Jusqu’à son arrestation suivie d’une condamnation en 2016 à la prison à vie pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture, l’ex-président tchadien Hissène Habré avait réussi son adaptation et son intégration dans son pays d’accueil qu’est le Sénégal. Le défunt s’était toujours très bien comporté de manière à ne pas compromettre l’asile qui lui avait été offert.
Un comportement irréprochable qui aurait sans doute poussé l’ancien président Abdou Diouf à le laisser vivre tranquillement parmi nous. Surtout, le successeur de Senghor s’était bouché les oreilles pour ne pas entendre toutes les accusations portées contre son hôte. Et ce au nom de la Téranga sénégalaise.
Dans ses Mémoires publiés aux Editions du Seuil en 2014, il semble d’ailleurs confirmer cela. Dans son livre, l’ancien président de la République Abdou Diouf (1980- 2000) raconte le jour de l’arrivée d’Hisséne Habré en 1990 à Dakar. Tout a commencé, dit-il, par un coup de fil du président camerounais Paul Biya, un soir vers 23 heures, pour l’informer de l’arrivée prochaine de Habré et de l’impossibilité de le garder au Cameroun, en raison de la proximité avec le Tchad.
« Le problème pour lui était d’autant plus prégnant qu’aucun des Présidents africains contactés n’avait voulu accueillir Habré. C’est suite à tous ces refus que Biya a pris contact avec moi, pour me demander d’accorder l’asile politique à ce dernier. Je lui donnai mon accord, et lui demandai de me préciser la date d’arrivée de Habré, pour que je puisse prendre les dispositions nécessaires. Contre toute attente, Biya me répondit que Habré serait à Dakar le lendemain de notre conversation téléphonique, à 06 heures du matin. Pris de court, je donnais illico presto des instructions à Médoune Fall, ministre des Forces armées, pour qu’il organise l’accueil à l’aéroport. D’entrée, Habré ne nous facilita pas la tâche. Il voulut d’abord garder l’avion de commandement qui l’a amené à Dakar, en avançant comme argument l’avoir reçu comme un don personnel » raconte le président Abdou Dioup à propos des circonstances de l’asile qu’il a accordé au président tchadien déchu.
Puis, il poursuit en évoquant l’avion du commandement « détourné » que Hisséne Habré voulait s’approprier. « J’ai réagi rapidement et avec fermeté, pour lui faire comprendre que cet avion était propriété du Tchad, et non de son Président. Pour le convaincre de son erreur, je lui ai cité comme exemple le Méridien Président. Au moment de le construire, le Roi Fahd m’avait remis directement le chèque. Pourtant c’est un hôtel enregistré dans le patrimoine immobilier du Sénégal, et non de son Président. A court d’arguments sans doute, Habré recula sur le problème de l’aéronef. Plus tard, Idriss Deby, qui approuva positivement l’asile politique accordé à Habré, m’informa que ce dernier disposait d’un téléphone satellitaire et continuait de donner des instructions à ses partenaires au Tchad, lui créant ainsi des problèmes. Une mise au net s’imposait donc, et j’en chargeai Médoune Fall. Dans notre entendement, l’asile politique devait rimer avec la discrétion, ce qui excluait toute immixtion dans la vie politique du Tchad. Bien entendu, Habré nia les accusations de Deby, présentées comme des histoires. La mise au point fit en tout cas son effet, puisqu’après, tout revint au calme. Ce n’est que plus tard que le problème de son procès sera posé » rappelle l’ancien président Abdou Diouf.
L’avion…détourné !
L’histoire de cet avion a failli créer un incident diplomatique entre le Sénégal et le Tchad. Et surtout du fait que les nouvelles autorités tchadiennes avaient en effet pressé le président Diouf d’intervenir auprès de Habré pour qu’il restitue l’avion…détourné. Un appareil immobilisé et scellé sur le tarmac de Dakar-Yoff. Sous haute surveillance de la gendarmerie nationale. Face à cette situation embarrassante, nous explique-t-on, Abdou Diouf dépêcha alors le magistrat Kéba Mbaye auprès du président Hisséne Habré pour lui faire entendre raison.
A l’issue d’intenses tractations, le président déchu Hissène Habré a finalement accepté de laisser partir l’avion de commandement de la discorde. En clair, le Sénégal se portait garant auprès du président autoproclamé Idriss Deby pour que Dakar ne soit pas une « base arrière » visant à déstabiliser Ndjamena. Et au fil des années, il semblerait qu’Abdou Diouf ait tenu parole puisque Hisséne Habré n’a jamais posé un acte de rébellion encore moins tiré les ficelles de la déstabilisation dans son pays.
En tout cas dans ses Mémoires, le président Abdou Diouf avoue qu’il ne savait rien de ce qui est reproché à Hisséne Habré. « Cependant, il est toujours bon pour comprendre cette affaire d’en reconstituer la trame. Tout commença par un coup de fil du Président Paul Biya qui m’a supplié dans l’accueillir…» jure le président Diouf, histoire dire que Paul Biya l’avait pris de court. La suite, on la connaît, rapporte Le Témoin, qui a retracé l'histoire dans son édition du jour.
