Dans la ville, de nombreux chefs de familles rencontrent d’énormes difficultés pour faire manger leurs progénitures. Les foyers sont à présent dépourvus de vivres car n’ayant pas de quoi acheter à manger. Devant la dureté des mesures prises par les autorités pour éviter la propagation de la pandémie, les populations sont prises en étau entre la peste du coronavirus et le choléra de la famine. Face à cette situation, nombreux sont ceux qui sont tentés de violer le confinement partiel car, comme le rappelle I. D., un chef de famille, « la faim chasse le loup hors du bois ».
Ainsi, comme lui, nombre de pères et mères de familles, qui ont toujours vécu dans la « dignité », en sont aujourd’hui réduits à « tendre subtilement la main » face à la nécessité d'assurer leur existence, leur subsistance. « A l’impossible nul n’est tenu », soutient pour sa part D. G., chef d’une large famille au quartier « Chine populaire ». Selon lui, « la faim étant mauvaise conseillère, elle peut même conduire à des actes répréhensibles ». A Thiès, les gens ont faim et souffrent dans la dignité. « Compte tenu de la situation de la plupart des familles thiessoises qui vivent au jour le jour et arrivent difficilement à joindre les deux bouts, nombreux sont les habitants n train de crever de faim », confie M. G. Ce chauffeur de taxi qui ne sait plus où mettre le cap tellement la situation induite par la crise sanitaire a fini de mettre à genoux tous les secteurs de la vie dans la capitale du rail. De convertir tout le monde en quémandeurs.
A l’image de ce pensionnaire du village artisanal de Thiès qui étale douloureusement ses inquiétudes. Lui et ses collègues artisans attendent l’aide du gouvernement pour les soulager de leurs difficultés. « Aujourd’hui, avec cette pandémie, tout est à l’arrêt. Les touristes et autres clients ne viennent plus et il nous faut nourrir nos familles. C’est pour cela que nous demandons aux autorités chargées de la répartition de l’aide accordée aux populations impactées par le Président Macky Sall, de penser à nous, car nous en faisons partie ». Ces artisans revendiquent surtout leur part du « fonds d’aide alloué au secteur informel ».
187 handicapés du village de reclassement de Touba-Peycouk abandonnés à leur sort
Les personnes handicapées de ToubaPeycouk, un paisible village de reclassement dans la commune de Fandène, à moins d’un kilomètre de la commune de Thiès, sont eux aussi dans le désarroi. Dans ce contexte de coronavirus, elles disent être confrontées à de « sérieux problèmes de vivres » et souhaiteraient bénéficier d’une « aide spécifique » puisqu’étant, même en temps normal, les plus pauvres parmi les pauvres, les plus vulnérables parmi les vulnérables et donc les mieux indiquées pour bénéficier de l’aide alimentaire. Par ces temps qui courent, la plupart d’entre ces personnes très démunies, des handicapés vivant déjà dans la précarité en temps normal, sont confinées chez elles. Le confinement ne fait qu’accroître leur malheur. « Certaines familles ici n’arrivent plus à joindre les deux bouts », confie Cheikh Fall, président de l’association des handicapés du village de Touba-Peycouk.
Une association composée de 187 membres dont des lépreux guéris appelés peaux blanchies, des aveugles, des sourds muets, des handicapés moteurs. « Depuis que le chef de l’État a donné l’ordre de rester à la maison, nous nous sommes confinés totalement au village », souligne Cheikh Fall. Il explique : « parmi nous, il y en a qui partaient mendier à Dakar, d’autres à Thiès, mais actuellement nous sommes tous obligés de rester au village, confrontés à de sérieuses difficultés pour vivre ». Ces personnes atteintes de handicaps demandent à l’Etat de « faire vite dans ses secours ». Par ailleurs, elles dénoncent « la manière dont les cartes d’égalité des chances ont été distribuées ».
Selon M. Fall, « ceux qui bénéficient des bourses familiales ne représentent qu’une infime portion au sein de la population de Touba-Peycouk ». Et de solliciter « une aide en produits d’hygiène (masques, gels, savons) ». Le président de l’association des handicapés insiste surtout pour que « l’aide sociale allouée par les autorités aille aux véritables ayants droit ». Hélas « des difficultés voire des incompréhensions sont apparues dans la distribution de l’aide alimentaire dans la cité du rail », selon le président départemental de la fédération des associations des handicapés. Il déplore la réticence de certains délégués de quartiers qui, à l’en croire, soutiennent n’avoir pas reçu d’instructions concernant la présence des personnes handicapées dans les comités de ciblages.
