Si le Sahel regorge de ressources naturelles, il se trouve aussi de grands trafics. Ses routes caravanières séculaires sont devenues un lieu de passage privilégié pour de nombreuses filières criminelles.
Trafic de drogue. Le Sahel est devenu, depuis des années, un espace de transit des stupéfiants. Aux portes de l’Europe – premier marché de consommation mondial -, la région est moins dangereuse que les routes plus directes entre les zones de production d’Amérique latine et le continent européen. En effet, au début du 21ème siècle, les cartels colombiens ont été supplantés par les cartels mexicains sur le marché nord-américain, au demeurant saturé et ne rapportant plus assez. Ils se tournèrent alors vers le marché européen. La voie directe d’approvisionnement n’étant pas opportune, ils empruntent la « Highway 10 « , soit le 10ème parallèle, et pénètrent par l’Afrique de l’Ouest pour fournir l’Europe. Mais l’Amérique du Sud n’est pas la seule région d’où est originaire la drogue qui transite par le Sahel: cocaïne et héroïne en provenance d’Afghanistan passent aussi par la zone. Les marchandises remontent ensuite vers l’Europe, empruntant des itinéraires clandestins à travers le Tchad, le Mali et le Niger.
Véritable » hub » du trafic de stupéfiants, le Sahel a pour « atout » d’être peu surveillé par les Etats de la région. A cet égard, la fameuse affaire du Boeing d’« Air Cocaïne » a été révélatrice de l’incurie des gouvernement locaux. En novembre 2009, un Boeing 727, sans doute venu du Venezuela, a atterri en plein désert, dans le nord du Mali, non sur une piste d’aéroport mais sur une étendue plate grossièrement remblayée.Déchargé de la cocaïne qu’il transportait, l’avion, embourbé, n’a pu redécoller et les trafiquants y mirent le feu afin d’effacer toutes traces. Des câbles diplomatiques révélés par Wikileaks indiquent que cet avion avait été loué au Venezuela et immatriculé en Arabie Saoudite mais volait sous licence – périmée – délivrée par la Guinée-Bissau. Le vol clandestin aurait bénéficié de protections en haut lieu au sein de l’administration du Mali. Une enquête fut néanmoins menée par la justice de ce pays et à conduit à l’arrestation de 3 personnes – un Français, un Espagnol et un Malien – en juin 2012.
Autres trafics. D’autres entreprises criminelles se produisent au Sahel – trafic de déchets toxiques, de pétrole, de voitures, de médicaments, de cigarettes, d’armes, de migrants… Ces trois derniers trafics ont une forte implication dans la situation sécuritaire du Sahel. La contrebande de cigarettes y est une pratique ancienne. Elle génère des centaines de millions d’euros par an. Les marchés visés sont ceux du Maghreb, de l’Égypte et du Moyen-Orient; les cigarettes proviennent d’usines de contrefaçon – au Nigeria notamment. Cette contrebande intéresse les groupes terroristes locaux qui, s’ils ne s’y impliquent pas directement, imposent un « service de protection » aux contrebandiers contre une dîme sur la marchandise. Les sources soulignent la forte implication de Mokhtar Belmokthar, un responsable d’AQMI connu sous le nom de » Mister Marlboro « , dans le trafic de cigarettes au Sahel.
Le Sahel, en outre, est idéalement placé pour l’immigration clandestine vers l’Europe. En dépit des mesures préventives et de coopération avec les gouvernements de la région, il demeure un lieu de passage obligé pour des milliers de migrants. Les pays de transit sont confrontés à une criminalité qui vit des filières d’immigration illégale et à un afflux de réfugiés lorsque les tentatives pour rejoindre l’eldorado européen échouent.
L’arc sahélien est aussi un lieu de trafic d’armes. L’approvisionnement est rendu facile grâce aux multiples conflits périphériques qui, lorsqu’ils s’éteignent ou baissent d’intensité, fournissent de nombreuses armes aux trafiquants de la région. En dépit d’une convention signée en 2006 dans le cadre de la CEDEAO, qui prohibe le transfert de telles marchandises, il est aisé de se procurer, au Sahel, tous les armements conventionnels: pistolets automatiques italiens, kalachnikovs russes ou chinoises, pistolets mitrailleurs israéliens, mitrailleuses lourdes, mortiers, grenades, canons antiaériens, missiles antichars ou sol-air ! Cette « ouverture » du Sahel au commerce illégal des armes est un facteur d’insécurité pour l’ensemble de la région. Elle contribue à équiper les groupes terroristes locaux et appuie le développement des foyers de contestation, telle la rébellion touareg qui renaît au Mali. De surcroît, elle constitue un arsenal à portée de mains des bandes criminelles en Europe et n’est pas étrangère à la banalisation des armes de gros calibre en Europe.
