En vertu du principe d`incompatibilité des paradigmes, lequel étant lui-même fondé sur le principe de particularité des situations, cette position ne me parait pas défendable tant du point de vue historique que du point de vue logique.
A la fin de la colonisation, le Président Senghor a hérité d`un parti politique qui lui a été offert sur un plateau d`argent et qu`il reçut comme une manne tombée du ciel. Et après avoir mis en prison ses principaux opposants sans coup férir et enivré le peuple des effluves d`une gestion poétique aux antipodes du pragmatisme de Mamadou DIA, il a recueilli un consensus national quasi universel et géré le Sénégal sans grands heurts jusqu` à satiété. Vingt ans après, (1960 – 1980), assouvi et surtout effrayé par l`avenir incertain qui se dessinait pour son pays, SENGHOR le Président - poète a décidé de rendre le tablier afin de se consacrer à son hobby de tous les jours : la littérature.
Son successeur, le Président Abdou DIOUF qui reçut en cadeau, des mains de SENGHOR, le Parti Socialiste (PS) et l`Etat sans aucun effort, s`est littéralement contenté de se baisser pour ramasser ces deux instruments grâce auxquels il a régné à son tour sur le Sénégal pendant dix neuf ans (1981-2000). Le fait que le Président DIOUF ait été tout à fait étranger à la création, la maturation et au développement du PS, qui lui a pourtant tout donné, explique sans aucun doute l`inhumaine indifférence dont il a fait montre à l`égard de ce parti dès et après l`annonce de son échec à l`élection présidentielle de 2000. Depuis, ayant totalement rompu les amarres, il ne semble éprouver ni peine ni nostalgie aucune pour sa formation politique et pour ses camarades qui, il n`y a guère, étaient prêts a mourir pour lui. L`adage le dit bien : `` La poule ne lutte véritablement que pour sa progéniture !``.
Le Président WADE quant à lui a, faut il le rappeler, enfanté le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) dans la douleur, la patience et le renoncement. Apres vingt six ans de travail opiniâtre et d`opposition républicaine souventes fois périlleuse, il a pu enfin faire accéder son parti au pouvoir en l`an 2000.
Je considère que le sentiment d`attachement que l`être humain éprouve naturellement à l`égard de son œuvre, surtout si cette dernière a pu surgir de lutte épiques et de terribles risques encourus pour sa préservation, peut déjà servir d`explication valable à l`attitude de WADE qui poursuit encore inlassablement sa lutte pour l`immortalisation de son bébé, en l`occurrence le PDS. Car, il n`est un secret pour personne que, par sa création (artistique, charnelle ou politique), l`être humain cherche à accéder à l`immortalité. Et toute menace contre ce naturel dessein entraine de facto une farouche résistance.
La mort du PDS ne serait elle pas d`ailleurs, symboliquement du moins, celle de l`homme Abdoulaye WADE ?
Il me semble donc vain et surtout injuste de demander à l`ancien Président de la République de cesser ses activités politiques pour ``faire comme SENGHOR et DIOUF``. Son activisme post - pouvoir est en dernière instance et pour parler comme Schopenhauer, une lutte éperdue contre le sentiment du destin inexorable qui voue toutes choses à la finitude.
Le Président Macky SALL lui même qui semble tenir à se maintenir à la tête de son jeune parti (APR), est habité, quoique de façon non encore ``obsessionnelle `` (compte tenu de son âge et de la récence de son magistère), par ce sentiment humain, trop humain!
En un mot comme en mille, en tenant compte de sa trajectoire personnelle, il semble que le Président WADE demeurera encore longtemps sur la scène politique sans se faire enterrer de sitôt. A moins que le trépas, qui vient tout guérir, ne vienne en aide à son distingué successeur dissipant d`un coup l`ombre fantomatique du Vieux qui hante sans cesse son règne, et lui dégageant l`horizon pour un plein exercice de son magistère.
Mamadou Moustapha SECK
mamadoumoustapha@gmail.com
A la fin de la colonisation, le Président Senghor a hérité d`un parti politique qui lui a été offert sur un plateau d`argent et qu`il reçut comme une manne tombée du ciel. Et après avoir mis en prison ses principaux opposants sans coup férir et enivré le peuple des effluves d`une gestion poétique aux antipodes du pragmatisme de Mamadou DIA, il a recueilli un consensus national quasi universel et géré le Sénégal sans grands heurts jusqu` à satiété. Vingt ans après, (1960 – 1980), assouvi et surtout effrayé par l`avenir incertain qui se dessinait pour son pays, SENGHOR le Président - poète a décidé de rendre le tablier afin de se consacrer à son hobby de tous les jours : la littérature.
Son successeur, le Président Abdou DIOUF qui reçut en cadeau, des mains de SENGHOR, le Parti Socialiste (PS) et l`Etat sans aucun effort, s`est littéralement contenté de se baisser pour ramasser ces deux instruments grâce auxquels il a régné à son tour sur le Sénégal pendant dix neuf ans (1981-2000). Le fait que le Président DIOUF ait été tout à fait étranger à la création, la maturation et au développement du PS, qui lui a pourtant tout donné, explique sans aucun doute l`inhumaine indifférence dont il a fait montre à l`égard de ce parti dès et après l`annonce de son échec à l`élection présidentielle de 2000. Depuis, ayant totalement rompu les amarres, il ne semble éprouver ni peine ni nostalgie aucune pour sa formation politique et pour ses camarades qui, il n`y a guère, étaient prêts a mourir pour lui. L`adage le dit bien : `` La poule ne lutte véritablement que pour sa progéniture !``.
Le Président WADE quant à lui a, faut il le rappeler, enfanté le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) dans la douleur, la patience et le renoncement. Apres vingt six ans de travail opiniâtre et d`opposition républicaine souventes fois périlleuse, il a pu enfin faire accéder son parti au pouvoir en l`an 2000.
Je considère que le sentiment d`attachement que l`être humain éprouve naturellement à l`égard de son œuvre, surtout si cette dernière a pu surgir de lutte épiques et de terribles risques encourus pour sa préservation, peut déjà servir d`explication valable à l`attitude de WADE qui poursuit encore inlassablement sa lutte pour l`immortalisation de son bébé, en l`occurrence le PDS. Car, il n`est un secret pour personne que, par sa création (artistique, charnelle ou politique), l`être humain cherche à accéder à l`immortalité. Et toute menace contre ce naturel dessein entraine de facto une farouche résistance.
La mort du PDS ne serait elle pas d`ailleurs, symboliquement du moins, celle de l`homme Abdoulaye WADE ?
Il me semble donc vain et surtout injuste de demander à l`ancien Président de la République de cesser ses activités politiques pour ``faire comme SENGHOR et DIOUF``. Son activisme post - pouvoir est en dernière instance et pour parler comme Schopenhauer, une lutte éperdue contre le sentiment du destin inexorable qui voue toutes choses à la finitude.
Le Président Macky SALL lui même qui semble tenir à se maintenir à la tête de son jeune parti (APR), est habité, quoique de façon non encore ``obsessionnelle `` (compte tenu de son âge et de la récence de son magistère), par ce sentiment humain, trop humain!
En un mot comme en mille, en tenant compte de sa trajectoire personnelle, il semble que le Président WADE demeurera encore longtemps sur la scène politique sans se faire enterrer de sitôt. A moins que le trépas, qui vient tout guérir, ne vienne en aide à son distingué successeur dissipant d`un coup l`ombre fantomatique du Vieux qui hante sans cesse son règne, et lui dégageant l`horizon pour un plein exercice de son magistère.
Mamadou Moustapha SECK
mamadoumoustapha@gmail.com
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