Tout a commencé par une offensive de l'armée malienne. « Une opération de sécurisation des biens et des personnes », selon le ministère malien de la Défense. Une offensive, en tout cas, décidée unilatéralement par Bamako, qui n'a informé ni Serval, ni la Minusma, assure une source onusienne. Mercredi, vers 10 h, heure locale, les premiers tirs retentissent. Débute alors une très longue journée d'angoisse pour les habitants.
Le bras droit du général Ag Gamou tué dans les combats
Les militaires maliens « avaient confiance en eux. Ils disaient qu’ils avaient tout l’armement possible pour chasser ces mouvements dans la ville », affirme un témoin des combats, joint par RFI. Mais après avoir lancé l'offensive, « à 14 h, ils ont dit que ça n’allait pas, ils ont fait un repli tactique ». Selon ce témoin, les soldats maliens n’ont « pas trop résisté ». Certains ont fui en voitures, d’autres à pied. « J’ai vu des morts de mes propres yeux, dont le colonel dont le colonel Fayçal Fayçal Ag Kiba, bras droit du général [El Hadj Ag Gamou, de l'armée malienne, ndlr] », rapporte encore ce témoin.
Très vite, le MNLA commence à répliquer. Aux cotés du mouvement touareg, il y a aussi le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le mouvement arabe de l'Azawad (MAA). Au bout de plusieurs heures d'affrontements, les combattants prennent le dessus, et le MNLA plante son drapeau sur le Camp 1, bastion de l'armée malienne à Kidal. Certains militaires maliens ont quitté la ville en direction de Gao, d'autres, plusieurs dizaines, se sont réfugiés au Camp 2 qui abrite la force française Serval et la Minusma, la force des Nations unies. Selon nos informations, une quarantaine de soldats maliens avaient trouvé refuge dans la journée au Camp 2. Mercredi soir, le MNLA assurait être en contact avec la force onusienne et Serval pour voir « ce qui peut encore être sauvé ».
Outre Kidal, les rebelles sont aussi entrés mercredi dans la ville de Ménaka, qu'ils assurent désormais occuper. L'information a été confirmée par un habitant joint sur place par RFI. Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) assure aussi contrôler d'autres localités, notamment Léré, située à l'ouest de Tombouctou, Andéramboukane et Ansongo dans le nord-est du pays près du Niger. Des informations impossibles à vérifier mercredi soir de sources indépendantes. Par ailleurs, aucun bilan fiable de cette journée de violence n'était encore connu. On sait que l'hôpital de Kidal a accueilli de nombreux blessés des deux camps.
Instauration d'un cessez-le-feu
A la suite de ces affrontements, le président malien a « instruit un cessez-le-feu immédiat », selon le communiqué lu à la télévision publique ORTM, la télévision d'Etat malienne, par le porte-parole du gouvernement. « Affaiblies par des problèmes de coordination, de renseignement, les forces maliennes ont dû se replier sous le feu nourri des groupes rebelles appuyés par les terroristes et les narcotrafiquants », a déclaré le porte-parole du gouvernement, dans une allocution télévisée diffusée à 22 heures locales. « Après avoir pris un premier temps le contrôle des locaux du gouvernorat de la ville, explique-t-il, les forces maliennes ont été handicapées par des problèmes de coordination », a précisé Mahamane Baby, le porte-parole du gouvernement.
Appel à « éviter les amalgames »
Mahamane Baby a aussi demandé ce mercredi soir à chaque Malien de faire preuve « de calme, de sérénité et d'un sens élevé des responsabilités, pour éviter tout amalgame ou toute stigmatisation ». « La Minusma et Serval ne sont pas ennemis » a jugé bon de préciser le porte-parole du gouvernement, alors que des critiques parfois acerbes contre les forces internationales se sont faites entendre ces derniers jours.
Un responsable du ministère malien de la Défense va plus loin que le communiqué et précise que les hommes d'Abdelkrim Taleb, un jihadiste touareg, ont participé aux combats de Kidal.
Un « désastre », selon l'ONU
L'instauration du cessez-le-feu par les autorités maliennes est intervenu après que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé la « cessation immédiate des hostilités », plus tôt dans la journée de mercredi. Pour les Nations unies, l’opération militaire de l’armée malienne fait en effet craindre un retour du conflit dans le nord du Mali. L’opération militaire malienne pour reprendre Kidal est considérée comme un « désastre » à l'ONU. Tous les efforts de l’année écoulée pour amener Bamako et le MNLA à la table des négociations sont en train de s’effondrer.
La perte de Kidal pose la question du rôle de la Minusma, la force de l’ONU sur place. Pour les Nations unies, les quelques 1 100 casques bleus présents à Kidal n’ont pas pour objet de combattre les groupes armés mais, au mieux, de soutenir l’armée malienne. Or, le Mali n’a a aucun moment informé la Minusma de cette offensive, disent les responsables onusiens, qui s’agacent de jouer les boucs-émissaires.
Le représentant de l’ONU, Bert Koenders, tente actuellement de convaincre le MNLA de quitter les bâtiments publics de Kidal. Le secrétaire général Ban Ki-moon assure qu’il n’y a pas d’autres solutions dans le nord du Mali que la négociation. Une vision très différente de celle du gouvernement malien.
Serval et Minusma n'ont pas participé aux combats
Ce mercredi, les militaires français se sont manifestement contenté d’observer les combats qui se sont déroulés à Kidal. Selon nos informations, l’armée française disposait bien d’aéronefs armés, prêts à frapper, et qui ont survolé le secteur à certain moments. Mais les forces armées maliennes ont lancé leur opération seules. De sources concordantes, les soldats français sont restés dans le Camp 2, avec la Minusma, sans se mêler des combats qui ont opposé durant près de cinq heures groupes armés et militaires maliens. L’armée française précise qu’elle a accepté de soigner certains militaires maliens blessés au combat mais ne donne pas plus de détails. Mercredi soir à Paris, aucun bilan fiable n’était disponible.
L'armée française, qui avait l'intention de réduire ses effectifs au Mali, où elle est présente depuis janvier, a annoncé l'envoi d'une centaine d'hommes supplémentaires, en provenance de Côte d'Ivoire. « La décision a été prise de prendre des éléments depuis Abidjan pour les basculer à Gao, compte tenu de la période de tension », a précisé le colonel Gilles Caron, de l'état-major français. L'effectif de la force Serval passera ainsi à 1 700 hommes.
Source : Rfi.fr
-
Côte d'Ivoire: Tidjane Thiam auprès de ses partisans pour célébrer sa première année à la tête du PDCI
-
Tchad : le Président Mahamat Idriss Déby promu maréchal
-
Mali: 26 personnes tuées dans des attaques jihadistes près de Bandiagara
-
Le Burkina Faso adopte une loi d’amnistie pour les auteurs du putsch de 2015
-
Guerre au Soudan: plus de 780 civils tués par des paramilitaires à El-Fasher, selon l'ONU