Impact de la crise libyenne. La crise libyenne et la chute de Kadhafi ont eu un effet déstabilisateur sur la sécurité au Sahel. En effet, le retour de personnes ayant vécu en Libye, essentiellement des Touareg, et la prolifération des armes détenues par les ex-forces libyennes constituent une menace sérieuse pour l’avenir de la région sahélienne. La Libye a été, depuis les années 70, une terre d’accueil pour les Touareg. Nombre d’entre eux ont acquis la nationalité libyenne et ont servi dans les forces armées. La chute de Kadhafi a privé les Touareg d’un protecteur, de leur plus grand soutien financier, la Libye ayant financé leurs précédentes rébellions et permis à de nombreux Touareg de trouver un emploi sur son sol.Assimilés à l’ancien régime, les Touareg présents en Libye sont devenus indésirables et conduits à retourner dans leurs régions d’origine. Fin novembre 2011, 2000 combattants étaient déjà rentrés dans la seule ville de Tombouctou. Un tel afflux d’hommes, généralement âgés entre 20 et 40 ans, qui ont perdu leur travail et leurs moyens de subsistance, a eu pour conséquence la reprise de la rébellion touareg au Mali. Les matériels militaires en provenance de Libye ont eu pour destination l’environnement proche de la Libye mais aussi le Nigeria et le Proche-Orient, via l’Égypte. L’essor des actions meurtrières de la secte islamiste Boko Haram n’est pas étranger à cette dissémination incontrôlée d’armes de guerre. Un type d’armes présentes en Libye et ayant fait l’objet d’un trafic particulièrement inquiète particulièrement: les Manpads, c’est-à-dire les missiles sol-air portables. De conception russe, ces engins sont capables d’abattre un avion civil en vol. Aux mains de terroristes, en particulier les katibas d’AQMI, ces armes peuvent causer de lourdes pertes civiles, même si, heureusement, l’âge et les mauvaises conditions de stockage de nombreux Manpads permet d’envisager que ceux-ci sont aujourd’hui hors d’usage. Quelle attitude adopter face à cette menace ? A court terme, des mesures ont été prises, comme des patrouilles de véhicules militaires locaux, pour sécuriser les abords des aéroports sahéliens lors des décollages et des atterrissages des vols sensibles. L’efficacité d’un tel dispositif est loin d’être parfaite, notamment lorsque le relief, l’obscurité ou un manque de moyens de communication efficaces ne permettent pas une surveillance adéquate des lieux. A plus long terme, les autorités libyennes, aidées par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont entrepris de procéder à un inventaire et à la destruction des Manpads en excès ou en mauvais état. La connaissance des stocks de ces armes létales passe aussi par la reconstitution des contrats d’approvisionnement. C’est là un immense travail qui implique, parfois, de se replonger dans des archives vieilles de 40 ans…
AQMI, une menace supplémentaire pour le Sahel. Le nom d’AQMI – « Al Qaida au pays du Maghreb islamique » – apparaît pour la première fois le 24 janvier 2007. Ce jour-là, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) troque son nom pour cette nouvelle appellation, parachevant ainsi son allégeance à l’organisation d’Oussama Ben Laden décidée quelques mois plus tôt, le 11 septembre 2006. Le GSPC est né en 1998, en Algérie, à la suite d’une scission du Groupe islamique armé (GIA), le mouvement terroriste créé en 1992 dans la foulée de l’annulation des législatives par les militaires algériens. Au cours des années 90, le GIA se compromet dans les pires massacres collectifs de toute la guerre civile. Le pire est atteint dans la nuit du 22 au 23 septembre 1997 lorsque 400 habitants de Bentalha, à 15 km d’Alger, sont massacrés à la hache. Ces exactions provoquent un mouvement de réprobation dans les rangs du GIA. Hassan Hattab, l’un de ses commandants, entre alors en dissidence et créé, en septembre 1998, le GSPC dont l’objectif consiste à frapper directement le pouvoir ou ses représentants. Il concentre ses actions sur les forces de sécurité algériennes en épargnant autant que possible les civils. La loi de « concorde civile » promulguée par le président Bouteflika en juillet 1999 échoue à convaincre le GSPC de déposer les armes. Au contraire, l’organisation, en plus d’être le principal groupe armé dans le maquis algérien, étend son action au désert et renforce ses capacités en accueillant en son sein, en juillet 2000, Mokhtar Belmokthar. Belmokhtar a séjourné en Afghanistan et au Pakistan au début des années 90. Il revient en Algérie en pleine guerre civile et crée une cellule dans le sud de l’Algérie. Il se spécialise dans le trafic de cigarettes importées de l’Afrique noire à destination du Maghreb et reçoit le sobriquet de « Mister Marlboro ».
