Autant pour le tissu économique local, la culture de l’arachide occupe 70 % de la population active du bassin arachidier qui regroupait les régions de Kaolack, Fatick, Diourbel et tout récemment celle de Kaffrine départie de Kaolack suite au dernier découpage administratif concédé en 2009. Ainsi pour une multitude de facteurs, l’arachide qui a nourri son homme pendant plus de deux siècles, d’un coup, connaît une chute libre. Dans le centre du pays, les populations nourrissent beaucoup d’espoirs de voir renaître cette culture.
Même s’il reste évident que l’agriculture sénégalaise d’une manière générale est à 95 % dépendante de la pluviométrie et d’autres facteurs naturels, qui ne sont pas souvent au rendez-vous dans les moments voulus. On peut toutefois se permettre de dire que sa chute en matière de rendement est en grande partie due à une mauvaise politique agricole. C’est le cas avec l’arachide où toutes les solutions proposées pour la relance de la filière, ont quasiment échoué. Depuis maintenant des décennies, les nombreuses questions posées en direction des études de relance de la filière, de la formation, de la remobilisation du capital semencier, de la régénération des sols, de la qualité des semences, des intrants, de la disponibilité des aires arables, de la commercialisation avec tout ce qu’elle comporte comme facteurs, n’ont jamais abouti, au bénéfice de la filière arachide.
Dans un récit de l’ouvrage « L’arachide au Sénégal. Comment relancer la filière arachidière ? », Moussa Faye directeur de « Action Aid Sénégal » indique « cette crise qui perdure n’est que la résultante d’une libéralisation mondiale des marchés agricoles à laquelle le FMI et la Banque Mondiale ont assujetti le Sénégal comme la plupart des pays pauvres ».
Dans le même ouvrage, l’économiste Moubarack Lô signale qu’après moult tentatives infructueuses, l’Etat a finalement misé pour la privatisation des unités industrielles telles que la Société nationale de commercialisation des Oléagineux au Sénégal (SONACOS) en cédant la majorité du capital au Consortium « ADVENS », et attribué le reste de ses actions au personnel et aux producteurs.
En prenant une telle décision, l’Etat visait deux (2) objectifs majeurs : chercher d’une part à libérer des ressources publiques au profit d’activités stratégiques que seul, il est capable de faire. Ensuite, la Sonacos et sa défunte filiale la société nationale des graines (Sonagraines) étaient des gouffres financiers, il fallait s’en débarrasser car rien qu’en 2001, l’Etat a dégagé 65 Milliards pour la couverture des dettes de la Sonacos. D’autre part, l’Etat dans cette envie de privatiser les unités industrielles voulait relancer l’initiative privée et développer de nouvelles technologies et de nouveaux marchés avec l’arrivée dans le capital des entreprises publiques de partenaires de référence.
L’idée était de mettre en scelle le secteur privé jugé plus souple et plus efficace que le service public. Mais sept (7) ans après l’arrivée du partenaire stratégique, aucun des objectifs n’a été atteint. Il semble que l’Etat n’a rien gagné dans la vente de la Sonacos, au contraire il a perdu beaucoup de Milliards. Aujourd’hui, c’est toute une équation autour de l’arachide, ce produit qui a longtemps nourri son homme et dont la mort fait pleurer des millions de sénégalais.
Arachide colonial
La culture de l’arachide a été surtout voulue et imposée par le pouvoir colonial pendant près d'un siècle avant l'indépendance. Certains affirment même que les premiers champs d’arachide cultivés au Sénégal ont été emblavés dans le Nord du pays avant d’être transposés vers le centre et les autres régions. En ces moments de pleine colonisation, les blancs qui savaient que le Sénégal ne gardait aucune ressource naturelle dans son sous-sol, devaient en effet trouver un autre moyen de relever son économie locale à partir du développement de l’agriculture et l’exploitation d’un genre de culture qui pourrait non seulement répondre aux besoins économiques des populations, mais surtout servir comme matière première aux premières industries dont les activités étaient essentiellement orientées vers la transformation de produits faciles à écouler sur le marché local.
Le Sénégal était alors classé parmi les pays de l’Afrique occidentale qui réunissait l’ensemble des facteurs pour accueillir la culture de l’arachide. Avec la virginité de ses sols, la forte pluviométrie qui dépassait 500 mm/an, la disponibilité des aires arables, et celle des vaillantes ressources humaines, notre pays était en effet considéré comme une terre promise et prête à engendrer l’ensemble des résultats attendus dans l’exploitation de cette nouvelle culture
. Auparavant, les surfaces agricoles ne servaient qu’à de petites exploitations telles que le maraîchage et les cultures céréalières orientées essentiellement vers la consommation familiale. D’aucuns disent même qu’à chaque hivernage, la pluviométrie dépassait la barre des 800 mm. Et si bonne était-elle, cette forte pluviométrie pouvait faire germer n’importe quelle variété de semences, surtout celles promises pour un cycle long. Les premières variétés qui existaient dans la filière provenaient en effet de l’Europe et de l’Amérique. On refusait souvent de leur prêter un nom pour des raisons protectionnistes. Et l’on se limitait surtout à des noms qui indiquaient seulement leur pays d’origine. Ce furent ainsi les variétés « Spanisch » et « Virginia » suivies plus tard dans la filière par la variété « laïque » et celle dénommée 28 /206, arrivée avant les années 30. Quant à celle qui portait le nom de « Thiop », elle a aussi été emblavée au Sénégal à partir des années 40....
