« Pour la première fois, nos compatriotes, pris au garrot par une débâcle socio-économique, politique et institutionnelle sans précédent, se disent ouvertement prêts à toutes les formes de lutte pour le changement– y compris les plus extrêmes - afin de faire face à un double défi :
* l’affaissement des institutions de la gouvernance démocratique, politique et économique, et * la découverte d’un « projet » (d’abord secret et « rampant » et ensuite de plus en plus assumé et « debout ») de dévolution dynastique du pouvoir dans NOTRE République.
Qui l’eût cru ! Comment le pays africain où des citoyens votent depuis 1848, pays qui a enfanté des saints et des érudits au rayonnement universel, des savants d’une envergure exceptionnelle et des leaders politiques de dimension mondiale, peut-il sombrer dans une dérive politique et institutionnelle sans pareil, où en plus, l’incertitude des lendemains politiques et la précarisation socio-économique sont le lot permanent de citoyens vaincus par un présent pénible et angoissés par un avenir sans avenir ?
Pays jadis envié et cité en exemple pour sa riche et belle histoire politique et intellectuelle (pluralisme politique, liberté de la presse, société civile active et dynamique, intelligentsia de pointe, avant-garde culturelle, engagement panafricaniste, armée républicaine, alternance pacifique ornée de gestes d’élégance entre vaincus et vainqueurs…), le Sénégal est aujourd’hui la risée de nos compatriotes africains. Au-delà du continent, notre pays fait de plus en plus face à la grande inquiétude et aux vives préoccupations exprimées, parfois sans détour, par nos différents partenaires en démocratie et en gouvernance.
Aujourd’hui, en dépit des progrès enregistrés dans certains secteurs (progrès au demeurant très relatifs rapportés à ce que nous avons fait d’un demi-siècle d’indépendance), notre pays fait l’expérience douloureuse d’un niveau de souffrance sans précédent des populations en général et des habitants des banlieues et du monde rural en particulier. Pour illustrer ce point, on peut citer entre autres :
* le nombre de plus en plus effarant de jeunes Sénégalais, souvent originaires des banlieues abandonnées ou produits de l’exode rural forcé, qui meurent chaque jour en essayant de traverser l’Atlantique dans des embarcations de la mort ou en tentant une traversée suicidaire du désert du Sahara ;
* les inondations récurrentes des banlieues, alors que des ressources importantes sont allouées à des dépenses somptuaires de prestige comme des locations intempestives de jets privés et des voyages officiels (avec fortes délégations transportées, logées, nourries et payées aux frais du contribuable) et dont les justifications défient souvent toute rationalité. Tout ceci témoigne amplement de la tragique déconnexion des dirigeants du pays avec les priorités d’un peuple qui attend d’abord et avant tout la satisfaction de ses besoins élémentaires et vitaux. Ces besoins sont connus : vie décente pour tous, emplois surtout pour les jeunes, électricité continue et accessible à tous, eau potable pour tous, un toit décent et non inondé pour tous, l’accès à une attention médicale pour tous et surtout pour les femmes qui, chaque jour, meurent tragiquement en couche et pour les enfants qui périssent au quotidien de malaria, l’accès de tous à une éducation décente et à un système d’infrastructures performantes, de base et non de luxe, car les Sénégalais - s’ils avaient été consultés – auraient, à la quasi unanimité, préféré l’achèvement ou la réhabilitation de toute infrastructure routière majeure de désenclavement des régions, ou bien la construction de grandes pistes de production pour l’écoulement des récoltes, à « la plus belle corniche d’Afrique »…
* la multiplication des scandales financiers et l’amplification des formes de corruption, de chantage et de racket des entrepreneurs, du refus de « rendre compte », de l’impunité (réservée à certains), de l’affaissement des institutions et de la mal-gouvernance endémique viennent refermer ce tableau peu reluisant, et constituent sans aucun doute un baromètre du niveau d’insouciance atteint en un temps record par des dirigeants qui, pourtant, avaient fait rêver tout un peuple.
En clair, le Sénégal, qui à l’aube de l’indépendance, avait une longueur d’avance sur beaucoup de pays en développement, a été pénalisé par les agissements de ses élites politiques et des choix faits par ses dirigeants étatiques des cinquante dernières années, même si, au demeurant, la conjoncture internationale défavorable des décennies passées a eu un effet aggravant et amplificateur du profond malaise vécu par nos compatriotes qui sont unanimes aujourd’hui dans leur questionnement existentiel majeur : OU VA LE SENEGAL ?
Face à une telle crise, d’une extrême sévérité sur tous les plans (politique, économique, social et culturel), il est juste de ne pas livrer le sort de notre peuple à une pseudo fatalité ou à des forces extérieures « maléfiques » ! C’est dire qu’il faut appliquer le « primat des causes internes », c’est à dire le courage de se prendre comme cible au lieu de se refugier dans la stratégie qui consiste à blâmer les autres pour nos propres échecs. Il est, en effet, pertinent de se demander : avons nous fait tout ce qui était à notre portée et de notre ressort pour que le Sénégal qui, il y a cinquante ans était au même niveau de développement que la Corée du Sud, puisse éviter d’être aujourd’hui récipiendaire de l’aide et de l’assistance de ce pays devenu lui membre de l’OCDE ?
C’est adossé à une telle analyse que nous décidons de lancer le Mouvement politique citoyen (MPC) car « LUY JOT JOTNA ! » (Il est urgent d’agir !). »
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