Dans le quartier historique de Ghardaïa, le Ksar, les façades sont noircies. Les pavés sont recouverts de morceaux de verre brisé. Certains commerçants arrosent encore avec des seaux les murs de leurs magasins incendiés. Ce marchand de tapis mozabite a tout perdu en l’espace d’une nuit samedi dernier. « Je ne possède plus rien, souffle-t-il. Tout est parti, le livret de famille, les papiers de la maman, ceux des frères, les paperasses du magasin, il n’y a plus rien... Même sur le comptoir, il y avait des cartables, tout a été volé. »
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Sur la place du marché, les gendarmes patrouillent. Huit fourgons verts sont stationnés. Plusieurs 4x4 arrivent : c’est le général-major, le chef de la gendarmerie de toute la région, venu inspecter le dispositif de sécurité. Les habitants se rassemblent autour de lui. L’un d’entre eux veut le rassurer sur leurs coopérations : « Vos agents à Mélika (agglomération secondaire de Ghardaïa, ndlr) vont vous dire le comportement des gens de Mélika vis-à-vis des autorités. » Dans le reste de la ville, quelques magasins sont ouverts, mais il faut faire avec les pénuries, notamment le café. Dans certains quartiers, il reste des barricades calcinées. Les habitants sont sortis de chez eux, mais personne ne croit que le calme va durer. Et dans le ciel, les hélicoptères continuent de tourner...
Une semaine après le début des affrontements, personne à Ghardaïa ne sait vraiment comment tout cela a commencé. Le premier soir, certains quartiers ont été soudainement attaqués. « Ils sont venus vers minuit, jusque 4h du matin. Ils nous ont attaqués avec des pierres, ils ont attaqué les maisons. Ils sont venus au lycée d’abord, là où il y avait un fourgon de police, et il a fallu qu’ils s’en prennent aussi à nos enfants. Il fallait se défendre, c’était de la légitime défense », raconte une femme qui préfère garder l’anonymat par peur des représailles.
Attaques, vengeance du quartier opposé, nouvelle attaque, nouvelle vengeance. Il n’y a que la présence de milliers d’hommes des forces de l’ordre qui empêchent les affrontements de reprendre. Certains habitants, comme Nacer, considèrent que cette fois, les violences ont recommencé lorsque le dispositif de sécurité a été allégé : « On a trouvé un peu de paix quand les renforts de la police et de la gendarmerie sont arrivés. Mais au moment où ces renforts ont été levés, ils ont recommencé à manifester et à brûler les magasins. »
Le Premier ministre a fait le déplacement ce week-end, il a promis que le dispositif de sécurité serait renforcé. Mardi, 18 jeunes sont passés devant le juge pour avoir participé aux violences. Dix d’entre eux ont été condamnés à de la prison ferme.
Source : Rfi.fr
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