A côté de ces larges superficies agricoles cultivées par les populations locales, existaient déjà au Sénégal de petites entreprises industrielles spécialisées dans la finition des produits importés, mais aussi d’autres sociétés de transformation de produits agricoles comme l’arachide en produits de consommation courante. Et comme cela répondait aussi à la volonté des colons de produire de l’huile comestible, du savon, des tourteaux pour l’alimentation du bétail, la spéculation devenait de plus en plus organisée autour d’un marché intitulé plus tard « traite arachidière ». Un marché qui ne regroupait pas seulement les producteurs indigènes, mais de nombreux autres commerçants libano-syriens de renommée dont « Jamil », « Namane » et d’autres grands spéculateurs, arrivés sur le marché grâce aux colons, qui souhaitaient avoir dans ces lieux de transactions commerciales d’autres races blanches d’opérateurs dont la mission consistait d’abord à contrôler ce commerce, boucher tous les trous ouverts et ensuite jouer le rôle d’intermédiaire entre les producteurs et les sociétés industrielles coloniales.
Ces sociétés parmi lesquelles, on pouvait aussi compter aussi des Européens et français tels que « Morel Frères », « Chavanel » « Vesia » « Devet et Chaumet », très influents à l’époque à cause de leur puissance, étaient aussi fortement implantées. Ainsi dans ce marché, tout le monde trouvait son compte. Et à l’époque, nous signale-t-on, le franc CFA n’était pas encore en émission au Sénégal. Les échanges commerciaux s’opéraient sur la base d’une monnaie appelée « sous » ou « Tank » en langue nationale. C’est durant les années qui ont suivi que le kilogramme d’arachide est revenu à 5 FCfa et ensuite 10 FCfa, suivant les réalités du marché. Mais, de par sa rentabilité et les revenus qu’on y tirait, l’arachide, visiblement, n’attirait pas seulement les populations du Sénégal. Beaucoup de citoyens de pays voisins tels que le Mali, la Guinée, la Gambie, la Guinée Bissau, et même le Burkina Faso ex Ouagadougou convergeaient vers le Sénégal pour tirer profit de cette nouvelle filière qui générait autant d’activités que celles limitées aux travaux champêtres.
Ces flux migratoires incessants durant ces mêmes périodes expliquent en partie la présence massive d’autochtones dont les derniers héritiers sont devenus citoyens sénégalais à part entière. Par contre dans le Nord du pays, le besoin fou de cultiver l’arachide était aussi à l’origine des grandes opérations de dessouchement provoquées par les populations qui voulaient coûte que coûte détenir de vastes surfaces arables et par conséquent, obtenir d’importants rendements en graines. Et au fil des ans, ces mêmes opérations qui ont facilité l’avancée du désert aux moments où la sécheresse commençait déjà à frapper aux portes du Sénégal en début des années 70. Aux environs de 1950, alors que le barème pluviométrique subissait une baisse avec un niveau inférieur ou égal à 500 mm/an, les acteurs regroupés autour de la filière se sont ainsi orientés vers des recherches scientifiques pour trouver d’autres variétés plus adaptées au cycle pluviométrique alors en vigueur dans les zones d’exploitation. Et pour la première fois, l’expertise de la science s’est invitée dans la filière, car jusque-là, elle n’avait aucune touche visible sur les opérations liées à l’exploitation de l’arachide.
Tout se faisait sur la base de connaissances en lien avec la tradition. Les semences étaient sélectionnées par les paysans eux-mêmes, et avec la fertilité et la virginité des sols, l’engrais n’était guère utilisé. Ainsi de nouvelles variétés (la variété 55 et la variété « Fourré ») ont été sélectionnées pour mieux stabiliser la production et éviter une chute des matières de base destinées tous les ans aux industries.
Grâce aux rendements excédentaires, tous les besoins populaires se fondaient sur ce produit
Les rendements à l’époque étaient si énormes que le producteur pouvait tout se permettre. Sans engrais ni autre produit fertilisant, on parvenait à emmagasiner 1 à 2 tonnes à l’hectare. Un producteur qui avait mis en terre 45 Kg de semences à terre, se rappelle encore avoir récolté 13 charges d’âne, l’équivalent de 26 sacs de 100 Kg chacun. Pour dire simplement que l’époque était celle des vaches grasses. Celle des terres neuves et de la bonne pluviométrie. Un témoin raconte avoir gardé un stock de 20 sacs d’engrais dans son magasin pendant plus de deux (2) ans sans en utiliser un seul. Son fils qui voulait tenter l’expérience a épandu 10 Kg dans son champ, mais n’avait aucune distinction sur le rendement par rapport à ses autres surfaces emblavées.
