« Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles », Charles Péguy.
Non, l’APR France n’est pas en guerre ! Ce qui est apparu récemment comme un enjeu politique de grande envergure n’est que l’expression folle de quelques ambitions exaltées sans solide fondement. Avec une prédilection virtuelle calculée, des grenouilles se sont voulus aussi grosses que des bœufs. La presse en ligne, les appels téléphoniques interminables, WhatsApp, et les réseaux sociaux étaient les supports et les relais essentiels de cette frénésie totalement désincarnée !Le prétexte de ce tapage exaspérant, est d’assurer, disent-ils encore avec une verve trop surfaite pour être conséquente, une belle victoire au président Macky Sall dès le 1er tour de la Présidentielle en 2019. Or, cela est déjà un impératif intégré par tous les vrais militants de l’APR France, la Coalition Benno Bok Yakaar, les sympathisants et beaucoup de citoyens lucides. La mauvaise idée de vouloir se positionner comme un artisan de premier plan de cette victoire escomptée en vue d’une promotion individuelle justifierait toute cette agitation et cette agressivité. Ce déchaînement de fureur aurait inspiré de l’indifférence s’il était circonscrit au simple besoin pathologique d’exciter les égos et les prétentions de quelques petits joueurs. Cependant, on aurait mauvaise grâce, sous prétexte de prendre de la hauteur, à continuer d’ignorer les effets pervers de cette soi-disant campagne pour la succession de Demba SOW.
Cette précipitation à vouloir remplacer le Coordonnateur de la DSE (Délégation des Sénégalais de l’Extérieur) a installé une confusion inédite au sein du parti en France. La désinformation est à son paroxysme du fait de la faiblesse radicale des stratégies jusqu’ici déployées. Il y a eu, d’abord, cette réunion du dimanche 19 novembre 2017 (où aucune femme du parti n’était présente) qui a acté (semble-t-il, en « quorum très juste »)le départ de Demba SOW et la vacance de son rôle. Ce feu au lac de l’APR avait exacerbé la démence qui couvait déjà chez les intrigants depuis les Législatives. Grisés par les approbations gratuites des clicks sur Facebook, les encouragements bon marché de quelques naïfs et autres paresseux, le soutien aveugle et outrancier d’individus sans profondeur et les compliments influencés par des autoportraits et des mises en scène obsessionnels et envahissants, de médiocres usurpateurs se croyant destinés aux pinacles, ont jeté une OPA hostile sans précédent sur l’APR France.
En observant froidement ce remue-ménage fascinant, on peut être tenté de relever deux défis opposés : y participer, si l’on admet que le jeu politique se résume à une compétition de vanités et d’invectives qui se soldera inexorablement par une désillusion dégoutante ou y mettre de l’ordre, si l’on a l’imposture en horreur. La deuxième option est la principale motivation de cette contribution, sans oublier la possibilité plus enviable d’ignorer cette confusion.
Un pan de la vraie histoire, « à sauts et à gambades » …
Dès sa naissance, l’APR a rencontré un accueil particulier en France. De nombreux Sénégalais vivant dans ce pays ont été touchés par le message de dignité et d’espoir de Macky Sall alors président de l’Assemblée Nationale du Sénégal. Dans son discours de novembre 2008, véritable manifeste de ce que sera l’APR dès le 1er décembre de la même année, il jeta les bases d’un nouveau pacte de préservation des acquis de notre idéal républicain. Qu’il était puissant et plein de promesse, ce discours !Voir et entendre cet homme, qui a été Premier ministre du Sénégal à 43 ans, renoncer stoïquement, à 47 ans, à l’immunité, à la sécurité, à la prospérité et au confort inhérents aux hautes fonctions administratives et politiques de notre pays, était juste admirable de symboles.
