16h30. Il y a une légère accalmie et notre correspondant en profite pour se rendre dans le quartier de Kanyosha. Un homme debout devant sa maison sur la 5e avenue explique que les violences ont commencé jeudi avec un meeting du parti au pouvoir. « Il y avait un meeting là-bas du CNDD-FDD, explique-t-il. Des jeunes ont voulu bloquer ceux qui allaient au meeting, ils ont bloqué les routes et puis les policiers sont venus et ils ont tiré. »
Les coups de feu ont ainsi repris. Notre correspondant rapporte une véritable scène de guérilla urbaine. Des centaines de jeunes manifestants armés de pierres se lancent à l’assaut de policiers qui répliquent à la kalachnikov. Parfois on entend une arme plus lourde.
L’homme de la 5e avenue n’en revient pas. Selon lui, la situation a évolué depuis le début des manifestations : « Maintenant, ils tirent avec des balles réelles sur la population, ça, ce n’est pas normal. » Les jeunes manifestants sont eux aussi de plus en plus organisés, ils appellent les renforts à coup de sifflet, plongent par terre dès que les policiers tirent, se cachent derrière des abris improvisés. Une véritable guerre rangée qui s’est déroulée jusqu’en début de soirée.
Pas de ménagement pour les femmes
En centre-ville, une semaine après avoir réussi à être les premières à manifester sur la place de l'Indépendance à Bujumbura, les femmes burundaises ont tenté de rééditer leur coup ce jeudi. Elles se sont approchées par petits groupes, mais la police a été intraitable cette fois. Pas d’hésitation, plus question de parlementer, les policiers burundais ont tout de suite lancé une grenade lacrymogène au milieu des jeunes filles sans un mot et sans les sommations d’usages.
La vingtaine de jeunes filles qui tentaient de manifester contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza se sont alors dispersées. Quatre d’entre elles se sont retrouvées autour de l’une d’entre elles qui larmoyait de l’autre côté de la place de l’Indépendance en plein cœur de Bujumbura, lorsqu’un groupe de policier leur est tombé dessus et s’est jeté sur elles. « Il faut qu’on nous dise pourquoi on a été frappées. Moi j’ai été frappée ici dans le dos, je ne sais pas pourquoi. C’est injuste », se plaint une première. « On était en groupe et on a commencé à nous encercler et ils ont commencé à nous frapper comme ça, on n’avait rien fait », explique une seconde.
Une fois à l’abri Jeannine la vingtaine s’est indignée des nouvelles méthodes de la police burundaise. Depuis deux jours, ces hommes ne portent plus de tenue anti-émeutes, casques boucliers et autres matraques, mais bien leurs kalachnikovs. « Nous n’avons même pas une pierre, mais ils viennent, ils tirent sur nous à balle réelle c’est pourquoi ils n’ont pas besoin de porter de protection », dénonce-t-elle. La brutalité semble avoir payé ce jeudi. Aucune manifestante n’a plus osé s’approcher de la place de l’Indépendance.
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