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Affaire Sonko: l’avenir du candidat «Antisystème» entre les mains du «Système» qu’il combat !

Poursuivi pour viol et menaces de mort par une masseuse du nom de Adji Sarr, le leader de Pastef est dans de beaux… draps. Pour sa défense, en forme d’attaque, il accuse le « Système » — pardon, Macky Sall — de complot pour l’écarter de la course à la présidentielle de 2024. Hélas, l’ancien président de la République, qui a volé à son secours, a plutôt semblé l’enfoncer. Selon Me Abdoulaye Wade, en effet, Sonko été piégé à cause de son inexpérience. Laquelle aurait permis à son adversaire, qui connait ses « faiblesses », d’avoir une opportunité sur lui. Après l’acte 1 et l’acte 2, l’acte 3 de la « mise à mort » politique du chef de fait de l’opposition a été posé ce mercredi 17 février avec la mise en place de la commission ad hoc devant statuer sur la levée de son immunité parlementaire. Comme pour dire que l’avenir du candidat « Antisystème » est aujourd’hui entre les mains du « Système » qu’il n’a cessé de combattre farouchement !



 « Ceux qui ont dirigé le Sénégal depuis le début mériteraient d’être fusillés ». Incendiaire, la phrase n’avait pas vocation à devenir publique. Très critique envers le pouvoir, Ousmane Sonko a l’habitude des phrases-chocs, des piques provocatrices et des critiques acerbes contre une classe politique qu’il juge « corrompue » et « vendue aux intérêts étrangers ». Ses attaques permanentes contre le « Système » lui ont créé beaucoup d’ennemis du côté des politiciens classiques. Si certains en arrivent à l’accuser d’arrogance, c’est justement parce que lui et ses partisans semblent prendre de haut le reste du « Système ».

Une indignation dont Ousmane Sonko n’avait, semble-t-il, cure. Il tirait sur tout ce qui bouge. Même les institutions ne sont pas épargnées par ses charges. « Voilà une Assemblée nationale qui ne l’est que de nom, avec une majorité de députés qui ne comprennent absolument rien aux enjeux, beaucoup d’entre eux n’en ont même pas les compétences ou la formation, qui sont téléguidés ou télécommandés à partir du palais de la République » a-t-il eu à déclarer. Ce qui est une vérité que nul n’ose nier mais voilà, au Sénégal particulièrement toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire !

Toujours dans sa logique de combattre le « Système », le patron du parti Pastef refusait toute compromission avec ses acteurs qui, selon lui, ont plombé le développement du pays. C’est dans cette logique qu’il avait même, en 2016, refusé de prendre au téléphone Karim Meïssa Wade qui était en train de mener une opération de charme en direction de l’opposition en téléphonant aux responsables politiques et à la société civile. Ce refus n’était pas dû à «un contentieux avec Wade-fils » mais Sonko se disait convaincu que l’ancien ministre « du Ciel et de la terre » est un élément du « Système » contre lequel il mène une sorte de « djihad ».

Autrement dit, pour lui, Macky Sall et Karim Wade, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Tous pourris alors que lui n’entend nullement s’acoquiner avec un quelconque membre du « Système » honni !

L’ « Antisystème », dos au mur…du « Système » !
Le leader de Pastef-Les Patriotes s’est fait des ennemis partout et même dans l’opposition qu’il n’a pas manqué d’attaquer à plusieurs reprises. Ainsi, il s’en est pris à son ancien « allié » Bougane Guèye Dany avant de fusiller le Grand Serigne Abdoulaye Makhtar Diop et toute la communauté Léboue. « Il y a des hommes politiques qui veulent jouer sur les émotions des Sénégalais. Ils veulent qu’on laisse ce régime dans ses déboires. On n’attendra pas que la situation du pays empire, on va critiquer. Ceux qui disent le contraire sont des hypocrites. La plupart des opposants ne s’opposent qu’à Ousmane Sonko. Ils ne se prononcent jamais sur les questions de l’heure : le problème foncier, les ressources naturelles. Ils sont des opposants de Macky Sall qui les a financés pour qu’ils attaquent l’opposition », cognait durement l’inspecteur des Impôts et Domaines radié de la Fonction publique.

Le patron du mouvement politique ‘’Agir’’, l’ancien député Thierno Bocoum, s’était une fois offusqué de la manière dont Ousmane Sonko s’en est pris à une partie de l’opposition sur la question concernant le statut de l’opposition et de son chef. Ousmane Sonko qui ne supportait visiblement pas que le patron du groupe Dmédia, Bougane Guèye Dany, se soit déplacé en banlieue pour aider, en novembre dernier les populations sinistrées, s’en est également pris à ce dernier, le traitant de « politicien de circonstance qui croyait qu’avec ses milliards, il pouvait s’engager à la présidentielle et la gagner. Il n’a même pas pu avoir des parrainages ».