Le 11 septembre 2001 marque un tournant dans l’histoire du GSPC. Dans un premier temps, Hattab profite de l’énorme retentissement des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone pour relancer la lutte armée en Algérie et susciter le ralliement d’autres groupes terroristes. Mais sa stratégie défensive et strictement algérienne suscite des critiques au sein du GSPC. Une aile « internationaliste », portée par 2 commandants de l’organisation, Nabil Sahraoui et Abdelmalek Droukdal, plaide pour une extension du djihad en dehors de l’Algérie. L’invasion de l’Irak par les Etats-Unis, en mars 2003, renforce les tenants de cette ligne et, en août 2003, Sahraoui et Droukdal renversent Hattab. Sahraoui devient le nouvel émir du GSPC. Il est tué dans un accrochage avec l’armée algérienne en juin 2004 et Droukdal lui succède à la tête du GSPC. Admirateur d’Al-Zarqaoui, le chef d’Al Qaida en Irak, Droukdal se rapproche de lui et lui envoie des combattants en provenance du Maghreb et entraînés dans les maquis algériens. Cette collaboration permet à Droukdal d’asseoir son autorité sur ces troupes et aguerrit nombre de combattants maghrébins qui pourront ensuite utiliser leur expérience dans la lutte contre le pouvoir algérien. Pour remercier le GSPC, Al-Zarqaoui, en juillet 2005, fait kidnapper et exécuter 2 diplomates algériens en poste à Bagdad. Cela incite Droukdal à demander l’affiliation du GSPC à Al-Qaida.Il est soutenu, dans cette démarche, par Al-Zarqaoui qui avait emprunté la même voie en 2004. Ben Laden confie la gestion de ce dossier à son bras droit, l’Egyptien Al-Zawahiri. Al Qaida souhaitant étendre ses réseaux vers l’Afrique du Nord, elle trouve un intérêt à accéder à la requête de Droukdal dont l’organisation disposer de sanctuaires en Algérie, fait preuve d’un grand dynamisme en lien avec son engagement anti-américain en Irak et est, en outre, susceptible de servir de marchepied pour mener des actions sur le sol européen. Après plusieurs mois de négociations, Al-Zawahiri annonce, le 11 septembre 2006 -la date n’est pas choisie au hasard-, l’allégeance du GSPC à Al Qaida. L’affiliation du GSPC à Al Qaida doit se traduire par un changement de nom. Le 24 janvier 2007, Droukdal annonce ainsi la transformation du GSPC en » Al Qaida au pays du Maghreb islamique » (AQMI).
L’avènement d’AQMI correspond à l’apparition d’une nouvelle stratégie de combat qui fait entrer l’ex-GSPC sur la scène djihadiste mondiale. A ce titre, l’année 2007 est marquée par une violence inouïe, en particulier avec l’introduction, en Algérie, de la méthode de l’attentat suicide largement utilisée en Irak. Le 11 avril, des kamikazes font exploser leurs voitures près d’un commissariat de police et du siège du Gouvernement à Alger. 33 personnes sont tuées. Le 11 juillet, une attaque suicide contre une patrouille militaire, à l’est d’Alger, tue 8 soldats. Le 6 septembre, à Batna, un attentat kamikaze vise la foule attendant la visite du Président Bouteflika, tue 25 personnes et fait une centaine de blessés. Le 11 décembre, un double attentat frappe, à Alger, l’immeuble du Haut commissariat aux réfugiés et celui du Conseil constitutionnel. 67 personnes sont tuées et 177 blessées. Cependant, la folie meurtrière d’AQMI ne doit pas cacher le fait que, très vite, cette organisation, contrairement à ce qu’avaient envisagé Ben Laden et Al-Zawahiri au moment de son affiliation à Al Qaida, se révèle incapable de dépasser sa logique algérienne et de mener des actions sur le sol européen. Ainsi, en dépit des efforts en ce sens, AQMI ne parvient pas à fédérer les groupes djihadistes présents au Maroc, en Tunisie ou en Libye. Certes, des Maghrébins sont passé par ses camps d’entraînement mais plus pour aller en Irak que pour combattre en Afrique du Nord. De même, en décembre 2006, quelques semaines avant son changement de nom, le GSPC tente d’infiltrer 30 combattants en Tunisie mais ils sont démasqués et neutralisés, soulignant une fois de plus l’échec d’AQMI à embraser le Maghreb. En ce qui concerne d’éventuelles actions en Europe, le bilan est nul. AQMI n’a jamais réussi à toucher le territoire européen en raison, notamment, de l’efficacité de la coopération policière. Cette incapacité à atteindre la rive nord de la Méditerranée conduit AQMI à reporter sa violence meurtrière sur la présence étrangère en Afrique du Nord. Sont ainsi touchés, par une vague d’attentats, les expatriés travaillant en Algérie. Par ailleurs, fin 2007, les hommes de Belmokhtar assassinent 4 Français dans l’est de la Mauritanie et la menace qu’ils font peser sur le Paris-Dakar, qui doit s’élancer quelques jours après cet attentat, conduit à l’annulation de la course et à son transfert en Amérique latine. Le 8 juin 2008, AQMI tue un ingénieur français, à Lakhdaria, à l’est d’Alger, au prix de la mort de 11 civils algériens tués par l’explosion de 2 voitures piégées.