Inquiétudes des commerçants des marchés de Thiès
L’application de la mesure de fermeture de tous les marchés de Thiès dès 14 heures commence à faire grincer des dents du coté des commerçants. Selon eux, cette mesure rend « notre situation bien plus complexe ». Au marché central de Thiès, comme dans les autres marchés de la ville, les commerçants saluent la « décision » mais demandent une « dérogation jusqu’à 16h voire 17h » parce que, confie le secrétaire général du marché central de Thiès, Mamadou Seck, « elle rend la situation très compliquée ». Selon lui, « en tant que chefs de famille, nous vivons de sérieuses difficultés ». Parce que, renchérit Thierno Ciss, délégué général du marché central de Thiès, « chaque jour, il nous faut donner la dépense quotidienne, mais avec cette mesure nous parvenons difficilement à joindre les deux bouts ». Les
Eleveurs de Ngoundiane et Keur Mousseu préviennent
Les éleveurs des communes de Ngoundiane et Keur Mousseu, dans le département de Thiès, demandent eux aussi de l’aide parce que, disent-ils, « nous sommes très touchés par le Covid-19 ». Ousmane Sow, au nom des éleveurs de Ngoundiane, confie que « les gens ont compris la gravité de la situation, dès lors qu’ils ont vu le président de la République et son gouvernement prendre des mesures d’urgence ». Pour autant, dit-il, « nous demandons à l’Etat de nous aider car on voit que les éleveurs sont très touchés par les retombées du Covid-19. Ils font partie des personnes qui doivent recevoir l’aide gouvernementale. Nous sommes dans une période de soudure. Avec les événements à venir, la Korité, la Tabaski, etc., les animaux sont là et ils méritent de l’aide autant que nous, qui sommes des pères de famille démunis ».
Issa Ka, coordonnateur de la convergence des éleveurs de Keur Mousseu, peint un tableau plus noir de la situation : « en cette période de pandémie de coronavirus, le secteur de l’élevage, qui souffre énormément du manque de zones de pâturage pour le bétail, est presque à l’agonie. Le lait n’est plus vendu à cause de la pandémie ». Et de poursuivre : « certaines entreprises installées dans la commune ne respectent pas la Rse (responsabilité sociétale de l’entreprise). Tous ces manquements nous poussent à lancer un appel à l’État afin qu’il pense au secteur de l’élevage qui nourrit beaucoup de gens. Nous en avons d’autant plus besoin qu’on est presque en période de soudure et il faut aussi que l’aliment de bétail vienne à temps et que les ayants droit puissent y accéder ». Si tel n’est pas le cas, a-t-il prévenu, « le monde rural risque de vivre la famine, en particulier les éleveurs qui sont confrontés actuellement à d’énormes difficultés ».
A Keur Mousseu, les femmes Peulh sont à présent bloquées chez elles d’où elles ne peuvent plus sortir pour aller écouler le lait grâce au produit de la vente duquel beaucoup de ménages vivaient. Selon Issa Ka, « en plus, elles ne peuvent plus aller au marché pour faire leurs achats parce que le transport est interdit. Ici tout est à l’arrêt, donc nous risquons vraiment la famine si l’on n’y prend pas garde ». Et de s’étrangler : « le monde rural est presque à genoux. L’État et les autorités locales doivent nous venir en aide pour éviter le pire ». Comme un cri du cœur que le président de la République se devrait d’entendre…
Le Témoin
Ainsi, comme lui, nombre de pères et mères de familles, qui ont toujours vécu dans la « dignité », en sont aujourd’hui réduits à « tendre subtilement la main » face à la nécessité d'assurer leur existence, leur subsistance. « A l’impossible nul n’est tenu », soutient pour sa part D. G., chef d’une large famille au quartier « Chine populaire ». Selon lui, « la faim étant mauvaise conseillère, elle peut même conduire à des actes répréhensibles ». A Thiès, les gens ont faim et souffrent dans la dignité. « Compte tenu de la situation de la plupart des familles thiessoises qui vivent au jour le jour et arrivent difficilement à joindre les deux bouts, nombreux sont les habitants n train de crever de faim », confie M. G. Ce chauffeur de taxi qui ne sait plus où mettre le cap tellement la situation induite par la crise sanitaire a fini de mettre à genoux tous les secteurs de la vie dans la capitale du rail. De convertir tout le monde en quémandeurs.
A l’image de ce pensionnaire du village artisanal de Thiès qui étale douloureusement ses inquiétudes. Lui et ses collègues artisans attendent l’aide du gouvernement pour les soulager de leurs difficultés. « Aujourd’hui, avec cette pandémie, tout est à l’arrêt. Les touristes et autres clients ne viennent plus et il nous faut nourrir nos familles. C’est pour cela que nous demandons aux autorités chargées de la répartition de l’aide accordée aux populations impactées par le Président Macky Sall, de penser à nous, car nous en faisons partie ». Ces artisans revendiquent surtout leur part du « fonds d’aide alloué au secteur informel ».
187 handicapés du village de reclassement de Touba-Peycouk abandonnés à leur sort
Les personnes handicapées de ToubaPeycouk, un paisible village de reclassement dans la commune de Fandène, à moins d’un kilomètre de la commune de Thiès, sont eux aussi dans le désarroi. Dans ce contexte de coronavirus, elles disent être confrontées à de « sérieux problèmes de vivres » et souhaiteraient bénéficier d’une « aide spécifique » puisqu’étant, même en temps normal, les plus pauvres parmi les pauvres, les plus vulnérables parmi les vulnérables et donc les mieux indiquées pour bénéficier de l’aide alimentaire. Par ces temps qui courent, la plupart d’entre ces personnes très démunies, des handicapés vivant déjà dans la précarité en temps normal, sont confinées chez elles. Le confinement ne fait qu’accroître leur malheur. « Certaines familles ici n’arrivent plus à joindre les deux bouts », confie Cheikh Fall, président de l’association des handicapés du village de Touba-Peycouk.
