Il n’y a donc plus de mystification possible, l’unité de BENNO était un mythe, une illusion sciemment entretenue pour ne pas avoir à faire face à la réalité politique. Du haut des mamelles, BENNO a voulu dicter au peuple les dix commandements d’une religion sans adeptes.
On a confiné le peuple sénégalais et les médias dans l’étroite illusion que derrière une pseudo-unité programmatique, il y avait une unité politique, et la randonnée vers les sommets de la mauvaise foi a vite atteint ses limites objectives.
Non seulement il n’y a pas eu une candidature de l’unité et du rassemblement, mais la discorde sur les critères de la désignation dudit candidat a fait apparaître l’étendue de la supercherie dont on a fait preuve au début et à la fin de cette agrégation aberrante de partis politiques.
Tandis que leur adversaire du pouvoir et les plus sérieux observateurs de la scène politique s’acharnaient à leur faire observer que l’élection présidentielle est une rencontre entre un homme porteur d’un rêve ou d’un projet avec son peuple, ils persévéraient dans leur entreprise de mystification.
Adossés à ce qu’ils considèrent comme leur Bible politique, à savoir les conclusions des Assises, ils ont voulu masquer leur défaut de légitimité et de charisme en persistant à chercher à persuader leur propre moi de l’urgence et de l’opportunité de constituer une équipe pour aller briguer le suffrage des Sénégalais.
Comme un disque rayé, leur discours politique consistera à radoter partout la même absurdité : l’ère des Présidents héros est caduque, on ne peut plus gagner des élections seul, etc.
Sans qu’aucune étude historique, de science politique ou de sociologie, permette une telle inférence, on a voulu l’imposer au peuple et éviter ainsi l’exigence minimale en démocratie, à savoir la compétition entre les hommes politiques avec leur image et leur programme.
Maintenant que les masques sont tombés et que le peuple sénégalais a compris que l’esprit de BENNO n’a jamais prévalu ni dans un quelconque programme politique, ni dans l’unité de ses membres, on veut étouffer le scandale en déplaçant les enjeux.
Comment des gens qui prétendent que c’est désormais l’esprit d’équipe qui devra être de rigueur dans la gestion des affaires de l’État, peuvent-ils se déchirer avec autant de violence dans le processus de désignation d’un candidat ?
On prétend qu’avec le projet de Constitution qu’on a peaufiné (qui est bizarrement passé du régime parlementaire au régime d’inspiration parlementaire !), le centre de décision du pouvoir déménagera sensiblement de la Présidence de la République à la Primature et on se querelle sur la question de la candidature unique à la présidentielle !
Il y a manifestement là une incohérence ou une posture de mauvaise foi éclatante : si c’est une équipe qui doit diriger et si le Premier ministre devra être responsable devant le parlement, on ne voit pas pourquoi s’acharner à se disputer la candidature unique à la présidence qui, plus est, est destinée à périr après avoir réussi à assurer une transition.
Un signal fort vient d’être envoyé au peuple sénégalais : nous sommes tous alertés sur les intentions occultes des membres de BENNO. Si ces gens étaient vraiment décidés à gouverner ensemble et à appliquer les conclusions de leurs Assises, ils n’auraient pas autant de difficultés à réaliser l’unité et le rassemblement dont on dit qu’elle constitue l’esprit et l’âme des Assisses et de BENNO.
Si donc on a choisi de façon si clandestine (au regard de la logique démocratique) un candidat, c’est soit parce qu’on est convaincu que les élites font toujours le meilleur choix que les peuples, soit parce qu’on n’a pas confiance en celui qui est le plus représentatif.
Dans le premier cas, on fait pire que ce que l’on reproche à Wade, car c’est ce qu’on appelle aristocratie ou oligarchie que d’élire un candidat par de « grands électeurs » qui n’ont comme mérite que le fait d’être des chefs de factions d’idéologues.
Dans le second cas, le fait de mentir au peuple en lui faisant croire qu’on est dans une unité (avec des personnes en qui on n’a aucune confiance) disqualifie définitivement les membres de BENNO quant à leur prétention de s’activer pour le bien du peuple.