La fane communément appelée paille d’arachide, ne s’utilisait pas. Elle était surtout abandonnée dans les champs, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, où elle est considérée comme une ressource et ventilée pour supporter certaines charges familiales dans les concessions paysannes. Ainsi à l’approche de chaque hivernage, les producteurs brûlaient cette paille d’arachide qui pouvait aussi servir de « toss » ou fertilisant. En somme dans les milieux paysans, industriels, et commerçants, tout se jouait sur l’arachide. Les sociétés industrielles, les commerçants libano-syriens profitaient des « Traites », ces sortes de marchés ouverts pour trouver réponse à l’ensemble de leurs difficultés financières. Ils pouvaient facilement comptabiliser d’énormes bénéfices qui leur assuraient une couverture en termes d’activités pendant toute l’année.
Apparemment, ces « Traites arachidières » étaient ouvertes partout dans les villages abritant des points de collecte, mais aussi les comptoirs commerciaux. Les commerçants libano-syriens ne s’établissaient pas seulement dans les grandes villes, ils se déplaçaient également dans les villages où ils détenaient de nombreux comptoirs. A l’époque comme d’ailleurs aujourd’hui, la tradition dans le Sine Saloum était d’attendre toujours l’arrivée de la « traite arachidière » pour passer à l’organisation des cérémonies familiales, souvent reportées sous prétexte d’attendre le moment fructueux des échanges commerciaux. Les mariages, circoncisions, séances de lutte traditionnelle étaient ainsi tenues en ces moments de « Traite », et l’on dit même que beaucoup de mariages dans le Sine comme dans le Saloum, ont été scellés grâce à l’arachide. Mais les avantages et les activités liées à cet important produit ne se limitaient pas uniquement dans les champs, car d’autres manœuvres, (vendeurs dans des magasins, contrôleurs, agents de maîtrise de sociétés industrielles) quittaient régulièrement leur ville ou village pour trouver un emploi dans les centres d’activités proches des stations portuaires de Foundiougne et Kaolack qui généraient aussi de nombreux emplois.
La présence de ces nombreux déplacés dans le Sine Saloum renforçait davantage les liens entre populations du centre, du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Elle découlait parfois par des liens de mariages entre citoyens des autres régions et les femmes trouvées sur place. Aujourd’hui, de nombreuses familles sont fondées grâce à ce brassage interrégional mais aussi multiethnique du fait de l’arrivée massive des étrangers sur le territoire sénégalais.
Des moments aussi récréatifs par rapport aux séances de lutte ou de tam-tam qui se tenaient de manière permanente sur les grandes places publiques des villes et villages, tous les soirs après le travail, et à partir desquelles, les meilleurs danseurs, danseuses et les meilleurs lutteurs pouvaient facilement trouver femme ou mari. A la limite, l’argent avait de la valeur. Les « sous », tout comme le Frs Cfa détenait un pouvoir d’achat si énorme qu’on pouvait tout se permettre. Beaucoup de personnes devenues aujourd’hui de grands opérateurs ou convoyeurs de fonds ont tiré leurs premières ressources de l’exploitation de grandes surfaces d’arachide dans le passé.
L’arachide, un intérêt politique pour les régimes antérieurs
L’utilité de l’arachide n’allait pas simplement aux personnes qui la cultivaient, celles qui en profitaient, et aux industries qui y dépendaient. Certains régimes y trouvaient aussi d’autres intérêts en marge des fortes économies concoctées tous les ans après la commercialisation. La bonne gestion de la culture arachidière facilitait des fois au pouvoir, l’accès dans le monde paysan. Selon des témoins proches des premiers régimes sénégalais d’après indépendance, les deux présidents socialistes qui se succédés au trône l’ont bien compris.
Senghor comme son successeur Abdou Diouf, a toujours prêté une attention particulière et veillé de manière scrupuleuse sur la marche de la filière pour mieux faciliter la conquête de l’électorat rural. Dans leurs règnes disproportionnels, la filière arachidière n’a jamais souffert au Sénégal, sauf en cas d’imprévus venus de la nature. La soudure qui fait toujours souffrir le monde paysan chaque année en milieu d’hivernage, ne faisait pas trop d’effets vis-à-vis des populations.
