Al-Zawahiri était un nom presque aussi connu que Ben Laden, peut-être plus encore sur le continent africain. Car ce chirurgien égyptien avait lancé toutes ses franchises à travers le monde et l’Afrique. L'une des plus importantes d’entre elles étant Aqmi, al-Qaïda au Maghreb islamique.
En 2002 déjà, il posait les premiers jalons de la stratégie africaine d’al-Qaïda. L’organisation avait, quatre ans auparavant, perpétré de premiers attentats sur le continent, visant les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie. Mais ce n’est qu’en janvier 2007 qu’al-Qaïda au Maghreb islamique voit le jour. Aqmi prend la suite d’un mouvement algérien, le GSPC, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat. L’entente est scellée par Ayman al-Zawahiri et Abdelmalek Droukdel. Ce dernier, figure du jihadisme algérien, va alors développer Aqmi en étendant son influence au Sahel. S’affranchit-il parfois de la tutelle d’al-Qaïda central ? C’est ce qu’avancent certains chercheurs, notamment lorsque le groupe développe une stratégie propre, celle des prises d’otages.
Après la prise de contrôle du nord du Mali en 2012 par les jihadistes, puis l’intervention de l’armée française, Aqmi perd du terrain. Mais l’organisation regagne en influence à partir de 2017 lorsqu’un nouveau groupe voit le jour : le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim, son acronyme arabe). Cette nouvelle entité rassemble plusieurs structures jihadistes : Aqmi, Ansar Dine, Ansarul Islam, la katiba Serma et la katiba Macina.
Or, pour le chercheur Guillaume Soto Mayor, « une analyse par le prisme idéologique montre que toutes les composantes du Jnim sont bel et bien membres à part entière d’al-Qaïda ». Le Jnim va d’ailleurs suivre les principes édictés en 2018 par Ayman al-Zawahiri sur la stratégie d’al-Qaïda en Afrique, notamment en ce qui concerne l’implantation locale et le harcèlement des forces de défense et de sécurité. Mais le groupe va rapidement être confronté à l’arrivée dans la région de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), avec qui la concurrence sera féroce.
Une élimination symbolique ?
« Il est vrai qu’al-Zawahiri fait partie de la génération fondatrice, comme Abdallah Azzam, souligne Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute et fondateur de l'Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique. Et dans la trajectoire du mouvement, on voit comment, par le travail humanitaire, ils approchaient les jeunes générations africaines avec notamment le Bureau qui a été mis en place par Ben Laden lui-même, qu’on appelle le “Bureau des services”. Mais en même temps, Ben Laden, grand financier, gérant et logisticien, va procéder au recrutement de volontaires étrangers. Et je pense que les terminologies comme “l’envahisseur”, “les croisés”, seront pour al-Zawahiri une manière d’internationaliser le jihad, une “macdonalisation du jihad” avec la création de succursales, mais aussi une labellisation de mouvements jihadistes. »
Pour s’implanter durablement, al-Qaïda tolère les pratiques locales : islam mêlé d’animisme, chefferies traditionnelles, imams locaux associés aux décisions de justice et certaines pratiques jugées « déviantes » tolérées, au moins dans un premier temps, afin de gagner l’adhésion des populations. L’objectif affiché est d’imposer la charia et de reprendre le pouvoir par la force à des États locaux jugés corrompus et injustes, de surcroît alliés à des forces militaires étrangères. L’usage de la violence par les combattants d’Aqmi est moins massif et moins systématique que chez le futur grand rival, le groupe État islamique. Une différence notable sur le terrain, même s’il faut rappeler qu’Aqmi tue presque quotidiennement au Sahel, y compris des civils.
