La célèbre citation de Louis Antoine Léon de Saint-Just, homme politique français natif de Decize (département de la Nièvre), fut prononcée pour annoncer la répression sanglante des mouvements contre-révolutionnaires et royalistes en France. Pour autant, il faut préciser que cet appel ne signifie pas que les adversaires de la liberté ne sont pas libres ou ne veulent pas l’être. Au contraire, il s’agit ici des hommes qui défendent des conceptions hostiles aux libertés individuelles et rêvent de les appliquer, qui contestent la liberté des autres. En d’autres termes, ce sont essentiellement les diverses forces antidémocratiques. Mais notre propos est ici celui, inversé de Saint-Just « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ». Ce qui est justement le problème de cette citation, c’est-à-dire qu’on ne peut défendre la liberté en la refusant à certains. Curieusement, ce fameux cri de Saint-Just revient en pleine actualité sénégalaise. Il s’agit, précisément, de la succession de cas de violence portant atteinte à la liberté d’expression et à l’intégrité de personnes physiques et morales au Sénégal, et dont la plus récente constitue l’incendie de la tribune officielle du meeting du Parti socialiste à Thiès. Pourquoi parler d’invention, d’‘’archéologie’’ ou de fait social ? Parce que les sciences sociales sont iconoclastes, l’usage de certains termes ou expressions doit être précisé pour ne pas prêter à confusion. En d’autres termes, le choix de définitions des concepts centraux est très important dans tout domaine d’étude scientifique.
Du point de vue sociologique, la violence peut être classée dans la catégorie des cas de déviance, autrement dit des faits qui se situent en marge des normes de la société. A ce titre, combien d'entre nous placeraient les toxicomanes, alcooliques ou agresseurs en bonne position des listes de déviants dans la société ? Encore faut-il préciser que la déviance sociale varie sensiblement selon les différents segments de la société, mais évolue dans le temps. Sous ce rapport, l’expression populaire « Sénégal deukou diam la » a bien ici son sens. Sous ce rapport, le terme "phénomène social" ne s'applique pas à une personne mais à un mouvement, une idée, un fait ... qui prend des proportions telles qu'il sort de son environnement initial où il était peut-être méconnu ou marginal. En quoi la gravité de l’incendie du meeting du P.S à Thiès réunit-il les caractéristiques d’un attentat qui est, selon le Larousse, une attaque criminelle ou illégale contre les personnes, les droits, les biens ? S’agit-il d’une tentative de pogrom qui est, selon toujours le Larousse, une agression meurtrière d’une communauté ethnique ou religieuse comme ce fut le cas de l’holocauste ou du génocide du peuple juif ou rwandais ? Car il s’agit bien d’un fait d’énergumènes visant à décimer ou à exterminer une communauté politique.
Dans cette perspective, l’incendie de la tribune qui abritait les membres du bureau politique du P.S pourrait s’inscrire dans la logique des actes criminels. Le mode opératoire par lequel il s’est déroulé, est singulier. Ce qui justifie l’usage du mot « Invention » qui signifie sociologiquement une manière originale de production d’un fait social ou politique. Si la violence est généralement pensée sous le seul prisme de l’atteinte à l’intégrité physique d’une personne, elle sera ici envisagée sous l’angle de sa manifestation et des facteurs qui sous-tendent son mode opératoire. A ce titre, l’usage du mot « archéologie » aide à mieux comprendre ce fait déviant. Comment des Ennemis circulants identifiables(ECI) arrivent-ils donc à menacer sporadiquement la cohésion nationale dans une démocratie pluraliste alors que l’Etat est le seul détenteur du monopole de la violence légitime ? Une telle interrogation amène à analyser l’élasticité de la notion de violence à travers son invention actuelle au Sénégal (1), et à indiquer ensuite des pistes de réflexion (2).
b[1. b[De l’élasticité de la notion de violence à son invention actuelle dans le champ politique ]b]b
Il ne s’agit pas ici de réduire l’incendie de la tribune officielle du meeting du PS à Thiès à une violence symbolique qui viserait à monter les citoyens contre les politiques. Même si le phénomène de pauvreté est un facteur explicatif de la violence, celle-ci serait mieux comprise si elle est étudiée sous l’angle de son invention. Il s’agit ici d’expliquer la récurrence de la violence au Sénégal à travers ses de nouveaux modes opératoires. Pour autant, il est important d’apporter quelques précisions sur la violence selon certains auteurs afin de cerner cette notion d’élasticité du phénomène. Si la violence politique est relative à l'exploitation, de la part d'un État ou d'un mouvement politique, de formes de violences envers des populations, elle n'a pour objet que des aspects d'ordre politique (revendications territoriales, indépendance), et a pour effet d'imposer le point de vue de l’auteur de cette violence, ou, sinon, de dissuader l'expression d'autres points de vue.
Mais la violence peut s’inscrire dans la dynamique de la domination dans la société. Cette domination se manifeste sous la forme d’un pouvoir de coercition dans les sociétés contemporaines. Dans sa conception cynique du pouvoir, Nicolas Machiavel considère, dans « Le Prince », l’usage de la force comme le fondement du pouvoir politique. Ce qui n’est le cas pour Pierre Clastres dans son étude des sociétés primitives amérindiennnes (Tupi-Guarani et Gayaki) étant des sociétés égalitaires comme beaucoup de nos sociétés traditionnelles. Il s’agit de sociétés fondées sur le lignage qui refusent l’Etat car se plaisant dans leur organisation sociale et politique. Dans « La société contre l’Etat », Clastres montre que le Chef use de son pouvoir politique, non pas par la force, mais par son charisme, son don oratoire, sa capacité de persuasion, c’est-à-dire sa fonction de régulateur social. Cette légitimité charismatique qui est une source du pouvoir politique fait partie des trois idéaltypes de Max Weber sur la domination : la domination traditionnelle puisant son fondement dans la tradition (coutume), la domination légale-rationnelle fondée sur la règle et la domination charismatique reposant sur des qualités exceptionnelles. En cela, Weber définit l’Etat comme « un groupe de domination politique dont la direction administrative revendique avec succès le monopole de la violence physique légitimes ».
Si la violence au sens de domination apparaît ici sous différentes formes, cette pluralité se perçoit également au niveau du langage : il s’agit de la violence verbale. Dans ce cadre, les recherches de Noam Chomsky ont beaucoup apporté à ce que l'on appelle la « révolution cognitive ». Chomsky a entrepris une déconstruction (remise en question) de l'approche comportementale de l'étude de l'esprit et du langage qui dominait dans les années 1950. Pour ce faire, il s’emploie à une critique du Verbal Behavior (« Comportement verbal ») de Skinner en 1959. Ses travaux fondés sur une approche naturaliste de l’étude du langage ont constitué un grand apport à la philosophie du langage et de l’esprit. Ils ont aussi traduit ce qu’on appelle « la hiérarchie de Chomsky » qui est un moyen de classification des langages formels en fonction de leur pouvoir de génération. En cela, la parole du « Kilifa » ou « dirigeant » dans nos sociétés a toujours eu un pouvoir prophétique, c’est-à-dire respectée en raison de la représentation que les populations avaient de ce « Kilifa ». Mais en envisageant la violence sous l’angle de la portée du langage, on perçoit ce qu’on appelle la violence verbale.
