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"Avec l'élection de Bassirou Diomaye Faye, ils ont promis un ordre moral nouveau", ( Aliou Ndiaye, journaliste politiste)

Le Sénégal s’est réveillé ce lundi 25 avec un nouveau président élu : Bassirou Diomaye Faye. Le candidat de la coalition Diomaye président vient d’être porté à la tête de l’Etat du Sénégal avec beaucoup d’espoir. Pour l’heure, l’on reste d’abord sur l’aspect jouissif. Dans cet entretien, le journaliste politiste, Aliou Ndiaye fait un roundup des faits et circonstances qui ont porté le jeune inspecteur des impôts et domaines au pouvoir. Entretien.



"Avec l'élection de Bassirou Diomaye Faye, ils ont promis un ordre moral nouveau", ( Aliou Ndiaye, journaliste politiste)

Il faut voir d’abord que l’élection a été bien organisée, malgré le court délai. Mais nous avons une direction générale  des élections (DGE) bien rompue à la tâche. Elle a organisé beaucoup d’élections de très haute facture. Maintenant la culture politique de l’opposition sénégalaise c’est quand elle gagne l’élection c’est super quand elle a perdu l’élection elle est volée. 

Maintenant qu’ils ont gagné, heureusement pour nous, on ne va pas dire que l'élection est volée.
Maintenant le résultat pour moi, c’est la résultante d’une dynamique. C’est une dynamique de changement qui a été enclenchée depuis le début du second mandat de Macky Sall. Et dont l’aboutissement aujourd’hui est la sanction contre le candidat de Macky Sall. Enfin, n’importe quel candidat présenté par Ousmane Sonko contre le candidat de Macky Sall aurait gagné cette élection. Pour moi, c’était un référendum pour ou contre la continuité, les Sénégalais qui étaient dans une dynamique de changement, étaient pour la rupture ou pour un ordre moral nouveau. 

 

Comment analysez-vous la forte mobilisation des jeunes lors du scrutin de dimanche dernier?

 

Tout le monde était mobilisé. D’une manière générale, il y a eu des gens de tout âge, les femmes, les jeunes et les vieux qui sont sortis pour aller voter. Vous savez on dit souvent que la réalité n’est pas importante c’est la perception que les gens ont de la réalité qui est importante en politique. Et la perception que les gens ont de la réalité, c’est que les horizons étaient bouchés et ils ont l’impression que c’est la présence de  Macky Sall et son équipe qui bouchent les horizons. Donc, il s’est passé beaucoup de choses depuis 2021, l’affaire Adji Sarr, l’affaire Mame Mbaye Niang avec cette histoire de “gatsa gatsa” toutes ces choses-là ont impacté et les Sénégalais étaient pressés d’en finir. La plupart avait envie d’en finir de cette belle manière : par les urnes.

 

L’élection de Bassirou Diomaye donne-t-il une nouvelle impulsion à la jeunesse?

 

Certainement que ça fait rêver. On a vu hier, les effusions de joie qu'il y a eu à Dakar et un peu partout au Sénégal. Cela veut dire que beaucoup de Sénégalais sont persuadés d’avoir trouvé quelque chose. C’est vrai qu’ils n'apprennent pas de ce que Cheikh Anta Diop a dit. Comme on dit c’est une lumière qui passe. Une lumière qui aveugle tout le monde. Ce qui est clair, tout ce que le Pastef fait, on peut le ranger aux rayons des promesses de campagne. Charles Pasqua disait que “la promesse de campagne n’engage que ceux qui y croient”. 

Donc, c’est leur action sur le terrain dans leur action de tous les jours qu’on va les juger. S’ils sont vraiment capables de faire tout ce qu’ils nous ont vendu ou tout ce qu’ils nous ont promis. Toujours est-il que pour arriver au pouvoir ils ont dû passer par des sentiers de traverses. Où, ils doivent parfois faire face à des institutions à des forces bien organisées qu’ils ont attaqué frontalement. 
 

Est-ce qu’ils auront un temps de répit, au regard du niveau de la barre d’espoir placée aussi haut?

 

A leur place, je ne  serais pas dans un état d’esprit jouissif, je serais  plutôt craintif. Quand même, ils ont promis des choses. Ils ont surtout promis un ordre moral nouveau. Ils ont promis de bousculer des habitudes, de renégocier des contrats. Déjà, ce qui est quasiment impossible. Abdoulaye Wade l’a tenté une fois  avec cette histoire de Arcélor Mital. Mais cela a coûté tellement cher à l’Etat du Sénégal que les gens ne pouvaient pas avancer. Je sais que si les gens font le monitoring de leurs promesses pour voir si leurs promesses sont tenues réellement, pour voir dans les cent jours de leur gouvernance ce qu’ils vont faire ou ce qu’ils vont pouvoir faire. On aura une idée. Maintenant, le souhait de tout bon président c’est qu’ils réussissent dans leur mission. Maintenant, il faut reconnaître qu’ils ont promis des choses qui ne sont pas faciles à obtenir. 

 

Nous avons vu certaines villes comme Kaolack, Diourbel, Dakar et même Saint-Louis tombées dans l’escarcelle de la coalition Diomaye Président. Quelles en sont les causes ?

C’est un changement dans ce qu’on appelle l’espace Wolof musulman qui est un peu dans le pays dans son ensemble et le pays sérère dans son ensemble. Ce qui est en train de se passer c’est que les gens commencent à avoir des réflexes de vote comme les gens à Dakar. Cela veut dire  qu’au deuxième mandat, il vaut mieux prendre ses clics et ses clacs pour partir. Puisque dès la fin du premier mandat les gens commencent à sanctionner. Cela a toujours été comme ça vers la fin du deuxième aux élections locales déjà, les gens commencent à sanctionner. Si maintenant des villes qui avaient pour habitude de voter le parti au pouvoir s’y mettent. C’est qu’il y a problèmes au niveau des hommes politiques. 
 

Est-ce qu’on est pas en train d’assister au crépuscule des hommes politiques comme Khalifa Sall, Idrissa Seck pour ne citer que ceux-là?

On peut penser à une fin de cycle, effectivement. Mais la politique sénégalaise réserve des surprises. Le jeu des alliances qu’on voit souvent dérouler sous nos yeux fait qu’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours. Je rappelle qu’Abdoulaye Wade avait renoncé à concourir à l’élection présidentielle après son revers à l’élection de 1993. A l’époque, c’est Abdoulaye Bathily qui était parti en France pour lui prier de revenir au pays et porter la candidature unique de l’opposition. Et il est arrivé au pouvoir grâce à cela. Donc, tout est possible en politique. 



 

Aminata Diouf

Lundi 25 Mars 2024 - 17:24


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