Des Sénégalais de l’extérieur s’affairèrent à concrétiser ce besoin de changement en s’organisant en DSE (Délégation des Sénégalais de l’Extérieur) conformément aux statuts tout chauds de la jeune Alliance Pour la République. Trois ans et trois mois plus tard, l’APR avec sa coalition remportait la Présidentielle de mars 2012 (65,8% !) puis les Législatives de juillet de la même année. L’APR France comptait alors 65 sections de composition quantitative et qualitative très inégale. La massification du parti se poursuivait, pendant que des responsables du parti furent appelés à occuper d’autres fonctions. Les instances dirigeantes de l’APR France connurent alors quelques vacances de postes du fait de certains départs dont l’implication géographique, élective ou professionnelle était incompatible avec un militantisme exposé et l’animation régulière du parti.
L’après 2012 fut marqué par la nécessité de pallier ces absences au moment où, de toute part, affluaient des désirs d’adhésion à cette fulgurante aventure. La double exigence de préserver les acquis du parti et de gérer son élargissement s’imposait à ses principaux acteurs. La Convergence des Cadres Républicains, qui est, sans conteste, la structure la plus dynamique dans la réalité du parti (malgré les assauts des cabales internes), se lança dans un processus de restructuration totale sans qu’aucun des meneurs de cette étape, dont je fus, ne se livre au matraquage médiatique auquel on a assisté. Oui, il y a eu des argumentations solidement enflammées et des rixes mémorables. En interne ! Cependant, la réforme structurelle intégrale souhaitée n’avait pas abouti. Le compromis a été de remplacer les postes vacants (mars 2014 et avril 2016) et de renouveler les instances du parti en temps opportun, conformément à la ligne officielle.
Au niveau de la DSE, la bataille pour la recomposition et le renforcement fut l’occasion de chantages politiques et affectifs pathétiques. Des larmes coulaient abondamment et régulièrement pendant les réunions de cette période. Ce coup de blues était dû, semblait-il, aux pertes douloureuses de camarades pionniers et au sentiment d’abandon et de vide laissé par l’installation et l’inaccessibilité de fait du nouveau président de la République. Il faut dire que le candidat Macky Sall avait une proximité exceptionnelle avec la diaspora sénégalaise de France. Mais derrière l’objectif, en réalité secondaire, de piloter l’instance politique centrale qu’est la DSE, le besoin d’être visible et d’obtenir une nomination était le dessein primordial de certains camarades en ce moment-là. Beaucoup de « médiateurs »ont pu être abusés par les rivalités artificielles qu’on leur décrivait comme de profondes crises à l’APR France. Il n’en était rien.
Le fiasco de l’Assemblée Générale du 29 juin 2013 et la responsabilisation improbable d’individus dont la contribution à notre combat, l’intégrité et les compétences n’ont jamais été établies, éprouvèrent les enthousiasmes. Un peu plus tard, viendra l’époque où se formèrent quelques dissidences éphémères autour du congé du Ministre des Affaires Etrangères (Cf. le Mouvement des ABCdaires, dont la charge calomnieuse et indigente sur ma modeste personne reste un cas d’école) et, plus tard, quelques timides et brèves velléités de sécession suite au départ de la Première Ministre Aminata Touré.
Après ces tempêtes dans un verre d’eau, le Président, au cours d’une de ses visites en France, confirma Mme Mbacké à la tête du Mouvement des Femmes et Demba Sow à la DSE avec comme adjoints Talla Daff, Badou Sow et Abdourahmane Koïta. Une Assemblée Générale fut convoquée le 8 novembre 2014 à Asnières-Sur-Seine pour l’application de ces directives. Le bureau de la DSE était désormais élargi aux Coordonnateurs de section et aux organes subsidiaires (Cadres, Femmes, Jeunes). En somme, toute l’APR France y est représentée. Devant cette collégialité totale, la prise de décision était difficile, voire impossible. Le pouvoir devait, donc, revenir à un comité plus réduit composé du bureau statutaire et des représentants des structures. Ce collectif hybride fut dénommé par auto proclamation« Les têtes de pont ». Les militants les surnommèrent « Les têtes de cons » et, de bonne guerre, ils ne s’en offusquèrent que peu.