Sous ce rapport, on constate bien l’élasticité de la notion de violence qui n’est pas toujours physique. Partant, l’on peut se demander en quoi des énergumènes jouant des faiblesses répressives de la démocratie pour injecter leur venin, représentent-ils de véritables ennemis de la liberté et du bien public et, par conséquent, des menaces contre la cohésion nationale. Répondre à cette interrogation suppose de relever de l’observation de la société sénégalaise, la pluralité des formes de la violence. En effet, l’élasticité du phénomène de violence met en lumière son invention. Cela signifie que celle-ci peut être envisagée sous plusieurs angles parmi lesquels les côtés discursif, financier, social et politique. Mais notre propos privilégiera les angles financier, environnemental et politique.
Sur le plan financier, la gestion des audits par le pouvoir politique issu de l’alternance démocratique du 19 mars 2000 mérite une réflexion. Qu’est-ce qui explique l’impunité de ces audits qui ont pourtant occupé une bonne place dans le discours politique de campagne électorale du Front pour l’alternance (FAL) ? Pour répondre à cette question, il est important de convoquer le contexte politique de 2000. Malgré sa victoire au second tour, tout laisse à penser que le nouveau parti au pouvoir (PDS) n’était pas rassuré par la représentativité de son capital militant. Pour reconfigurer son assise politique locale et nationale, il a fallu débaucher des responsables d’autres partis, et plus particulièrement de grands responsables du P.S. Dans ce cadre, des responsables socialistes mouillés par les audits ont choisi de rompre avec leur formation politique d’origine (P.S) pour échapper à d’éventuelles sanctions, même s’ils bénéficiaient en tant que citoyens de la présomption d’innocence.
Ce choix de la transhumance volontaire ou forcée met en relief la course aux ressources d’allégeance de ces transhumants et l’état de l’éthique de conviction dans l’espace politique sénégalais. Mais la position du PDS en 2000 met aussi en lumière le choix de l’électorat des épinglés par les audits à la place de leur sanction. Cette instrumentalisation des audits à des fins politiques ne constitue-t-elle pas une forme de violence économique dans la mesure où il s’agit de pertes et profits pour l’économie nationale ? En effet, les usages politiques des audits, autrement dit leur manipulation à des fins politiques n’apparaît-elle pas comme une invention de la violence faite aux Sénégalais qui sont confrontés à d’autres problèmes de pauvreté, de chômage et de sécurité ? Aujourd’hui, les résultats des audits commandités par l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), révèlent des faits insolites du point de vue du comportement à l’égard du bien public, notamment les marchés passés en 2008 par le Ministère de la Famille, de la Solidarité nationale, de l’Entreprenariat féminin et de la Micro finance. On relève l’achat d’une clé USB de 1 Go acheté à 97 000 FCFA, d’un tapis de prière à 15 800 francs CFA, d’un couteau à 42 000 FCFA, d’une cuisinière à 2,115 millions FCFA, et d’une cuillère grand modèle au prix de 37 000 FCFA. Encore faut-il ajouter les révélations de Monsieur Abdou Latif Coulibaly dans son ouvrage sur l’Agence Nationale de l’Organisation de la Communauté Islamique (ANOCI) relatives à l’achat d’un luminaire au prix de 10 millions de FCFA pour le bureau du président de cette structure. Tous ces faits permettent ainsi de localiser la violence dans un lieu, autre que celui dans lequel on a l’habitude de le situer, c’est-à-dire la violence physique.
Dans cette perspective, le comportement de certains Sénégalais vis-à-vis de leur cadre de vie constitue en soi une autre forme de violence. En effet, l’usage anarchique de la voie publique exprime une typologie de la violence à travers les nuisances qu’il génère. Il s’agit de l’atteinte à la libre circulation des personnes. Pourtant, lorsque la mairie de la ville de Dakar entreprend le désengorgement des voies publiques de la capitale, cela soulève des réactions parfois paradoxales. Par ailleurs, certains comportements, notamment le fait d’uriner à n’importe quel endroit de la ville, posent de sérieux problèmes de salubrité publique, malgré l’existence d’urinoirs installés à cet effet. De surcroît, le fait d’uriner sur le mur de clôture d’autrui constitue une forme de violence qui entame les liens de sociabilité. Ce phénomène qui est surtout observable dans les gares routières, pose un véritable problème de santé publique pour les usagers. Certes, le développement a une base culturelle lorsqu’il s’agit de créer des liens de sociabilité au sein de la collectivité. Elle met aussi en relief la problématique du développement, même si la pauvreté ne saurait justifier de tels comportements. Mais cette forme de violence faite à l’environnement et au cadre de vie semble liée à un problème d’appropriation de l’espace public. De ce point de vue, les sanctions prévues contraignent difficilement les réfractaires à l’obéissance de la règle. C’est pourquoi, la gestion des ordures dans les agglomérations urbaines du Sénégal constitue un sérieux problème qui appelle une introspection collective sur certaines formes de comportements, même si des efforts énormes ont été fournis depuis la Société africaine de Diffusion et de Promotion (SOADIP : 1971-1984) jusqu’à Ama-Sénégal en passant par la Société Industrielle d’Aménagement du Sénégal (1986-1995).
Si l’aspect financier et environnemental de la violence est souvent ignoré tel qu’il est analysé précédemment, c’est parce que l’accent mis sur le côté physique du phénomène reste plus visible. A ce titre, la succession d’actes de violence physique qui sont restés impunis attirent plus l’attention de l’opinion publique, car n’allant pas souvent dans le sens de ses attentes. Aujourd’hui, l’idée de démocratie apaisée attribuée au Sénégal devient, à l’épreuve des faits, discutable. C’est pourquoi, il est important de convoquer quelques cas qui semblent conforter la résurgence de la violence. Il s’agit de faits qui font le lit de l’impunité. Certes, la violence a toujours existé dans le champ politique sénégalais. Mais force est de reconnaître qu’elle a pris des proportions importantes depuis quelques années, surtout dans le cadre des luttes de positionnement dans l’espace politique. Si les élections de 1988 ont été émaillées par des troubles électoraux et post-électoraux, celles de 1993 ont été plus marquées par la violence, car allant jusqu’à l’assassinat de Me Babacar Sèye, Vice-président du Conseil constitutionnel. Les auteurs de ce crime ont ensuite bénéficié d’une amnistie. En ce sens, la loi Ezzan, qui est une loi d’amnistie visant à absoudre des infractions commises depuis 1983, ne favorise-t-elle pas l’impunité ? Car, cette loi vise précisément les infractions criminelles commises en relation avec les élections générales et locales organisées entre le 1er janvier 1983 et le 31 décembre 2004, ou ayant des motivations politiques, et prévoit en même temps l’amnistie de toutes les infractions en relation avec le décès de Me Babacar Sèye.
D’autres affaires restent toujours non élucidées. On pourrait citer :
- la mort de l’étudiant Balla Gaye,
- la tentative d’assassinat du leader politique Talla Sylla (affaire classée),
- l’incendie du siège de Psd/Jant-bi (affaire classée),
- l’incendie de la Bourse du travail (CNTS),
- l’agression de Pape Cheikh Fall, correspondant de la Rfm à Diourbel,
- l’affaire des journalistes Kambel Dieng et Karamokho Thioune,
- l’agression contre le candidat Idrissa Seck lors de la campagne de l’élection présidentielle de 2007,
- le saccage des locaux abritant les journaux «L’As» et «24 Heures Chrono »,
- la casse des locaux de Wal Fadjri,
- l’agression de militants socialistes à Paris,
- l’agression contre le cortège du leader de l’APR/Yakaar,
- l’incendie d’un véhicule à la permanence du PDS, et
- les incidents de violence entre militants du PDS à Fatick.
