Le républicain a parlé d'une « déclaration d'indépendance économique » et promis à nouveau un « âge d'or » à son pays. « Depuis des décennies, notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis », a-t-il asséné.
Droit de douane plancher et surtaxes pour certains pays
Ces droits de douane ne sont pas complètement réciproques, mais représentent environ la moitié des barrières commerciales et non-commerciales appliquées par les pays étrangers, a-t-il souligné. L'offensive de la Maison Blanche s'articule ainsi : un droit de douane plancher de 10 % sur toutes les importations, auquel s'ajoutent des surtaxes pour certains pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale. Ces surtaxes sont calculées de manière à refléter aussi les barrières dites non tarifaires mises par ces pays à l'entrée de produits américains, par exemple des réglementations sanitaires et des normes environnementales.
En outre, les importations de la Chine vont être taxées à 34 %. Le président américain a aussi signé un décret annulant l'exemption de droits de douane pour les petits colis envoyés de Chine, mécanisme qui a notamment permis aux géants chinois du commerce électronique Shein ou Temu de se développer aux États-Unis. Il prévoyait jusqu'ici l'exemption de taxation pour tous les envois dont le contenu présentait une valeur allant jusqu'à 800 dollars.
Les pays européens, eux, seront taxées à 20 %. Les États-Unis vont prélever 10 % de taxes sur les importations en provenance du Royaume-Uni . Les produits japonais et de Corée du Sud sont respectivement impactés à hauteur de 24 % et 25 % ou encore 46 % pour le Vietnam. Le président américain a également annoncé des droits de douane à 31 % pour la Suisse.
Absents de la liste : Mexique, Canada, Russie...
Dans cette liste, on note les absences du Mexique et du Canada, particulièrement visés ces dernières semaines, et aussi celle de la Russie.
Les voisins des États-Unis, le Canada et le Mexique, couverts par un accord de libre-échange (ACEUM ou USMCA en anglais), sont soumis à un régime particulier. Les produits canadiens et mexicains respectant les termes de l'accord ne sont, à l'heure actuelle, pas visés par de nouvelles taxes. À l'inverse, les autres produits sont soumis à jusqu'à 25% de droits de douane.
D'autres États déjà sous sanctions (Biélorussie, Cuba, Corée du Nord, Russie) ne figurent pas dans la liste, car ce statut bloque déjà tout commerce significatif avec ces pays, selon la Maison Blanche. L'Ukraine est visée par des droits douane de 10%.
Donald Trump a exhorté les dirigeants étrangers à supprimer leurs droits de douane et à acheter leurs produits. Les nouveaux droits de douane massifs dévoilés par le président des États-Unis entreront en vigueur les 5 et 9 avril, a annoncé mercredi la Maison Blanche.
La mise en place
Les nouvelles taxes sur les importations dévoilées par Donald Trump sont prévues en deux temps, a précisé un responsable de la Maison Blanche à la presse : le 5 avril à 04h01 TU pour les droits de douane d'au moins 10 % sur tous les produits entrant aux États-Unis, et le 9 avril à 04h01 pour les droits de douane majorés visant des géants comme la Chine et l'Union européenne.
Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a conseillé « à tous les pays de ne pas riposter » aux droits de douane mis en place par l'administration Trump, sous peine d'« escalade ». « Détendez-vous, encaissez le coup, et attendez de voir comment la situation évolue. Car si vous ripostez, il y aura une escalade », a averti Scott Bessent.
Londres dit vouloir un accord avec les États-Unis, l'Australie estime ces droits de douane « totalement injustifiés »
Le Royaume-Uni garde l'intention de conclure un accord avec les États-Unis pour « atténuer » l'impact des droits de douanes annoncés par Donald Trump et n'entend pas mener de riposte commerciale immédiate, a réagi mercredi le ministre britannique du Commerce, Jonathan Reynolds. « Les États-Unis étant notre allié le plus proche, notre approche consiste à rester calme et à nous engager à conclure cet accord qui, nous l'espérons, atténuera l'impact de ce qui a été annoncé aujourd'hui », a-t-il déclaré. Londres a été relativement épargné par Donald Trump, avec des droits de douane de 10 %, le niveau le plus faible annoncé.