Malgré toutes ces péripéties internes, l’hégémonie de l’APR est restée intacte. Aucun autre parti sénégalais en France n’atteint ses effectifs et son dynamisme. Elle continua à valider des sections un peu partout. Par exemple, juste avant l’ouverture de la campagne pour les Législatives, j’eus l’honneur très amusant de prononcer, en son nom et en présence de quelques têtes de pont, la validation solennelle et officielle de la section de Viry-Châtillon (la 105ème !). Aujourd’hui, on en serait à 108 sections !
En sursis, nos acquis ?
C’est toute cette histoire et tout ce capital politique que risque de compromettre un activisme totalement désuet. En sollicitant le parrainage des sections pour postuler à la tête de la DSE, les candidats sont acculés à entériner la fragilisation des bases du parti. Car, en vérité, aucune majorité n’est acquise dans cette course poussive, contrairement aux victoires hâtivement criées. Il n’y a pas non plus d’endossements unanimes d’un candidat par les sections qui, harcelées par cette campagne inopportune, libèrent de petits antagonismes longtemps contenus. Un coordonnateur peut déclarer son soutien à un candidat et subir le désaveu d’un ou plusieurs membres de sa section. De plus, de fortes individualités de l’APR France désapprouvent le jeu puéril et belliqueux dont le principal théâtre est la presse en ligne et les réseaux sociaux. Ceux qui parlent d’exclusion, de division, de complot, de manœuvre de manipulation, d’ethnie sont précisément ceux qui veulent rassembler, unir, élargir, mobiliser, massifier pour une victoire dès le premier tour en 2019. En somme, on invente des problèmes, on se propose de les résoudre en espérant séduire la grande masse des internautes et quelques personnes supposées influentes. Voir ces vieilles recettes, comme principale stratégie prospective, est proprement désespérant !
Les éléments de langage de cette médiocre compétition reposent sur la dialectique simpliste et clivante du POUR ou CONTRE. Ceux qui se disent POUR un candidat vantent un mérite, une intelligence, une probité et un leadership dont ils semblent les seuls convaincus et en profitent pour dénigrer violemment tous ceux qui en doutent légitimement. Les tenants du CONTRE répliquent sur le même ton et s’insurgent contre la vassalisation de quelques sections qui se retrouvent piégées dans ce minable jeu. Les images et les discours des protagonistes de ce mélodrame provoquent un vrai malaise tant ils peinent à se hisser à la hauteur de leurs fantasmes. S’ils sont POUR, tels des perroquets, ils appellent solennellement, remercient chaleureusement et appellent à l’unité avec respect, estime et considération. S’ils sont CONTRE, ils condamnent fermement, mettent en garde, menacent, vilipendent et invitent à la sagesse et à la retenue. Cette communication extrêmement pauvre, trahit, avec la gestuelle mimétique et l’élocution hésitante qui l’accompagnent, un besoin urgent de se réfugier dans des préséances indues. Or, tous les prétendants à ce poste devaient être en situation de livrer leur ego à quelques petits risques pour être meilleurs et prêts pour demain. La bataille qui a mené l’APR au pouvoir ne s’est pas gagnée dans cette préciosité ridicule. A moins de trente ans, nos incartades sont tolérables ; à plus de soixante ans, nos bêtises inspirent de la compassion ; entre les deux, toutes les petites lâchetés consenties, qui font de nous des « talibés » potentiels des causes que nous prétendons servir au détriment du bon sens, doivent être clouées au pilori !