Parallèlement à cette incapacité à être pleinement à la hauteur du label « Al Qaida », AQMI doit faire face à une réponse plus efficace des forces de sécurité algériennes qui avaient été prises de court, dans un premier temps, par la vague d’attentats de 2007. La violence terroriste chute alors sur de nombreux pans du territoire algérien et AQMI concentre ses actions dans les 3 provinces de Bouira, Tizi Ouzou et Boumerdès, surnommées le » triangle de la mort « .Pour compenser les revers du djihad local, ses échecs maghrébins et le fait que le territoire européen demeure hors de sa portée, AQMI en vient à voir dans le flanc sud de l’Algérie la seule alternative pour concrétiser ses aspirations internationales. Certes, une pratique terroriste existait dans la zone sahélienne avant l’avènement d’AQMI. En février 2003, par exemple, le GSPC avait procédé au rapt de 32 touristes européens dans le Tassili (sud-ouest algérien). Le commando d’une vingtaine d’hommes, dirigé par Abderrazak El-Para, avait réussi à échanger la libération des 31 otages contre une rançon de 5 millions de dollars, assurant ainsi une célébrité accrue au GSPC et faisant du rapt un mode d’action privilégié du terrorisme sahélien. Mais l’extension des activités d’AQMI au Sahel va prendre une tournure plus violente sous l’influence de la lutte entre deux de ses » émirs » dans la région: Belmokhtar et Abou Zeid. Le premier est connu pour son implication dans un trafic de cigarettes entre l’Afrique noire et le Maghreb. C’est le chef historique d’une katiba, c’est-à-dire un bataillon de 80 membres et il est davantage considéré comme un homme d’argent que comme un religieux. Abou Zeid, lui, est un contrebandier algérien qui organisait des trafics entre la Libye et l’Algérie. Après avoir passé des années dans le GIA, il gagne le GSPC puis rejoint AQMI en montant en grade. Il devient le chef d’une katiba de 120 membres et est parfois nommé, de par son ambition et sa cruauté, « Al- Zarqaoui du Sahel « . Les deux hommes sont en concurrence au sein d’AQMI et la spirale de la violence qui meurtrit la zone sahélienne résulte de cette rivalité qui va être à l’origine d’une surenchère échappant à Droukdal lui même. Le 14 décembre 2008, Abou Zeid fait enlever, au Niger, 2 diplomates canadiens, le représentant du secrétaire général de l’Onu et son adjoint. Ils sont libérés 4 mois plus tard. Le 22 janvier 2009, 4 touristes européens sont enlevés, au Mali, par des groupes criminels qui les revendent à Abou Zeid.3 d’entre eux – ressortissants suisses et allemands – sont libérés mais le 4ème, un Britannique, Edwin Dyer, est assassiné. Le 8 août 2009, Belmokhtar, qui ne peut rester inactif face à son « rival », envoie 1 kamikaze se faire exploser devant l’ambassadede France en Mauritanie. La rivalité entre Abou Zeid et Belmokhtar s’emballe en 2009 avec, du côté du premier, l’enlèvement, au Mali, de Pierre Camatte et du côté du second, le rapt, en Mauritanie, d’un couple d’Italiens et de trois humanitaires espagnols. Tous ces otages sont libérés en 2010. Le 19 avril 2010, une bande criminelle enlève, au Niger, un Français, Michel Germaneau. Il est remis à Abou Zeid, lequel n’entame aucune négociation et opte pour une épreuve de force qui conduit à la mort de l’otage. Dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010, Abou Zeid récidive en enlevant 7 expatriés (5 Français, 1 Togolais et 1 Malgache) sur le site minier d’Areva, à Arlit, au Niger. Réagissant aux succès de son rival, en passe de gagner les faveurs d’Al Qaida, Belmokhtar organise l’enlèvement de 2 jeunes Français, au Niger, le 7 janvier 2011. Les 2 otages sont tués le lendemain lors de l’intervention de l’armée française pour les libérer. Le 2 février 2011, Abou Zeid fait enlever une touriste italienne dans le sud de l’Algérie, par un groupe de 14 combattants. Le 24 novembre 2011, AQMI enlève 2 Français, à Hombori, au Mali. Le lendemain, l’organisation récidive à Tombouctou en s’emparant de 3 touristes européens et en tuant 1 ressortissant allemand qui essaye de résister aux preneurs d’otages. Si Belmokhtar semble être à l’origine du premier rapt, Abou Zeid serait, lui, l’instigateur du second. Plusieurs journaux ont fait état de doutes quant à la raison de la présence, au Mali, de ces 2 Français. Se disant géologues, nos 2 compatriotes semblent avoir eu un passé trouble dans les zones instables d’Afrique et des Balkans.Cela n’atténue en rien le caractère inadmissible de leur détention.
L’histoire d’AQMI montre donc qu’un mouvement terroriste essentiellement centré sur l’Algérie, le GSPC, a peu à peu changé de nature pour devenir une organisation étendant ses activités sur le territoire de plusieurs Etats et capable de mener des actions spectaculaires. Cette efficacité dans la terreur, AQMI la doit à une organisation et un mode de fonctionnement qui lui assurent de la souplesse et de l’autonomie.