Au nom de quelle logique démocratique veut-on que ceux qu’on appelle emphatiquement et frauduleusement des « faiseurs de roi » devraient-ils décider du destin d’une coalition qui renferme des partis de masse ?
La leçon que le peuple sénégalais peut en tirer est que la démocratie au nom de laquelle on prétend combattre Wade, n’est pas le problème de ces mages politiques.
Historiquement les partis de gauche, dans tous les pays du monde, excellent dans le lobbying, dans les réseaux occultes et nocturnes, dans les pratiques sordides et dans les combines.
Accéder au pouvoir sans être légitime est une grande arnaque démocratique : on ne peut pas parler au nom du peuple, prétendre se battre pour son salut et passer toute son existence politique à trouver des feintes pour ne pas se soumettre à la sanction des urnes, au suffrage de ses concitoyens.
Il ne faut pas réinventer la démocratie, il ne faut pas ruser avec la volonté populaire parce qu’elles sont sacrées. La voix du peuple est la voix de Dieu, la voix des élites n’a aucune espèce de légitimité populaire.
Voilà pourquoi l’échec de BENNO est une sorte de justice divine immanente : désormais le peuple connaît la façon de penser et d’agir des principaux animateurs de BENNO.
L’esprit même des réformes institutionnelles prévues par cette structure est une sorte de conversion de type nietzschéen : ne pas pouvoir est converti en ne pas vouloir. Ils aiment le pouvoir et le régime présidentiel, mais la nature peu sincère de leur union ne leur permettait pas d’avoir de telles ambitions.
Aussi, ont-ils vilipendé et injurié le régime présidentiel et embarqué les gens dans le navire ivre qu’est l’illusion d’un régime hybride source future de toutes sortes d’armes pour les experts en combines politiques.
Il faut dire la vérité au peuple sénégalais, car il le mérite : les manœuvriers ont déduit de leurs propres actes qu’élire Tanor comportait le risque de ne jamais voir une chimère de régime d’inspiration parlementaire parce que l’histoire même du parti socialiste s’est faite contre le régime parlementaire.
Ils savent parfaitement que Tanor a compris leur tactique et a certainement trouvé une parade à leurs calculs politiques. Un homme qui réussi à survivre aux défections des grands caciques du régime socialistes est malaisément manipulable : il est assez aguerri pour ne pas comprendre les agissements souterrains des politiciens.
Beaumarchais a bien résumé le duel à distance entre les différents protagonistes dans cette affaire : « Feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce que l'on ignore... voilà toute la politique ». Ils savaient tous que ce qui devrait arriver arrivera forcément, mais ils ont fermé les yeux et ont entrepris de tromper le peuple.
En réalité, le plan de BENNO était d’articuler sa stratégie sur les aventures d’une crise politique pré-électorale et sur l’éventualité d’un retrait de la candidature de Wade.
On croyait qu’à force d’acculer le régime par l’ampleur des intrigues et des combines mesquines on mobilisera des foules dociles à commettre des forfaits qui raccourciraient les chemins du pouvoir.
On a misé sur une sorte d’immaturité du peuple qui consisterait à prendre la résolution irréfléchie et aventurière d’abimer sa république pour assouvir la soif de pouvoir de quelques illuminés.
La stratégie de BENNO consistait en réalité à dérouler un plan sinistre d’invalidation populaire de la candidature de Wade en lieu et place des institutions naturellement destinées à le faire.
Une telle invalidation rendrait la tâche plus facile à BENNO, car face à ce camp il y aurait une famille libérale fortement émiettée et complètement déboussolée par la retraite anticipée et tragique de son leader naturel.
Sur l’autel des calculs politiques chauvins et irrévérencieux à l’endroit du peuple sénégalais ce dernier a présentement l’occasion de sacrifier, une bonne fois pour toutes, les imposteurs qui prétextaient de ses difficultés pour échafauder des plans antidémocratiques.
Tout le monde le sait, BENNO est une sorte de mausolée de frustrations politiques : l’essentiel des membres de cette association sont d’anciens collaborateurs de Wade.