La surenchère de propos malveillants et violents, qui a ponctué cette triste pantomime, a bridé toute initiative constructive à la DSE depuis la rencontre du 8 octobre 2017 où les nouveaux députés remerciaient leurs électeurs. Ces dernières semaines, des militants m’ont avoué avoir la terrible impression que l’APR France était administrée depuis les sites www.afriqueconnection.com et www.infos15.com principaux réceptacles de cet entre-soi faussement conflictuel. Dépassées et déstabilisées par une campagne surréaliste (la vacance du poste convoité n’étant même pas définitivement reconnue !), les têtes de pont ont bradé leurs prérogatives de convoquer des consultations pour un dialogue franc et apaisé. S’ils ne sont pas candidats, ils sont partisans d’un candidat ou membres du comité ad hoc chargé d’encadrer le processus de désignation du successeur de Demba SOW. C’est une impasse. Personne ne semble avoir la neutralité requise pour inviter les parties prenantes à la discussion. Voilà où mènent les rêves de représentativité sans étoffe qui s’essayent à la manipulation de masse.
Épilogue
Membre du comité ad hoc, à mon corps défendant (ça serait long à expliquer), j’étais présent à la réunion du 20 décembre dernier, lorsque le Porte-parole du parti, sur instruction du Président, a mis fin à cette mascarade en demandant la suspension du processus en cours. Tout le monde s’en est félicité, à juste raison. Cependant, il faut reconnaître que cette issue était, pour beaucoup, l’enjeu principal de ce tapage qui n’obéissait à aucune urgence. Peu de candidats et peu de militants souhaitaient réellement aller aux élections. L’attention du Président Macky Sall était, pour beaucoup de postulants, le sommet à atteindre. Son arbitrage ultime, implicitement attendu, devait asseoir de nouvelles légitimations et de probables compensations politiques. En attendant, comme à l’accoutumée, le dernier mot de Dakar qu’on espère nourri de la meilleure information, l’APR France doit instamment corriger les nombreux griefs injustifiés qu’elle s’est infligée en cette fin d’année 2017.La raison et le réel mis en exergue dans cette sortie auraient un effet, si les petits cultes de la personnalité consentaient à trouver un autre terrain d’exercice que la DSE France.
Latyr DIOUF Vice-Coordonnateur de la Convergence des Cadres Républicains
Non, l’APR France n’est pas en guerre ! Ce qui est apparu récemment comme un enjeu politique de grande envergure n’est que l’expression folle de quelques ambitions exaltées sans solide fondement. Avec une prédilection virtuelle calculée, des grenouilles se sont voulus aussi grosses que des bœufs. La presse en ligne, les appels téléphoniques interminables, WhatsApp, et les réseaux sociaux étaient les supports et les relais essentiels de cette frénésie totalement désincarnée !Le prétexte de ce tapage exaspérant, est d’assurer, disent-ils encore avec une verve trop surfaite pour être conséquente, une belle victoire au président Macky Sall dès le 1er tour de la Présidentielle en 2019. Or, cela est déjà un impératif intégré par tous les vrais militants de l’APR France, la Coalition Benno Bok Yakaar, les sympathisants et beaucoup de citoyens lucides. La mauvaise idée de vouloir se positionner comme un artisan de premier plan de cette victoire escomptée en vue d’une promotion individuelle justifierait toute cette agitation et cette agressivité. Ce déchaînement de fureur aurait inspiré de l’indifférence s’il était circonscrit au simple besoin pathologique d’exciter les égos et les prétentions de quelques petits joueurs. Cependant, on aurait mauvaise grâce, sous prétexte de prendre de la hauteur, à continuer d’ignorer les effets pervers de cette soi-disant campagne pour la succession de Demba SOW.
