Ce n’est plus « un coup KO », mais un KO tout court. Ces derniers jours, Roch Marc Christian Kaboré, sûr de sa force, répétait en boucle qu'il gagnerait dès le premier tour. Ses prévisions se sont donc révélées exactes. Peut-être même au-delà de ses espérances. Selon les résultats provisoires annoncés lundi 29 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a été élu président de la République dès le premier tour à la majorité absolue avec le score de 53,49 % des voix. Son rival et principal adversaire, Zéphirin Diabré, candidat de l’Union du peuple pour le changement (UPC), arrive loin derrière avec 29,65 % des voix.
Ces résultats doivent désormais être validés par le Conseil constitutionnel pour être officialisés, mais avant même la proclamation des chiffres, Diabré s’était rendu chez son adversaire pour reconnaître sa défaite et féliciter le vainqueur.
Entre les deux hommes, il n’y a pas eu match. Leur duel au second tour, pronostiqué par de nombreux observateurs, a finalement eu lieu dès le premier. Les douze autres candidats à la présidentielle n’ont pas existé. Le troisième candidat, Tahirou Barry, du Parti pour la renaissance nationale (Paren) a récolté seulement 3,09 %, bien loin de la barre des 5%. Les autres se partagent les miettes.
Les nouveaux maîtres du Faso
Cette victoire de « Roch » est d’autant plus éclatante qu’elle a mobilisé la majorité des 5,5 millions d’électeurs appelés dimanche aux urnes. Selon les organisateurs et les observateurs, cette élection couplée inédite et historique, organisée un peu plus d’un an après la chute de Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014, s'est globalement bien déroulée. Aucune fraude ni incident majeur n’ont été rapportés par les responsables de la Céni. Les principaux candidats à la présidentielle, dont le perdant Zéphirin Diabré, avaient affirmé avant le vote qu’ils se plieraient aux résultats sortis des urnes.
Un score « soviétique »
Dans leur QG de campagne, les dirigeants du MPP étaient convaincus de leur victoire dès dimanche soir, alors que les premiers résultats commençaient à peine à tomber. « C’est une vague orange (la couleur du parti, NDLR) qui s’annonce, notre score va être soviétique », jubilait alors un proche de Kaboré. Lundi, à la mi-journée, l’heure était déjà aux préparatifs pour célébrer leur victoire électorale. « Les Burkinabè de toutes les couches sociales ont massivement adhéré à notre programme et à notre parti. Nous savions que nous allions gagner dès le premier tour avec la majorité absolue », se félicite un autre cadre du MPP.
Dans les rangs du vaincus, cette lourde défaite est évidemment difficile à digérer. Ancien leader de l’opposition à Blaise Compaoré depuis 2012, Zéphirin Diabré s’est fait doubler dans la dernière ligne droite par son adversaire du MPP, longtemps considéré comme l’héritier de l’ex-président avant de claquer la porte du régime en janvier 2014. « Nous ne pensions évidemment pas perdre. Mais si tout le monde affirme que l’élection s’est correctement déroulée, nous reconnaitrons notre défaite », se contente de commenter un cadre de l’UPC. À 58 ans, Roch Kaboré a, lui, réussi son pari : voler de ses propres ailes jusqu’au palais de Kosyam.
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