le Premier ministre libéral Jean Charest
Un parti majoritaire de justesse, un autre laminé et la gauche qui fait son entrée; les Québécois ont bouleversé le visage politique de la province aux urnes. Lundi, ils sont allés voter pour la sixième fois en cinq ans, aux élections provinciales ce coup-ci. Trente-trois jours plus tôt, le Premier ministre libéral Jean Charest déclenchait la campagne électorale, alors que les pancartes des élections fédérales ornaient encore les lampadaires. Motif invoqué: le Québec a besoin d’un gouvernement fort en temps de crise économique.
En mars 2007, il avait obtenu un second mandat, mais son parti était minoritaire à l’Assemblée nationale. La province ne disposant pas d’une loi pour des élections à date fixe, le déclenchement d’un scrutin est la prérogative du Premier ministre.
Revanche gagnée, un peu plus d’un an après. De justesse toutefois, puisque le Parti libéral a décroché soixante-six sièges, soit trois de plus que la majorité. Le Parti libéral obtient ainsi un troisième mandat consécutif.
Priorité à l'économie
Le parti, qu’on pourrait qualifier de centre-droit, a misé sur l’économie. Bonification des investissements dans les infrastructures pour les porter à l’équivalent de plus de 25 milliards d’euros, augmentation du salaire horaire minimum de plus de soixante centimes d’euros, capitaux pour la Société générale de financement et les PME constituent les principaux engagements.
La santé, l’éducation et la famille suivent, avec notamment la promesse d’augmenter le nombre d’infirmières et de médecins pour contrer la pénurie dans ce secteur.
La crise politique qui a secoué Ottawa lors des deux dernières semaines pourrait avoir joué un rôle dans la campagne. "L'instabilité politique et l'instabilité économique font mauvais ménage", déclarait alors Jean Charest. Les souverainistes ont rétorqué au Premier ministre qu’il s’agissait d’une preuve que la fédération canadienne était ingérable.
Le Premier ministre a aussi subi les foudres de l’opposition au sujet de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Les autres chefs ont demandé avec insistance de connaître la situation financière de cet organisme public, mais Jean Charest a répété la même antienne: la Caisse doit rester indépendante de toute pression politique.
Ressac de la droite
Derrière cette victoire se cache une cuisante défaite pour l’Action démocratique du Québec (ADQ), le parti de droite. Aux précédents élections, il avait causé la surprise en décrochant quarante-et-un sièges et en reléguant le Parti québécois au rang de tiers parti. Pour ce faire, il avait misé sur le thème identitaire, fustigeant les accommodements raisonnables -mécanisme de médiation qui permet, entre autres, des arrangements religieux.
Au lendemain du vote, l’ADQ se retrouve donc avec sept sièges, perdant de facto son statut de parti reconnu à l’Assemblée nationale. Il s’est fait balayer dans plusieurs régions, que ce soit dans la banlieue de Montréal, la ville de Québec et d’autres. Dont acte, son chef Mario Dumont a annoncé qu’il céderait les rênes du parti au prochain scrutin.
Les libéraux se partagent les sièges avec le Parti québécois, qui redevient le principal adversaire de Jean Charest. Un retour au bipartisme, en somme, selon plusieurs analystes politiques. Ce parti qui prône la souveraineté du Québec était dirigé par Pauline Marois, à qui la chance de devenir la première femme Premier ministre de la province échappe pour ce scrutin.
La gauche fait son entrée
Si le Parti québécois se définit comme une formation social-démocrate, un autre parti se revendique plus à gauche: Québec solidaire (QS). L’un de ses deux porte-paroles, Amir Khadir, a causé une petite surprise en gagnant le premier siège de ce jeune parti né en 2005 de la fusion de plusieurs formations. Petite surprise parce qu’il s’était approché du député péquiste Daniel Turp d’un peu plus de mille voix en 2007. Il l’a coiffé de près de 872 bulletins (sur environ 23 000) ce coup-ci.
Surprise aussi parce que QS n’a pas pu participer au débat des chefs -point d’orgue de la campagne, malgré ses demandes répétées. L’autre porte-parole, Françoise David, avait toutefois forcé l’attention par sa présence sur Internet. A près de 32% des voix, elle a d’ailleurs amélioré son score par rapport à 2007 dans sa circonscription -presque 6% de plus.
Quelques percées sont à noter dans d'autres circonscriptions, mais le parti ne progresse que légèrement au niveau des suffrages exprimés (3,8% contre 3,65% en 2007). Québec solidaire se félicite toutefois de ces résultats:
"Ces Québécois-es ont voté pour un Québec plus écologiste, pour une économie enfin au service de tous et pour un système de santé gratuit et accessible pour tous. Ce Québec, nous ne pourrons le tisser ensemble que si nous commençons dès maintenant à nous libérer de ces intérêts privés qui nous ont trop longtemps dominés."
Amir Khadir a été élu dans Mercier, la circonscription du quartier du Plateau-Mont-Royal -un quartier parfois surnommé "la République du Plateau". "Les rues tranquilles aux jolies petites maisons à escaliers en fer forgé, jadis populaires, sont depuis quelques années la proie des bobos locaux. […] Restos, épiceries fines, cafés sympas, boîtes, foule bigarrée: le Plateau est à la fois populaire et chic, authentique et branché"; telle est la description du "Guide du routard".
Tant à gauche qu’à droite, c’est donc un Québec changé qui s’est réveillé mardi matin. Sauf que le plus grand vainqueur a été l’absentéisme: 42,85% des électeurs n’ont pas voté -un taux historiquement bas. Certes, un coup de froid a fait baisser le mercure à moins vingt degrés, mais cela n’explique pas tout. Ras-le-bol des élections? Manque d’intérêt pour cette campagne? Dédain pour la chose démocratique? Opposition silencieuse? Si aucune réponse évidente n’existe, le nouveau visage politique du Québec pourra peut-être inverser la tendance.