Pour l'Australie , ces droits sont « totalement injustifiés » et vont modifier la relation de l'Australie avec les États-Unis, a déclaré jeudi le Premier ministre australien Anthony Albanese. « Ces droits de douane ne sont pas inattendus, mais soyons clairs : ils sont totalement injustifiés », a déclaré lors d'une conférence de presse après l'annonce de droits de douane de 10 %. « Cela aura des conséquences sur la perception que les Australiens ont de cette relation », a-t-il ajouté.
L'Irlande appelle les 27 à réagir de façon « proportionnée»
Le Premier ministre irlandais Micheal Martin a dit « profondément regretter » les droits de douane de 20 % imposés à l'Union européenne par les États-Unis, appelant les 27 à réagir de façon « proportionnée ». « Toute action doit être proportionnée et viser à défendre les intérêts de nos entreprises, de nos travailleurs et de nos citoyens », a-t-il déclaré dans un communiqué. L'Irlande, qui accueille les sièges européens des grands groupes américains de la tech ou du secteur pharmaceutique, enregistre l'excédent le plus large des membres de l'UE avec les États-Unis.
L’industrie chimique allemande, dont les États-Unis sont le premier marché d’exportation, a appelé mercredi l’Union européenne à « garder la tête froide » dans sa réaction aux nouveaux droits de douane américains, soulignant qu’« une escalade ne ferait qu’aggraver les dégâts ». « Nous regrettons la décision du gouvernement américain. Il est maintenant important que toutes les parties concernées gardent la tête froide », indique dans un communiqué la fédération VCI de la chimie, représentant des géants industriels comme Bayer ou BASF.
Elle appelle Bruxelles à « rester flexible dans sa réaction et maintenir un dialogue étroit avec Washington », car selon elle, « l’objectif doit être une solution équitable pour les deux parties » et l’Allemagne « ne doit pas devenir le jouet d’une guerre commerciale sans fin ». « Les États-Unis sont et restent un partenaire commercial central pour l’Allemagne », insiste le communiqué.
Le dollar dévisse face à l'euro
Le dollar a chuté de plus de 1 % face à l'euro vers 20h20 TU, alors que Donald Trump dégaine ses nouveaux droits de douane pour mettre fin au « pillage » de l'Amérique, les cambistes craignant un ralentissement de l'économie américaine.
Le billet vert a perdu jusqu'à 1,09 % à 1,0924 dollar à 20h17 TU. Il reculait également face à la livre, lâchant jusqu'à 0,75 % à 1,3025 dollar. Vers 20h40 TU, le « buck », autre surnom de la monnaie américaine, ne lâchait plus que 0,48% face à l'euro à 1,0845 et 0,68 % face à la livre, 1,3003, revenant aux niveaux auxquels il évoluait avant le discours de Donald Trump.
Les Bourses mondiales ont évolué dans des directions différentes avant l’annonce par Donald Trump, l’Europe se montrant crispée tandis que Wall Street a espéré des annonces plus modérées qu’anticipé. Après une ouverture en baisse, Wall Street a changé de direction, terminant sur une note positive : le Dow Jones a gagné 0,56 %, l’indice Nasdaq a avancé de 0,87 % et l’indice élargi S&P 500 a pris 0,67 %. Les Bourses européennes ont quant à elles reculé : Paris a perdu 0,22 %, Francfort 0,66 %, Londres 0,30 % et Milan 0,27 %.
Liste des principaux pays impactés par les droits de douane imposés par Donald Trump :
Lesotho : 50 %
Cambodge : 49 %
Vietnam : 46 %
Sri Lanka : 44 %
Bangladesh : 37 %
Thaïlande : 36 %
Chine : 34 %
Taïwan : 32 %
Indonésie : 32 %
Suisse : 31 %
Afrique du Sud : 30 %
Pakistan : 29 %
Inde : 26 %
Corée du Sud : 25 %
Côte d'Ivoire : 21 %
Japon : 24 %
Malaisie : 24 %
Union européenne : 20 %
Israël : 17 %
Philippines : 17 %
Royaume-Uni : 10 %
Brésil : 10 %
Singapour : 10 %
Chili : 10 %
Australie : 10 %
Turquie : 10 %
Colombie : 10 %
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