L'économie. Interrogé lors du deuxième débat présidentiel télévisé sur sa "priorité", Barack Obama avait répondu : "L'énergie, parce que c'est aussi l'emploi." Mais quel sera le rythme d'application de son objectif : créer 5 millions d'"emplois verts" en dix ans? Ses décisions dépendront de la dimension de la crise économique, les pronostics étant moroses. Si les banques rechignent toujours à desserrer le crédit, M. Obama et un Congrès démocrate acquis à sa cause devraient rapidement adopter un second "plan d'urgence" (après le plan Bush de 153milliards de dollars annoncé en mars), destiné en priorité aux emprunteurs insolvables et aux chômeurs – si ce plan n'est pas signé par M. Bush avant son départ.
Si les suppressions d'emplois s'accélèrent, M. Obama devrait augmenter rapidement le niveau de l'indemnisation chômage, plutôt que sa durée. Les experts parient que des mesures concernant l'éducation, surtout les crédits au secteur primaire, auxquels M. Obama tient beaucoup, seront présentées avant celles touchant à la réforme de l'assurance-santé, qui se heurtera à plus de difficultés du côté des laboratoires pharmaceutiques et des assurances médicales.
M. Obama dotera certainement la Réserve fédérale (Fed, banque centrale américaine) de pouvoirs étendus et redéfinira le fonctionnement de la SEC (le régulateur des marchés), très critiquée durant la crise financière. De même, selon ses conseillers, il va renforcer les pouvoirs de certaines grandes agences existantes. La Federal Deposit Insurance Corp. (FDIC, agence fédérale de garantie des dépôts bancaires) pourrait ainsi voir son champ d'action et ses moyens accrus.
Autre enjeu majeur, la fiscalité : M. Obama a promis de la réduire "pour 95%" des Américains. Or 32% d'entre eux, les plus nécessiteux, sont exonérés de l'impôt sur le revenu. Son entourage estime que, vu la situation économique, cette promesse devra être reportée à de meilleurs jours; peut-être même le niveau d'imposition revu à la hausse…
Le budget militaire. Le Pentagone savait que son prochain budget serait difficile à établir, quel que soit l'élu. Il revendique son maintien au niveau actuel, ajusté à l'inflation. Mais, même en ce cas, le Pentagone devrait renoncer à certains de ses projets, parmi lesquels on cite le nouveau système de missiles de défense ou son nouvel avion de combat.
Avec la crise, la probabilité a augmenté de voir ce budget réduit. Barney Frank, président démocrate de la commission des finances de la Chambre, a évoqué jusqu'à 25% de coupes claires. C'est un des dossiers sur lesquels M. Obama devra se prononcer rapidement.
L'Irak. M. Obama entend retirer l'essentiel des troupes américaines en seize mois, d'ici à la fin juillet 2010, pour ne maintenir en Irak que des forces chargées de la lutte antiterroriste. Il fera de cet objectif une priorité. Un retrait d'Irak serait précédé d'une négociation "globale" impliquant ses voisins, Iran inclus selon l'état des négociations menées avec la République islamique.
L'Iran. Convaincu que seule une offre politique peut faire renoncer Téhéran à l'arme nucléaire, M. Obama entend engager une "diplomatie active" en ce sens. Avec quelle "offre"? La reconnaissance de son régime incluant son intégration dans le concert des nations et un abandon américain de toute velléité de l'abattre – en contrepartie d'un renoncement iranien absolu et vérifiable à l'arme atomique.
Dans une lettre adressée au nouvel élu (Newsweek du 3 novembre), Richard Haass, président du Council on Foreign Relations, lui écrivait : "Si l'Iran continue ses efforts pour enrichir l'uranium, tôt durant votre mandat vous serez confronté au choix de l'attaquer (ou de donner un feu vert aux Israéliens) ou de vivre avec un Iran nucléaire."
L'Afghanistan."On ne pourra pas tout faire avec moins d'argent", déclarait, lundi 3 novembre, un responsable du Pentagone au New York Times. M. Obama considère que l'axe afghano-pakistanais est le cœur de tous les dangers. Il estime que la sortie d'Irak permettrait de récupérer 10 milliards de dollars par mois. Mais ce ne serait pas immédiat, et l'entretien d'un soldat sur le sol afghan est une fois et demie supérieur à celui de son homologue en Irak. Seule certitude : M. Obama cherchera à ce que les Européens s'engagent plus, militairement, en Afghanistan s'il y augmente le niveau des forces américaines.
Guantanamo. Lorsque, le 3 novembre, le Yéménite Ali Hamza Ahmad a été condamné à la réclusion à perpétuité par un tribunal militaire d'exception, pour "propagande" en faveur d'Al-Qaida (il n'était accusé d'aucun crime de sang), l'Association américaine de défense des libertés civiles a jugé ce verdict "illégitime". Elle a critiqué "un système fondamentalement défectueux" destiné à "produire des condamnations et non à rendre la justice". M. Obama a affirmé durant la campagne qu'il fermerait Guantanamo. Selon la CIA, 75prisonniers, sur les 255 qui y restent incarcérés, sont passibles d'être jugés. Et une soixantaine en état d'être libérés s'ils trouvaient un pays d'accueil.
