelle, l’individualisme a pris une telle ampleur que les gens pensent que « le malheur n’arrive qu’aux autres ». Et, c’est ce qui est déplorable, explique Adama Ndoye en soulignant qu’ « on a tendance à ne pas porter  assistance à une personne en danger ».

Poursuivant sur la même lancée, M. Ndoye affirme que «personne n’a  conscience qu’elle ne doit pas faire du mal à son prochain, pour survivre » alors là « ça va crescendo », a-t-il avancé.

Le moniteur d’auto-école soutient par ailleurs qu'« il y a un parallélisme, d’abord y a l’Etat qui doit jouer son rôle régalien, mais il y a aussi la communauté et la famille ». Il faut qu’on revienne sur « l’enseignement » d’autant plus que certains confondent «instruction et éducation. On peut être instruite et non éduqué ».

Les difficultés de l‘époque conjuguées à la dureté des réalités quotidiennes font que, espoir, espérance et foi filent entre les doigts des fatalistes qui deviennent jusqu’au-boutistes. C’est ce qui fait dire à Cheikh Lamine Mara, que, la responsabilité incombe à l’Etat : «il n' y a pas assez d’éléments pour couvrir tout le territoire ». Et, le nouveau armement montré lors du 4 avril n’est pas rassurant, selon lui. Car: «n’étant pas destiné ni à la police, ni à la gendarmerie mais seulement à l’armée nationale, qui l’utilise au niveau des frontières  pour barrer la route aux malveillants.  D’où, les viols, les agressions, les tueries au sein du pays».

Poussant un cri de cœur,  Cheikh Lamine Mara lance un appel à l’Etat, afin qu'il déploie de « gros moyens matériels et humains». Parce que; argue-t-il, «nous sommes exposés  de par les frontières mais aussi au sein de notre communauté ».

Quant à  Bara Sèye il  trouve que « la police ne fait pas bien son travail . Les Forces de l’Ordre qui n’interviennent presque jamais avec fermeté, l’absence des mesures efficaces face à ceux que j'appelle les  malades qui n’ont plus rien à perdre, aggravent davantage les choses».

Ce qui est sorti de ces interventions démontrent que les Sénégalais se préoccupent de plus en plus  de l'insécurité grandissante, car, jugeant que l’heure est grave. Même s'ils soutiennent l'Etat dans sa lutte contre le terrorisme présent à nos frontières, ils l'exhortent aussi à se pencher sur les crimes recrudescentes dont ils sont témoins. 
 
  

Aminata Diouf(stagiaire)

Lundi 11 Avril 2016 13:41


Dans la même rubrique :