C’est comme si on a créé cette structure pour servir de déversoir destiné à capter tous ceux que les vagues de l’alternance ont jetés hors des rivages du pouvoir. Il est symptomatique de constater que tous ceux qui sont avec Niass et qui ont inventé sa désignation comme candidat de BENNO sont des limogés du régime de Wade : les cagoules commencent à tomber et la lisibilité devient plus facile.
Et au regard de la façon absolument antidémocratique dont ils accompli la prouesse de désigner le candidat le moins pourvu en termes de charisme et surtout de légitimité prouve parfaitement la nature de cette structure qu’on appelle BENNO.
Comment peut-on, en effet, reconnaître qu’il n’y a pas de consensus sur le mode de désignation du candidat de l’unité et du rassemblement et s’autoriser en même temps un choix qui défie tous les principes élémentaires de la démocratie ?
On va affronter le régime de Wade pour remporter le suffrage des Sénégalais et on exige du parti le plus populaire qu’il se range derrière un candidat choisi suivant des critères qui foulent aux pieds le principe même de la représentativité politique !
Tout cela veut dire que la volonté populaire n’a point de sens et de valeur pour ces gens, cela veut dire qu’ils se croient nantis de qualités intellectuelles et de vertus telles qu’ils sont habilités à savoir et à vouloir ce qui est le meilleur pour le peuple.
Pourquoi n’a-t-on pas cherché à voir et à comprendre ce que le peuple en pense ? Cette façon de procéder est révélatrice de la mentalité qui prévaut dans cette structure : on pense à la place du peuple, on le prend en otage, on lui prête des intentions et une adhésion à des chimères.
Ce que tout cela fait voir de façon manifeste aujourd’hui c’est que BENNO est une assemblée de comploteurs et de manœuvriers capables de choisir un cheval borgne à la place d’un cheval bien-voyant.
Quand on est capable de choisir un candidat à la présidentielle pour une coalition sans critères démocratiques, on n’a aucune crédibilité politique, on n’a que peu de respect pour la volonté populaire.
Parce qu’il y a des bureaucrates et des « experts champions » en bonne gouvernance et en éthique, on ne tient pas compte des questions d’électorat ou on en fait des questions secondaires.
Voilà exactement pourquoi le peuple a toutes les raisons de faire preuve d’une extrême vigilance et de méfiance à l’égard de ces néo-prophètes qui excellent dans l’art de prendre les airs d’un Messie collectif.
Car ce que cette manœuvre qui a abouti au choix de Niass a montré de façon claire c’est qu’on a affaire avec des gens qui sont capables de faire du peuple et de sa volonté un instrument politique.
Maintenant c’est clair que la question de la réforme des institutions n’était qu’un leurre destiné à maquiller une absence morbide d’alternative crédible à ce que le régime de Wade est en train de faire.
On n’a jamais choisi un régime parlementaire ou d’inspiration parlementaire parce qu’on était convaincu de sa fonctionnalité, de son efficience pour notre pays et de ses vertus intrinsèques.
On a simplement imaginé ce clone politique parce qu’on n’avait pas ce par quoi la carrière politique se forge et s’affine : le charisme d’un homme qui suscite respect, admiration et enthousiasme parmi ses concitoyens. Les institutions que BENNO a imaginées ne sont que des instruments politiques pour dérouler un plan de liquidation de la démocratie et du régime libéral : transformer ses faiblesses en force à la manière de tout imposteur.
Ne pouvant produire ou proposer un homme capable de faire rêver ou de magnétiser les foules par la force de sa personnalité, on a dit qu’une telle personnalité n’est pas souhaitable pour notre pays, pire qu’elle est révolue.
Á travers les esquisses d’une réforme institutionnelle BENNO a passé tout son temps à ourdir un complot contre un homme et son régime : ils ne sont en rien contre le présidentialisme ; et c’est faire preuve de crédulité extrême que d’attendre de ces gens qu’ils gouvernent ce pays d’une autre manière.