Sous ce rapport, l’on peut s’interroger objectivement sur la protection des libertés si l’on considère la liste des faits de violence énumérés ci-dessus. On pourrait aussi se demander pourquoi dans un Etat de droit on en arrive à cette situation incompatible avec une démocratie dite apaisée. Pourtant le Sénégal est un Etat où existent tous les dispositifs appropriés pour sanctionner les actes de violence, notamment ceux précédemment cités. Mais curieusement, on note un développement des agressions contre des Sénégalais qui se battent quotidiennement pour apporter leur valeur ajoutée au développement de leur pays. L’exemple du récent assassinat de ce vieux aux Parcelles Assainies par des malfrats est illustratif de l’intensité de la violence au Sénégal. Ainsi, les citoyens qui investissent les champs politique, médiatique ou intellectuel semblent ne plus avoir la protection de l’Etat qui a pourtant l’obligation. Car, en vertu du contrat social, l’Etat a l’obligation d’assurer une protection à ses citoyens. Ainsi, le silence inexplicable des guides religieux supposés être des régulateurs sociaux appelle des interrogations légitimes. Pourtant, des guides comme Abdou Lahat Mbacké et El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabbakh ont toujours fait usage de leur fonction de régulation de manière audible. Serigne Mouhamadou Bara Mbacké, Khalife général des Mourides, vient de lancer, lors du Magal du 3 février 2010, un appel contre toutes les formes de violence. En cela, l’attentat manqué contre les membres du bureau politique du P.S à Thiès révèle le degré de gravité de la violence politique et son nouveau mode opératoire.
2. Que faire après le pogrom manqué contre le Bureau politique du P.S à Thiès ?
L’incendie provoqué lors du meeting du P.S à Thiès constitue, d’une part, une manifestation de la résurgence de la violence politique au Sénégal et exprime, d’autre part, un nouveau mode opératoire de ce phénomène. Il met également en relief l’émergence et le rôle des milices dans l’espace politique. Il s’agit de groupes armés qui sont sous le commandement d’un homme politique ou religieux. Les déclarations émises par le correspondant de Wal fadjri à Thiès désignent comme commanditaire le responsable des Jeunes Wadistes. Ce dernier s’est ensuite rétracté. Il est d’ailleurs important de recadrer, dans le cadre de la neutralité axiologique, l’usage de certains termes dans le vocabulaire politique de nos hommes politiques. Précisément, ceux qui parlent de l’Ecole du wadisme doivent se remettre en cause du point de vue scientifique. Car, une Ecole ne se décrète pas au plan scientifique, mais elle se construit sur la base d’un paradigme. Sinon, quel est cette grande théorie (paradigme) reconnue par la communauté scientifique qui constitue le fondement de cette Ecole dite du wadisme ? Il semble plus cohérent de revoir l’appellation de cette structure ou de préciser ses contours.
Après ces précisions, il importe maintenant de relever dans ce cas de violence produit à Thiès, quelques réactions de la classe politique : il s’agit surtout des déclarations des frères de parti du présumé commanditaire. En ce sens, la qualification juridique des faits de cet acte de violence ne peut être que criminelle vu le lieu et les circonstances de la production de cet acte. C’est pourquoi il est regrettable d’entendre un député libéral, Me Tafsir Thioye, qualifier, sur un plateau télévisé, cet acte de fait isolé, au moment où quelques un de ses frères de parti ont fait preuve de responsabilité à travers leurs déclarations. De plus, il est regrettable d’ignorer dans un régime dit de libertés la gravité de certains actes de violence comme cette tentative de pogrom. N’est-il pas aussi contradictoire que de condamner cet acte, et en même temps le qualifier de fait isolé pour avancer un argumentaire fragile ? Le bon sens et la sagesse ne recommanderaient-ils pas de condamner l’acte et de s’en limiter là ? Au même moment, le silence du maire de la ville Thiès où cet acte criminel s’est produit demeure plus qu’étonnant pour quelqu’un qui nourrit des ambitions présidentielles. Encore faut-il préciser que dans le cadre de la police administrative, le maire a la double casquette d’autorité administrative et celle de police judiciaire.
Pourtant, des responsables du Pds à Thiès ont pris leurs distances par rapport au présumé commanditaire et réclamé que la loi s’applique dans toute sa rigueur. Dans ce cadre, certaines déclarations de responsables du PDS montrent que, du point de vue moral, la violence ne doit pas faire l’objet d’une approbation au sein d’une organisation politique, même si elle est le fait d’un de ses membres. A ce titre, le député Mamadou Dramé a tenu des propos qui mettent bien en lumière le principe de la continuité des institutions, autrement dit « les hommes passent les institutions restent ». Il précise : « Nous ne pouvons pas cautionner la violence. Puisqu’il (Massaly) réclame lui-même cet acte, la loi doit s’appliquer. Le Sénégal a eu un président qui s’appelle Senghor, Abdou Diouf, il s’appelle Abdoulaye Wade, il s’appellera quelqu’un d’autre. Je suis un sénégalais, je ne peux pas cautionner de tels actes ». De plus, Madame Hélène TINE, Porte parole de l’Afp déclare : «Au plan politique, nous allons analyser ce qui vient de se passer et voir ce qu’il y a lieu de faire. On n’acceptera pas que la violence parte de Thiès ! Nous serons aussi vigilants. On est à l’approche de la fête du 4 avril et on ne peut accepter que la grâce présidentielle soit donnée à l’instigateur de ce qui s’est passé. Rappelez-vous des condamnés dans l’affaire Me Sèye, qui ont, par la suite, obtenu la grâce présidentielle. Cette fois, nous n’accepterons plus cette grâce pour ces monstres de l’Alternance qui cherchent à brûler le pays et le peuple.»
Dans le même registre, Monsieur Pape Samba Mboup, Ministre, chef de Cabinet du président de la République précise dans une radio de la place : « Le Sénégal est un pays de droit. Il y a des militants qui croient que tout ce qu'ils font va faire plaisir au président. Abdoulaye Wade n'a pas besoin de ça pour gagner des élections. Il est arrivé au pouvoir sans marcher sur des cadavres. Il n'aime pas la violence. Que ce soit Massaly ou qui que ce soit, nous ne cautionnons pas ces choses-là. On ne va pas laisser des gens saboter ce que nous sommes en train de faire. La justice doit faire son travail ». Une dernière déclaration importante du point de vue de l’analyse est celle de Monsieur Babacar Gaye, porte-parole du Pds qui précise : « Il est regrettable que dans une démocratie, les contradictions se règlent par la violence et non par les idées … Ce regain de violence politique n'honore pas notre démocratie et constitue un danger pour la paix civile et la stabilité politique de notre pays saluée par toute la communauté internationale».
