Cet immeuble de huit étages, Rana Plaza, et situé à la périphérie de la capitale, Dacca, abritait cinq ateliers de confection notamment liés à la marque espagnole Mango et au britannique Primark.
Le bâtiment s’est effondré comme un château de cartes peu après l’embauche mercredi, à Savar. Il s’agit du pire accident dans l’histoire industrielle de ce pays défavorisé qui a fait du secteur textile le pivot de son économie.
Des plaintes et des appels à l’aide de victimes englouties par des tonnes de gravats et d’acier tordu guidaient l’épuisant travail des secours au milieu d’un site évoquant les conséquences d’un puissant séisme. Des centaines de personnes attendaient, rongées par l’angoisse, en brandissant des photos de leurs proches.
Des ouvriers du textile travaillant au sein du bâtiment s’étaient publiquement inquiétés la veille de fissures mais leurs responsables ont ignoré les mises en garde, leur enjoignant d’embaucher normalement le jour suivant.
Des dizaines de milliers d’ouvriers ont débrayé jeudi en signe de solidarité, provoquant la fermeture de centaines d’usines, tandis que les drapeaux étaient en berne pour une journée de deuil national.
« Le bilan est désormais de 230 morts », a dit à l’AFP Moshiuddowla Reza, un responsable de la police. Il a ajouté que la plupart des victimes faisaient partie des quelque 3.000 ouvriers du textile, dont une majorité de femmes, employés au Rana Plaza. Le précédent bilan faisait état de 200 morts.
Quelque 1.000 personnes étaient par ailleurs soignées à l’hôpital, selon Hiralal Roy, un médecin urgentiste de l’hôpital Enam, non loin du site.
Ce drame relance la polémique sur les conditions de sécurité et de travail dans le secteur textile au Bangladesh, le deuxième plus important au monde, qui fournit nombre de marques occidentales à bas prix.
En novembre 2012, un incendie dans une usine textile fournissant notamment l’américain Walmart avait fait 111 morts à la périphérie de Dacca. Selon des ouvriers, leurs responsables leur avaient demandé de rester à leur poste en affirmant qu’il ne s’agissait que d’un exercice d’alerte incendie.
La chaîne britannique de vêtements à bas prix, Primark, a reconnu que l’un de ses fournisseurs était basé au Rana Plaza. « Le groupe est choqué et profondément attristé par cet accident épouvantable à Savar et exprime ses condoléances à toutes les personnes concernées », selon un communiqué.
Mis en cause par des militants de la Fédération des ouvriers du textile et de l’industrie au Bangladesh ayant retrouvé dans les décombres des étiquettes de la marque « Tex » du groupe Carrefour, le français a assuré qu’ »aucune des entreprises qui étaient en activité dans cet immeuble ne fait partie de notre liste de fournisseurs au Bangladesh ».
Une enquête était toutefois en cours, a-t-il dit.
L’espagnol Mango a quant à lui admis avoir passé des commandes pour 25.000 articles, précisant qu’il s’agissait toutefois d’échantillons.
Walmart a de son côté dit enquêter sur des accusations selon lesquelles il avait des fournisseurs basés au Rana Plaza.
La Fédération des ouvriers du textile a aussi fourni des documents liés à des commandes de Benetton à un atelier de confection, New Wave Style, mais l’italien a affirmé que « les gens impliqués dans l’effondrement de l’atelier au Bangladesh n’étaient pas des fournisseurs de Benetton ».
Le groupe de défense des ouvriers du textile, Clean Clothes Campaign, basé à Amsterdam, a pour sa part affirmé que des étiquettes de la marque européenne C&A avaient été retrouvées. C&A a dit à l’AFP ne plus avoir de lien avec un fabricant basé au Rana Plaza depuis octobre 2011.
Selon Tessel Pauli, une porte-parole de Clean Clothes Campaign, cet accident est « symptomatique » des problèmes dans ce secteur au Bangladesh.
« Ces accidents montrent un échec des marques (étrangères) à faire de la sécurité une priorité. Ils savent ce qui doit être fait et ne le font pas », a-t-elle dénoncé mercredi auprès de l’AFP.
Un responsable de la police, Monir Hossain, a précisé qu’une enquête avait été ouverte à l’encontre du propriétaire du bâtiment, un membre du parti au pouvoir, pour violation des règles de construction.
Mustafizur Rahman, le responsable d’une unité de police chargée du secteur industriel, a par ailleurs affirmé que les propriétaires des ateliers situés dans l’immeuble avaient délibérément ignoré un appel de fermeture lancé par les autorités et demeuraient invisibles depuis la catastrophe.
Source: StarAfrica.com avec AFP
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