En mars 2007, il avait obtenu un second mandat, mais son parti était minoritaire à l’Assemblée nationale. La province ne disposant pas d’une loi pour des élections à date fixe, le déclenchement d’un scrutin est la prérogative du Premier ministre.
Revanche gagnée, un peu plus d’un an après. De justesse toutefois, puisque le Parti libéral a décroché soixante-six sièges, soit trois de plus que la majorité. Le Parti libéral obtient ainsi un troisième mandat consécutif.
Priorité à l'économie
Le parti, qu’on pourrait qualifier de centre-droit, a misé sur l’économie. Bonification des investissements dans les infrastructures pour les porter à l’équivalent de plus de 25 milliards d’euros, augmentation du salaire horaire minimum de plus de soixante centimes d’euros, capitaux pour la Société générale de financement et les PME constituent les principaux engagements.
La santé, l’éducation et la famille suivent, avec notamment la promesse d’augmenter le nombre d’infirmières et de médecins pour contrer la pénurie dans ce secteur.
La crise politique qui a secoué Ottawa lors des deux dernières semaines pourrait avoir joué un rôle dans la campagne. "L'instabilité politique et l'instabilité économique font mauvais ménage", déclarait alors Jean Charest. Les souverainistes ont rétorqué au Premier ministre qu’il s’agissait d’une preuve que la fédération canadienne était ingérable.
Le Premier ministre a aussi subi les foudres de l’opposition au sujet de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Les autres chefs ont demandé avec insistance de connaître la situation financière de cet organisme public, mais Jean Charest a répété la même antienne: la Caisse doit rester indépendante de toute pression politique.
Ressac de la droite
Derrière cette victoire se cache une cuisante défaite pour l’Action démocratique du Québec (ADQ), le parti de droite. Aux précédents élections, il avait causé la surprise en décrochant quarante-et-un sièges et en reléguant le Parti québécois au rang de tiers parti. Pour ce faire, il avait misé sur le thème identitaire, fustigeant les accommodements raisonnables -mécanisme de médiation qui permet, entre autres, des arrangements religieux.
Au lendemain du vote, l’ADQ se retrouve donc avec sept sièges, perdant de facto son statut de parti reconnu à l’Assemblée nationale. Il s’est fait balayer dans plusieurs régions, que ce soit dans la banlieue de Montréal, la ville de Québec et d’autres. Dont acte, son chef Mario Dumont a annoncé qu’il céderait les rênes du parti au prochain scrutin.
Les libéraux se partagent les sièges avec le Parti québécois, qui redevient le principal adversaire de Jean Charest. Un retour au bipartisme, en somme, selon plusieurs analystes politiques. Ce parti qui prône la souveraineté du Québec était dirigé par Pauline Marois, à qui la chance de devenir la première femme Premier ministre de la province échappe pour ce scrutin.
La gauche fait son entrée
Si le Parti québécois se définit comme une formation social-démocrate, un autre parti se revendique plus à gauche: Québec solidaire (QS). L’un de ses deux porte-paroles, Amir Khadir, a causé une petite surprise en gagnant le premier siège de ce jeune parti né en 2005 de la fusion de plusieurs formations. Petite surprise parce qu’il s’était approché du député péquiste Daniel Turp d’un peu plus de mille voix en 2007. Il l’a coiffé de près de 872 bulletins (sur environ 23 000) ce coup-ci.
Surprise aussi parce que QS n’a pas pu participer au débat des chefs -point d’orgue de la campagne, malgré ses demandes répétées. L’autre porte-parole, Françoise David, avait toutefois forcé l’attention par sa présence sur Internet. A près de 32% des voix, elle a d’ailleurs amélioré son score par rapport à 2007 dans sa circonscription -presque 6% de plus.
Quelques percées sont à noter dans d'autres circonscriptions, mais le parti ne progresse que légèrement au niveau des suffrages exprimés (3,8% contre 3,65% en 2007). Québec solidaire se félicite toutefois de ces résultats:
"Ces Québécois-es ont voté pour un Québec plus écologiste, pour une économie enfin au service de tous et pour un système de santé gratuit et accessible pour tous. Ce Québec, nous ne pourrons le tisser ensemble que si nous commençons dès maintenant à nous libérer de ces intérêts privés qui nous ont trop longtemps dominés."
Amir Khadir a été élu dans Mercier, la circonscription du quartier du Plateau-Mont-Royal -un quartier parfois surnommé "la République du Plateau". "Les rues tranquilles aux jolies petites maisons à escaliers en fer forgé, jadis populaires, sont depuis quelques années la proie des bobos locaux. […] Restos, épiceries fines, cafés sympas, boîtes, foule bigarrée: le Plateau est à la fois populaire et chic, authentique et branché"; telle est la description du "Guide du routard".
Tant à gauche qu’à droite, c’est donc un Québec changé qui s’est réveillé mardi matin. Sauf que le plus grand vainqueur a été l’absentéisme: 42,85% des électeurs n’ont pas voté -un taux historiquement bas. Certes, un coup de froid a fait baisser le mercure à moins vingt degrés, mais cela n’explique pas tout. Ras-le-bol des élections? Manque d’intérêt pour cette campagne? Dédain pour la chose démocratique? Opposition silencieuse? Si aucune réponse évidente n’existe, le nouveau visage politique du Québec pourra peut-être inverser la tendance.
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