La peine est extrêmement lourde : 25 ans de réclusion. Le Rwandais Pascal Simbikangwa a été condamné vendredi pour son rôle dans le génocide au terme d'un procès historique, le premier en France lié au drame rwandais, 20 presque jour pour jour après les massacres.
L'ex-capitaine de la garde présidentielle, âgé de 54 ans, paraplégique depuis 1986 et cloué dans un fauteuil roulant, a été reconnu coupable de génocide en qualité d'auteur, et de complicité de crimes contre l'humanité par la cour d'assises de Paris. Le verdict est tombé au terme d’un procès fleuve de sept semaines et d'un délibéré de 12 heures.
Une jurisprudence pour les futurs dossiers
La cour d'assises n'a pas suivi les réquisitions du parquet qui réclamait la perpétuité, mais les jurés, à la majorité absolue, condamnent Pascal Simbikangwa comme auteur de crime de génocide et pas comme simple complice.
C'est une décision symbolique et un acte fort, un message envoyé à tous les génocidaires rwandais qui ont pu trouver refuge sur le sol français. Ce verdict fera un précédent et servira d'exemple pour les vingt-sept dossiers de génocide toujours à l'instruction.
Pour la cour, Pascal Simbikangwa a bien fait partie d'un réseau extrémiste, il a participé à l'élaboration du génocide, sur le moment, mais aussi auparavant, avec les dignitaires du régime, pour élaborer un plan concerté destiné à éradiquer la communauté tutsi.
Selon la cour d'assises, Simbikangwa a bien distribué des armes aux miliciens, donné des ordres sur les barrières de Kigali pour éliminer les Tutsis. Il a donc pleinement adhéré aux exécutions sommaires. Pour la justice française, il doit donc être considéré comme auteur de crime de génocide.
Pour les parties civiles, c'est un grand jour. La défense, de son côté, va faire appel. Elle avait demandé son acquittement, dénonçant des témoignages « fragiles » et un procès « politique » à quelques semaines des commémorations du déclenchement du génocide le 7 avril 1994, alors que les autorités du Rwanda post-génocide ont souvent accusé la France d'avoir soutenu le régime hutu génocidaire et protégé ses responsables.
Imprégné de l'idéologie hutu
Pascal Simbikangwa, arrêté en 2008 pour trafic de faux papiers dans l'île française de Mayotte, où il était réfugié clandestinement, était jugé au nom du principe de compétence universelle qui permet de juger un étranger pour des faits commis à l'étranger pour les crimes les plus graves.
Il était apparu au long de son procès comme toujours imprégné de l'idéologie hutu extrémiste, rendant l'ex-rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR, dont l'arrivée au pouvoir en juillet 1994 mit fin au génocide) responsable d'avoir précipité le pays dans le « chaos » et défendant l'idée d'un « double génocide », génocide de hutu par le FPR dans les camps de réfugiés du Zaïre (aujourd'hui République démocratique du Congo) qui aurait suivi celui des Tutsis au Rwanda, thèse considérée comme révisionniste par nombre d'historiens.
Tout au long de son procès, Simbikangwa avait contre vents et marées soutenu n'avoir vu aucun cadavre pendant les 100 jours desquels 800 000 personnes, en majorité des Tutsis, furent massacrés.
Source : Rfi.fr
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