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Source : Le Procès verbal
Trafic de drogue. Le Sahel est devenu, depuis des années, un espace de transit des stupéfiants. Aux portes de l’Europe – premier marché de consommation mondial -, la région est moins dangereuse que les routes plus directes entre les zones de production d’Amérique latine et le continent européen. En effet, au début du 21ème siècle, les cartels colombiens ont été supplantés par les cartels mexicains sur le marché nord-américain, au demeurant saturé et ne rapportant plus assez. Ils se tournèrent alors vers le marché européen. La voie directe d’approvisionnement n’étant pas opportune, ils empruntent la « Highway 10 « , soit le 10ème parallèle, et pénètrent par l’Afrique de l’Ouest pour fournir l’Europe. Mais l’Amérique du Sud n’est pas la seule région d’où est originaire la drogue qui transite par le Sahel: cocaïne et héroïne en provenance d’Afghanistan passent aussi par la zone. Les marchandises remontent ensuite vers l’Europe, empruntant des itinéraires clandestins à travers le Tchad, le Mali et le Niger.
Véritable » hub » du trafic de stupéfiants, le Sahel a pour « atout » d’être peu surveillé par les Etats de la région. A cet égard, la fameuse affaire du Boeing d’« Air Cocaïne » a été révélatrice de l’incurie des gouvernement locaux. En novembre 2009, un Boeing 727, sans doute venu du Venezuela, a atterri en plein désert, dans le nord du Mali, non sur une piste d’aéroport mais sur une étendue plate grossièrement remblayée.Déchargé de la cocaïne qu’il transportait, l’avion, embourbé, n’a pu redécoller et les trafiquants y mirent le feu afin d’effacer toutes traces. Des câbles diplomatiques révélés par Wikileaks indiquent que cet avion avait été loué au Venezuela et immatriculé en Arabie Saoudite mais volait sous licence – périmée – délivrée par la Guinée-Bissau. Le vol clandestin aurait bénéficié de protections en haut lieu au sein de l’administration du Mali. Une enquête fut néanmoins menée par la justice de ce pays et à conduit à l’arrestation de 3 personnes – un Français, un Espagnol et un Malien – en juin 2012.
Autres trafics. D’autres entreprises criminelles se produisent au Sahel – trafic de déchets toxiques, de pétrole, de voitures, de médicaments, de cigarettes, d’armes, de migrants… Ces trois derniers trafics ont une forte implication dans la situation sécuritaire du Sahel. La contrebande de cigarettes y est une pratique ancienne. Elle génère des centaines de millions d’euros par an. Les marchés visés sont ceux du Maghreb, de l’Égypte et du Moyen-Orient; les cigarettes proviennent d’usines de contrefaçon – au Nigeria notamment. Cette contrebande intéresse les groupes terroristes locaux qui, s’ils ne s’y impliquent pas directement, imposent un « service de protection » aux contrebandiers contre une dîme sur la marchandise. Les sources soulignent la forte implication de Mokhtar Belmokthar, un responsable d’AQMI connu sous le nom de » Mister Marlboro « , dans le trafic de cigarettes au Sahel.
Le Sahel, en outre, est idéalement placé pour l’immigration clandestine vers l’Europe. En dépit des mesures préventives et de coopération avec les gouvernements de la région, il demeure un lieu de passage obligé pour des milliers de migrants. Les pays de transit sont confrontés à une criminalité qui vit des filières d’immigration illégale et à un afflux de réfugiés lorsque les tentatives pour rejoindre l’eldorado européen échouent.
L’arc sahélien est aussi un lieu de trafic d’armes. L’approvisionnement est rendu facile grâce aux multiples conflits périphériques qui, lorsqu’ils s’éteignent ou baissent d’intensité, fournissent de nombreuses armes aux trafiquants de la région. En dépit d’une convention signée en 2006 dans le cadre de la CEDEAO, qui prohibe le transfert de telles marchandises, il est aisé de se procurer, au Sahel, tous les armements conventionnels: pistolets automatiques italiens, kalachnikovs russes ou chinoises, pistolets mitrailleurs israéliens, mitrailleuses lourdes, mortiers, grenades, canons antiaériens, missiles antichars ou sol-air ! Cette « ouverture » du Sahel au commerce illégal des armes est un facteur d’insécurité pour l’ensemble de la région. Elle contribue à équiper les groupes terroristes locaux et appuie le développement des foyers de contestation, telle la rébellion touareg qui renaît au Mali. De surcroît, elle constitue un arsenal à portée de mains des bandes criminelles en Europe et n’est pas étrangère à la banalisation des armes de gros calibre en Europe.