Dans les structures de leur parti, dans le fonctionnement de ceux-ci et dans leurs mœurs, il est aisé de percevoir les symptômes irréversibles d’un présidentialisme plus outrancier que celui de Wade.
Il faut dire que BENNO a jusqu’ici travailler pour Wade : si cette coalition avait clairement décliné sa volonté ou dit simplement la vérité au peuple sénégalais celui-ci lui accorderait certainement plus de crédit.
Maintenant que le média-mensonge qui a construit le mythe BENNO s’est écroulé, c’est tout leur espoir d’arriver au pouvoir qui s’est fondu comme du beurre au soleil.
Face à l’acharnement de ses adversaires Charles de Gaulle leur lança un jour cette phrase énigmatique : « Quelle que soit votre impatience de me voir partir, il vous faudra attendre trois ans. Si Dieu me prête vie, bien entendu. Mais comme vous ne l'ignorerez pas... Dieu est gaulliste ».
Il y a de grandes chances d’entendre Wade paraphraser de Gaulle bien au-delà de 2012 car le peuple sait maintenant que Wade est précisément le problème de BENNO : cet échec de BENNO est probablement une justice divine.
Toute la littérature contenue dans les Assises, toute la fertilité politique qui a rythmé la vie de cette coalition en termes de séminaires et de réunions creuses, avaient un seul objectif : barrer la route de façon non démocratique à un adversaire redoutable.
Maintenant que les masques sont tombés il faut s’attendre à ce que le peuple leur fasse payer leur crime : ils ont passé huit longues années à parler au nom de tout un peuple en se confinant dans un univers aussi exigu (au regard de ce qu’est un peuple) que les salons d’Amath Dansokho, ce forfait ne sera pas impuni.
Pape Sadio THIAM
Journaliste
Chercheur en Sciences Politiques
77 242 50 18/76 587 01 63
thiampapesadio@yahoo.fr
On a confiné le peuple sénégalais et les médias dans l’étroite illusion que derrière une pseudo-unité programmatique, il y avait une unité politique, et la randonnée vers les sommets de la mauvaise foi a vite atteint ses limites objectives.
Non seulement il n’y a pas eu une candidature de l’unité et du rassemblement, mais la discorde sur les critères de la désignation dudit candidat a fait apparaître l’étendue de la supercherie dont on a fait preuve au début et à la fin de cette agrégation aberrante de partis politiques.
Tandis que leur adversaire du pouvoir et les plus sérieux observateurs de la scène politique s’acharnaient à leur faire observer que l’élection présidentielle est une rencontre entre un homme porteur d’un rêve ou d’un projet avec son peuple, ils persévéraient dans leur entreprise de mystification.
Adossés à ce qu’ils considèrent comme leur Bible politique, à savoir les conclusions des Assises, ils ont voulu masquer leur défaut de légitimité et de charisme en persistant à chercher à persuader leur propre moi de l’urgence et de l’opportunité de constituer une équipe pour aller briguer le suffrage des Sénégalais.
Comme un disque rayé, leur discours politique consistera à radoter partout la même absurdité : l’ère des Présidents héros est caduque, on ne peut plus gagner des élections seul, etc.
Sans qu’aucune étude historique, de science politique ou de sociologie, permette une telle inférence, on a voulu l’imposer au peuple et éviter ainsi l’exigence minimale en démocratie, à savoir la compétition entre les hommes politiques avec leur image et leur programme.
Maintenant que les masques sont tombés et que le peuple sénégalais a compris que l’esprit de BENNO n’a jamais prévalu ni dans un quelconque programme politique, ni dans l’unité de ses membres, on veut étouffer le scandale en déplaçant les enjeux.
Comment des gens qui prétendent que c’est désormais l’esprit d’équipe qui devra être de rigueur dans la gestion des affaires de l’État, peuvent-ils se déchirer avec autant de violence dans le processus de désignation d’un candidat ?
On prétend qu’avec le projet de Constitution qu’on a peaufiné (qui est bizarrement passé du régime parlementaire au régime d’inspiration parlementaire !), le centre de décision du pouvoir déménagera sensiblement de la Présidence de la République à la Primature et on se querelle sur la question de la candidature unique à la présidentielle !
