Après des mois de rencontres entre le syndicat Amcu et les producteurs de platine, les négociations ont échoué, il y a de cela quelques semaines. Les compagnies minières accusent le syndicat de rejeter en bloc toutes propositions, de ne pas consulter les mineurs, et surtout d’empêcher les non grévistes de revenir au travail. Les compagnies ont donc décidé de contacter directement les mineurs pour leur proposer une nouvelle offre salariale. Cela c’est fait principalement par SMS. Elles ont envoyé des messages à tous leurs employés leur demandant de reprendre le travail.
La reprise a eu lieu cette semaine, une reprise très théorique : les bus qui vont habituellement chercher les mineurs dans les différentes communautés étaient encadrés par les forces de l’ordre. Celles-ci étaient déployées sur les routes, à l’entrée des bidonvilles, et devant les mines. Le ministre de la police est lui-même venu sur place mercredi pour mettre en garde les grévistes contre toute intimidation. Il y a tout de même eu trois mineurs tués en début de semaine, apparemment parce qu’ils comptaient se rendre au travail.
Est-ce que les mines ont rouvert ?
Pas vraiment. Selon un porte-parole de Lonmin, l'une des trois compagnies minières, les mineurs revenaient petit à petit. Difficile de donner le chiffre exact des reprises. C’est une reprise plus symbolique qu’autre chose pour l’instant. Le syndicat Amcu qui est majoritaire dans le secteur, fait pression sur tous les mineurs, pour ne pas reprendre. Les non-grévistes ont peur de se faire agresser. C’est tout le problème du dispositif mis en place par les compagnies et la police. Ils assurent la protection des convois, mais pas des individus une fois qu’ils sont rentrés chez eux. Les gens ont peur, peur même d’être vus en train de parler a des journalistes.
Selon un leader syndical, sur les 28 000 mineurs qu’emploie Lonmin sur son site de Marikana, peut-être 400 personnes étaient allées travailler hier et aujourd’hui. Il s’agit donc d’une toute petite minorité…Toujours est-il que les compagnies minières espèrent un retour plus important la semaine prochaine, notamment quand les mineurs qui étaient rentrés chez eux dans les zones rurales vont revenir.
Comment font les mineurs pour vivre pendant cette période de blocage, puisqu’ils ne sont pas payés ?
La situation est assez dramatique. Cela fait des mois que l’économie de Marikana tourne au ralenti. De nombreux commerces sont fermés. Les temps sont vraiment durs. Certaines paroisses ont ouvert des soupes populaires pour nourrir ceux qui ont faim. Environ 200 personnes viennent tous les jours à ces séances de distribution alimentaire. Une des organisatrices de ces soupes populaires a raconté qu’elle avait pris cette initiative après avoir vu une femme s’écrouler dans la rue. Quand elle lui a demandé ce qui n’allait pas, la femme lui a raconté que son mari n’allait plus a la mine et qu’elle n’avait pas mangé depuis 3 jours. Il y a un fonds de soutien pour les mineurs, mis en place par le syndicat Amcu. Il y a une grande solidarité, mais ça n’est pas assez, car les gens ont faim. La situation est explosive !
Source : Rfi.fr
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