Impact de la crise libyenne. La crise libyenne et la chute de Kadhafi ont eu un effet déstabilisateur sur la sécurité au Sahel. En effet, le retour de personnes ayant vécu en Libye, essentiellement des Touareg, et la prolifération des armes détenues par les ex-forces libyennes constituent une menace sérieuse pour l’avenir de la région sahélienne. La Libye a été, depuis les années 70, une terre d’accueil pour les Touareg. Nombre d’entre eux ont acquis la nationalité libyenne et ont servi dans les forces armées. La chute de Kadhafi a privé les Touareg d’un protecteur, de leur plus grand soutien financier, la Libye ayant financé leurs précédentes rébellions et permis à de nombreux Touareg de trouver un emploi sur son sol.Assimilés à l’ancien régime, les Touareg présents en Libye sont devenus indésirables et conduits à retourner dans leurs régions d’origine. Fin novembre 2011, 2000 combattants étaient déjà rentrés dans la seule ville de Tombouctou. Un tel afflux d’hommes, généralement âgés entre 20 et 40 ans, qui ont perdu leur travail et leurs moyens de subsistance, a eu pour conséquence la reprise de la rébellion touareg au Mali. Les matériels militaires en provenance de Libye ont eu pour destination l’environnement proche de la Libye mais aussi le Nigeria et le Proche-Orient, via l’Égypte. L’essor des actions meurtrières de la secte islamiste Boko Haram n’est pas étranger à cette dissémination incontrôlée d’armes de guerre. Un type d’armes présentes en Libye et ayant fait l’objet d’un trafic particulièrement inquiète particulièrement: les Manpads, c’est-à-dire les missiles sol-air portables. De conception russe, ces engins sont capables d’abattre un avion civil en vol. Aux mains de terroristes, en particulier les katibas d’AQMI, ces armes peuvent causer de lourdes pertes civiles, même si, heureusement, l’âge et les mauvaises conditions de stockage de nombreux Manpads permet d’envisager que ceux-ci sont aujourd’hui hors d’usage. Quelle attitude adopter face à cette menace ? A court terme, des mesures ont été prises, comme des patrouilles de véhicules militaires locaux, pour sécuriser les abords des aéroports sahéliens lors des décollages et des atterrissages des vols sensibles. L’efficacité d’un tel dispositif est loin d’être parfaite, notamment lorsque le relief, l’obscurité ou un manque de moyens de communication efficaces ne permettent pas une surveillance adéquate des lieux. A plus long terme, les autorités libyennes, aidées par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont entrepris de procéder à un inventaire et à la destruction des Manpads en excès ou en mauvais état. La connaissance des stocks de ces armes létales passe aussi par la reconstitution des contrats d’approvisionnement. C’est là un immense travail qui implique, parfois, de se replonger dans des archives vieilles de 40 ans…
AQMI, une menace supplémentaire pour le Sahel. Le nom d’AQMI – « Al Qaida au pays du Maghreb islamique » – apparaît pour la première fois le 24 janvier 2007. Ce jour-là, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) troque son nom pour cette nouvelle appellation, parachevant ainsi son allégeance à l’organisation d’Oussama Ben Laden décidée quelques mois plus tôt, le 11 septembre 2006. Le GSPC est né en 1998, en Algérie, à la suite d’une scission du Groupe islamique armé (GIA), le mouvement terroriste créé en 1992 dans la foulée de l’annulation des législatives par les militaires algériens. Au cours des années 90, le GIA se compromet dans les pires massacres collectifs de toute la guerre civile. Le pire est atteint dans la nuit du 22 au 23 septembre 1997 lorsque 400 habitants de Bentalha, à 15 km d’Alger, sont massacrés à la hache. Ces exactions provoquent un mouvement de réprobation dans les rangs du GIA. Hassan Hattab, l’un de ses commandants, entre alors en dissidence et créé, en septembre 1998, le GSPC dont l’objectif consiste à frapper directement le pouvoir ou ses représentants. Il concentre ses actions sur les forces de sécurité algériennes en épargnant autant que possible les civils. La loi de « concorde civile » promulguée par le président Bouteflika en juillet 1999 échoue à convaincre le GSPC de déposer les armes. Au contraire, l’organisation, en plus d’être le principal groupe armé dans le maquis algérien, étend son action au désert et renforce ses capacités en accueillant en son sein, en juillet 2000, Mokhtar Belmokthar. Belmokhtar a séjourné en Afghanistan et au Pakistan au début des années 90. Il revient en Algérie en pleine guerre civile et crée une cellule dans le sud de l’Algérie. Il se spécialise dans le trafic de cigarettes importées de l’Afrique noire à destination du Maghreb et reçoit le sobriquet de « Mister Marlboro ».
