Ils étaient peu nombreux, outre-Atlantique, à parier encore, ces derniers jours, sur un statu quo au Congrès. Les urnes ont rendu leur verdict, et comme pressenti, c’est une victoire des républicains. Ces derniers ont d’une part conservé la Chambre des représentants, conquise en 2010, avec d'ailleurs probablement plus de sièges qu'il y a quatre ans. Mais ils ont surtout réussi à mettre la main sur le Sénat : ils obtiennent ainsi - selon les dernières projections des télévisions - 51 sièges sur les 100 que compte la Haute assemblée.
C’est un sérieux revers pour Barack Obama, et dans le même temps, cette victoire républicaine dans les deux Chambres, est la norme, souligne notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio. Depuis Ronald Reagan dans les années 1980, tous les présidents en fonction ont passé les deux dernières années de leur second mandat en cohabitation. C’est donc plus un échec personnel pour Barack Obama, qu’une surprise politique. Et si ce n’est pas un raz-de-marée républicain, c’est une défaite qui montre à quel point ce pays est divisé presque à part égale entre démocrates et républicains.
De précieuses victoires
Le pari des républicains étaient de conquérir six sièges au Sénat, alors que celui-ci était aux mains des démocrates depuis huit ans. Un pari remporté, donc, grâce à de précieuses victoires dans le Colorado (ouest), l’Arkansas (sud) ou encore dans le Dakota du Sud (nord).
Dans l’Arkansas, par exemple, le jeune Tom Cotton, ancien soldat d’Irak et d’Afghanistan, a remporté le siège de sénateur face au sortant démocrate Mark Pryor, malgré l’appui de l’ancien président Bill Clinton. « Ce soir, nous avons choisi un gouvernement libre, a souligné Tom Cotton. Nous avons choisi un gouvernement qui aide nos citoyens sans les submerger. »
Dans le Colorado, autre Etat clé, le républicain Cory Gardner, qui avait quitté son siège à la Chambre des représentants pour se lancer dans la course au Sénat, a également devancé son adversaire démocrate, Mark Udall. Une victoire écrasante, avec près de 6 points d’écart, souligne notre envoyée spéciale à Denver, Stefanie Schüler. Dès les résultats connus, Cory Gardner a harangué la foule de partisans venue célébrer sa victoire : « Les électeurs de cet Etat sont limpides dans leur message à Washington : faites votre boulot ! »
A la recherche du compromis
Avec cette victoire républicaine dans les deux Chambres, les deux dernières années de mandat de Barack Obama s’annoncent délicates. Le président ne s’est pas exprimé, mais tôt dans la soirée, la Maison Blanche a annoncé une réunion pour vendredi avec les responsables républicains et démocrates.
C’est que la marge de manœuvre pour les derniers grands chantiers de l’ère Obama est très étroite. Sur l’immigration par exemple : la loi de régularisation des immigrés n’est pas passée, car la Chambre était républicaine, et comme le texte doit être voté dans les mêmes termes par les deux assemblées, même avec un Sénat démocrate, le texte a été enterré. Aucune chance donc de le faire passer à présent. Sur ce sujet, Barack Obama a promis de légiférer par décret.
Ce qui risque de passer en revanche, c’est la construction du pipeline de Keystone, qui doit acheminer des sables bitumineux du Canada vers le sud des Etats-Unis. L’aile gauche démocrate est contre, car trop polluant dit-on, mais de nombreux élus locaux du parti du président sont pour la construction de cet oléoduc car cela va créer des emplois dans leur Etat. Ils risquent donc de s’allier aux républicains.
En réalité, les républicains n’auront en rien les mains libres car le Sénat doit voter avec une majorité de 60 %, ce dont le « parti de l’éléphant » ne dispose pas. Les compromis sont donc obligatoires entre les deux partis, et le président. Le nouveau chef de la majorité du Sénat Mitch Mc Connell l’a d’ailleurs rappelé dès hier soir : « Nous avons l’obligation de travailler avec lui [le président Obama] sur des questions sur lesquelles nous pouvons trouver des accords. Je pense que c’est notre devoir de le faire. Ce n’est pas parce que nous avons un système à deux partis que nous devons être en perpétuel conflit. »
Les républicains les plus extrêmes ont fait campagne sur le retrait de l’Obamacare, la loi sur la santé, mais d’ores et déjà ils parlent de l’amender et non plus de la supprimer, car le retrait du texte ne sera pas possible, le président opposerait son veto. Tout dépendra de la cohérence du parti républicain, qui n’est pas homogène. Entre les Tea Party à l’extrême droite et les conservateurs modérés, les différences sont profondes.
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