Nouvelle entrave à la liberté de la presse au Mali. La junte au pouvoir a décidé, jeudi 11 avril, d'interdire aux médias de couvrir les partis politiques après avoir suspendu les activités de ces derniers.
Les colonels, qui ont renversé le président civil Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, ont décrété mercredi la suspension "jusqu'à nouvel ordre" des activités des partis et des associations à caractère politique, coupables selon elle de "subversion".
La Haute autorité de la communication (HAC) a emboîté le pas du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, signataire du décret visant les partis. La HAC "invite tous les médias (radios, télés, journaux écrits et en ligne) à arrêter toute diffusion et publication des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations", dit-elle dans un communiqué. Elle ne précise pas à quoi s'exposeraient les médias qui contreviendraient.
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme s'est dit "profondément préoccupé" par la suspension. Le décret "doit être immédiatement abrogé", a-t-il dit sur X.
L'éphémère ancien Premier ministre Moussa Mara (2014-2015) a demandé aux autorités de revenir sur leur décision, un "recul majeur" qui "n'augure pas de lendemains apaisés".
Le président du parti Convergence pour le développement du Mali (Codem), Housseini Amion Guindo, a appelé à la "désobéissance civile jusqu'à la chute du régime illégal et illégitime (...) en raison notamment de son incapacité à satisfaire les besoins essentiels des Maliens".
Mohamed Chérif Koné, magistrat entré en rébellion contre la junte et radié, a lui aussi appelé à la désobéissance civile. "Hors de question de laisser la dictature prospérer", a-t-il écrit. Le gouvernement est "disqualifié" pour parler au nom du Mali depuis le 26 mars 2024, a-t-il dit.
Les colonels s'étaient engagés – sous la pression de la Cédéao – à céder à cette date à des civils élus la direction de ce pays confronté au jihadisme et plongé dans une profonde crise multidimensionnelle depuis 2012.
Ce jalon vient d'être franchi sans que les militaires ne partent, ni ne donnent une nouvelle échéance. Ils avaient déjà manqué à l'engagement d'organiser la présidentielle en février.
L'opposition est réduite à l'impuissance par les mesures coercitives, les mises en cause judiciaires, les dissolutions d'organisations, les restrictions à la liberté de la presse et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour de la junte face à une multitude de défis.
Plusieurs partis et organisations de la société civile se sont cependant émus, dans une rare déclaration commune le 31 mars, du "vide juridique et institutionnel" laissé après le 26 mars et ont réclamé des militaires la tenue de la présidentielle "dans les meilleurs délais". Ils ont dénoncé, jeudi dans un communiqué, les "allégations infondées" sur la suspension de leurs activités, et annoncé qu'ils ne participeraient plus à celles organisées par le gouvernement, "y compris" le dialogue national.
Depuis sa prise du pouvoir consolidée par un second putsch en mai 2021, la junte a multiplié les actes de rupture. Elle a rompu l'alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie. Elle a poussé vers la sortie la mission de l'ONU Minusma. Elle a dénoncé l'accord signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord, considéré comme essentiel pour stabiliser le pays.
À la suite du Mali, des militaires se sont emparés du pouvoir chez les voisins sahéliens du Burkina Faso en 2022 et du Niger en 2023. Les trois pays en proie au jihadisme ont forgé une alliance et décidé de quitter la Cédéao.
Les colonels, qui ont renversé le président civil Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, ont décrété mercredi la suspension "jusqu'à nouvel ordre" des activités des partis et des associations à caractère politique, coupables selon elle de "subversion".
La Haute autorité de la communication (HAC) a emboîté le pas du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, signataire du décret visant les partis.
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme s'est dit "profondément préoccupé" par la suspension. Le décret "doit être immédiatement abrogé", a-t-il dit sur X.
Des appels à la "désobéissance civile"
Ce nouveau tour de vis a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, mais encore peu de réactions de partis ou de personnalités maliennes de premier plan, déjà condamnées au silence dans une large mesure.L'éphémère ancien Premier ministre Moussa Mara (2014-2015) a demandé aux autorités de revenir sur leur décision, un "recul majeur" qui "n'augure pas de lendemains apaisés".
Le président du parti Convergence pour le développement du Mali (Codem), Housseini Amion Guindo, a appelé à la "désobéissance civile jusqu'à la chute du régime illégal et illégitime (...) en raison notamment de son incapacité à satisfaire les besoins essentiels des Maliens".
Mohamed Chérif Koné, magistrat entré en rébellion contre la junte et radié, a lui aussi appelé à la désobéissance civile. "Hors de question de laisser la dictature prospérer", a-t-il écrit. Le gouvernement est "disqualifié" pour parler au nom du Mali depuis le 26 mars 2024, a-t-il dit.
Les colonels s'étaient engagés – sous la pression de la Cédéao – à céder à cette date à des civils élus la direction de ce pays confronté au jihadisme et plongé dans une profonde crise multidimensionnelle depuis 2012.
Ce jalon vient d'être franchi sans que les militaires ne partent, ni ne donnent une nouvelle échéance. Ils avaient déjà manqué à l'engagement d'organiser la présidentielle en février.
Acte de "subversion"
La junte a accusé les partis de multiplier "les actions de subversion" en dénonçant le non-respect du calendrier ou en critiquant le dialogue national pour la paix lancé le 31 décembre par le colonel Goïta. La poursuite de la lutte contre les groupes armés jihadistes et indépendantistes touareg ne s'accommode pas de "débats politiques stériles", a dit le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga.L'opposition est réduite à l'impuissance par les mesures coercitives, les mises en cause judiciaires, les dissolutions d'organisations, les restrictions à la liberté de la presse et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour de la junte face à une multitude de défis.
Plusieurs partis et organisations de la société civile se sont cependant émus, dans une rare déclaration commune le 31 mars, du "vide juridique et institutionnel" laissé après le 26 mars et ont réclamé des militaires la tenue de la présidentielle "dans les meilleurs délais". Ils ont dénoncé, jeudi dans un communiqué, les "allégations infondées" sur la suspension de leurs activités, et annoncé qu'ils ne participeraient plus à celles organisées par le gouvernement, "y compris" le dialogue national.
Depuis sa prise du pouvoir consolidée par un second putsch en mai 2021, la junte a multiplié les actes de rupture. Elle a rompu l'alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie. Elle a poussé vers la sortie la mission de l'ONU Minusma. Elle a dénoncé l'accord signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord, considéré comme essentiel pour stabiliser le pays.
À la suite du Mali, des militaires se sont emparés du pouvoir chez les voisins sahéliens du Burkina Faso en 2022 et du Niger en 2023. Les trois pays en proie au jihadisme ont forgé une alliance et décidé de quitter la Cédéao.
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