Les deux cents lycéennes enlevées par la secte islamiste Boko Haram sont localisées, a déclaré en début de semaine l’armée nigériane. De quoi relancer l’espoir d’une libération prochaine dans cette affaire qui émeut le monde entier. Comment vivent les populations soumises à l’emprise de ce mouvement terroriste ? Comment se traduit cette violence dont les éclats nous parviennent épisodiquement ? Que penser de l'annonce faite par les Nigérians ?
Depuis trois semaines, Sophie Bouillon, grand reporter et prix Albert-Londres, enquête pour Libération dans le nord du pays, dans la région de Maiduguri, là où Boko Haram a ses quartiers. Pour francetv info, elle raconte sa visite dans un village peu après une attaque particulièrement dévastatrice.
Francetv info : Pourquoi êtes-vous allée à Maiduguri ?
Sophie Bouillon : C'est le lieu où a été fondée la secte Boko Haram. Et je parle à dessein de secte, car ses adeptes pratiquent un véritable embrigadement psychologique. Boko Haram s’est profondément radicalisé ces derniers mois. Ses membres tuent maintenant aveuglément, ils volent toute la nourriture dans les villages, ils dévastent. Visiblement, ils ne cherchent pas à obtenir un soutien populaire comme on peut le voir chez d’autres mouvements jihadistes de la région. Ils ne souhaitent pas non plus convertir les villageois.
Tout le processus de recrutement se fait par kidnapping. On enlève des femmes pour les marier, des enfants pour se faire servir, des hommes pour combattre… Ils kidnappent aussi par catégorie professionnelle, si j’ose dire : des médecins, des mécaniciens. Le kidnapping renvoie à une fonction, une utilité. Une fois enlevées, toutes ces personnes subissent des rituels avec apprentissage du Coran et beaucoup de magie noire.
Chose cruciale, on leur donne de l’argent. Vingt euros ici, cela représente une petite fortune. L’argent constitue donc un argument efficace. C’est triste à dire, mais les gens sont nombreux à ne pas vouloir partir parce qu’ils ont à (...).
Francetv info
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