La fermeture de la prison de Guantanamo posera un problème logistique d'une envergure inédite. Qui libérer, qui maintenir en détention? Sachant que, pour tous, le matériau frappé du sceau du secret dont dispose l'accusation inclut des dizaines de milliers de pages, mais l'on soupçonne que nombre des aveux ont été obtenus par la torture. Où placer les prisonniers, et sur quelle base les juger équitablement ?
Lemonde.fr
Si les suppressions d'emplois s'accélèrent, M. Obama devrait augmenter rapidement le niveau de l'indemnisation chômage, plutôt que sa durée. Les experts parient que des mesures concernant l'éducation, surtout les crédits au secteur primaire, auxquels M. Obama tient beaucoup, seront présentées avant celles touchant à la réforme de l'assurance-santé, qui se heurtera à plus de difficultés du côté des laboratoires pharmaceutiques et des assurances médicales.
M. Obama dotera certainement la Réserve fédérale (Fed, banque centrale américaine) de pouvoirs étendus et redéfinira le fonctionnement de la SEC (le régulateur des marchés), très critiquée durant la crise financière. De même, selon ses conseillers, il va renforcer les pouvoirs de certaines grandes agences existantes. La Federal Deposit Insurance Corp. (FDIC, agence fédérale de garantie des dépôts bancaires) pourrait ainsi voir son champ d'action et ses moyens accrus.
Autre enjeu majeur, la fiscalité : M. Obama a promis de la réduire "pour 95%" des Américains. Or 32% d'entre eux, les plus nécessiteux, sont exonérés de l'impôt sur le revenu. Son entourage estime que, vu la situation économique, cette promesse devra être reportée à de meilleurs jours; peut-être même le niveau d'imposition revu à la hausse…
Le budget militaire. Le Pentagone savait que son prochain budget serait difficile à établir, quel que soit l'élu. Il revendique son maintien au niveau actuel, ajusté à l'inflation. Mais, même en ce cas, le Pentagone devrait renoncer à certains de ses projets, parmi lesquels on cite le nouveau système de missiles de défense ou son nouvel avion de combat.
Avec la crise, la probabilité a augmenté de voir ce budget réduit. Barney Frank, président démocrate de la commission des finances de la Chambre, a évoqué jusqu'à 25% de coupes claires. C'est un des dossiers sur lesquels M. Obama devra se prononcer rapidement.
L'Irak. M. Obama entend retirer l'essentiel des troupes américaines en seize mois, d'ici à la fin juillet 2010, pour ne maintenir en Irak que des forces chargées de la lutte antiterroriste. Il fera de cet objectif une priorité. Un retrait d'Irak serait précédé d'une négociation "globale" impliquant ses voisins, Iran inclus selon l'état des négociations menées avec la République islamique.
L'Iran. Convaincu que seule une offre politique peut faire renoncer Téhéran à l'arme nucléaire, M. Obama entend engager une "diplomatie active" en ce sens. Avec quelle "offre"? La reconnaissance de son régime incluant son intégration dans le concert des nations et un abandon américain de toute velléité de l'abattre – en contrepartie d'un renoncement iranien absolu et vérifiable à l'arme atomique.
Dans une lettre adressée au nouvel élu (Newsweek du 3 novembre), Richard Haass, président du Council on Foreign Relations, lui écrivait : "Si l'Iran continue ses efforts pour enrichir l'uranium, tôt durant votre mandat vous serez confronté au choix de l'attaquer (ou de donner un feu vert aux Israéliens) ou de vivre avec un Iran nucléaire."
L'Afghanistan."On ne pourra pas tout faire avec moins d'argent", déclarait, lundi 3 novembre, un responsable du Pentagone au New York Times. M. Obama considère que l'axe afghano-pakistanais est le cœur de tous les dangers. Il estime que la sortie d'Irak permettrait de récupérer 10 milliards de dollars par mois. Mais ce ne serait pas immédiat, et l'entretien d'un soldat sur le sol afghan est une fois et demie supérieur à celui de son homologue en Irak. Seule certitude : M. Obama cherchera à ce que les Européens s'engagent plus, militairement, en Afghanistan s'il y augmente le niveau des forces américaines.
Guantanamo. Lorsque, le 3 novembre, le Yéménite Ali Hamza Ahmad a été condamné à la réclusion à perpétuité par un tribunal militaire d'exception, pour "propagande" en faveur d'Al-Qaida (il n'était accusé d'aucun crime de sang), l'Association américaine de défense des libertés civiles a jugé ce verdict "illégitime". Elle a critiqué "un système fondamentalement défectueux" destiné à "produire des condamnations et non à rendre la justice". M. Obama a affirmé durant la campagne qu'il fermerait Guantanamo. Selon la CIA, 75prisonniers, sur les 255 qui y restent incarcérés, sont passibles d'être jugés. Et une soixantaine en état d'être libérés s'ils trouvaient un pays d'accueil.
La fermeture de la prison de Guantanamo posera un problème logistique d'une envergure inédite. Qui libérer, qui maintenir en détention? Sachant que, pour tous, le matériau frappé du sceau du secret dont dispose l'accusation inclut des dizaines de milliers de pages, mais l'on soupçonne que nombre des aveux ont été obtenus par la torture. Où placer les prisonniers, et sur quelle base les juger équitablement ?
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