Ces déclarations auxquelles il faut ajouter celles des autres partis de l’opposition et de la majorité, des organisations des droits de l’homme et de la société civile, mettent en en relief une éthique de responsabilité. Car cet attentat manqué contre la direction du PS est révélateur d’une invention de pogrom dans l’espace politique sénégalais. Cela signifie qu’on assiste à de nouveaux modes d’action ou d’expression de la violence. Mais si la démocratie suppose une expression plurielle des idées et une gestion des contradictions par des arguments, la violence politique apparaît comme un corps étranger qui peut la gripper lorsque des garde-fous ne sont pas créés et rendus opérationnels.
Ainsi, il importe de décliner maintenant quelques pistes de sortie de crise, après avoir relevé ces déclarations politiques au sujet de cet incendie de la tribune officielle du meeting du PS à Thiès. L’histoire et la science politique nous enseignent qu’après la chute du Tsar en Russie, la question a été, selon Lénine, « Que faire » pour reconstruire ce grand pays ? A cette interrogation, une des réponses a été, au plan politique, la création du Parti communiste de l’Union des Républiques socialistes soviétiques (PCUS). De la même manière, l’on peut se demander « que faire ? » après l’incendie criminel de Thiès ? Dans le cas d’espèce, il s’agit de décliner quelques pistes en partant de l’analyse qui précède.
Pour que des énergumènes ne se jouent plus de la faiblesse des sanctions du pouvoir politique, il urge de rompre avec l’impunité, car « toute société qui n’a pas de culture de sanction se désagrège ». Pour ce faire, le pouvoir se doit de vider sans ambages les dossiers cités ci-haut. Car il est incompréhensible d’appliquer la loi pour les voleurs de poules et de protéger les bandits à col blanc. Une justice à géométrie variable n’est pas un facteur qui garantit la cohésion d’une nation. Il s’agit d’éviter que les citoyens soient obligés de prendre eux-mêmes leur propre sécurité. En d’autres termes, la loi du talion ne doit pas être le recours ultime dans un Etat de droit. C’est pourquoi les magistrats ont une responsabilité historique dans la consolidation de l’Etat de droit et de l’indépendance de la justice. Un Etat est toujours gouverné par un principe de continuité des institutions et la société a toujours le droit de demander des comptes à tout agent de son administration (article 15 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789).
Par ailleurs, il urge d’opérer une introspection collective sur certaines pulsions et comportements qui encouragent la violence ou l’impunité dans la société sénégalaise. Ce processus de civilisation contribue à la construction d’un espace civilisé et pacifique. Mais cette pacification de l’espace public passe par un processus de socialisation. Pour ce faire, les partis politiques qui constituent un des cadres, ont un rôle important à y jouer. Il s’agit, entre autres, de construire une culture politique et citoyenne pour leurs militants. En cela, les partis ont un rôle de formation politique de leurs militants. L’intérêt de cette socialisation politique permet l’intériorisation de valeurs incarnées par la République. Cette éducation politique et civique est pourtant assurée à travers des cadres structurels dans certains partis comme le PS qui vient d’ailleurs d’organiser un colloque international sur « les processus de démocratisation en Afrique ». Sous ce rapport, les partis politiques sénégalais doivent renouer avec leur fonction de socialisation politique.
En outre, la bonne gouvernance doit passer par la suite à donner aux résultats des audits : il s’agit de faire de sorte que force reste à la loi. Il est de ce point de vue important que la marchandisation de l’impunité des audits avec la transhumance partisane ne soit plus une variable déterminatrice du gouvernement de la société. Car, si la tyrannie s’enveloppe de mystère, la liberté commence par la clarté. A ce titre, la promotion de bandits à col blanc à des positions politiques de pouvoir favorise des sentiments de violence latente. Dans ce cadre, l’Etat de droit est devenu aujourd’hui la principale caractéristique des régimes démocratiques. En faisant du droit un instrument privilégié de régulation de l'organisation politique et sociale, il subordonne le principe de légitimité au respect de la légalité. En d’autres termes, l'État de droit suppose de nos jours l'existence effective ou même minimale de libertés individuelles et collectives (liberté de croyance, d'association, d'opinion) et l'indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis des pouvoirs politiques. Il suppose aussi des lois connues, publiques, appliquées par les forces publiques (police et tribunaux particulièrement), y compris à l'endroit d'elles-mêmes, et la bonne gouvernance.
A ce titre, le discours sur la bonne gouvernance doit transcender l’appartenance politique pour devenir une véritable révolution dans la gestion des affaires publiques. Chaque citoyen doit y trouver son compte et le sens de la justice sociale doit imprégner l’action publique. En cela, l’Etat de droit doit consacrer la suprématie de la loi sur tous. Il est aussi important de renforcer les corps de contrôle de l’Etat, notamment l’Inspection Générale d’Etat (IGE), la Cour des Comptes (C.C), l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) et le Conseil d’Etat (C.E). Toutes ces conditions réunies offrent des perspectives efficaces à la consolidation de la démocratie.
Au total, il semblerait que les condamnations morales de la violence dans le champ politique soient devenues quasi unanimes avec la consolidation des démocraties pluralistes, même si la violence semble inscrite dans une logique de négociation ou de marchandage de rentes. Dans la hiérarchie des impératifs qui structurent le destin des peuples, la démocratie apparaît comme une problématique planétaire, voire une exigence historique. Mais la construction de l’infrastructure démocratique ne peut se faire dans un espace non civilisé, voire non pacifié. En cela, la violence doit avoir l’Etat de droit comme mode de régulation. Car toute communauté humaine norme le comportement de ses membres, puisque l’anomie n’existe pas dans les sociétés humaines. En ce sens, les entrepreneurs de milices qui entretiennent la violence au Sénégal doivent se mettre à l’évidence que le commun vouloir de vivre en commun ne se construit qu’à partir d’un abandon ou d’un contrôle de certaines pulsions. L’autocontrainte qui sous-tend, au sens éliassien (Norbert Elias) du terme, le contrôle social dans la dynamique de construction étatique, se doit aussi de passer par le bon exemple.
L’autorité politique qui est chargée d’assurer la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire ne doit exercer sa fonction avec des discours émaillés de violence verbale. Les déclarations du genre « Sédhiou a la chance d’être mon terroir. Ç’aurait été ailleurs, j’aurais donné l’ordre d’ouvrir le feu. Mais si je le fais, les populations diront que c’est parce que je suis de Kolda. J’ai failli à mon serment, car je n’ai pas autorisé qu’on ouvre le feu », sont révélatrices d’un manque d’éthique de responsabilité. Car, tous les terroirs du Sénégal se valent et ne doivent faire l’objet d’aucune différenciation à travers des propos. Joseph Konrad ne disait-il pas d’ailleurs dans son élégie à Léopold Sédar Senghor : « Tout brin d’herbe a son coin de terre d’où il tire sa source, sa force et sa vie. Aussi bien l’homme est enraciné dans son sol natal d’où il tire force, foi et vie ». De ce point de vue, l’attachement de tout individu à son terroir ne doit entacher en aucune manière la primauté des principes de neutralité et d’égalité dans l’exercice du service public de la politique administrative. Aujourd’hui, les sénégalais ont besoin que leur confiance soit restaurée vu la récurrence des actes de violence d’une manière générale. Pour ce faire, il est impératif que l’Etat reprenne sa fonction de seul détenteur du monopole de la violence légitime. Mais dans la mesure où il ne peut agir sans tenir compte des logiques sociales qui constituent les assises sociales de la société sénégalaise, les guides religieux et autres leaders d’opinion doivent rompre avec le silence. Dans ce contexte de tensions, chacun doit jouer une mission de colombe : Unissons le mieux de nous-mêmes pour l’intérêt de la République !