Le président Diouf, l’a souvent atténuée en distribuant plusieurs tonnes de riz dans le monde rural d’où son sobriquet « Abdou SIAM ». D’ailleurs comme son prédécesseur Senghor qui, avant, s’était déjà offert cette tradition et remettait à chaque membre de famille paysanne 3000 Frs pour pallier aux difficultés de survie et faciliter le recouvrement des impôts dans le monde rural. Les jeunes, les enfants, les femmes à qui on faisait aussi supporter cette taxe des impôts, n’ont jamais été épargné et ont toujours bénéficié de cet appui financier. De l’autre côté dans le marché, il faut dire que des enveloppes de 80 à 100 Milliards de Frs étaient régulièrement injectées, pour la campagne, mais aussi pour éviter tout dysfonctionnement lié à un déficit dans les financements attribués. Le département de Kaffrine qui constituait le grenier du bassin arachidier à l’époque, absorbait à lui seul la moitié de ce pactole car, la plus grande part de la production nationale lui revenait.
Ces états, mieux ces chefs d’Etat, avaient toujours le regard sur la qualité, et la quantité des semences distribuées, mais prenaient aussi toutes les dispositions requises pour satisfaire la demande en engrais, et stabiliser un prix compétitif dans le marché. Cette politique, en conséquence, faisait ses effets, car durant ses 20 ans de pouvoir, le président poète n’a jamais perdu une élection au Sénégal, car la fidélité de son électorat rural alors acquis, Senghor ne discutait des suffrages que dans les zones urbaines. Même si après, quelques changements ont été notés ça et là, son successeur Abdou Diouf n’a essuyé sa première défaite qu’en 2000 lorsque le vent du changement a soufflé pour une première fois au Sénégal. Certains disent alors que l’arachide a toujours constitué un support de taille pour le maintien des socialistes au pouvoir, mais peut également constituer un prétexte pour expliquer la chute des régimes, comme celui, tombé le soir du 25 Mars dernier, fauché en partie par un mécontentement général du monde rural. Il faut dire que la politique agricole particulière à l’arachide a suscité un débat contradictoire au cours de cette dernière décennie.
Si du côté de l’ancien régime on se glorifiait du matériel agricole distribué et dont les seuls bénéficiaires étaient les grands producteurs, la grande majorité des paysans, à la limite pauvre, déploraient incessamment la problématique autour des semences, des terres affectées arbitrairement à des producteurs occasionnels pour les besoins de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), des retards accusés chaque année lors des opérations de distribution des semences et intrants, du montant des prix fixés au producteur, de la nature des différentes campagnes de commercialisation, des bons impayés, de la limitation des productions absorbées à chaque campagne de commercialisation par les industries etc.…. Une situation qui s’est d’autant plus aggravée avec l’émergence depuis le début des années 70, de certains facteurs nés de la pluviométrie, de la sécheresse et d’autres aléas de la nature.
L’Oncad première cause de la chute de l’arachide ?
Avec le départ du pouvoir colonial et des acteurs pilotes à la veille de l’indépendance du Sénégal et les périodes ayant succédé à notre souveraineté, la culture de l’arachide n’a pas coulé. Au contraire, l’Etat a pris tous les engagements nécessaires pour développer et stabiliser cette culture qui engrangeait l’essentiel du Produit intérieur brut (Pib). Ainsi après plusieurs tours et contours, le gouvernement réussissait à mettre sur pieds l’Office national de coordination et d’appui pour le développement (ONCAD) qui dépendait directement du Ministère du développement rural. Cette structure étatique dont la mission était orientée vers la commercialisation, avait aussi la vocation de contrôle sur tout. Non seulement l’Oncad disposait de nombreux points de collecte dans le monde rural, mais elle pouvait aussi intervenir partout des les régions où il avait ouvert des agences, centres de décorticage, et autres services techniques pour le contrôle de son parc automobile.
L’Oncad achetait la production qu’il revendait aux industries. Et chaque année, aux moments de la campagne de commercialisation tous les milliards injectés par l’Etat passaient par l’Oncad. Le personnel dont il disposait était aussi très mobile et convoyaient les fonds directement vers les producteurs pour ne pas dire les points de collecte. Et l’on se souvient encore de l’année de la disparition de plusieurs centaines de millions voire même des milliards du fait de détournements commis par les agents peseurs, gérants de points de collecte de l’époque, qui circulaient avec des mallettes d’argent sans aucune norme sécuritaire, à part les contrôles timides effectués souvent par une autre partie du personnel et les services de l’Etat. Même si ces pertes financières suffisaient largement comme prétexte pour assainir le milieu, l’Etat était allé plus loin. Et pour d’autres raisons peut-être, prenait la ferme mesure de dissoudre l’Oncad à la fin des années 70 début 80.
Certains disent cependant qu’au moment de sa dissolution, l’Oncad détenait encore dans ses caisses un pactole de 45 Milliards de bénéfices, d’autres parlent de 50 Milliards. Mais quoiqu’il en soit, l’office national de coordination et d’appui pour le développement est parti laissant derrière lui un énorme patrimoine foncier qui abritait ses agences déconcentrées, ses services techniques, ses bureaux, ses logements et ses petites industries de traitement des graines. Avant, la sécheresse débutait ses effets sur l’agriculture de notre pays du fait de la proximité avec la Mauritanie, et pesait lourdement sur la balance arachidière.
