Henri Konan Bédié laissait planer le doute depuis plusieurs mois, et il aura fallu qu'Alassane Ouattara se rende dans sa région pendant quatre jours pour qu'il lui annonce publiquement son soutien. Il a aussi annoncé la création future d'un parti unifié RDR-PDCI.
Henri Konan Bédié s’est exprimé lors d’un meeting commun à Daoukro, dans le centre du pays. Il s’est adressé, en le tutoyant, à l’actuel chef de l’Etat sous les applaudissements de la foule.
« Je donne des orientations fermes pour soutenir ta candidature à l’élection présidentielle prochaine, a déclaré Henri Konan Bédié. Je demande à toutes les structures du Parti démocratique de Côte d’Ivoire et des partis composants, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, de se mettre en mouvement pour faire aboutir ce projet. Tu seras ainsi le candidat unique de ces partis politiques pour l’élection présidentielle sans préjudice pour les irréductibles qui voudront se présenter en leur nom propre. »
« L’objectif d’une telle candidature est double : assurer le succès du RHDP aux élections de 2015 et ensuite aboutir à un parti unifié dénommé PDCI-RDR pour gouverner la Côte d’Ivoire, étant entendu que ces deux partis sauront établir entre eux l’alternance au pouvoir dès 2020 », a souligné Henri Konan Bédié, président du PDCI.
Un soutien de poids
Cette annonce permet à Alassane Ouattara de faire un pas de plus vers l'assurance d'un deuxième mandat. EN effet, le PDCI, c'est d'abord l'allié qui a permis au RDR de remporter le second tour de l'élection présidentielle de 2010. Ancien parti unique donc très bien implanté sur toute l'étendue du territoire, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire est un poids lourd qui permet de revendiquer l'héritage de Félix Houphouët Boigny son fondateur, premier président du pays, encore adulé et regretté 20 ans après sa mort.
Dans son discours suite à ce soutien, le chef de l'Etat, lui-même natif du Nord, s'est engagé à construire un marché, un lycée agricole et une université à Daoukro après avoir rappelé que son programme d'urgence avait investi plus de 64 milliards de francs CFA dans la zone, soit près d'un milliard d'euros. Un séjour qui a aussi donné l'occasion à Alassane Ouattara de se présenter devant les chefs traditionnels baoulé. Un passage indispensable pour convaincre une population souvent réticente à voter pour un candidat qui n'est pas issu de sa région.
Une trahison et un acte solitaire
Ils étaient de nombreux cadres et militants du PDCI à craindre l'annonce de cette candidature unique et à tenter de faire barrage depuis plusieurs mois. Face à ces résistances en interne, Henri Konan Bédié s'était battu pour se maintenir à la tête de l'ancien parti unique lors du congrès d'octobre 2013, allant jusqu'à faire modifier les textes pour abroger la limite d'âge du président du parti – plusieurs cadres se sont présentés contre lui en assurant qu’eux défendraient une candidature du PDCI à la présidentielle, sans succès.
Henri Konan Bédié jouait sur les mots depuis plusieurs mois, laissant planer le doute sur ses intentions, notamment lors du congrès du PDCI organisé en octobre 2013. « Concernant la prochaine élection présidentielle, il est évident pour chacun qu'en tant que parti politique, nous ne pouvons pas ne pas avoir de candidat », avait-il déclaré après sa réélection à la tête du parti. Les résolutions de ce congrès indiquaient d'ailleurs que ce candidat serait un militant actif du parti.
Ces propos étaient ovationnés, à l'époque. Cependant, ce mercredi, le président du PDCI change de direction en désignant officiellement Alassane Ouattara comme le candidat unique du RHDP, l'alliance du PDCI et du RDR, le parti de l'actuel chef de l'Etat. De là à unifier les deux formations politiques, il n'y a qu'un pas que Bédié franchit, annonçant la création prochaine du PDCI-RDR.
Si ce discours surprend à peine, il choque de nombreux militants et plusieurs membres du bureau politique du PDCI. Ils dénoncent une trahison ainsi qu'un acte solitaire et étudient les recours possibles au sein des instances du parti. Williams Koffi son président est abasourdi : « Il ne peut pas prendre juste une partie des résolutions du congrès et abandonner le reste. Les 16 000 congressistes ont été très clairs. Les militants ne veulent pas de la décision qu’il vient de prendre à titre individuel ».
Kouadio Konan Bertin, alias KKB, assure en tout cas que la convention prévue pour choisir un candidat PDCI à l'élection présidentielle de 2015 serait maintenue.
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