Il y a manifestement là une incohérence ou une posture de mauvaise foi éclatante : si c’est une équipe qui doit diriger et si le Premier ministre devra être responsable devant le parlement, on ne voit pas pourquoi s’acharner à se disputer la candidature unique à la présidence qui, plus est, est destinée à périr après avoir réussi à assurer une transition.
Un signal fort vient d’être envoyé au peuple sénégalais : nous sommes tous alertés sur les intentions occultes des membres de BENNO. Si ces gens étaient vraiment décidés à gouverner ensemble et à appliquer les conclusions de leurs Assises, ils n’auraient pas autant de difficultés à réaliser l’unité et le rassemblement dont on dit qu’elle constitue l’esprit et l’âme des Assisses et de BENNO.
Si donc on a choisi de façon si clandestine (au regard de la logique démocratique) un candidat, c’est soit parce qu’on est convaincu que les élites font toujours le meilleur choix que les peuples, soit parce qu’on n’a pas confiance en celui qui est le plus représentatif.
Dans le premier cas, on fait pire que ce que l’on reproche à Wade, car c’est ce qu’on appelle aristocratie ou oligarchie que d’élire un candidat par de « grands électeurs » qui n’ont comme mérite que le fait d’être des chefs de factions d’idéologues.
Dans le second cas, le fait de mentir au peuple en lui faisant croire qu’on est dans une unité (avec des personnes en qui on n’a aucune confiance) disqualifie définitivement les membres de BENNO quant à leur prétention de s’activer pour le bien du peuple.
Au nom de quelle logique démocratique veut-on que ceux qu’on appelle emphatiquement et frauduleusement des « faiseurs de roi » devraient-ils décider du destin d’une coalition qui renferme des partis de masse ?
La leçon que le peuple sénégalais peut en tirer est que la démocratie au nom de laquelle on prétend combattre Wade, n’est pas le problème de ces mages politiques.
Historiquement les partis de gauche, dans tous les pays du monde, excellent dans le lobbying, dans les réseaux occultes et nocturnes, dans les pratiques sordides et dans les combines.
Accéder au pouvoir sans être légitime est une grande arnaque démocratique : on ne peut pas parler au nom du peuple, prétendre se battre pour son salut et passer toute son existence politique à trouver des feintes pour ne pas se soumettre à la sanction des urnes, au suffrage de ses concitoyens.
Il ne faut pas réinventer la démocratie, il ne faut pas ruser avec la volonté populaire parce qu’elles sont sacrées. La voix du peuple est la voix de Dieu, la voix des élites n’a aucune espèce de légitimité populaire.
Voilà pourquoi l’échec de BENNO est une sorte de justice divine immanente : désormais le peuple connaît la façon de penser et d’agir des principaux animateurs de BENNO.
L’esprit même des réformes institutionnelles prévues par cette structure est une sorte de conversion de type nietzschéen : ne pas pouvoir est converti en ne pas vouloir. Ils aiment le pouvoir et le régime présidentiel, mais la nature peu sincère de leur union ne leur permettait pas d’avoir de telles ambitions.
Aussi, ont-ils vilipendé et injurié le régime présidentiel et embarqué les gens dans le navire ivre qu’est l’illusion d’un régime hybride source future de toutes sortes d’armes pour les experts en combines politiques.
Il faut dire la vérité au peuple sénégalais, car il le mérite : les manœuvriers ont déduit de leurs propres actes qu’élire Tanor comportait le risque de ne jamais voir une chimère de régime d’inspiration parlementaire parce que l’histoire même du parti socialiste s’est faite contre le régime parlementaire.
Ils savent parfaitement que Tanor a compris leur tactique et a certainement trouvé une parade à leurs calculs politiques. Un homme qui réussi à survivre aux défections des grands caciques du régime socialistes est malaisément manipulable : il est assez aguerri pour ne pas comprendre les agissements souterrains des politiciens.
