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Gabon: les observateurs européens sur écoute pendant la présidentielle

Les observateurs européens au Gabon étaient sur écoute pendant l'élection présidentielle 2016. Une révélation de l'hebdomadaire français le Journal du Dimanche (JDD) : on y apprend que le pouvoir gabonais suivait de près les échanges entre les experts européens.



Le Journal du Dimanche (JDD) de ce 2 octobre 2016 dit avoir récupéré une vingtaine d'enregistrements clandestins mais il y en a sans doute davantage. Des appels où l'équipe fait part de ses doutes concernant la transparence du scrutin. Plus que des doutes d'ailleurs : dans ces conversations informelles et censées rester secrètes, les Européens utilisent des termes bien moins diplomatiques que dans leurs communiqués officiels.
 
L'un d'entre eux explique clairement que si la publication des résultats traîne, c'est parce que « Ali Bongo sait qu'il a perdu » puis il s'interroge, « Comment vont-ils faire pour annoncer qu'il a gagné ? »
 
Agir par le biais des médias
 
Le Journal du Dimanche assure que ces écoutes n'ont pas seulement permis au pouvoir gabonais de surveiller les observateurs, elles ont également permis d'agir contre eux par le biais des médias. Par exemple, au lendemain d'un échange entre un observateur et son chef concernant une rencontre avec l'opposition, plusieurs journaux dénoncent un scandale, parlent même de corruption en citant seulement « des sources des services gabonais. »
 
Pour Le JDD, il ne fait aucun doute que ces sources se sont appuyées sur les écoutes téléphoniques pour cibler les observateurs et tenter de les décrédibiliser aux yeux du grand public.
 
Réactions à Libreville
 
Officiellement, de leur côté, les autorités gabonaises attendent. La journée de dimanche était consacrée à l'annonce du nouveau gouvernement. Cet article n'est qu'un « contre-feu » et même « de l'enfumage pour maquiller l'implication de certains observateurs en faveur de l'opposition et le jeu trouble de certains diplomates », répond, aujourd'hui, le porte-parole du gouvernement gabonais.
 
Dans l'entourage du président Bongo, on glisse, avec un sourire, que les écoutes téléphoniques sont un phénomène extrêmement banal.
 
Le parti au pouvoir, lui, attend de voir comme l'explique son secrétaire général, Faustin Boukoubi. « Si jamais ce n'était pas prévu dans les accords, si ce n'était pas prévu dans les lois gabonaises, si les réglements ne le prévoyaient pas, évidemment je peux être choqué », temporise-t-il.
 
L'opposition de son côté assure que ces révélations du Journal du dimanche ne sont pas vraiment surprenantes. Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole du candidat déçu Jean Ping, espère maintenant une réaction de l'Union européenne. « Quel type de relation l'Union européenne peut avoir avec un pouvoir qui se comporte de la sorte à son endroit ? Est-ce que la Commission européenne, est-ce que le Parlement européen, va laisser ses organes être ainsi voués aux gémonies ? » Se demande-t-il.
 
L'Union européenne est restée silencieuse jusqu'à présent. Ni la Commission ni la mission d'observation n'ont souhaité réagir pour l'instant.


Source: Rfi.fr


Lundi 3 Octobre 2016 - 07:45


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