Le 11 septembre 2001 marque un tournant dans l’histoire du GSPC. Dans un premier temps, Hattab profite de l’énorme retentissement des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone pour relancer la lutte armée en Algérie et susciter le ralliement d’autres groupes terroristes. Mais sa stratégie défensive et strictement algérienne suscite des critiques au sein du GSPC. Une aile « internationaliste », portée par 2 commandants de l’organisation, Nabil Sahraoui et Abdelmalek Droukdal, plaide pour une extension du djihad en dehors de l’Algérie. L’invasion de l’Irak par les Etats-Unis, en mars 2003, renforce les tenants de cette ligne et, en août 2003, Sahraoui et Droukdal renversent Hattab. Sahraoui devient le nouvel émir du GSPC. Il est tué dans un accrochage avec l’armée algérienne en juin 2004 et Droukdal lui succède à la tête du GSPC. Admirateur d’Al-Zarqaoui, le chef d’Al Qaida en Irak, Droukdal se rapproche de lui et lui envoie des combattants en provenance du Maghreb et entraînés dans les maquis algériens. Cette collaboration permet à Droukdal d’asseoir son autorité sur ces troupes et aguerrit nombre de combattants maghrébins qui pourront ensuite utiliser leur expérience dans la lutte contre le pouvoir algérien. Pour remercier le GSPC, Al-Zarqaoui, en juillet 2005, fait kidnapper et exécuter 2 diplomates algériens en poste à Bagdad. Cela incite Droukdal à demander l’affiliation du GSPC à Al-Qaida.Il est soutenu, dans cette démarche, par Al-Zarqaoui qui avait emprunté la même voie en 2004. Ben Laden confie la gestion de ce dossier à son bras droit, l’Egyptien Al-Zawahiri. Al Qaida souhaitant étendre ses réseaux vers l’Afrique du Nord, elle trouve un intérêt à accéder à la requête de Droukdal dont l’organisation disposer de sanctuaires en Algérie, fait preuve d’un grand dynamisme en lien avec son engagement anti-américain en Irak et est, en outre, susceptible de servir de marchepied pour mener des actions sur le sol européen. Après plusieurs mois de négociations, Al-Zawahiri annonce, le 11 septembre 2006 -la date n’est pas choisie au hasard-, l’allégeance du GSPC à Al Qaida. L’affiliation du GSPC à Al Qaida doit se traduire par un changement de nom. Le 24 janvier 2007, Droukdal annonce ainsi la transformation du GSPC en » Al Qaida au pays du Maghreb islamique » (AQMI).
L’avènement d’AQMI correspond à l’apparition d’une nouvelle stratégie de combat qui fait entrer l’ex-GSPC sur la scène djihadiste mondiale. A ce titre, l’année 2007 est marquée par une violence inouïe, en particulier avec l’introduction, en Algérie, de la méthode de l’attentat suicide largement utilisée en Irak. Le 11 avril, des kamikazes font exploser leurs voitures près d’un commissariat de police et du siège du Gouvernement à Alger. 33 personnes sont tuées. Le 11 juillet, une attaque suicide contre une patrouille militaire, à l’est d’Alger, tue 8 soldats. Le 6 septembre, à Batna, un attentat kamikaze vise la foule attendant la visite du Président Bouteflika, tue 25 personnes et fait une centaine de blessés. Le 11 décembre, un double attentat frappe, à Alger, l’immeuble du Haut commissariat aux réfugiés et celui du Conseil constitutionnel. 67 personnes sont tuées et 177 blessées. Cependant, la folie meurtrière d’AQMI ne doit pas cacher le fait que, très vite, cette organisation, contrairement à ce qu’avaient envisagé Ben Laden et Al-Zawahiri au moment de son affiliation à Al Qaida, se révèle incapable de dépasser sa logique algérienne et de mener des actions sur le sol européen. Ainsi, en dépit des efforts en ce sens, AQMI ne parvient pas à fédérer les groupes djihadistes présents au Maroc, en Tunisie ou en Libye. Certes, des Maghrébins sont passé par ses camps d’entraînement mais plus pour aller en Irak que pour combattre en Afrique du Nord. De même, en décembre 2006, quelques semaines avant son changement de nom, le GSPC tente d’infiltrer 30 combattants en Tunisie mais ils sont démasqués et neutralisés, soulignant une fois de plus l’échec d’AQMI à embraser le Maghreb. En ce qui concerne d’éventuelles actions en Europe, le bilan est nul. AQMI n’a jamais réussi à toucher le territoire européen en raison, notamment, de l’efficacité de la coopération policière. Cette incapacité à atteindre la rive nord de la Méditerranée conduit AQMI à reporter sa violence meurtrière sur la présence étrangère en Afrique du Nord. Sont ainsi touchés, par une vague d’attentats, les expatriés travaillant en Algérie. Par ailleurs, fin 2007, les hommes de Belmokhtar assassinent 4 Français dans l’est de la Mauritanie et la menace qu’ils font peser sur le Paris-Dakar, qui doit s’élancer quelques jours après cet attentat, conduit à l’annulation de la course et à son transfert en Amérique latine. Le 8 juin 2008, AQMI tue un ingénieur français, à Lakhdaria, à l’est d’Alger, au prix de la mort de 11 civils algériens tués par l’explosion de 2 voitures piégées.