Beaumarchais a bien résumé le duel à distance entre les différents protagonistes dans cette affaire : « Feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce que l'on ignore... voilà toute la politique ». Ils savaient tous que ce qui devrait arriver arrivera forcément, mais ils ont fermé les yeux et ont entrepris de tromper le peuple.
En réalité, le plan de BENNO était d’articuler sa stratégie sur les aventures d’une crise politique pré-électorale et sur l’éventualité d’un retrait de la candidature de Wade.
On croyait qu’à force d’acculer le régime par l’ampleur des intrigues et des combines mesquines on mobilisera des foules dociles à commettre des forfaits qui raccourciraient les chemins du pouvoir.
On a misé sur une sorte d’immaturité du peuple qui consisterait à prendre la résolution irréfléchie et aventurière d’abimer sa république pour assouvir la soif de pouvoir de quelques illuminés.
La stratégie de BENNO consistait en réalité à dérouler un plan sinistre d’invalidation populaire de la candidature de Wade en lieu et place des institutions naturellement destinées à le faire.
Une telle invalidation rendrait la tâche plus facile à BENNO, car face à ce camp il y aurait une famille libérale fortement émiettée et complètement déboussolée par la retraite anticipée et tragique de son leader naturel.
Sur l’autel des calculs politiques chauvins et irrévérencieux à l’endroit du peuple sénégalais ce dernier a présentement l’occasion de sacrifier, une bonne fois pour toutes, les imposteurs qui prétextaient de ses difficultés pour échafauder des plans antidémocratiques.
Tout le monde le sait, BENNO est une sorte de mausolée de frustrations politiques : l’essentiel des membres de cette association sont d’anciens collaborateurs de Wade.
C’est comme si on a créé cette structure pour servir de déversoir destiné à capter tous ceux que les vagues de l’alternance ont jetés hors des rivages du pouvoir. Il est symptomatique de constater que tous ceux qui sont avec Niass et qui ont inventé sa désignation comme candidat de BENNO sont des limogés du régime de Wade : les cagoules commencent à tomber et la lisibilité devient plus facile.
Et au regard de la façon absolument antidémocratique dont ils accompli la prouesse de désigner le candidat le moins pourvu en termes de charisme et surtout de légitimité prouve parfaitement la nature de cette structure qu’on appelle BENNO.
Comment peut-on, en effet, reconnaître qu’il n’y a pas de consensus sur le mode de désignation du candidat de l’unité et du rassemblement et s’autoriser en même temps un choix qui défie tous les principes élémentaires de la démocratie ?
On va affronter le régime de Wade pour remporter le suffrage des Sénégalais et on exige du parti le plus populaire qu’il se range derrière un candidat choisi suivant des critères qui foulent aux pieds le principe même de la représentativité politique !
Tout cela veut dire que la volonté populaire n’a point de sens et de valeur pour ces gens, cela veut dire qu’ils se croient nantis de qualités intellectuelles et de vertus telles qu’ils sont habilités à savoir et à vouloir ce qui est le meilleur pour le peuple.
Pourquoi n’a-t-on pas cherché à voir et à comprendre ce que le peuple en pense ? Cette façon de procéder est révélatrice de la mentalité qui prévaut dans cette structure : on pense à la place du peuple, on le prend en otage, on lui prête des intentions et une adhésion à des chimères.
Ce que tout cela fait voir de façon manifeste aujourd’hui c’est que BENNO est une assemblée de comploteurs et de manœuvriers capables de choisir un cheval borgne à la place d’un cheval bien-voyant.
Quand on est capable de choisir un candidat à la présidentielle pour une coalition sans critères démocratiques, on n’a aucune crédibilité politique, on n’a que peu de respect pour la volonté populaire.
Parce qu’il y a des bureaucrates et des « experts champions » en bonne gouvernance et en éthique, on ne tient pas compte des questions d’électorat ou on en fait des questions secondaires.
Voilà exactement pourquoi le peuple a toutes les raisons de faire preuve d’une extrême vigilance et de méfiance à l’égard de ces néo-prophètes qui excellent dans l’art de prendre les airs d’un Messie collectif.