Cette précipitation à vouloir remplacer le Coordonnateur de la DSE (Délégation des Sénégalais de l’Extérieur) a installé une confusion inédite au sein du parti en France. La désinformation est à son paroxysme du fait de la faiblesse radicale des stratégies jusqu’ici déployées. Il y a eu, d’abord, cette réunion du dimanche 19 novembre 2017 (où aucune femme du parti n’était présente) qui a acté (semble-t-il, en « quorum très juste »)le départ de Demba SOW et la vacance de son rôle. Ce feu au lac de l’APR avait exacerbé la démence qui couvait déjà chez les intrigants depuis les Législatives. Grisés par les approbations gratuites des clicks sur Facebook, les encouragements bon marché de quelques naïfs et autres paresseux, le soutien aveugle et outrancier d’individus sans profondeur et les compliments influencés par des autoportraits et des mises en scène obsessionnels et envahissants, de médiocres usurpateurs se croyant destinés aux pinacles, ont jeté une OPA hostile sans précédent sur l’APR France.
En observant froidement ce remue-ménage fascinant, on peut être tenté de relever deux défis opposés : y participer, si l’on admet que le jeu politique se résume à une compétition de vanités et d’invectives qui se soldera inexorablement par une désillusion dégoutante ou y mettre de l’ordre, si l’on a l’imposture en horreur. La deuxième option est la principale motivation de cette contribution, sans oublier la possibilité plus enviable d’ignorer cette confusion.
Un pan de la vraie histoire, « à sauts et à gambades » …
Dès sa naissance, l’APR a rencontré un accueil particulier en France. De nombreux Sénégalais vivant dans ce pays ont été touchés par le message de dignité et d’espoir de Macky Sall alors président de l’Assemblée Nationale du Sénégal. Dans son discours de novembre 2008, véritable manifeste de ce que sera l’APR dès le 1er décembre de la même année, il jeta les bases d’un nouveau pacte de préservation des acquis de notre idéal républicain. Qu’il était puissant et plein de promesse, ce discours !Voir et entendre cet homme, qui a été Premier ministre du Sénégal à 43 ans, renoncer stoïquement, à 47 ans, à l’immunité, à la sécurité, à la prospérité et au confort inhérents aux hautes fonctions administratives et politiques de notre pays, était juste admirable de symboles.
Des Sénégalais de l’extérieur s’affairèrent à concrétiser ce besoin de changement en s’organisant en DSE (Délégation des Sénégalais de l’Extérieur) conformément aux statuts tout chauds de la jeune Alliance Pour la République. Trois ans et trois mois plus tard, l’APR avec sa coalition remportait la Présidentielle de mars 2012 (65,8% !) puis les Législatives de juillet de la même année. L’APR France comptait alors 65 sections de composition quantitative et qualitative très inégale. La massification du parti se poursuivait, pendant que des responsables du parti furent appelés à occuper d’autres fonctions. Les instances dirigeantes de l’APR France connurent alors quelques vacances de postes du fait de certains départs dont l’implication géographique, élective ou professionnelle était incompatible avec un militantisme exposé et l’animation régulière du parti.
L’après 2012 fut marqué par la nécessité de pallier ces absences au moment où, de toute part, affluaient des désirs d’adhésion à cette fulgurante aventure. La double exigence de préserver les acquis du parti et de gérer son élargissement s’imposait à ses principaux acteurs. La Convergence des Cadres Républicains, qui est, sans conteste, la structure la plus dynamique dans la réalité du parti (malgré les assauts des cabales internes), se lança dans un processus de restructuration totale sans qu’aucun des meneurs de cette étape, dont je fus, ne se livre au matraquage médiatique auquel on a assisté. Oui, il y a eu des argumentations solidement enflammées et des rixes mémorables. En interne ! Cependant, la réforme structurelle intégrale souhaitée n’avait pas abouti. Le compromis a été de remplacer les postes vacants (mars 2014 et avril 2016) et de renouveler les instances du parti en temps opportun, conformément à la ligne officielle.