Une association composée de 187 membres dont des lépreux guéris appelés peaux blanchies, des aveugles, des sourds muets, des handicapés moteurs. « Depuis que le chef de l’État a donné l’ordre de rester à la maison, nous nous sommes confinés totalement au village », souligne Cheikh Fall. Il explique : « parmi nous, il y en a qui partaient mendier à Dakar, d’autres à Thiès, mais actuellement nous sommes tous obligés de rester au village, confrontés à de sérieuses difficultés pour vivre ». Ces personnes atteintes de handicaps demandent à l’Etat de « faire vite dans ses secours ». Par ailleurs, elles dénoncent « la manière dont les cartes d’égalité des chances ont été distribuées ».
Selon M. Fall, « ceux qui bénéficient des bourses familiales ne représentent qu’une infime portion au sein de la population de Touba-Peycouk ». Et de solliciter « une aide en produits d’hygiène (masques, gels, savons) ». Le président de l’association des handicapés insiste surtout pour que « l’aide sociale allouée par les autorités aille aux véritables ayants droit ». Hélas « des difficultés voire des incompréhensions sont apparues dans la distribution de l’aide alimentaire dans la cité du rail », selon le président départemental de la fédération des associations des handicapés. Il déplore la réticence de certains délégués de quartiers qui, à l’en croire, soutiennent n’avoir pas reçu d’instructions concernant la présence des personnes handicapées dans les comités de ciblages.
Inquiétudes des commerçants des marchés de Thiès
L’application de la mesure de fermeture de tous les marchés de Thiès dès 14 heures commence à faire grincer des dents du coté des commerçants. Selon eux, cette mesure rend « notre situation bien plus complexe ». Au marché central de Thiès, comme dans les autres marchés de la ville, les commerçants saluent la « décision » mais demandent une « dérogation jusqu’à 16h voire 17h » parce que, confie le secrétaire général du marché central de Thiès, Mamadou Seck, « elle rend la situation très compliquée ». Selon lui, « en tant que chefs de famille, nous vivons de sérieuses difficultés ». Parce que, renchérit Thierno Ciss, délégué général du marché central de Thiès, « chaque jour, il nous faut donner la dépense quotidienne, mais avec cette mesure nous parvenons difficilement à joindre les deux bouts ». Les
Eleveurs de Ngoundiane et Keur Mousseu préviennent
Les éleveurs des communes de Ngoundiane et Keur Mousseu, dans le département de Thiès, demandent eux aussi de l’aide parce que, disent-ils, « nous sommes très touchés par le Covid-19 ». Ousmane Sow, au nom des éleveurs de Ngoundiane, confie que « les gens ont compris la gravité de la situation, dès lors qu’ils ont vu le président de la République et son gouvernement prendre des mesures d’urgence ». Pour autant, dit-il, « nous demandons à l’Etat de nous aider car on voit que les éleveurs sont très touchés par les retombées du Covid-19. Ils font partie des personnes qui doivent recevoir l’aide gouvernementale. Nous sommes dans une période de soudure. Avec les événements à venir, la Korité, la Tabaski, etc., les animaux sont là et ils méritent de l’aide autant que nous, qui sommes des pères de famille démunis ».
Issa Ka, coordonnateur de la convergence des éleveurs de Keur Mousseu, peint un tableau plus noir de la situation : « en cette période de pandémie de coronavirus, le secteur de l’élevage, qui souffre énormément du manque de zones de pâturage pour le bétail, est presque à l’agonie. Le lait n’est plus vendu à cause de la pandémie ». Et de poursuivre : « certaines entreprises installées dans la commune ne respectent pas la Rse (responsabilité sociétale de l’entreprise). Tous ces manquements nous poussent à lancer un appel à l’État afin qu’il pense au secteur de l’élevage qui nourrit beaucoup de gens. Nous en avons d’autant plus besoin qu’on est presque en période de soudure et il faut aussi que l’aliment de bétail vienne à temps et que les ayants droit puissent y accéder ». Si tel n’est pas le cas, a-t-il prévenu, « le monde rural risque de vivre la famine, en particulier les éleveurs qui sont confrontés actuellement à d’énormes difficultés ».
A Keur Mousseu, les femmes Peulh sont à présent bloquées chez elles d’où elles ne peuvent plus sortir pour aller écouler le lait grâce au produit de la vente duquel beaucoup de ménages vivaient. Selon Issa Ka, « en plus, elles ne peuvent plus aller au marché pour faire leurs achats parce que le transport est interdit. Ici tout est à l’arrêt, donc nous risquons vraiment la famine si l’on n’y prend pas garde ». Et de s’étrangler : « le monde rural est presque à genoux. L’État et les autorités locales doivent nous venir en aide pour éviter le pire ». Comme un cri du cœur que le président de la République se devrait d’entendre…
Le Témoin
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