Avec Sudonline
Même s’il reste évident que l’agriculture sénégalaise d’une manière générale est à 95 % dépendante de la pluviométrie et d’autres facteurs naturels, qui ne sont pas souvent au rendez-vous dans les moments voulus. On peut toutefois se permettre de dire que sa chute en matière de rendement est en grande partie due à une mauvaise politique agricole. C’est le cas avec l’arachide où toutes les solutions proposées pour la relance de la filière, ont quasiment échoué. Depuis maintenant des décennies, les nombreuses questions posées en direction des études de relance de la filière, de la formation, de la remobilisation du capital semencier, de la régénération des sols, de la qualité des semences, des intrants, de la disponibilité des aires arables, de la commercialisation avec tout ce qu’elle comporte comme facteurs, n’ont jamais abouti, au bénéfice de la filière arachide.
Dans un récit de l’ouvrage « L’arachide au Sénégal. Comment relancer la filière arachidière ? », Moussa Faye directeur de « Action Aid Sénégal » indique « cette crise qui perdure n’est que la résultante d’une libéralisation mondiale des marchés agricoles à laquelle le FMI et la Banque Mondiale ont assujetti le Sénégal comme la plupart des pays pauvres ».
Dans le même ouvrage, l’économiste Moubarack Lô signale qu’après moult tentatives infructueuses, l’Etat a finalement misé pour la privatisation des unités industrielles telles que la Société nationale de commercialisation des Oléagineux au Sénégal (SONACOS) en cédant la majorité du capital au Consortium « ADVENS », et attribué le reste de ses actions au personnel et aux producteurs.
En prenant une telle décision, l’Etat visait deux (2) objectifs majeurs : chercher d’une part à libérer des ressources publiques au profit d’activités stratégiques que seul, il est capable de faire. Ensuite, la Sonacos et sa défunte filiale la société nationale des graines (Sonagraines) étaient des gouffres financiers, il fallait s’en débarrasser car rien qu’en 2001, l’Etat a dégagé 65 Milliards pour la couverture des dettes de la Sonacos. D’autre part, l’Etat dans cette envie de privatiser les unités industrielles voulait relancer l’initiative privée et développer de nouvelles technologies et de nouveaux marchés avec l’arrivée dans le capital des entreprises publiques de partenaires de référence.
L’idée était de mettre en scelle le secteur privé jugé plus souple et plus efficace que le service public. Mais sept (7) ans après l’arrivée du partenaire stratégique, aucun des objectifs n’a été atteint. Il semble que l’Etat n’a rien gagné dans la vente de la Sonacos, au contraire il a perdu beaucoup de Milliards. Aujourd’hui, c’est toute une équation autour de l’arachide, ce produit qui a longtemps nourri son homme et dont la mort fait pleurer des millions de sénégalais.
Arachide colonial
La culture de l’arachide a été surtout voulue et imposée par le pouvoir colonial pendant près d'un siècle avant l'indépendance. Certains affirment même que les premiers champs d’arachide cultivés au Sénégal ont été emblavés dans le Nord du pays avant d’être transposés vers le centre et les autres régions. En ces moments de pleine colonisation, les blancs qui savaient que le Sénégal ne gardait aucune ressource naturelle dans son sous-sol, devaient en effet trouver un autre moyen de relever son économie locale à partir du développement de l’agriculture et l’exploitation d’un genre de culture qui pourrait non seulement répondre aux besoins économiques des populations, mais surtout servir comme matière première aux premières industries dont les activités étaient essentiellement orientées vers la transformation de produits faciles à écouler sur le marché local.
Le Sénégal était alors classé parmi les pays de l’Afrique occidentale qui réunissait l’ensemble des facteurs pour accueillir la culture de l’arachide. Avec la virginité de ses sols, la forte pluviométrie qui dépassait 500 mm/an, la disponibilité des aires arables, et celle des vaillantes ressources humaines, notre pays était en effet considéré comme une terre promise et prête à engendrer l’ensemble des résultats attendus dans l’exploitation de cette nouvelle culture
. Auparavant, les surfaces agricoles ne servaient qu’à de petites exploitations telles que le maraîchage et les cultures céréalières orientées essentiellement vers la consommation familiale. D’aucuns disent même qu’à chaque hivernage, la pluviométrie dépassait la barre des 800 mm. Et si bonne était-elle, cette forte pluviométrie pouvait faire germer n’importe quelle variété de semences, surtout celles promises pour un cycle long. Les premières variétés qui existaient dans la filière provenaient en effet de l’Europe et de l’Amérique. On refusait souvent de leur prêter un nom pour des raisons protectionnistes. Et l’on se limitait surtout à des noms qui indiquaient seulement leur pays d’origine. Ce furent ainsi les variétés « Spanisch » et « Virginia » suivies plus tard dans la filière par la variété « laïque » et celle dénommée 28 /206, arrivée avant les années 30. Quant à celle qui portait le nom de « Thiop », elle a aussi été emblavée au Sénégal à partir des années 40....
