Lors du discours qu’il avait prononcé à Addis –Abeba à l’occasion des cinquante ans de l’Union africaine, évoquant « l’avenir de l’Afrique, l’avenir de la relation entre la France, l’Europe et l’Afrique, et donc l’avenir du monde », François Hollande avait évoqué « trois défis » : la sécurité, le développement et l’environnement. Trois concepts, il est vrai, fortement liés mais dont il n’est pas certain que tout le monde y apporte la même définition.
Le président français et ses ministres jurent la main sur le cœur que « la Françafrique, c’est fini » (Sarkozy l’avait déjà dit) et exhortent à ne pas regarder en arrière, mais vers l’avenir. Un avenir que Hollande veut donc envisager sous le signe de « la paix et la sécurité » et qui sera au centre du sommet Afrique-France (l’inversion serait phonétiquement désastreuse !) qui s’ouvre demain à Paris. Car « la France est prête à travailler avec les Africains, pour renforcer les capacités d’action, pour doter les armées africaines des moyens de répondre à toutes les agressions », insistait François Hollande. On sait ce qu’il en est : intervention militaire française au Mali pour fêter la nouvelle année, intervention, encore, en République centrafricaine cette fois, à l’approche de Noël.
Livre blanc sur la défense
Au-delà des déclarations, la France se repositionne en Afrique. D’abord militairement pour mieux asseoir son emprise économique. Le livre blanc sur la défense et la sécurité, rendu public le 29 avril, pérennise d’ailleurs un maintien global des crédits militaires. Plus question donc d’un désengagement des troupes françaises basées sur le continent.
La France se repositionne en Afrique. D’abord militairement pour mieux asseoir son emprise économique.
sur le continent. Au contraire.
La zone sahélo-saharienne, le golfe de Guinée et la Corne de l’Afrique deviennent des « zones proches d’intérêt prioritaire ». Quant aux diverses bases françaises, elles sont regroupées sous le vocable de « points d’appui militaires en Afrique » dans lesquels apparaît la « zone Mali-Niger-Burkina Faso », directement issue de l’intervention au Mali. Comment parler d’indépendance d’un pays lorsque des troupes étrangères y sont positionnées ? Une attitude française qui explique en partie l’absence à Paris d’un certain nombre de chefs d’État africains, comme le Sud-Africain Jacob Zuma et le Rwandais Paul Kagamé. Cette stratégie française s’inscrit dans les politiques de domination menées à l’échelle mondiale par les grandes puissances, en concurrence avec les pays émergents, à commencer par la Chine. À la guerre en kaki se superpose la guerre en col blanc en quelque sorte. « Dans nombre de pays qui composaient autrefois son pré carré, la France n’a plus la main sur le terrain économique
et dans le domaine de l’extraction des richesses minières et énergétiques. De nouvelles élites africaines n’hésitent plus à jouer de la concurrence entre les grandes puissances et les pays émergents. D’où cette volonté de Paris de se repositionner dans une nouvelle configuration géopolitique, via l’implication militaire directe dans des conflits locaux », résume l’anthropologue Benoît Hazard, spécialiste de l’Afrique de l’Est.
dépendance économique Hier, dans les salons du ministère des Finances, étroitement associé au sommet sur « la paix et la sécurité en Afrique », Pierre Moscovici, épaulé par l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, a déployé le volet concomitant :
« Afrique-France, pour un nouveau modèle économique. » Les quinze propositions formulées s’inscrivent toutes dans le cadre de politiques néolibérales que sont souvent contraints de mener les pays d’Afrique subissant des pressions politiques.
Journal Humanité Françafrique
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