Et pourtant, c’est à cause de lui que le signal de la télé de Bougane Guèye Dany avait été coupé le 31 décembre 2019 ! Réagissant aussi au déferrement au parquet de Boubacar Sèye, président d’Horizon sans frontières, le leader du Pastef avait accusé le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, d’être à la solde de Macky Sall. Toutes les vérités… ! « Apparemment, le seul crime de monsieur Sèye, c’est d’avoir pointé du doigt la direction vers laquelle Macky et compagnie ne veulent pas qu’on regarde. Suffisant pour que le procureur de Macky, ce zélé qui ne fait pas honneur à l’institution qu’il est censé servir de manière juste et impartiale, se déchaîne dans une opération qui ne vise qu’à humilier, torturer et faire mal », fustigeait Ousmane Sonko.

Poursuivant, il soutenait que « Serigne Bassirou Guèye, avec quelques autres ”magistrats” politiciens bien identifiés, est habitué à ces excès sous forme de cabale contre les pourfendeurs de la gestion corrompue du régime et contre ses adversaires politiques ». Aïe !

Momar Diongue, journaliste : « Sonko s’est jeté dans la gueule du loup »
Des attaques qui ont valu au leader de Pastef de se mettre à dos toute la classe politique ou, plutôt, le « Système » qu’il prétend combattre. Son manque de prudence lui vaut aujourd’hui d’être accusé de viols et de menace de mort par Mlle Adji Sarr dans ce qu’il est convenu d’appeler l’ « affaire du massage au Salon Sweet Beauty ». Me Abdoulaye Wade a ce même sentiment.

Dans une note adressée dimanche dernier à la presse, le Pape du Sopi disait avoir le sentiment que Sonko a manqué de prudence et a été piégé. Apparemment, soutenait-il, « son inexpérience a été exploitée par un adversaire puissant et futé qui connaît ses faiblesses. »

Un soutien à la manière dont une corde soutient un pendu ! Le journaliste Momar Diongue, lui, croit que la réaction du Pape du Sopi relève plus d’un langage paternaliste que d’une volonté d’enfoncer Ousmane Sonko. Car Wade, rappelle-t-il, n’a jamais cessé de prodiguer des conseils au patron de Pastef. « Abdoulaye Wade lui a toujours conseillé de surveiller ses arrières et de se méfier de ce régime cat il ne veut que sa tête. Il lui avait même conseillé d’être accompagné par son épouse s’il doit voyager, de faire attention à ce qu’il mange ou boit. Il lui avait conseillé de ne pas faillir dans son comportement. Ce, du fait que le pouvoir ne veut que le piéger. Alors, quand un problème pareil à celui qui vaut des déboires à Sonko surgit, ça lui donne raison », estime le doyen Momar Diongue.

Comme si le système veut prendre sa revanche sur le leader de Pastef, en l’espace de cinq jours, le bureau de l’Assemblée nationale, une institution qui a été saisie par le juge d’instruction du huitième cabinet du tribunal de grande instance hors classe de Dakar, la conférence des présidents des commissions et la commission des lois de l’Assemblée nationale se sont réunis pour poser le premier, le deuxième et le troisième actes de la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko.

Selon de nombreux observateurs, c’est le leader de Pastef qui a donné une opportunité à ses détracteurs de vouloir prendre leur revanche sur lui. Un avis partagé d’ailleurs par le journaliste Momar Diongue. « Il est évident que Ousmane Sonko était la principale cible du pouvoir en place. Il y a eu d’abord les cas de Karim Wade puis de Khalifa Sall. Même s’ils ont bénéficié d’une grâce présidentielle, ils ont perdu leurs droits de vote. Ensuite, le même pouvoir a utilisé la carotte pour amadouer Idrissa Seck qui a fini par le rejoindre. Aujourd’hui, c’est au tour d’Ousmane Sonko de monter sur l’échafaud. Une mise à mort qui fait suite aux menaces du ministre de l’Intérieur de régler son compte à Sonko suite à la levée de fonds réussie qu’avait organisée son parti. Sonko a été imprudent d’aller fréquenter nuitamment un salon de massage. Il pouvait même être tué parce qu’il était sans garde du corps encore moins accompagnant. Il est tombé dans la gueule du loup », pense notre interlocuteur.

Ousmane Sonko réussira-t-il à échapper au « Système » qu’il a tant combattu ? Le chroniqueur de la Sentv souligne d’abord avoir entendu Ousmane Sonko dire que cette affaire va lui ouvrir les portes du Palais. Selon lui, cela peut avoir lieu si et seulement s’il sort victorieux de cette affaire dans laquelle il est empêtré. Auquel cas il pourrait engranger d’avantage de soutien de la part des populations. Mais s’il y a dans le dossier un tout petit élément pouvant le faire inculper, alors il aura trébuché sur la voie qui mène au Palais. « Et ça sera sa mort politique. Mais, c’est le procès qui nous édifiera sur tout cela. À l’heure actuelle, il difficile d’assoir une analyse sur son avenir », conclut prudemment le journaliste.

Une chose est sûre : l’avenir du héraut de l’ « Antisystème » est bel et bien aujourd’hui entre les mains du « Système » qu’il a toujours combattu ! 

Le Témoin


Jeudi 18 Février 2021 - 10:44


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