A côté de ces larges superficies agricoles cultivées par les populations locales, existaient déjà au Sénégal de petites entreprises industrielles spécialisées dans la finition des produits importés, mais aussi d’autres sociétés de transformation de produits agricoles comme l’arachide en produits de consommation courante. Et comme cela répondait aussi à la volonté des colons de produire de l’huile comestible, du savon, des tourteaux pour l’alimentation du bétail, la spéculation devenait de plus en plus organisée autour d’un marché intitulé plus tard « traite arachidière ». Un marché qui ne regroupait pas seulement les producteurs indigènes, mais de nombreux autres commerçants libano-syriens de renommée dont « Jamil », « Namane » et d’autres grands spéculateurs, arrivés sur le marché grâce aux colons, qui souhaitaient avoir dans ces lieux de transactions commerciales d’autres races blanches d’opérateurs dont la mission consistait d’abord à contrôler ce commerce, boucher tous les trous ouverts et ensuite jouer le rôle d’intermédiaire entre les producteurs et les sociétés industrielles coloniales.
Ces sociétés parmi lesquelles, on pouvait aussi compter aussi des Européens et français tels que « Morel Frères », « Chavanel » « Vesia » « Devet et Chaumet », très influents à l’époque à cause de leur puissance, étaient aussi fortement implantées. Ainsi dans ce marché, tout le monde trouvait son compte. Et à l’époque, nous signale-t-on, le franc CFA n’était pas encore en émission au Sénégal. Les échanges commerciaux s’opéraient sur la base d’une monnaie appelée « sous » ou « Tank » en langue nationale. C’est durant les années qui ont suivi que le kilogramme d’arachide est revenu à 5 FCfa et ensuite 10 FCfa, suivant les réalités du marché. Mais, de par sa rentabilité et les revenus qu’on y tirait, l’arachide, visiblement, n’attirait pas seulement les populations du Sénégal. Beaucoup de citoyens de pays voisins tels que le Mali, la Guinée, la Gambie, la Guinée Bissau, et même le Burkina Faso ex Ouagadougou convergeaient vers le Sénégal pour tirer profit de cette nouvelle filière qui générait autant d’activités que celles limitées aux travaux champêtres.
Ces flux migratoires incessants durant ces mêmes périodes expliquent en partie la présence massive d’autochtones dont les derniers héritiers sont devenus citoyens sénégalais à part entière. Par contre dans le Nord du pays, le besoin fou de cultiver l’arachide était aussi à l’origine des grandes opérations de dessouchement provoquées par les populations qui voulaient coûte que coûte détenir de vastes surfaces arables et par conséquent, obtenir d’importants rendements en graines. Et au fil des ans, ces mêmes opérations qui ont facilité l’avancée du désert aux moments où la sécheresse commençait déjà à frapper aux portes du Sénégal en début des années 70. Aux environs de 1950, alors que le barème pluviométrique subissait une baisse avec un niveau inférieur ou égal à 500 mm/an, les acteurs regroupés autour de la filière se sont ainsi orientés vers des recherches scientifiques pour trouver d’autres variétés plus adaptées au cycle pluviométrique alors en vigueur dans les zones d’exploitation. Et pour la première fois, l’expertise de la science s’est invitée dans la filière, car jusque-là, elle n’avait aucune touche visible sur les opérations liées à l’exploitation de l’arachide.
Tout se faisait sur la base de connaissances en lien avec la tradition. Les semences étaient sélectionnées par les paysans eux-mêmes, et avec la fertilité et la virginité des sols, l’engrais n’était guère utilisé. Ainsi de nouvelles variétés (la variété 55 et la variété « Fourré ») ont été sélectionnées pour mieux stabiliser la production et éviter une chute des matières de base destinées tous les ans aux industries.
Grâce aux rendements excédentaires, tous les besoins populaires se fondaient sur ce produit
Les rendements à l’époque étaient si énormes que le producteur pouvait tout se permettre. Sans engrais ni autre produit fertilisant, on parvenait à emmagasiner 1 à 2 tonnes à l’hectare. Un producteur qui avait mis en terre 45 Kg de semences à terre, se rappelle encore avoir récolté 13 charges d’âne, l’équivalent de 26 sacs de 100 Kg chacun. Pour dire simplement que l’époque était celle des vaches grasses. Celle des terres neuves et de la bonne pluviométrie. Un témoin raconte avoir gardé un stock de 20 sacs d’engrais dans son magasin pendant plus de deux (2) ans sans en utiliser un seul. Son fils qui voulait tenter l’expérience a épandu 10 Kg dans son champ, mais n’avait aucune distinction sur le rendement par rapport à ses autres surfaces emblavées.