Abdou Rahmane THIAM
Docteur en Science politique
Montpellier - FRANCE
Du point de vue sociologique, la violence peut être classée dans la catégorie des cas de déviance, autrement dit des faits qui se situent en marge des normes de la société. A ce titre, combien d'entre nous placeraient les toxicomanes, alcooliques ou agresseurs en bonne position des listes de déviants dans la société ? Encore faut-il préciser que la déviance sociale varie sensiblement selon les différents segments de la société, mais évolue dans le temps. Sous ce rapport, l’expression populaire « Sénégal deukou diam la » a bien ici son sens. Sous ce rapport, le terme "phénomène social" ne s'applique pas à une personne mais à un mouvement, une idée, un fait ... qui prend des proportions telles qu'il sort de son environnement initial où il était peut-être méconnu ou marginal. En quoi la gravité de l’incendie du meeting du P.S à Thiès réunit-il les caractéristiques d’un attentat qui est, selon le Larousse, une attaque criminelle ou illégale contre les personnes, les droits, les biens ? S’agit-il d’une tentative de pogrom qui est, selon toujours le Larousse, une agression meurtrière d’une communauté ethnique ou religieuse comme ce fut le cas de l’holocauste ou du génocide du peuple juif ou rwandais ? Car il s’agit bien d’un fait d’énergumènes visant à décimer ou à exterminer une communauté politique.
Dans cette perspective, l’incendie de la tribune qui abritait les membres du bureau politique du P.S pourrait s’inscrire dans la logique des actes criminels. Le mode opératoire par lequel il s’est déroulé, est singulier. Ce qui justifie l’usage du mot « Invention » qui signifie sociologiquement une manière originale de production d’un fait social ou politique. Si la violence est généralement pensée sous le seul prisme de l’atteinte à l’intégrité physique d’une personne, elle sera ici envisagée sous l’angle de sa manifestation et des facteurs qui sous-tendent son mode opératoire. A ce titre, l’usage du mot « archéologie » aide à mieux comprendre ce fait déviant. Comment des Ennemis circulants identifiables(ECI) arrivent-ils donc à menacer sporadiquement la cohésion nationale dans une démocratie pluraliste alors que l’Etat est le seul détenteur du monopole de la violence légitime ? Une telle interrogation amène à analyser l’élasticité de la notion de violence à travers son invention actuelle au Sénégal (1), et à indiquer ensuite des pistes de réflexion (2).
b[1. b[De l’élasticité de la notion de violence à son invention actuelle dans le champ politique ]b]b
Il ne s’agit pas ici de réduire l’incendie de la tribune officielle du meeting du PS à Thiès à une violence symbolique qui viserait à monter les citoyens contre les politiques. Même si le phénomène de pauvreté est un facteur explicatif de la violence, celle-ci serait mieux comprise si elle est étudiée sous l’angle de son invention. Il s’agit ici d’expliquer la récurrence de la violence au Sénégal à travers ses de nouveaux modes opératoires. Pour autant, il est important d’apporter quelques précisions sur la violence selon certains auteurs afin de cerner cette notion d’élasticité du phénomène. Si la violence politique est relative à l'exploitation, de la part d'un État ou d'un mouvement politique, de formes de violences envers des populations, elle n'a pour objet que des aspects d'ordre politique (revendications territoriales, indépendance), et a pour effet d'imposer le point de vue de l’auteur de cette violence, ou, sinon, de dissuader l'expression d'autres points de vue.
Mais la violence peut s’inscrire dans la dynamique de la domination dans la société. Cette domination se manifeste sous la forme d’un pouvoir de coercition dans les sociétés contemporaines. Dans sa conception cynique du pouvoir, Nicolas Machiavel considère, dans « Le Prince », l’usage de la force comme le fondement du pouvoir politique. Ce qui n’est le cas pour Pierre Clastres dans son étude des sociétés primitives amérindiennnes (Tupi-Guarani et Gayaki) étant des sociétés égalitaires comme beaucoup de nos sociétés traditionnelles. Il s’agit de sociétés fondées sur le lignage qui refusent l’Etat car se plaisant dans leur organisation sociale et politique. Dans « La société contre l’Etat », Clastres montre que le Chef use de son pouvoir politique, non pas par la force, mais par son charisme, son don oratoire, sa capacité de persuasion, c’est-à-dire sa fonction de régulateur social. Cette légitimité charismatique qui est une source du pouvoir politique fait partie des trois idéaltypes de Max Weber sur la domination : la domination traditionnelle puisant son fondement dans la tradition (coutume), la domination légale-rationnelle fondée sur la règle et la domination charismatique reposant sur des qualités exceptionnelles. En cela, Weber définit l’Etat comme « un groupe de domination politique dont la direction administrative revendique avec succès le monopole de la violence physique légitimes ».
Si la violence au sens de domination apparaît ici sous différentes formes, cette pluralité se perçoit également au niveau du langage : il s’agit de la violence verbale. Dans ce cadre, les recherches de Noam Chomsky ont beaucoup apporté à ce que l'on appelle la « révolution cognitive ». Chomsky a entrepris une déconstruction (remise en question) de l'approche comportementale de l'étude de l'esprit et du langage qui dominait dans les années 1950. Pour ce faire, il s’emploie à une critique du Verbal Behavior (« Comportement verbal ») de Skinner en 1959. Ses travaux fondés sur une approche naturaliste de l’étude du langage ont constitué un grand apport à la philosophie du langage et de l’esprit. Ils ont aussi traduit ce qu’on appelle « la hiérarchie de Chomsky » qui est un moyen de classification des langages formels en fonction de leur pouvoir de génération. En cela, la parole du « Kilifa » ou « dirigeant » dans nos sociétés a toujours eu un pouvoir prophétique, c’est-à-dire respectée en raison de la représentation que les populations avaient de ce « Kilifa ». Mais en envisageant la violence sous l’angle de la portée du langage, on perçoit ce qu’on appelle la violence verbale.
Sous ce rapport, on constate bien l’élasticité de la notion de violence qui n’est pas toujours physique. Partant, l’on peut se demander en quoi des énergumènes jouant des faiblesses répressives de la démocratie pour injecter leur venin, représentent-ils de véritables ennemis de la liberté et du bien public et, par conséquent, des menaces contre la cohésion nationale. Répondre à cette interrogation suppose de relever de l’observation de la société sénégalaise, la pluralité des formes de la violence. En effet, l’élasticité du phénomène de violence met en lumière son invention. Cela signifie que celle-ci peut être envisagée sous plusieurs angles parmi lesquels les côtés discursif, financier, social et politique. Mais notre propos privilégiera les angles financier, environnemental et politique.
