Il est un peu plus de 7h ce matin à Mora lorsque la première charge explosive se fait entendre près du marché. Une deuxième, 200 mètres plus loin, va retentir quelques minutes plus tard. La panique et la confusion s'installent aussitôt dans la ville.
Mora, chef-lieu du département du Mayo-Sava, vient à son tour et pour la première fois d'être frappé par un double attentat-suicide. Passée la panique, les premiers éléments de l'enquête informent que la ville vient en fait d'échapper à ce qui aurait pu être un vrai carnage.
Contacté par RFI, le ministre de la Communication relate qu'un policier particulièrement alerte a repéré les suspects et a entrepris de les fouiller. Les kamikazes et leurs accompagnateurs présumés, qui évoluaient en bandes distinctes, ont alors déclenché les charges dans la précipitation. Ils marchaient en direction du marché qui, le dimanche, est généralement bondé.
Le bilan de ce double attentat est donc finalement de cinq morts, dont le policier déjà présenté comme un héros, ainsi que les deux kamikazes et leurs accompagnateurs respectifs. Mora est depuis lors lourdement quadrillé par les forces de défense et de sécurité.
Mora au cœur du dispositif de défense des forces armées
Mora, chef-lieu du département du Mayo-Sava était relativement épargné, la ville de 60 000 habitants étant au cœur du dispositif de défense des forces armées camerounaises depuis le déclenchement de la guerre contre Boko Haram. Ici sont en effet stationnés outre les éléments d’un détachement de la brigade d’infanterie motorisée, les 3 000 soldats de l’opération conjointe Cameroun-Tchad baptisée Logone 2015.
Mora a également été choisie pour être la base du secteur 1 de la force multinationale mixte en cours de déploiement avec 1 550 soldats. C’est donc une ville qui a toujours été une sorte de forteresse dans une région de l’extrême nord sous la pression permanente des jihadistes de Boko Haram. Située à une quarantaine de kilomètres, la frontière avec le Nigeria, la ville a néanmoins vu ces dernières semaines la menace se préciser autour d’elle. Les attentats dans les localités voisines de Kerawa et Kolofata ont conduit à un surcroit de vigilance. Mais finalement pas assez pour empêcher que les islamistes de Boko Haram n’y tentent un coup de force.
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