9 ans après le naufrage du "Joola": L’Etat et le MFDC au banc des accusés

Au terminus « Lat Dior » l’ambiance est un peu calme. Des vendeurs et des véhicules couvrent le décor. Ici, l’anniversaire du Joola ne se fait pas sentir. On cherche plutôt à assurer la dépense quotidienne dans un tohu-bohu indescriptible. Mais les souvenirs ressurgissent dès qu’on les interpelle. C’est le cas de M. Abdourahmane Cissé.

Teint noir, très élancé, la trentaine, plie ses chemises attendant de trouver acheteurs. Visiblement bien à l’aise dans son magasin, il nous livre ses impressions sur le naufrage du « Joola ».

«C’est un désastre qui a touché tout le Sénégal, mais le problème n’est pas toujours soulevé », confie-t-il. Et M. Cissé d’ajouter : « les Sénégalais disent toujours que c’est la volonté de Dieu. Mais, il faut dire les choses quand il est temps parce que l’Etat est le seul responsable de cet accident. D’autant plus qu’il y a eu surcharge. Il y avait même des chars de combat dans le bateau et que ceux qui avaient vu le bateau avant son départ savaient qu’il ne reviendrait pas».

Abdourahmane Cissé, soutient que l’Etat doit prendre toutes les mesures pour qu’une situation pareille ne se reproduise plus. Il avance : «les familles des victimes qui réclament des milliards, ça ne leur servira à rien parce qu’ils ont déjà perdu leurs parents. Le reste, c’est de prier Dieu pour qu’ils les accueillent au paradis».

Ce n’est pas la même thèse qu’a développé Ibrahima Gning. Chauffeur de son état au quartier mouride à Mbour, la quarantaine bien sonnée, teint clair, installé dans sa voiture, il s’empresse de dire : « c’est les rebelles qui sont les principaux responsables de cet terrible accident, parce que depuis l’époque de Senghor les rebelles sont ici présents ». M. Gning d’ajouter : « cela s’est passé dans la période de rentrée des classes. Les voitures ne partaient plus à Ziguinchor à cause des rebelles. Seul le bateau assurait la liaison Dakar-Ziguinchor. Moi-même qui vous parle, j’étais chauffeur sur cet axe. Les chauffeurs avaient peur d’aller là-bas à cette époque. Et le bateau s’est alors retrouvé en surcharge. Il n’était même pas conçu pour les transports, l’Etat n’est pas responsable, ce sont les rebelles».

Plus loin, Ahmed Samb, Omar Sall et Moustapha tous des vulgarisateurs, trouvés en pleines discussions dans leur garage, soutiennent que c’est une « négligence » qui a entraîné le naufrage du « Joola ». Car, relèvent-ils, « un matériel en panne doit être réparé et que les familles des victimes doivent accepter la volonté de Dieu et prier pour leurs victimes ».

Ils soutiennent que le bateau doit être repêché des eaux pour permettre aux gens de récupérer les victimes.

Doudou Seck, un jeune homme de la vingtaine très embarrassé par la question confie : «J’ai perdu un ami dans ce naufrage et c’était difficile de m’en remettre. Mais, j’accepte la volonté divine».

Il ajoute : « ceux qui accusent l’Etat ou quiconque ne croient pas à Dieu».