Car ce que cette manœuvre qui a abouti au choix de Niass a montré de façon claire c’est qu’on a affaire avec des gens qui sont capables de faire du peuple et de sa volonté un instrument politique.
Maintenant c’est clair que la question de la réforme des institutions n’était qu’un leurre destiné à maquiller une absence morbide d’alternative crédible à ce que le régime de Wade est en train de faire.
On n’a jamais choisi un régime parlementaire ou d’inspiration parlementaire parce qu’on était convaincu de sa fonctionnalité, de son efficience pour notre pays et de ses vertus intrinsèques.
On a simplement imaginé ce clone politique parce qu’on n’avait pas ce par quoi la carrière politique se forge et s’affine : le charisme d’un homme qui suscite respect, admiration et enthousiasme parmi ses concitoyens. Les institutions que BENNO a imaginées ne sont que des instruments politiques pour dérouler un plan de liquidation de la démocratie et du régime libéral : transformer ses faiblesses en force à la manière de tout imposteur.
Ne pouvant produire ou proposer un homme capable de faire rêver ou de magnétiser les foules par la force de sa personnalité, on a dit qu’une telle personnalité n’est pas souhaitable pour notre pays, pire qu’elle est révolue.
Á travers les esquisses d’une réforme institutionnelle BENNO a passé tout son temps à ourdir un complot contre un homme et son régime : ils ne sont en rien contre le présidentialisme ; et c’est faire preuve de crédulité extrême que d’attendre de ces gens qu’ils gouvernent ce pays d’une autre manière.
Dans les structures de leur parti, dans le fonctionnement de ceux-ci et dans leurs mœurs, il est aisé de percevoir les symptômes irréversibles d’un présidentialisme plus outrancier que celui de Wade.
Il faut dire que BENNO a jusqu’ici travailler pour Wade : si cette coalition avait clairement décliné sa volonté ou dit simplement la vérité au peuple sénégalais celui-ci lui accorderait certainement plus de crédit.
Maintenant que le média-mensonge qui a construit le mythe BENNO s’est écroulé, c’est tout leur espoir d’arriver au pouvoir qui s’est fondu comme du beurre au soleil.
Face à l’acharnement de ses adversaires Charles de Gaulle leur lança un jour cette phrase énigmatique : « Quelle que soit votre impatience de me voir partir, il vous faudra attendre trois ans. Si Dieu me prête vie, bien entendu. Mais comme vous ne l'ignorerez pas... Dieu est gaulliste ».
Il y a de grandes chances d’entendre Wade paraphraser de Gaulle bien au-delà de 2012 car le peuple sait maintenant que Wade est précisément le problème de BENNO : cet échec de BENNO est probablement une justice divine.
Toute la littérature contenue dans les Assises, toute la fertilité politique qui a rythmé la vie de cette coalition en termes de séminaires et de réunions creuses, avaient un seul objectif : barrer la route de façon non démocratique à un adversaire redoutable.
Maintenant que les masques sont tombés il faut s’attendre à ce que le peuple leur fasse payer leur crime : ils ont passé huit longues années à parler au nom de tout un peuple en se confinant dans un univers aussi exigu (au regard de ce qu’est un peuple) que les salons d’Amath Dansokho, ce forfait ne sera pas impuni.
Pape Sadio THIAM
Journaliste
Chercheur en Sciences Politiques
77 242 50 18/76 587 01 63
thiampapesadio@yahoo.fr
Autres articles
-
La citoyenneté, socle de la rupture systémique (Par Bocar Kâne)
-
Analyse du rachat supposé de la Société générale sénégalaise par l'Etat du Sénégal SÉNÉGAL PAR L'ÉTAT DU SÉNÉGAL
-
Alerte : René Capain Basséne très mal en point après son admission à l’hôpital (Famille)
-
Proclamation des résultats des élections : l'expert électoral Ndiaga Sylla relève des manquements
-
SONKO, L’HUMORISTE ET LE BALCON (Par BACARY DOMINGO MANE)