Sur le plan financier, la gestion des audits par le pouvoir politique issu de l’alternance démocratique du 19 mars 2000 mérite une réflexion. Qu’est-ce qui explique l’impunité de ces audits qui ont pourtant occupé une bonne place dans le discours politique de campagne électorale du Front pour l’alternance (FAL) ? Pour répondre à cette question, il est important de convoquer le contexte politique de 2000. Malgré sa victoire au second tour, tout laisse à penser que le nouveau parti au pouvoir (PDS) n’était pas rassuré par la représentativité de son capital militant. Pour reconfigurer son assise politique locale et nationale, il a fallu débaucher des responsables d’autres partis, et plus particulièrement de grands responsables du P.S. Dans ce cadre, des responsables socialistes mouillés par les audits ont choisi de rompre avec leur formation politique d’origine (P.S) pour échapper à d’éventuelles sanctions, même s’ils bénéficiaient en tant que citoyens de la présomption d’innocence.
Ce choix de la transhumance volontaire ou forcée met en relief la course aux ressources d’allégeance de ces transhumants et l’état de l’éthique de conviction dans l’espace politique sénégalais. Mais la position du PDS en 2000 met aussi en lumière le choix de l’électorat des épinglés par les audits à la place de leur sanction. Cette instrumentalisation des audits à des fins politiques ne constitue-t-elle pas une forme de violence économique dans la mesure où il s’agit de pertes et profits pour l’économie nationale ? En effet, les usages politiques des audits, autrement dit leur manipulation à des fins politiques n’apparaît-elle pas comme une invention de la violence faite aux Sénégalais qui sont confrontés à d’autres problèmes de pauvreté, de chômage et de sécurité ? Aujourd’hui, les résultats des audits commandités par l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), révèlent des faits insolites du point de vue du comportement à l’égard du bien public, notamment les marchés passés en 2008 par le Ministère de la Famille, de la Solidarité nationale, de l’Entreprenariat féminin et de la Micro finance. On relève l’achat d’une clé USB de 1 Go acheté à 97 000 FCFA, d’un tapis de prière à 15 800 francs CFA, d’un couteau à 42 000 FCFA, d’une cuisinière à 2,115 millions FCFA, et d’une cuillère grand modèle au prix de 37 000 FCFA. Encore faut-il ajouter les révélations de Monsieur Abdou Latif Coulibaly dans son ouvrage sur l’Agence Nationale de l’Organisation de la Communauté Islamique (ANOCI) relatives à l’achat d’un luminaire au prix de 10 millions de FCFA pour le bureau du président de cette structure. Tous ces faits permettent ainsi de localiser la violence dans un lieu, autre que celui dans lequel on a l’habitude de le situer, c’est-à-dire la violence physique.
Dans cette perspective, le comportement de certains Sénégalais vis-à-vis de leur cadre de vie constitue en soi une autre forme de violence. En effet, l’usage anarchique de la voie publique exprime une typologie de la violence à travers les nuisances qu’il génère. Il s’agit de l’atteinte à la libre circulation des personnes. Pourtant, lorsque la mairie de la ville de Dakar entreprend le désengorgement des voies publiques de la capitale, cela soulève des réactions parfois paradoxales. Par ailleurs, certains comportements, notamment le fait d’uriner à n’importe quel endroit de la ville, posent de sérieux problèmes de salubrité publique, malgré l’existence d’urinoirs installés à cet effet. De surcroît, le fait d’uriner sur le mur de clôture d’autrui constitue une forme de violence qui entame les liens de sociabilité. Ce phénomène qui est surtout observable dans les gares routières, pose un véritable problème de santé publique pour les usagers. Certes, le développement a une base culturelle lorsqu’il s’agit de créer des liens de sociabilité au sein de la collectivité. Elle met aussi en relief la problématique du développement, même si la pauvreté ne saurait justifier de tels comportements. Mais cette forme de violence faite à l’environnement et au cadre de vie semble liée à un problème d’appropriation de l’espace public. De ce point de vue, les sanctions prévues contraignent difficilement les réfractaires à l’obéissance de la règle. C’est pourquoi, la gestion des ordures dans les agglomérations urbaines du Sénégal constitue un sérieux problème qui appelle une introspection collective sur certaines formes de comportements, même si des efforts énormes ont été fournis depuis la Société africaine de Diffusion et de Promotion (SOADIP : 1971-1984) jusqu’à Ama-Sénégal en passant par la Société Industrielle d’Aménagement du Sénégal (1986-1995).
Si l’aspect financier et environnemental de la violence est souvent ignoré tel qu’il est analysé précédemment, c’est parce que l’accent mis sur le côté physique du phénomène reste plus visible. A ce titre, la succession d’actes de violence physique qui sont restés impunis attirent plus l’attention de l’opinion publique, car n’allant pas souvent dans le sens de ses attentes. Aujourd’hui, l’idée de démocratie apaisée attribuée au Sénégal devient, à l’épreuve des faits, discutable. C’est pourquoi, il est important de convoquer quelques cas qui semblent conforter la résurgence de la violence. Il s’agit de faits qui font le lit de l’impunité. Certes, la violence a toujours existé dans le champ politique sénégalais. Mais force est de reconnaître qu’elle a pris des proportions importantes depuis quelques années, surtout dans le cadre des luttes de positionnement dans l’espace politique. Si les élections de 1988 ont été émaillées par des troubles électoraux et post-électoraux, celles de 1993 ont été plus marquées par la violence, car allant jusqu’à l’assassinat de Me Babacar Sèye, Vice-président du Conseil constitutionnel. Les auteurs de ce crime ont ensuite bénéficié d’une amnistie. En ce sens, la loi Ezzan, qui est une loi d’amnistie visant à absoudre des infractions commises depuis 1983, ne favorise-t-elle pas l’impunité ? Car, cette loi vise précisément les infractions criminelles commises en relation avec les élections générales et locales organisées entre le 1er janvier 1983 et le 31 décembre 2004, ou ayant des motivations politiques, et prévoit en même temps l’amnistie de toutes les infractions en relation avec le décès de Me Babacar Sèye.
D’autres affaires restent toujours non élucidées. On pourrait citer :
- la mort de l’étudiant Balla Gaye,
- la tentative d’assassinat du leader politique Talla Sylla (affaire classée),
- l’incendie du siège de Psd/Jant-bi (affaire classée),
- l’incendie de la Bourse du travail (CNTS),
- l’agression de Pape Cheikh Fall, correspondant de la Rfm à Diourbel,
- l’affaire des journalistes Kambel Dieng et Karamokho Thioune,
- l’agression contre le candidat Idrissa Seck lors de la campagne de l’élection présidentielle de 2007,
- le saccage des locaux abritant les journaux «L’As» et «24 Heures Chrono »,
- la casse des locaux de Wal Fadjri,
- l’agression de militants socialistes à Paris,
- l’agression contre le cortège du leader de l’APR/Yakaar,
- l’incendie d’un véhicule à la permanence du PDS, et
- les incidents de violence entre militants du PDS à Fatick.