Au niveau de la DSE, la bataille pour la recomposition et le renforcement fut l’occasion de chantages politiques et affectifs pathétiques. Des larmes coulaient abondamment et régulièrement pendant les réunions de cette période. Ce coup de blues était dû, semblait-il, aux pertes douloureuses de camarades pionniers et au sentiment d’abandon et de vide laissé par l’installation et l’inaccessibilité de fait du nouveau président de la République. Il faut dire que le candidat Macky Sall avait une proximité exceptionnelle avec la diaspora sénégalaise de France. Mais derrière l’objectif, en réalité secondaire, de piloter l’instance politique centrale qu’est la DSE, le besoin d’être visible et d’obtenir une nomination était le dessein primordial de certains camarades en ce moment-là. Beaucoup de « médiateurs »ont pu être abusés par les rivalités artificielles qu’on leur décrivait comme de profondes crises à l’APR France. Il n’en était rien.
Le fiasco de l’Assemblée Générale du 29 juin 2013 et la responsabilisation improbable d’individus dont la contribution à notre combat, l’intégrité et les compétences n’ont jamais été établies, éprouvèrent les enthousiasmes. Un peu plus tard, viendra l’époque où se formèrent quelques dissidences éphémères autour du congé du Ministre des Affaires Etrangères (Cf. le Mouvement des ABCdaires, dont la charge calomnieuse et indigente sur ma modeste personne reste un cas d’école) et, plus tard, quelques timides et brèves velléités de sécession suite au départ de la Première Ministre Aminata Touré.
Après ces tempêtes dans un verre d’eau, le Président, au cours d’une de ses visites en France, confirma Mme Mbacké à la tête du Mouvement des Femmes et Demba Sow à la DSE avec comme adjoints Talla Daff, Badou Sow et Abdourahmane Koïta. Une Assemblée Générale fut convoquée le 8 novembre 2014 à Asnières-Sur-Seine pour l’application de ces directives. Le bureau de la DSE était désormais élargi aux Coordonnateurs de section et aux organes subsidiaires (Cadres, Femmes, Jeunes). En somme, toute l’APR France y est représentée. Devant cette collégialité totale, la prise de décision était difficile, voire impossible. Le pouvoir devait, donc, revenir à un comité plus réduit composé du bureau statutaire et des représentants des structures. Ce collectif hybride fut dénommé par auto proclamation« Les têtes de pont ». Les militants les surnommèrent « Les têtes de cons » et, de bonne guerre, ils ne s’en offusquèrent que peu.
Malgré toutes ces péripéties internes, l’hégémonie de l’APR est restée intacte. Aucun autre parti sénégalais en France n’atteint ses effectifs et son dynamisme. Elle continua à valider des sections un peu partout. Par exemple, juste avant l’ouverture de la campagne pour les Législatives, j’eus l’honneur très amusant de prononcer, en son nom et en présence de quelques têtes de pont, la validation solennelle et officielle de la section de Viry-Châtillon (la 105ème !). Aujourd’hui, on en serait à 108 sections !
En sursis, nos acquis ?
C’est toute cette histoire et tout ce capital politique que risque de compromettre un activisme totalement désuet. En sollicitant le parrainage des sections pour postuler à la tête de la DSE, les candidats sont acculés à entériner la fragilisation des bases du parti. Car, en vérité, aucune majorité n’est acquise dans cette course poussive, contrairement aux victoires hâtivement criées. Il n’y a pas non plus d’endossements unanimes d’un candidat par les sections qui, harcelées par cette campagne inopportune, libèrent de petits antagonismes longtemps contenus. Un coordonnateur peut déclarer son soutien à un candidat et subir le désaveu d’un ou plusieurs membres de sa section. De plus, de fortes individualités de l’APR France désapprouvent le jeu puéril et belliqueux dont le principal théâtre est la presse en ligne et les réseaux sociaux. Ceux qui parlent d’exclusion, de division, de complot, de manœuvre de manipulation, d’ethnie sont précisément ceux qui veulent rassembler, unir, élargir, mobiliser, massifier pour une victoire dès le premier tour en 2019. En somme, on invente des problèmes, on se propose de les résoudre en espérant séduire la grande masse des internautes et quelques personnes supposées influentes. Voir ces vieilles recettes, comme principale stratégie prospective, est proprement désespérant !