La fane communément appelée paille d’arachide, ne s’utilisait pas. Elle était surtout abandonnée dans les champs, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, où elle est considérée comme une ressource et ventilée pour supporter certaines charges familiales dans les concessions paysannes. Ainsi à l’approche de chaque hivernage, les producteurs brûlaient cette paille d’arachide qui pouvait aussi servir de « toss » ou fertilisant. En somme dans les milieux paysans, industriels, et commerçants, tout se jouait sur l’arachide. Les sociétés industrielles, les commerçants libano-syriens profitaient des « Traites », ces sortes de marchés ouverts pour trouver réponse à l’ensemble de leurs difficultés financières. Ils pouvaient facilement comptabiliser d’énormes bénéfices qui leur assuraient une couverture en termes d’activités pendant toute l’année.
Apparemment, ces « Traites arachidières » étaient ouvertes partout dans les villages abritant des points de collecte, mais aussi les comptoirs commerciaux. Les commerçants libano-syriens ne s’établissaient pas seulement dans les grandes villes, ils se déplaçaient également dans les villages où ils détenaient de nombreux comptoirs. A l’époque comme d’ailleurs aujourd’hui, la tradition dans le Sine Saloum était d’attendre toujours l’arrivée de la « traite arachidière » pour passer à l’organisation des cérémonies familiales, souvent reportées sous prétexte d’attendre le moment fructueux des échanges commerciaux. Les mariages, circoncisions, séances de lutte traditionnelle étaient ainsi tenues en ces moments de « Traite », et l’on dit même que beaucoup de mariages dans le Sine comme dans le Saloum, ont été scellés grâce à l’arachide. Mais les avantages et les activités liées à cet important produit ne se limitaient pas uniquement dans les champs, car d’autres manœuvres, (vendeurs dans des magasins, contrôleurs, agents de maîtrise de sociétés industrielles) quittaient régulièrement leur ville ou village pour trouver un emploi dans les centres d’activités proches des stations portuaires de Foundiougne et Kaolack qui généraient aussi de nombreux emplois.
La présence de ces nombreux déplacés dans le Sine Saloum renforçait davantage les liens entre populations du centre, du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Elle découlait parfois par des liens de mariages entre citoyens des autres régions et les femmes trouvées sur place. Aujourd’hui, de nombreuses familles sont fondées grâce à ce brassage interrégional mais aussi multiethnique du fait de l’arrivée massive des étrangers sur le territoire sénégalais.
Des moments aussi récréatifs par rapport aux séances de lutte ou de tam-tam qui se tenaient de manière permanente sur les grandes places publiques des villes et villages, tous les soirs après le travail, et à partir desquelles, les meilleurs danseurs, danseuses et les meilleurs lutteurs pouvaient facilement trouver femme ou mari. A la limite, l’argent avait de la valeur. Les « sous », tout comme le Frs Cfa détenait un pouvoir d’achat si énorme qu’on pouvait tout se permettre. Beaucoup de personnes devenues aujourd’hui de grands opérateurs ou convoyeurs de fonds ont tiré leurs premières ressources de l’exploitation de grandes surfaces d’arachide dans le passé.
L’arachide, un intérêt politique pour les régimes antérieurs
L’utilité de l’arachide n’allait pas simplement aux personnes qui la cultivaient, celles qui en profitaient, et aux industries qui y dépendaient. Certains régimes y trouvaient aussi d’autres intérêts en marge des fortes économies concoctées tous les ans après la commercialisation. La bonne gestion de la culture arachidière facilitait des fois au pouvoir, l’accès dans le monde paysan. Selon des témoins proches des premiers régimes sénégalais d’après indépendance, les deux présidents socialistes qui se succédés au trône l’ont bien compris.
Senghor comme son successeur Abdou Diouf, a toujours prêté une attention particulière et veillé de manière scrupuleuse sur la marche de la filière pour mieux faciliter la conquête de l’électorat rural. Dans leurs règnes disproportionnels, la filière arachidière n’a jamais souffert au Sénégal, sauf en cas d’imprévus venus de la nature. La soudure qui fait toujours souffrir le monde paysan chaque année en milieu d’hivernage, ne faisait pas trop d’effets vis-à-vis des populations.
Le président Diouf, l’a souvent atténuée en distribuant plusieurs tonnes de riz dans le monde rural d’où son sobriquet « Abdou SIAM ». D’ailleurs comme son prédécesseur Senghor qui, avant, s’était déjà offert cette tradition et remettait à chaque membre de famille paysanne 3000 Frs pour pallier aux difficultés de survie et faciliter le recouvrement des impôts dans le monde rural. Les jeunes, les enfants, les femmes à qui on faisait aussi supporter cette taxe des impôts, n’ont jamais été épargné et ont toujours bénéficié de cet appui financier. De l’autre côté dans le marché, il faut dire que des enveloppes de 80 à 100 Milliards de Frs étaient régulièrement injectées, pour la campagne, mais aussi pour éviter tout dysfonctionnement lié à un déficit dans les financements attribués. Le département de Kaffrine qui constituait le grenier du bassin arachidier à l’époque, absorbait à lui seul la moitié de ce pactole car, la plus grande part de la production nationale lui revenait.
