La cathédrale Saint-Joseph se situe juste à côté de l'évêché et d'une école privée. C'est là que depuis plusieurs semaines se sont réfugiées des milliers de personnes fuyant les violences entre Seleka et anti-balaka. Ce lundi, cette cathédrale et ses abords ont été directement visés par des combattants musulmans.
Selon un prêtre réfugié dans le presbytère, les tirs ont débuté à 15h45 (heure locale), précédés d'un appel annonçant l'attaque contre ce symbole de la chrétienté. Selon ce prêtre, qui a pu se cacher, plusieurs dizaines de personnes ont trouvé refuge dans le presbytère et dans les chambres avoisinantes. Il témoigne dans la panique et la peur : « Des musulmans tirent des coups de feu. Nous n’avons personne pour nous aider. Nous sommes réfugiés au presbytère. Il y a déjà un mort au presbytère. »
Le Drian maintient son programme
Le prêtre, réfugié dans le presbytère de la cathédrale Saint-Joseph de Bambari, évoque un mort et plusieurs blessés graves. De source médicale, RFI a eu la confirmation de 11 blessés, 7 adulte s et 4 enfants. Le bilan pourrait être plus lourd en raison de la violence de l'agression.
Le prêtre dit son désarroi face à l'absence apparente d'intervention militaire française ou africaine. Toutefois, selon un porte-parole de la Misca et un porte-parole de Sangaris, il y a eu un sérieux accrochage entre des assaillants venant du nord de la ville, armés d'AK47, et des militaires français. Deux hélicoptères ont survolé la ville, mais malgré la nuit qui est tombée, les attaques contre les populations des quartiers alentours de l'évêché se poursuivaient en soirée. Cette attaque serait intervenue en représailles d'une précédente attaque des anti-balaka contre des populations musulmanes de Bambari.
Plusieurs autres attaques ont eu lieu dans le centre et le nord du pays ces dernières 48 heures. Entre autres, l'explosion d'une grenade dans une mosquée à Paoua, à la frontière nord avec le Tchad, mais aussi, selon des témoignages concordants, le meurtre d'un jeune musulman lundi en début d'après-midi.
Trente-quatre musulmans ont été blessés. Et c'est dans ce climat globalement très tendu que le ministre français de la Défense est arrivé lundi à Bangui. Jean-Yves Le Drian maintient son déplacement mardi à Bambari. Il a rencontré dans la soirée de lundi la présidente de transition Catherine Samba-Panza, et restera deux jours en Centrafrique pour sa septième visite du genre.
Un rendez-vous entre Centrafricains à Brazzaville ?
Avant de décoller vers Bangui, Jean-Yves Le Drian a expliqué les violences actuelles par un processus politique « bloqué ». Selon le ministre, l'arrivée au pouvoir de Catherine Samba-Panza « n'a pas permis la relance du processus politique ». « La politique est en panne », a-t-il expliqué à l'Agence France-Presse. « Mme Samba-Panza a beaucoup de bonne volonté, a précisé M. Le Drian, ce n'est pas elle qui est en cause, mais ça n'aboutit pas. »
En somme, Catherine Samba-Panza apparaît une nouvelle fois sous pression. Le 27 juin, lors du sommet de l'Union africaine organisé à Malabo, ses homologues africains lui adressaient en creux un message similaire, tout en affichant officiellement leur soutien. Les chefs d'Etat du continent lui ont laissé entendre qu'elle devait faire plus et envisager d'ouvrir son gouvernement à la communauté musulmane du nord de la Centrafrique. Un rendez-vous de dialogue inter-centrafricain est annoncé à Brazzaville, au Congo, dans les semaines qui viennent. Une bonne initiative, une « pointe d'espoir », selon Jean-Yves Le Drian.
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■ Vers un réarmement de l'armée centrafricaine
Lundi la cinquième réunion du groupe international de contact sur la République centrafricaine s'est tenue à Addis-Abeba en Ethiopie. Les participants se sont prononcés en faveur de la levée de l'embargo sur les armes. L'objectif : concéder à l'armée centrafricaine un véritable pouvoir.
Déjà vendredi, la présidente Catherine Samba-Panza déclarait que « le réarmement n'est pas tabou ». Le tabou est tombé lundi soir, quand le groupe de contact sur la RCA s'est dit favorable à la levée l'embargo sur les armes.
Pour le Premier ministre, André Nzapayéké, cette décision attendue serait justifiée. « La phase actuelle de notre crise nécessite une plus forte intervention de nos forces de défense et de sécurité. D'abord pour aider les forces internationales à mieux faire leur travail, parce que nos forces connaissent le terrain. En plus, nous approchons des élections. Nous avons besoin de sécuriser les frontières, de sécuriser les populations pour qu'elles puissent mieux participer au processus électoral. Si l'on veut que l'État restaure totalement son autorité sur l'ensemble du territoire, il faut absolument que nous trouvions le moyen graduel de réarmer nos soldats. Nous ne pouvons pas compter éternellement sur les forces internationales. »
Les modalités de cette décision seront discutées lors du forum de Brazzaville à la fin du mois. Ce sera ensuite au conseil de sécurité des Nations unies de trancher.
Source : Rfi.fr
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