Les éléments de langage de cette médiocre compétition reposent sur la dialectique simpliste et clivante du POUR ou CONTRE. Ceux qui se disent POUR un candidat vantent un mérite, une intelligence, une probité et un leadership dont ils semblent les seuls convaincus et en profitent pour dénigrer violemment tous ceux qui en doutent légitimement. Les tenants du CONTRE répliquent sur le même ton et s’insurgent contre la vassalisation de quelques sections qui se retrouvent piégées dans ce minable jeu. Les images et les discours des protagonistes de ce mélodrame provoquent un vrai malaise tant ils peinent à se hisser à la hauteur de leurs fantasmes. S’ils sont POUR, tels des perroquets, ils appellent solennellement, remercient chaleureusement et appellent à l’unité avec respect, estime et considération. S’ils sont CONTRE, ils condamnent fermement, mettent en garde, menacent, vilipendent et invitent à la sagesse et à la retenue. Cette communication extrêmement pauvre, trahit, avec la gestuelle mimétique et l’élocution hésitante qui l’accompagnent, un besoin urgent de se réfugier dans des préséances indues. Or, tous les prétendants à ce poste devaient être en situation de livrer leur ego à quelques petits risques pour être meilleurs et prêts pour demain. La bataille qui a mené l’APR au pouvoir ne s’est pas gagnée dans cette préciosité ridicule. A moins de trente ans, nos incartades sont tolérables ; à plus de soixante ans, nos bêtises inspirent de la compassion ; entre les deux, toutes les petites lâchetés consenties, qui font de nous des « talibés » potentiels des causes que nous prétendons servir au détriment du bon sens, doivent être clouées au pilori !
La surenchère de propos malveillants et violents, qui a ponctué cette triste pantomime, a bridé toute initiative constructive à la DSE depuis la rencontre du 8 octobre 2017 où les nouveaux députés remerciaient leurs électeurs. Ces dernières semaines, des militants m’ont avoué avoir la terrible impression que l’APR France était administrée depuis les sites www.afriqueconnection.com et www.infos15.com principaux réceptacles de cet entre-soi faussement conflictuel. Dépassées et déstabilisées par une campagne surréaliste (la vacance du poste convoité n’étant même pas définitivement reconnue !), les têtes de pont ont bradé leurs prérogatives de convoquer des consultations pour un dialogue franc et apaisé. S’ils ne sont pas candidats, ils sont partisans d’un candidat ou membres du comité ad hoc chargé d’encadrer le processus de désignation du successeur de Demba SOW. C’est une impasse. Personne ne semble avoir la neutralité requise pour inviter les parties prenantes à la discussion. Voilà où mènent les rêves de représentativité sans étoffe qui s’essayent à la manipulation de masse.
Épilogue
Membre du comité ad hoc, à mon corps défendant (ça serait long à expliquer), j’étais présent à la réunion du 20 décembre dernier, lorsque le Porte-parole du parti, sur instruction du Président, a mis fin à cette mascarade en demandant la suspension du processus en cours. Tout le monde s’en est félicité, à juste raison. Cependant, il faut reconnaître que cette issue était, pour beaucoup, l’enjeu principal de ce tapage qui n’obéissait à aucune urgence. Peu de candidats et peu de militants souhaitaient réellement aller aux élections. L’attention du Président Macky Sall était, pour beaucoup de postulants, le sommet à atteindre. Son arbitrage ultime, implicitement attendu, devait asseoir de nouvelles légitimations et de probables compensations politiques. En attendant, comme à l’accoutumée, le dernier mot de Dakar qu’on espère nourri de la meilleure information, l’APR France doit instamment corriger les nombreux griefs injustifiés qu’elle s’est infligée en cette fin d’année 2017.La raison et le réel mis en exergue dans cette sortie auraient un effet, si les petits cultes de la personnalité consentaient à trouver un autre terrain d’exercice que la DSE France.
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