Les pays africains ne font pas partie des gros émetteurs, mais l'Afrique est particulièrement touchée par le changement climatique. Anne Laure Sablé de l'ONG CCFD-Terre Solidaire précise : « En Afrique, les conséquences se voient directement, notamment sur le secteur agricole. Les événements climatiques extrêmes sont de plus en plus violents et de plus en plus fréquents. Il y a les sécheresses, et par conséquent une baisse des rendements agricoles. L’accès à l’eau est de plus en plus difficile. Il y a aussi un phénomène de désertification des terres, d’érosion des sols, de perte de fertilité : ce sont des conséquences terribles pour les petits paysans ».
Dirk Forrister est le président de l'Association internationale pour l'échange de droits d'émissions (IETA, International Emissions Trading Association), qui regroupe des centaines d'entreprises. Il est à la table des négociations à Cotonou pour lancer des projets. « Les projets les plus attractifs sont ceux liés aux énergies renouvelables : il y une série de projets d'énergies solaire et éolienne qui sont développés en Afrique, détaille-t-il. Nous débattons aussi de projets qui auront deux volets : ils contribuent à atténuer le changement climatique et ils aident les populations à s’adapter. Par exemple, des projets de préservation des forêts qui contribuent à réduire les émissions, mais qui servent aussi à améliorer la qualité de l’eau et à relever d’autres défis concernant l’adaptation au changement climatique ».
L’accord-climat entre en application en 2020. D'ici là, ses différents acteurs définiront, entre autres, l'avenir des marchés du carbone ou de la compensation carbone.
Luca Brusa représente à Cotonou le CCNUCC, l'organisme onusien en charge du climat. « Le prix du carbone ne sera pas forcément déterminé par des mécanismes de marché, explique-t-il. Il peut aussi être basé sur un système de taxation. Il sera donc important de savoir combien coûte une tonne de CO2 puisque la taxe sera en lien avec ce prix. Il est très important que les pays africains apprennent à connaître ces mécanismes et aient les outils pour mesurer leurs émissions et pour mettre un prix. Tout cela demande beaucoup de connaissances technologiques. L’un des objectifs du forum est d’apporter ces connaissances aux participants africains ».
Les marchés du carbone : bons ou mauvais pour les populations ?
Pour de nombreux négociateurs à Cotonou, ces marchés permettent de développer des projets qui sont bons à la fois pour le climat et pour les populations.
Mais ce constat ne fait pas l’unanimité. Pour Maxime Combes, économiste et membre de l'association Attac, les marchés du carbone ont tout faux. « Avec la compensation carbone, avec les marchés du carbone, les pays du Nord ont tendance à ne pas réduire leurs propres émissions et à financer des choses qui ne sont pas réellement de nature à éviter les émissions de gaz à effet de serre dans le pays de Sud, fait-il remarquer. En gros, dans le passé, on remplaçait des unités de production extrêmement polluantes par des unités de production un peu moins polluantes, et la réduction supposée de pollution dans le pays du Sud était financée par des entreprises du Nord. Elles obtenaient des crédits carbone en retour qui pouvaient être utilisés sur le marché du carbone européen ».
Maxime Combes insiste : « Les pays riches doivent effectuer une vraie transition écologique chez eux et financer des projets qui servent vraiment aux populations dans les pays pauvres ». « On sait que l’agroforesterie et l’agroécologie sont des pratiques agricoles qui émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre et qui font vivre beaucoup plus de personnes dans de bonnes conditions que l’agriculture industrielle, poursuit-il. On connaît l’importance des marchés agricoles locaux et nationaux y compris dans les pays africains. Ce sont ces marchés nationaux qu’il faut défendre plutôt que de leur imposer des accords de libre-échange qui sont extrêmement problématiques pour le maintien des productions locales. La préservation des marchés locaux serait beaucoup plus utile pour lutter contre le changement climatique mais aussi pour satisfaire les besoins des populations ».
Luca Brusa du CCNUCC exprime une véritable volonté d'ouverture : « On espère que dans l'avenir, cet événement ne sera plus appelé "forum de carbone", mais "semaine d'action climatique". Ce serait quelque chose comme une petite COP. Nous pensons que nous nous engageons vers une approche plus globale ».