Parallèlement à cette incapacité à être pleinement à la hauteur du label « Al Qaida », AQMI doit faire face à une réponse plus efficace des forces de sécurité algériennes qui avaient été prises de court, dans un premier temps, par la vague d’attentats de 2007. La violence terroriste chute alors sur de nombreux pans du territoire algérien et AQMI concentre ses actions dans les 3 provinces de Bouira, Tizi Ouzou et Boumerdès, surnommées le » triangle de la mort « .Pour compenser les revers du djihad local, ses échecs maghrébins et le fait que le territoire européen demeure hors de sa portée, AQMI en vient à voir dans le flanc sud de l’Algérie la seule alternative pour concrétiser ses aspirations internationales. Certes, une pratique terroriste existait dans la zone sahélienne avant l’avènement d’AQMI. En février 2003, par exemple, le GSPC avait procédé au rapt de 32 touristes européens dans le Tassili (sud-ouest algérien). Le commando d’une vingtaine d’hommes, dirigé par Abderrazak El-Para, avait réussi à échanger la libération des 31 otages contre une rançon de 5 millions de dollars, assurant ainsi une célébrité accrue au GSPC et faisant du rapt un mode d’action privilégié du terrorisme sahélien. Mais l’extension des activités d’AQMI au Sahel va prendre une tournure plus violente sous l’influence de la lutte entre deux de ses » émirs » dans la région: Belmokhtar et Abou Zeid. Le premier est connu pour son implication dans un trafic de cigarettes entre l’Afrique noire et le Maghreb. C’est le chef historique d’une katiba, c’est-à-dire un bataillon de 80 membres et il est davantage considéré comme un homme d’argent que comme un religieux. Abou Zeid, lui, est un contrebandier algérien qui organisait des trafics entre la Libye et l’Algérie. Après avoir passé des années dans le GIA, il gagne le GSPC puis rejoint AQMI en montant en grade. Il devient le chef d’une katiba de 120 membres et est parfois nommé, de par son ambition et sa cruauté, « Al- Zarqaoui du Sahel « . Les deux hommes sont en concurrence au sein d’AQMI et la spirale de la violence qui meurtrit la zone sahélienne résulte de cette rivalité qui va être à l’origine d’une surenchère échappant à Droukdal lui même. Le 14 décembre 2008, Abou Zeid fait enlever, au Niger, 2 diplomates canadiens, le représentant du secrétaire général de l’Onu et son adjoint. Ils sont libérés 4 mois plus tard. Le 22 janvier 2009, 4 touristes européens sont enlevés, au Mali, par des groupes criminels qui les revendent à Abou Zeid.3 d’entre eux – ressortissants suisses et allemands – sont libérés mais le 4ème, un Britannique, Edwin Dyer, est assassiné. Le 8 août 2009, Belmokhtar, qui ne peut rester inactif face à son « rival », envoie 1 kamikaze se faire exploser devant l’ambassadede France en Mauritanie. La rivalité entre Abou Zeid et Belmokhtar s’emballe en 2009 avec, du côté du premier, l’enlèvement, au Mali, de Pierre Camatte et du côté du second, le rapt, en Mauritanie, d’un couple d’Italiens et de trois humanitaires espagnols. Tous ces otages sont libérés en 2010. Le 19 avril 2010, une bande criminelle enlève, au Niger, un Français, Michel Germaneau. Il est remis à Abou Zeid, lequel n’entame aucune négociation et opte pour une épreuve de force qui conduit à la mort de l’otage. Dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010, Abou Zeid récidive en enlevant 7 expatriés (5 Français, 1 Togolais et 1 Malgache) sur le site minier d’Areva, à Arlit, au Niger. Réagissant aux succès de son rival, en passe de gagner les faveurs d’Al Qaida, Belmokhtar organise l’enlèvement de 2 jeunes Français, au Niger, le 7 janvier 2011. Les 2 otages sont tués le lendemain lors de l’intervention de l’armée française pour les libérer. Le 2 février 2011, Abou Zeid fait enlever une touriste italienne dans le sud de l’Algérie, par un groupe de 14 combattants. Le 24 novembre 2011, AQMI enlève 2 Français, à Hombori, au Mali. Le lendemain, l’organisation récidive à Tombouctou en s’emparant de 3 touristes européens et en tuant 1 ressortissant allemand qui essaye de résister aux preneurs d’otages. Si Belmokhtar semble être à l’origine du premier rapt, Abou Zeid serait, lui, l’instigateur du second. Plusieurs journaux ont fait état de doutes quant à la raison de la présence, au Mali, de ces 2 Français. Se disant géologues, nos 2 compatriotes semblent avoir eu un passé trouble dans les zones instables d’Afrique et des Balkans.Cela n’atténue en rien le caractère inadmissible de leur détention.
L’histoire d’AQMI montre donc qu’un mouvement terroriste essentiellement centré sur l’Algérie, le GSPC, a peu à peu changé de nature pour devenir une organisation étendant ses activités sur le territoire de plusieurs Etats et capable de mener des actions spectaculaires. Cette efficacité dans la terreur, AQMI la doit à une organisation et un mode de fonctionnement qui lui assurent de la souplesse et de l’autonomie.
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Source : Le Procès verbal
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