Le procès Pistorius a démarré avec 1h30 de retard ce lundi matin.
La traductrice qui devait traduire le témoignage des témoins de l’Afrikaans à l’anglais a apparemment été impressionnée par le dispositif médiatique et perdu ses moyens. La cour a donc dû trouver un autre traducteur à la dernière minute.
Ce lundi matin, l'audience a commencé par la lecture par le procureur de la République des quatre chefs d’inculpation : meurtre, possession illégale de munitions et deux chefs d’inculpation pour mise en danger de la vie d’autrui.
A chaque chef d’inculpation, la juge s’est tournée vers Oscar Pistorius et lui a demandé s’il comprenait et comment il plaidait. Et à chaque fois d’une petite voix, Pistorius a répondu : « non coupable ». Son avocat a alors pris la parole pour rejeter l’accusation.
Les faits
Le 14 février 2013, vers 3h- 4h du matin, Pistorius tire sur sa petite amie à travers la porte des toilettes dans sa maison.
Le jeune homme dit avoir entendu du bruit dans les toilettes et paniqué, en croyant à l'intrusion d'un cambrioleur. Il a pris son arme sous son lit, s’est dirigé vers la salle de bain et a tiré à quatre reprises sans sommation à travers la porte des toilettes, tuant « par accident » sa compagne. Ses avocats plaident la légitime défense.
Le procureur affirme qu’il s’agit d’un meurtre avec préméditation ; que le couple s’est violemment disputé cette nuit-là et que Pistorius a tiré sur Reeva Steenkamp qui s'était enfermée dans les toilettes.
Des cris de femme à trois heures du matin
Le premier témoin à charge a ensuite fait sa déposition. Une voisine a raconté comment cette nuit-là, elle avait été réveillée à trois heures du matin par des cris de femme qui hurlait et appelait au secours. Elle a ajouté qu’elle avait aussi entendu un homme crier par trois fois.
Ce témoin habite à environ 170 mètres de la maison d'Oscar Pistorius. Elle a déclaré avoir ensuite appelé la sécurité de la résidence avant d’entendre quatre coups de feu. Un témoignage accablant.
Puis elle a été interrogée par un des deux avocats de Pistorius, Me Barry Roux.
Un contre-interrogatoire musclé, puisqu'il a tenté de démonter qu’il y a avait des contradictions entre son témoignage oral et sa déposition ou lendemain du meurtre.
Notamment sur l’intensité des cris, sur le nombre de coups de feu. Il l’a même accusée de modifier son témoignage au fur et à mesure. Ce premier témoin sera probablement à nouveau interrogé. La journée s’est terminée là-dessus.
Déroulé du procès
Au total, 107 témoins doivent être appelés à la barre : des voisins, mais aussi des experts balistiques, médicaux et scientifiques.
Il s'agit de déterminer si Pistorius, par exemple, s'il portait ses prothèses au moment du drame. Une question importante, car cela peut contribuer à appuyer ou non la thèse de la préméditation.
Et pour déterminer cela, l’analyse de la trajectoire des impacts de balles qui ont traversé la porte de la salle de bain est importante. Est-ce que les balles ont été tirées vers le haut ou vers le bas ?
Et puis il y a l’analyse du contenu des téléphones portables de Pistorius. Est-ce qu’il y a des messages compromettants envoyés ou reçus ? Les experts vont jouer un rôle important.
Normalement, le procès doit durer 3 semaines. Mais après cette première journée, il n'est pas exclu qu'il puisse durer plus longtemps.
Retentissement dans le pays
Le procès est suivi par beaucoup de gens. Il est partiellement retransmis à la télévision et a la radio, une première dans le pays.
Les Sud-Africains sont particulièrement intéressés par ce procès. D'abord parce qu’il s’agit de quelqu'un de très connu, qui a été un héros. Ensuite, parce que ce cas touche à un vrai problème de société : la violence faite aux femmes. Quelque 2 000 à 2 500 femmes meurent chaque année en Afrique du Sud suite à des violences, et notamment conjugales. Il y aurait également une dimension raciale, du fait que l'athlète paralympique Oscar Pistorius, icône sportive mondiale, est un blanc riche. Dans ce pays, les plus défavorisés perçoivent la justice comme étant une justice à deux vitesses.
Pistorius risque un maximum de 25 ans de prison pour meurtre avec préméditation. Pour homicide volontaire, il encourt une peine de prison avec sursis assortie d’une amende.
Le juge Thokozile Masipa, 66 ans, est en poste depuis 1998. la magistrate est la deuxième femme noire a avoir été nommée juge depuis la fin de l’apartheid.
Source : Rfi.fr
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