« COP » comme COP 21, la grande conférence sur le climat qui a abouti fin 2015 à l'accord de Paris et ces COP (« Conference of Parties »), qui ont lieu chaque année, abordent en effet cette multitude de questions liées au climat. Non seulement la lutte contre le changement climatique, mais aussi la question : comment faire face si le climat est déjà dégradé ?
Dirk Forrister est le président de l'Association internationale pour l'échange de droits d'émissions (IETA, International Emissions Trading Association), qui regroupe des centaines d'entreprises. Il est à la table des négociations à Cotonou pour lancer des projets. « Les projets les plus attractifs sont ceux liés aux énergies renouvelables : il y une série de projets d'énergies solaire et éolienne qui sont développés en Afrique, détaille-t-il. Nous débattons aussi de projets qui auront deux volets : ils contribuent à atténuer le changement climatique et ils aident les populations à s’adapter. Par exemple, des projets de préservation des forêts qui contribuent à réduire les émissions, mais qui servent aussi à améliorer la qualité de l’eau et à relever d’autres défis concernant l’adaptation au changement climatique ».
L’accord-climat entre en application en 2020. D'ici là, ses différents acteurs définiront, entre autres, l'avenir des marchés du carbone ou de la compensation carbone.
Luca Brusa représente à Cotonou le CCNUCC, l'organisme onusien en charge du climat. « Le prix du carbone ne sera pas forcément déterminé par des mécanismes de marché, explique-t-il. Il peut aussi être basé sur un système de taxation. Il sera donc important de savoir combien coûte une tonne de CO2 puisque la taxe sera en lien avec ce prix. Il est très important que les pays africains apprennent à connaître ces mécanismes et aient les outils pour mesurer leurs émissions et pour mettre un prix. Tout cela demande beaucoup de connaissances technologiques. L’un des objectifs du forum est d’apporter ces connaissances aux participants africains ».
Les marchés du carbone : bons ou mauvais pour les populations ?
Pour de nombreux négociateurs à Cotonou, ces marchés permettent de développer des projets qui sont bons à la fois pour le climat et pour les populations.
Mais ce constat ne fait pas l’unanimité. Pour Maxime Combes, économiste et membre de l'association Attac, les marchés du carbone ont tout faux. « Avec la compensation carbone, avec les marchés du carbone, les pays du Nord ont tendance à ne pas réduire leurs propres émissions et à financer des choses qui ne sont pas réellement de nature à éviter les émissions de gaz à effet de serre dans le pays de Sud, fait-il remarquer. En gros, dans le passé, on remplaçait des unités de production extrêmement polluantes par des unités de production un peu moins polluantes, et la réduction supposée de pollution dans le pays du Sud était financée par des entreprises du Nord. Elles obtenaient des crédits carbone en retour qui pouvaient être utilisés sur le marché du carbone européen ».
Maxime Combes insiste : « Les pays riches doivent effectuer une vraie transition écologique chez eux et financer des projets qui servent vraiment aux populations dans les pays pauvres ». « On sait que l’agroforesterie et l’agroécologie sont des pratiques agricoles qui émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre et qui font vivre beaucoup plus de personnes dans de bonnes conditions que l’agriculture industrielle, poursuit-il. On connaît l’importance des marchés agricoles locaux et nationaux y compris dans les pays africains. Ce sont ces marchés nationaux qu’il faut défendre plutôt que de leur imposer des accords de libre-échange qui sont extrêmement problématiques pour le maintien des productions locales. La préservation des marchés locaux serait beaucoup plus utile pour lutter contre le changement climatique mais aussi pour satisfaire les besoins des populations ».
Luca Brusa du CCNUCC exprime une véritable volonté d'ouverture : « On espère que dans l'avenir, cet événement ne sera plus appelé "forum de carbone", mais "semaine d'action climatique". Ce serait quelque chose comme une petite COP. Nous pensons que nous nous engageons vers une approche plus globale ».
« COP » comme COP 21, la grande conférence sur le climat qui a abouti fin 2015 à l'accord de Paris et ces COP (« Conference of Parties »), qui ont lieu chaque année, abordent en effet cette multitude de questions liées au climat. Non seulement la lutte contre le changement climatique, mais aussi la question : comment faire face si le climat est déjà dégradé ?
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