Sous ce rapport, l’on peut s’interroger objectivement sur la protection des libertés si l’on considère la liste des faits de violence énumérés ci-dessus. On pourrait aussi se demander pourquoi dans un Etat de droit on en arrive à cette situation incompatible avec une démocratie dite apaisée. Pourtant le Sénégal est un Etat où existent tous les dispositifs appropriés pour sanctionner les actes de violence, notamment ceux précédemment cités. Mais curieusement, on note un développement des agressions contre des Sénégalais qui se battent quotidiennement pour apporter leur valeur ajoutée au développement de leur pays. L’exemple du récent assassinat de ce vieux aux Parcelles Assainies par des malfrats est illustratif de l’intensité de la violence au Sénégal. Ainsi, les citoyens qui investissent les champs politique, médiatique ou intellectuel semblent ne plus avoir la protection de l’Etat qui a pourtant l’obligation. Car, en vertu du contrat social, l’Etat a l’obligation d’assurer une protection à ses citoyens. Ainsi, le silence inexplicable des guides religieux supposés être des régulateurs sociaux appelle des interrogations légitimes. Pourtant, des guides comme Abdou Lahat Mbacké et El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabbakh ont toujours fait usage de leur fonction de régulation de manière audible. Serigne Mouhamadou Bara Mbacké, Khalife général des Mourides, vient de lancer, lors du Magal du 3 février 2010, un appel contre toutes les formes de violence. En cela, l’attentat manqué contre les membres du bureau politique du P.S à Thiès révèle le degré de gravité de la violence politique et son nouveau mode opératoire.
2. Que faire après le pogrom manqué contre le Bureau politique du P.S à Thiès ?
L’incendie provoqué lors du meeting du P.S à Thiès constitue, d’une part, une manifestation de la résurgence de la violence politique au Sénégal et exprime, d’autre part, un nouveau mode opératoire de ce phénomène. Il met également en relief l’émergence et le rôle des milices dans l’espace politique. Il s’agit de groupes armés qui sont sous le commandement d’un homme politique ou religieux. Les déclarations émises par le correspondant de Wal fadjri à Thiès désignent comme commanditaire le responsable des Jeunes Wadistes. Ce dernier s’est ensuite rétracté. Il est d’ailleurs important de recadrer, dans le cadre de la neutralité axiologique, l’usage de certains termes dans le vocabulaire politique de nos hommes politiques. Précisément, ceux qui parlent de l’Ecole du wadisme doivent se remettre en cause du point de vue scientifique. Car, une Ecole ne se décrète pas au plan scientifique, mais elle se construit sur la base d’un paradigme. Sinon, quel est cette grande théorie (paradigme) reconnue par la communauté scientifique qui constitue le fondement de cette Ecole dite du wadisme ? Il semble plus cohérent de revoir l’appellation de cette structure ou de préciser ses contours.
Après ces précisions, il importe maintenant de relever dans ce cas de violence produit à Thiès, quelques réactions de la classe politique : il s’agit surtout des déclarations des frères de parti du présumé commanditaire. En ce sens, la qualification juridique des faits de cet acte de violence ne peut être que criminelle vu le lieu et les circonstances de la production de cet acte. C’est pourquoi il est regrettable d’entendre un député libéral, Me Tafsir Thioye, qualifier, sur un plateau télévisé, cet acte de fait isolé, au moment où quelques un de ses frères de parti ont fait preuve de responsabilité à travers leurs déclarations. De plus, il est regrettable d’ignorer dans un régime dit de libertés la gravité de certains actes de violence comme cette tentative de pogrom. N’est-il pas aussi contradictoire que de condamner cet acte, et en même temps le qualifier de fait isolé pour avancer un argumentaire fragile ? Le bon sens et la sagesse ne recommanderaient-ils pas de condamner l’acte et de s’en limiter là ? Au même moment, le silence du maire de la ville Thiès où cet acte criminel s’est produit demeure plus qu’étonnant pour quelqu’un qui nourrit des ambitions présidentielles. Encore faut-il préciser que dans le cadre de la police administrative, le maire a la double casquette d’autorité administrative et celle de police judiciaire.
Pourtant, des responsables du Pds à Thiès ont pris leurs distances par rapport au présumé commanditaire et réclamé que la loi s’applique dans toute sa rigueur. Dans ce cadre, certaines déclarations de responsables du PDS montrent que, du point de vue moral, la violence ne doit pas faire l’objet d’une approbation au sein d’une organisation politique, même si elle est le fait d’un de ses membres. A ce titre, le député Mamadou Dramé a tenu des propos qui mettent bien en lumière le principe de la continuité des institutions, autrement dit « les hommes passent les institutions restent ». Il précise : « Nous ne pouvons pas cautionner la violence. Puisqu’il (Massaly) réclame lui-même cet acte, la loi doit s’appliquer. Le Sénégal a eu un président qui s’appelle Senghor, Abdou Diouf, il s’appelle Abdoulaye Wade, il s’appellera quelqu’un d’autre. Je suis un sénégalais, je ne peux pas cautionner de tels actes ». De plus, Madame Hélène TINE, Porte parole de l’Afp déclare : «Au plan politique, nous allons analyser ce qui vient de se passer et voir ce qu’il y a lieu de faire. On n’acceptera pas que la violence parte de Thiès ! Nous serons aussi vigilants. On est à l’approche de la fête du 4 avril et on ne peut accepter que la grâce présidentielle soit donnée à l’instigateur de ce qui s’est passé. Rappelez-vous des condamnés dans l’affaire Me Sèye, qui ont, par la suite, obtenu la grâce présidentielle. Cette fois, nous n’accepterons plus cette grâce pour ces monstres de l’Alternance qui cherchent à brûler le pays et le peuple.»
Dans le même registre, Monsieur Pape Samba Mboup, Ministre, chef de Cabinet du président de la République précise dans une radio de la place : « Le Sénégal est un pays de droit. Il y a des militants qui croient que tout ce qu'ils font va faire plaisir au président. Abdoulaye Wade n'a pas besoin de ça pour gagner des élections. Il est arrivé au pouvoir sans marcher sur des cadavres. Il n'aime pas la violence. Que ce soit Massaly ou qui que ce soit, nous ne cautionnons pas ces choses-là. On ne va pas laisser des gens saboter ce que nous sommes en train de faire. La justice doit faire son travail ». Une dernière déclaration importante du point de vue de l’analyse est celle de Monsieur Babacar Gaye, porte-parole du Pds qui précise : « Il est regrettable que dans une démocratie, les contradictions se règlent par la violence et non par les idées … Ce regain de violence politique n'honore pas notre démocratie et constitue un danger pour la paix civile et la stabilité politique de notre pays saluée par toute la communauté internationale».
Ces déclarations auxquelles il faut ajouter celles des autres partis de l’opposition et de la majorité, des organisations des droits de l’homme et de la société civile, mettent en en relief une éthique de responsabilité. Car cet attentat manqué contre la direction du PS est révélateur d’une invention de pogrom dans l’espace politique sénégalais. Cela signifie qu’on assiste à de nouveaux modes d’action ou d’expression de la violence. Mais si la démocratie suppose une expression plurielle des idées et une gestion des contradictions par des arguments, la violence politique apparaît comme un corps étranger qui peut la gripper lorsque des garde-fous ne sont pas créés et rendus opérationnels.
Ainsi, il importe de décliner maintenant quelques pistes de sortie de crise, après avoir relevé ces déclarations politiques au sujet de cet incendie de la tribune officielle du meeting du PS à Thiès. L’histoire et la science politique nous enseignent qu’après la chute du Tsar en Russie, la question a été, selon Lénine, « Que faire » pour reconstruire ce grand pays ? A cette interrogation, une des réponses a été, au plan politique, la création du Parti communiste de l’Union des Républiques socialistes soviétiques (PCUS). De la même manière, l’on peut se demander « que faire ? » après l’incendie criminel de Thiès ? Dans le cas d’espèce, il s’agit de décliner quelques pistes en partant de l’analyse qui précède.
