Quatre ans après avoir quitté les pistes d'athlétisme, Bolt, 35 ans, est toujours aussi foudroyant, désormais avec des mots. "Oui", a-t-il asséné à l'AFP en réponse à la question de savoir s'il aurait pu remporter le 100 m des JO de Tokyo.
"Cela m'a vraiment manqué, je me disais, +J'aimerais y être+, car je vis pour ces moments-là, c'était difficile pour moi de regarder cette course", a expliqué celui qui était surnommé "Lightning Bolt" (la foudre, l'éclair) dans les bureaux à Dubaï de Pepsi, l'un de ses sponsors.
Sa frustration était d'autant plus grande que la finale du 100 m a été remportée en 9 sec 80/100e à la surprise générale par un inconnu du grand public, l'Italien Lamont Marcell Jacobs.
"Quand j'ai pris ma retraite (en 2017, NDLR), mon coach m'a dit quelque chose: +Tes adversaires ne sont pas plus rapides, c'est toi qui es plus lent+. Je ne l'avais jamais envisagé comme ça", a expliqué l'octuple champion olympique.
"Et c'est un fait: beaucoup d'athlètes n'améliorent pas vraiment leurs chronos. J'ai tellement repoussé les limites, j'ai commencé à reculer (d'un point de vue des chronos) avec le temps. Courir en 9 sec 80 (le chrono de Lamont en finale), c'était possible", a-t-il insisté.
- "Trop de stress" -
S'il a réfléchi à rechausser les pointes pour les JO de Tokyo, reporté d'un an en 2021 à cause du Covid, Bolt a rapidement renoncé à ce projet: "J'ai réussi tout ce qu'il y avait à réussir dans ce sport, la question était de savoir si j'avais la motivation", a reconnu Bolt, qui a amassé onze titres mondiaux durant sa carrière.
Les résultats à Tokyo du sprint masculin jamaïcain (aucun représentant en finale du 100 m, 5e du relais 4x100) le désolent ("Ce n'est pas bon"), Bolt a la dent encore plus dure avec ses successeurs au sommet du sprint mondial.
C'est simple, il ne croit aucun d'entre eux capable de battre, ou même d'approcher, ses records du monde du 100 m (9 sec 58) et du 200 m (19 sec 19).
"Je ne crois pas que j'aie vu quelqu'un dans la génération actuelle qui pourrait battre ces records, a-t-il assuré. J'ai encore quelques années devant moi pour (profiter de) ces records".
Bolt, qui a tenté de se lancer dans une carrière de joueur de football professionnel sans lendemain, aimerait aider World Athletics faire la promotion à travers le monde du sport qui l'a rendu célèbre et riche. Il en a même fait la demande au patron de l'athlétisme mondial Sebastian Coe.
Mais il ne vise pas à terme la présidence de la Fédération internationale: "Je ne voudrais pas de ce boulot, trop de stress et de travail", a-t-il balayé.
Si ces chronos, records et titres ont marqué les esprits, c'est surtout sa décontraction et son geste en forme d'éclair devenu culte avec lequel il célèbrait ses victoires que n'oublient pas ceux qui le rencontrent et qu'on lui réclame pour des photos et selfies.
"Des fois, cela devient un peu, je ne dirais pas embêtant, mais c'est beaucoup, mais je suis le premier responsable, reconnaît-il. Cela ne me fait pas toujours plaisir de le faire, mais je le fais quand même, car c'est pour mes fans et ça les rend heureux".