« Roch, Salif et Simon en train de manifester avec nos opposants pour demander à Blaise de partir en 2015, cela a quelque chose de surréaliste, je ne peux pas y croire. » A l’instar d’Aboubacar, un étudiant, ils étaient nombreux, les habitants de Ouagadougou, à attendre le départ de la marche pour voir si les trois anciens leaders historiques du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) seraient bien là, si après leur démission fracassante du parti au pouvoir, ils rejoignaient bel et bien l’opposition.
Quelques leaders de la société civile, comme le rappeur Smockey, du Balai citoyen, sont aussi dans la danse. « En avant pour une démocratie vraie, notre nombre est une force » a-t-il lancé dans un appel à la mobilisation. Pas de doute, cette manifestation du 18 janvier est un test. « Si les gens sortent massivement, un nouveau rapport de force peut s’établir. Il y aura un avant et un après », prédisait Zephirin Diabré, le chef de file de l’opposition, peu avant le rassemblement.
Jules, Aboubacar, Harouna et Arnaud, comme beaucoup d’étudiants de Ouaga II, se sont donnés rendez-vous place de la Nation : « Blaise Compaoré a dit qu’aucune machine n’a modifié une loi. Mais nous, grâce à notre détermination, nous allons l’amener à renoncer ou à modifier l’article 37. Aux Etats-Unis aujourd’hui, on ne se pose même pas la question à savoir si Obama va changer la Constitution pour se représenter oui ou non. C’est exactement ce qu’on veut au Burkina Faso. »
Démocratie mature
« Il n’y a pas de vrais opposants ici au Burkina Faso, estime pour sa part Boubacar, un chauffeur de taxi ouagalais. Ils courent juste pour le pouvoir. Les trois qui viennent de quitter [le CDP, Roch Christian Kaboré, Salif Diallo et Simon Compaoré, ndlr], ce n’est pas à cause de l’article 37 ou le Sénat. Non. Ils ont démissionné à cause uniquement de leur intérêt. C’est pourquoi ça que je soutiens Blaise Compaoré pour qu’il se présente. Il arrange le pays. C’est un pays de la paix. On n’a pas de problèmes. En tout cas, c’est mon choix parce que je suis derrière lui. »
Du côté du gouvernement, on affiche la sérénité. « Cette manifestation est autorisée. C’est un signe du degré de maturité de notre démocratie, a déclaré le Premier ministre Luc Adolphe Tiao, nous souhaitons seulement que tout se passe dans l’ordre et la sécurité. »
Source : Rfi.fr
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