Pour que des énergumènes ne se jouent plus de la faiblesse des sanctions du pouvoir politique, il urge de rompre avec l’impunité, car « toute société qui n’a pas de culture de sanction se désagrège ». Pour ce faire, le pouvoir se doit de vider sans ambages les dossiers cités ci-haut. Car il est incompréhensible d’appliquer la loi pour les voleurs de poules et de protéger les bandits à col blanc. Une justice à géométrie variable n’est pas un facteur qui garantit la cohésion d’une nation. Il s’agit d’éviter que les citoyens soient obligés de prendre eux-mêmes leur propre sécurité. En d’autres termes, la loi du talion ne doit pas être le recours ultime dans un Etat de droit. C’est pourquoi les magistrats ont une responsabilité historique dans la consolidation de l’Etat de droit et de l’indépendance de la justice. Un Etat est toujours gouverné par un principe de continuité des institutions et la société a toujours le droit de demander des comptes à tout agent de son administration (article 15 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789).
Par ailleurs, il urge d’opérer une introspection collective sur certaines pulsions et comportements qui encouragent la violence ou l’impunité dans la société sénégalaise. Ce processus de civilisation contribue à la construction d’un espace civilisé et pacifique. Mais cette pacification de l’espace public passe par un processus de socialisation. Pour ce faire, les partis politiques qui constituent un des cadres, ont un rôle important à y jouer. Il s’agit, entre autres, de construire une culture politique et citoyenne pour leurs militants. En cela, les partis ont un rôle de formation politique de leurs militants. L’intérêt de cette socialisation politique permet l’intériorisation de valeurs incarnées par la République. Cette éducation politique et civique est pourtant assurée à travers des cadres structurels dans certains partis comme le PS qui vient d’ailleurs d’organiser un colloque international sur « les processus de démocratisation en Afrique ». Sous ce rapport, les partis politiques sénégalais doivent renouer avec leur fonction de socialisation politique.
En outre, la bonne gouvernance doit passer par la suite à donner aux résultats des audits : il s’agit de faire de sorte que force reste à la loi. Il est de ce point de vue important que la marchandisation de l’impunité des audits avec la transhumance partisane ne soit plus une variable déterminatrice du gouvernement de la société. Car, si la tyrannie s’enveloppe de mystère, la liberté commence par la clarté. A ce titre, la promotion de bandits à col blanc à des positions politiques de pouvoir favorise des sentiments de violence latente. Dans ce cadre, l’Etat de droit est devenu aujourd’hui la principale caractéristique des régimes démocratiques. En faisant du droit un instrument privilégié de régulation de l'organisation politique et sociale, il subordonne le principe de légitimité au respect de la légalité. En d’autres termes, l'État de droit suppose de nos jours l'existence effective ou même minimale de libertés individuelles et collectives (liberté de croyance, d'association, d'opinion) et l'indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis des pouvoirs politiques. Il suppose aussi des lois connues, publiques, appliquées par les forces publiques (police et tribunaux particulièrement), y compris à l'endroit d'elles-mêmes, et la bonne gouvernance.
A ce titre, le discours sur la bonne gouvernance doit transcender l’appartenance politique pour devenir une véritable révolution dans la gestion des affaires publiques. Chaque citoyen doit y trouver son compte et le sens de la justice sociale doit imprégner l’action publique. En cela, l’Etat de droit doit consacrer la suprématie de la loi sur tous. Il est aussi important de renforcer les corps de contrôle de l’Etat, notamment l’Inspection Générale d’Etat (IGE), la Cour des Comptes (C.C), l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) et le Conseil d’Etat (C.E). Toutes ces conditions réunies offrent des perspectives efficaces à la consolidation de la démocratie.
Au total, il semblerait que les condamnations morales de la violence dans le champ politique soient devenues quasi unanimes avec la consolidation des démocraties pluralistes, même si la violence semble inscrite dans une logique de négociation ou de marchandage de rentes. Dans la hiérarchie des impératifs qui structurent le destin des peuples, la démocratie apparaît comme une problématique planétaire, voire une exigence historique. Mais la construction de l’infrastructure démocratique ne peut se faire dans un espace non civilisé, voire non pacifié. En cela, la violence doit avoir l’Etat de droit comme mode de régulation. Car toute communauté humaine norme le comportement de ses membres, puisque l’anomie n’existe pas dans les sociétés humaines. En ce sens, les entrepreneurs de milices qui entretiennent la violence au Sénégal doivent se mettre à l’évidence que le commun vouloir de vivre en commun ne se construit qu’à partir d’un abandon ou d’un contrôle de certaines pulsions. L’autocontrainte qui sous-tend, au sens éliassien (Norbert Elias) du terme, le contrôle social dans la dynamique de construction étatique, se doit aussi de passer par le bon exemple.
L’autorité politique qui est chargée d’assurer la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire ne doit exercer sa fonction avec des discours émaillés de violence verbale. Les déclarations du genre « Sédhiou a la chance d’être mon terroir. Ç’aurait été ailleurs, j’aurais donné l’ordre d’ouvrir le feu. Mais si je le fais, les populations diront que c’est parce que je suis de Kolda. J’ai failli à mon serment, car je n’ai pas autorisé qu’on ouvre le feu », sont révélatrices d’un manque d’éthique de responsabilité. Car, tous les terroirs du Sénégal se valent et ne doivent faire l’objet d’aucune différenciation à travers des propos. Joseph Konrad ne disait-il pas d’ailleurs dans son élégie à Léopold Sédar Senghor : « Tout brin d’herbe a son coin de terre d’où il tire sa source, sa force et sa vie. Aussi bien l’homme est enraciné dans son sol natal d’où il tire force, foi et vie ». De ce point de vue, l’attachement de tout individu à son terroir ne doit entacher en aucune manière la primauté des principes de neutralité et d’égalité dans l’exercice du service public de la politique administrative. Aujourd’hui, les sénégalais ont besoin que leur confiance soit restaurée vu la récurrence des actes de violence d’une manière générale. Pour ce faire, il est impératif que l’Etat reprenne sa fonction de seul détenteur du monopole de la violence légitime. Mais dans la mesure où il ne peut agir sans tenir compte des logiques sociales qui constituent les assises sociales de la société sénégalaise, les guides religieux et autres leaders d’opinion doivent rompre avec le silence. Dans ce contexte de tensions, chacun doit jouer une mission de colombe : Unissons le mieux de nous-mêmes pour l’intérêt de la République !
Abdou Rahmane THIAM
Docteur en Science politique
Montpellier - FRANCE
Autres articles
-
La citoyenneté, socle de la rupture systémique (Par Bocar Kâne)
-
Analyse du rachat supposé de la Société générale sénégalaise par l'Etat du Sénégal SÉNÉGAL PAR L'ÉTAT DU SÉNÉGAL
-
Alerte : René Capain Basséne très mal en point après son admission à l’hôpital (Famille)
-
Proclamation des résultats des élections : l'expert électoral Ndiaga Sylla relève des manquements
-
SONKO, L’HUMORISTE ET LE BALCON (Par BACARY DOMINGO MANE)