Bakary Sambe dit ne pas croire que la mort d’al-Zawahiri affaiblisse des groupes comme Aqmi ou la katiba Macina. « Ben Laden est mort, le jihadisme, lui, est bien vivant. C’est aussi ma critique par rapport à ces coups d’éclat, ces éliminations de cibles symboliques pour dire qu’on avance dans la lutte contre le terrorisme. Je crois que l’élimination des cibles n’a jamais aidé à éliminer le terrorisme. »
En 2002 déjà, il posait les premiers jalons de la stratégie africaine d’al-Qaïda. L’organisation avait, quatre ans auparavant, perpétré de premiers attentats sur le continent, visant les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie. Mais ce n’est qu’en janvier 2007 qu’al-Qaïda au Maghreb islamique voit le jour. Aqmi prend la suite d’un mouvement algérien, le GSPC, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat. L’entente est scellée par Ayman al-Zawahiri et Abdelmalek Droukdel. Ce dernier, figure du jihadisme algérien, va alors développer Aqmi en étendant son influence au Sahel. S’affranchit-il parfois de la tutelle d’al-Qaïda central ? C’est ce qu’avancent certains chercheurs, notamment lorsque le groupe développe une stratégie propre, celle des prises d’otages.
Après la prise de contrôle du nord du Mali en 2012 par les jihadistes, puis l’intervention de l’armée française, Aqmi perd du terrain. Mais l’organisation regagne en influence à partir de 2017 lorsqu’un nouveau groupe voit le jour : le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim, son acronyme arabe). Cette nouvelle entité rassemble plusieurs structures jihadistes : Aqmi, Ansar Dine, Ansarul Islam, la katiba Serma et la katiba Macina.
Or, pour le chercheur Guillaume Soto Mayor, « une analyse par le prisme idéologique montre que toutes les composantes du Jnim sont bel et bien membres à part entière d’al-Qaïda ». Le Jnim va d’ailleurs suivre les principes édictés en 2018 par Ayman al-Zawahiri sur la stratégie d’al-Qaïda en Afrique, notamment en ce qui concerne l’implantation locale et le harcèlement des forces de défense et de sécurité. Mais le groupe va rapidement être confronté à l’arrivée dans la région de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), avec qui la concurrence sera féroce.
Une élimination symbolique ?
« Il est vrai qu’al-Zawahiri fait partie de la génération fondatrice, comme Abdallah Azzam, souligne Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute et fondateur de l'Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique. Et dans la trajectoire du mouvement, on voit comment, par le travail humanitaire, ils approchaient les jeunes générations africaines avec notamment le Bureau qui a été mis en place par Ben Laden lui-même, qu’on appelle le “Bureau des services”. Mais en même temps, Ben Laden, grand financier, gérant et logisticien, va procéder au recrutement de volontaires étrangers. Et je pense que les terminologies comme “l’envahisseur”, “les croisés”, seront pour al-Zawahiri une manière d’internationaliser le jihad, une “macdonalisation du jihad” avec la création de succursales, mais aussi une labellisation de mouvements jihadistes. »
Pour s’implanter durablement, al-Qaïda tolère les pratiques locales : islam mêlé d’animisme, chefferies traditionnelles, imams locaux associés aux décisions de justice et certaines pratiques jugées « déviantes » tolérées, au moins dans un premier temps, afin de gagner l’adhésion des populations. L’objectif affiché est d’imposer la charia et de reprendre le pouvoir par la force à des États locaux jugés corrompus et injustes, de surcroît alliés à des forces militaires étrangères. L’usage de la violence par les combattants d’Aqmi est moins massif et moins systématique que chez le futur grand rival, le groupe État islamique. Une différence notable sur le terrain, même s’il faut rappeler qu’Aqmi tue presque quotidiennement au Sahel, y compris des civils.
Bakary Sambe dit ne pas croire que la mort d’al-Zawahiri affaiblisse des groupes comme Aqmi ou la katiba Macina. « Ben Laden est mort, le jihadisme, lui, est bien vivant. C’est aussi ma critique par rapport à ces coups d’éclat, ces éliminations de cibles symboliques pour dire qu’on avance dans la lutte contre le terrorisme. Je crois que l’élimination des cibles n’a jamais aidé à éliminer le terrorisme. »
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