Avenir en clair obscur pour la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme, Rama Yade
Le calendrier est parfois cruel. A l'heure où le monde célèbre le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, en France, le secrétariat d'Etat dévolu à ce bel idéal, lui, vacille. Dans un entretien à paraître mercredi dans Le Parisien, si Bernard Kouchner a beau défendre la titulaire du poste, Rama Yade, le ministre des Affaires étrangères semble pourtant ne pas accorder un grand avenir à son maroquin. "Je pense que j'ai eu tort de demander un secrétariat d'Etat aux droits de l'Homme. C'est une erreur", affirme aujourd'hui le ministre d'ouverture, se plaçant ainsi à l'origine d'une concession arrachée à Nicolas Sarkozy, en échange de sa participation au gouvernement Fillon.
En cause, selon lui, "une contradiction permanente entre les droits de l'Homme et la politique étrangère d'un Etat, même en France." "On ne peut pas diriger la politique extérieure d'un pays uniquement en fonction des droits de l'homme. Diriger un pays éloigne évidemment d'un certain angélisme", ajoute-t-il. Le récent tintamarre autour de la rencontre, fustigée par Pékin, entre Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama, accrédite cette thèse. Comme les propos du fondateur de Médecins sans frontières (MSF) peuvent signifier une reculade de Paris sur la très sensible question de la place des droits de l'Homme dans les relations internationales.
"Elle a fait, avec talent, ce qu'elle a pu"...
Tout est question d'interprétation. En attendant, Rama Yade, elle, peut se faire du souci. Certes, Bernard Kouchner n'annonce pas la dissolution immédiate de son portefeuille, mais l'affaire semble entendue. Tressant, au cours de l'entretien accordé au quotidien francilien, l'éloge de sa jeune subordonnée, le patron de la diplomatie française emploie en effet... le passé composé: "Elle a fait, avec talent, ce qu'elle a pu", affirme-t-il, accréditant donc un peu plus l'idée d'un départ de la native de Dakar. Pour quelle destination? Là est la question. Ces derniers temps, la rumeur l'envoyait à un autre secrétariat d'Etat, celui des Affaires européennes, en remplacement de Jean-Pierre Jouyet, futur président de l'autorité des marchés financiers (AMF). Or, ces derniers jours, l'hypothèse a pris du plomb dans l'aile.
La raison tient en des propos qu'elle a elle-même tenue et qui ont provoqué, à en croire le journal Le Monde, la fureur du chef de l'Etat. Interrogée dimanche sur son engagement en première ligne lors des élections européennes du printemps prochain, Rama Yade a clairement repoussé l'invitation: "Je ne veux pas être dans une situation où je trouve ce mandat prématuré", a-t-elle déclaré. "Je suis davantage motivée par un mandat national que par un mandat européen", a-t-elle ajouté. De l'Elysée, la contre-attaque, par voie de presse, n'a alors pas tardé à fuser. Dans l'entourage du Président, on estime en effet "qu'elle a commis une erreur grave de jugement sur l'importance de l'Europe et du Parlement européen", écrit le quotidien du soir. Lequel place désormais en pole position pour ce poste, Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin.
Du coup, en cette intense période de jeu de chaises musicales au sein de la majorité, à force de voir les portes se refermer devant elle, Rama Yade pourrait bien rester sur le carreau. Même si elle possède encore des atouts dans sa poche. A commencer par son statut particulier au sein du gouvernement Fillon. Femme, jeune, et de couleur, elle symbolise toujours la fameuse "diversité" chère à Nicolas Sarkozy. Au même titre que Rachida Dati, autre ministre à avoir les oreilles qui sifflent ces derniers temps. Or, la ministre de la Justice, surveillée de près par l'Elysée, semble elle confortée dans sa mission (moins dans sa communication). A tout le moins pour quelques mois encore. Rama Yade, ministre à la langue bien pendue, bénéficiera-t-elle d'une telle mansuétude? Le chef de l'Etat tranchera.
En cause, selon lui, "une contradiction permanente entre les droits de l'Homme et la politique étrangère d'un Etat, même en France." "On ne peut pas diriger la politique extérieure d'un pays uniquement en fonction des droits de l'homme. Diriger un pays éloigne évidemment d'un certain angélisme", ajoute-t-il. Le récent tintamarre autour de la rencontre, fustigée par Pékin, entre Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama, accrédite cette thèse. Comme les propos du fondateur de Médecins sans frontières (MSF) peuvent signifier une reculade de Paris sur la très sensible question de la place des droits de l'Homme dans les relations internationales.
"Elle a fait, avec talent, ce qu'elle a pu"...
Tout est question d'interprétation. En attendant, Rama Yade, elle, peut se faire du souci. Certes, Bernard Kouchner n'annonce pas la dissolution immédiate de son portefeuille, mais l'affaire semble entendue. Tressant, au cours de l'entretien accordé au quotidien francilien, l'éloge de sa jeune subordonnée, le patron de la diplomatie française emploie en effet... le passé composé: "Elle a fait, avec talent, ce qu'elle a pu", affirme-t-il, accréditant donc un peu plus l'idée d'un départ de la native de Dakar. Pour quelle destination? Là est la question. Ces derniers temps, la rumeur l'envoyait à un autre secrétariat d'Etat, celui des Affaires européennes, en remplacement de Jean-Pierre Jouyet, futur président de l'autorité des marchés financiers (AMF). Or, ces derniers jours, l'hypothèse a pris du plomb dans l'aile.
La raison tient en des propos qu'elle a elle-même tenue et qui ont provoqué, à en croire le journal Le Monde, la fureur du chef de l'Etat. Interrogée dimanche sur son engagement en première ligne lors des élections européennes du printemps prochain, Rama Yade a clairement repoussé l'invitation: "Je ne veux pas être dans une situation où je trouve ce mandat prématuré", a-t-elle déclaré. "Je suis davantage motivée par un mandat national que par un mandat européen", a-t-elle ajouté. De l'Elysée, la contre-attaque, par voie de presse, n'a alors pas tardé à fuser. Dans l'entourage du Président, on estime en effet "qu'elle a commis une erreur grave de jugement sur l'importance de l'Europe et du Parlement européen", écrit le quotidien du soir. Lequel place désormais en pole position pour ce poste, Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin.
Du coup, en cette intense période de jeu de chaises musicales au sein de la majorité, à force de voir les portes se refermer devant elle, Rama Yade pourrait bien rester sur le carreau. Même si elle possède encore des atouts dans sa poche. A commencer par son statut particulier au sein du gouvernement Fillon. Femme, jeune, et de couleur, elle symbolise toujours la fameuse "diversité" chère à Nicolas Sarkozy. Au même titre que Rachida Dati, autre ministre à avoir les oreilles qui sifflent ces derniers temps. Or, la ministre de la Justice, surveillée de près par l'Elysée, semble elle confortée dans sa mission (moins dans sa communication). A tout le moins pour quelques mois encore. Rama Yade, ministre à la langue bien pendue, bénéficiera-t-elle d'une telle mansuétude? Le chef de l'Etat tranchera.
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