Un comportement irréprochable qui aurait sans doute poussé l’ancien président Abdou Diouf à le laisser vivre tranquillement parmi nous. Surtout, le successeur de Senghor s’était bouché les oreilles pour ne pas entendre toutes les accusations portées contre son hôte. Et ce au nom de la Téranga sénégalaise.
Dans ses Mémoires publiés aux Editions du Seuil en 2014, il semble d’ailleurs confirmer cela. Dans son livre, l’ancien président de la République Abdou Diouf (1980- 2000) raconte le jour de l’arrivée d’Hisséne Habré en 1990 à Dakar. Tout a commencé, dit-il, par un coup de fil du président camerounais Paul Biya, un soir vers 23 heures, pour l’informer de l’arrivée prochaine de Habré et de l’impossibilité de le garder au Cameroun, en raison de la proximité avec le Tchad.
« Le problème pour lui était d’autant plus prégnant qu’aucun des Présidents africains contactés n’avait voulu accueillir Habré. C’est suite à tous ces refus que Biya a pris contact avec moi, pour me demander d’accorder l’asile politique à ce dernier. Je lui donnai mon accord, et lui demandai de me préciser la date d’arrivée de Habré, pour que je puisse prendre les dispositions nécessaires. Contre toute attente, Biya me répondit que Habré serait à Dakar le lendemain de notre conversation téléphonique, à 06 heures du matin. Pris de court, je donnais illico presto des instructions à Médoune Fall, ministre des Forces armées, pour qu’il organise l’accueil à l’aéroport. D’entrée, Habré ne nous facilita pas la tâche. Il voulut d’abord garder l’avion de commandement qui l’a amené à Dakar, en avançant comme argument l’avoir reçu comme un don personnel » raconte le président Abdou Dioup à propos des circonstances de l’asile qu’il a accordé au président tchadien déchu.
Puis, il poursuit en évoquant l’avion du commandement « détourné » que Hisséne Habré voulait s’approprier. « J’ai réagi rapidement et avec fermeté, pour lui faire comprendre que cet avion était propriété du Tchad, et non de son Président. Pour le convaincre de son erreur, je lui ai cité comme exemple le Méridien Président. Au moment de le construire, le Roi Fahd m’avait remis directement le chèque. Pourtant c’est un hôtel enregistré dans le patrimoine immobilier du Sénégal, et non de son Président. A court d’arguments sans doute, Habré recula sur le problème de l’aéronef. Plus tard, Idriss Deby, qui approuva positivement l’asile politique accordé à Habré, m’informa que ce dernier disposait d’un téléphone satellitaire et continuait de donner des instructions à ses partenaires au Tchad, lui créant ainsi des problèmes. Une mise au net s’imposait donc, et j’en chargeai Médoune Fall. Dans notre entendement, l’asile politique devait rimer avec la discrétion, ce qui excluait toute immixtion dans la vie politique du Tchad. Bien entendu, Habré nia les accusations de Deby, présentées comme des histoires. La mise au point fit en tout cas son effet, puisqu’après, tout revint au calme. Ce n’est que plus tard que le problème de son procès sera posé » rappelle l’ancien président Abdou Diouf.
L’avion…détourné !
L’histoire de cet avion a failli créer un incident diplomatique entre le Sénégal et le Tchad. Et surtout du fait que les nouvelles autorités tchadiennes avaient en effet pressé le président Diouf d’intervenir auprès de Habré pour qu’il restitue l’avion…détourné. Un appareil immobilisé et scellé sur le tarmac de Dakar-Yoff. Sous haute surveillance de la gendarmerie nationale. Face à cette situation embarrassante, nous explique-t-on, Abdou Diouf dépêcha alors le magistrat Kéba Mbaye auprès du président Hisséne Habré pour lui faire entendre raison.
A l’issue d’intenses tractations, le président déchu Hissène Habré a finalement accepté de laisser partir l’avion de commandement de la discorde. En clair, le Sénégal se portait garant auprès du président autoproclamé Idriss Deby pour que Dakar ne soit pas une « base arrière » visant à déstabiliser Ndjamena. Et au fil des années, il semblerait qu’Abdou Diouf ait tenu parole puisque Hisséne Habré n’a jamais posé un acte de rébellion encore moins tiré les ficelles de la déstabilisation dans son pays.
En tout cas dans ses Mémoires, le président Abdou Diouf avoue qu’il ne savait rien de ce qui est reproché à Hisséne Habré. « Cependant, il est toujours bon pour comprendre cette affaire d’en reconstituer la trame. Tout commença par un coup de fil du Président Paul Biya qui m’a supplié dans l’accueillir…» jure le président Diouf, histoire dire que Paul Biya l’avait pris de court. La suite, on la connaît, rapporte Le Témoin, qui a retracé l'histoire dans son édition du jour.
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