Ces états, mieux ces chefs d’Etat, avaient toujours le regard sur la qualité, et la quantité des semences distribuées, mais prenaient aussi toutes les dispositions requises pour satisfaire la demande en engrais, et stabiliser un prix compétitif dans le marché. Cette politique, en conséquence, faisait ses effets, car durant ses 20 ans de pouvoir, le président poète n’a jamais perdu une élection au Sénégal, car la fidélité de son électorat rural alors acquis, Senghor ne discutait des suffrages que dans les zones urbaines. Même si après, quelques changements ont été notés ça et là, son successeur Abdou Diouf n’a essuyé sa première défaite qu’en 2000 lorsque le vent du changement a soufflé pour une première fois au Sénégal. Certains disent alors que l’arachide a toujours constitué un support de taille pour le maintien des socialistes au pouvoir, mais peut également constituer un prétexte pour expliquer la chute des régimes, comme celui, tombé le soir du 25 Mars dernier, fauché en partie par un mécontentement général du monde rural. Il faut dire que la politique agricole particulière à l’arachide a suscité un débat contradictoire au cours de cette dernière décennie.
Si du côté de l’ancien régime on se glorifiait du matériel agricole distribué et dont les seuls bénéficiaires étaient les grands producteurs, la grande majorité des paysans, à la limite pauvre, déploraient incessamment la problématique autour des semences, des terres affectées arbitrairement à des producteurs occasionnels pour les besoins de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), des retards accusés chaque année lors des opérations de distribution des semences et intrants, du montant des prix fixés au producteur, de la nature des différentes campagnes de commercialisation, des bons impayés, de la limitation des productions absorbées à chaque campagne de commercialisation par les industries etc.…. Une situation qui s’est d’autant plus aggravée avec l’émergence depuis le début des années 70, de certains facteurs nés de la pluviométrie, de la sécheresse et d’autres aléas de la nature.
L’Oncad première cause de la chute de l’arachide ?
Avec le départ du pouvoir colonial et des acteurs pilotes à la veille de l’indépendance du Sénégal et les périodes ayant succédé à notre souveraineté, la culture de l’arachide n’a pas coulé. Au contraire, l’Etat a pris tous les engagements nécessaires pour développer et stabiliser cette culture qui engrangeait l’essentiel du Produit intérieur brut (Pib). Ainsi après plusieurs tours et contours, le gouvernement réussissait à mettre sur pieds l’Office national de coordination et d’appui pour le développement (ONCAD) qui dépendait directement du Ministère du développement rural. Cette structure étatique dont la mission était orientée vers la commercialisation, avait aussi la vocation de contrôle sur tout. Non seulement l’Oncad disposait de nombreux points de collecte dans le monde rural, mais elle pouvait aussi intervenir partout des les régions où il avait ouvert des agences, centres de décorticage, et autres services techniques pour le contrôle de son parc automobile.
L’Oncad achetait la production qu’il revendait aux industries. Et chaque année, aux moments de la campagne de commercialisation tous les milliards injectés par l’Etat passaient par l’Oncad. Le personnel dont il disposait était aussi très mobile et convoyaient les fonds directement vers les producteurs pour ne pas dire les points de collecte. Et l’on se souvient encore de l’année de la disparition de plusieurs centaines de millions voire même des milliards du fait de détournements commis par les agents peseurs, gérants de points de collecte de l’époque, qui circulaient avec des mallettes d’argent sans aucune norme sécuritaire, à part les contrôles timides effectués souvent par une autre partie du personnel et les services de l’Etat. Même si ces pertes financières suffisaient largement comme prétexte pour assainir le milieu, l’Etat était allé plus loin. Et pour d’autres raisons peut-être, prenait la ferme mesure de dissoudre l’Oncad à la fin des années 70 début 80.
Certains disent cependant qu’au moment de sa dissolution, l’Oncad détenait encore dans ses caisses un pactole de 45 Milliards de bénéfices, d’autres parlent de 50 Milliards. Mais quoiqu’il en soit, l’office national de coordination et d’appui pour le développement est parti laissant derrière lui un énorme patrimoine foncier qui abritait ses agences déconcentrées, ses services techniques, ses bureaux, ses logements et ses petites industries de traitement des graines. Avant, la sécheresse débutait ses effets sur l’agriculture de notre pays du fait de la proximité avec la Mauritanie, et pesait lourdement sur la balance arachidière.
Avec Sudonline
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