Des salariés de Lonmin en grève sur le site de Marikana, le 14 mai 2013. REUTERS/Siphiwe Sibeko
C’est presque un rendez-vous annuel, avec le début de ce qu’on considère ici en Afrique du Sud comme le printemps. Les syndicats annoncent que les négociations sur les conventions collectives sont arrivées à un point de blocage. Leurs revendications portent sur la question du transport, du logement, du système de santé et bien sûr, celle des augmentations de salaire.
Un mineur rencontré samedi 24 août par RFI lors d’une manifestation à Johannesbourg témoigne de ses conditions de vie : « Nous avons besoin d’argent ! Il faut qu’ils augmentent nos salaires. Maintenant, une miche de pain complet, ça vaut 10 rands, vous voyez, c’est dur. C’est pour ça qu’on a besoin d’argent. S’ils voulaient montrer qu’ils prenaient soin de nous, leurs employés, ils répondraient à nos demandes. Car nous, nous faisons tout notre possible pour eux, c’est nous qui produisons ! »
Des augmentations entre 60 et 120% de salaires, c’est ce que réclament les syndicats représentant les travailleurs du secteur de l’or, quand le patronat en propose 6%, soit une hausse à peine plus élevée que le taux d’inflation. Charmane Russell, la porte-parole des entreprises de ce secteur, explique « ça va toujours être un débat de savoir quelle est la juste rémunération. Mais ce qui est important aujourd’hui, c’est ce que nous pouvons nous permettre. La production d’or en Afrique du Sud est à son plus bas niveau. Il y a dix ans, nous étions les premiers producteurs au monde. Aujourd’hui, nous sommes le sixième après le Pérou, par exemple. 60% de nos mines d’or ne sont aujourd’hui plus rentables ».
Entre les travailleurs et le patronat, deux logiques diamétralement opposées
C’est ce qui explique le blocage dans le dialogue social. D’un côté, il y a la main d’œuvre, peu qualifiée, qui peine à survivre. Et de l’autre, le patronat qui trouve déjà qu’elle est trop payée et préfère la remplacer par des machines. Cela conduit à une augmentation du taux de chômage déjà très élevé dans le pays et rajoute une pression financière supplémentaire sur ceux qui travaillent. Mais ce contexte social explosif est aussi, et surtout, le résultat d’un accroissement des inégalités en Afrique du Sud, comme l’explique l’économiste Azar Jammine : « aujourd’hui, le chef d’une grande société Gold Field a un salaire de 14 millions de rands. C’est plus qu’un million d’euro, tandis que les travailleurs gagnent six ou sept mille euros par an. Ce sentiment d’une hausse des inégalités est en train de gagner beaucoup plus de forces qu’avant ».
« Le capital, le plus gros bénéficiaire »
Ce sentiment d’injustice, c’est ce qui aussi provoqué des dissensions au sein de la Cosatu, la grande centrale syndicale allié à l’ANC, le parti au pouvoir. Le syndicat des métallurgistes, Numsa en fait encore partie aujourd’hui, mais peut-être plus pour longtemps. Karl Cloete, vice-secrétaire général de Numsa, explique : « il y a un désaccord sur le fait de se montrer plus critique envers le gouvernement ANC et sur la manière de traiter la question ouvrière. Même si la classe ouvrière a bénéficié de maisons, d’un meilleur accès à l’électricité, à l’eau et aux sanitaires. Mais en des termes crus, le plus gros bénéficiaire de notre lutte pour la liberté politique a été le capital, et particulièrement les sociétés monopolistiques blanches ».
Dernier registre d’explication : les élections ont lieu l’an prochain en Afrique du Sud. Et les syndicats et les travailleurs savent que c’est le moment ou jamais pour mettre la pression sur les entreprises, le gouvernement et l’ANC, car ce sont eux qui traditionnellement permettent au parti au pouvoir de faire un score élevé.
Source : Rfi.fr
Un mineur rencontré samedi 24 août par RFI lors d’une manifestation à Johannesbourg témoigne de ses conditions de vie : « Nous avons besoin d’argent ! Il faut qu’ils augmentent nos salaires. Maintenant, une miche de pain complet, ça vaut 10 rands, vous voyez, c’est dur. C’est pour ça qu’on a besoin d’argent. S’ils voulaient montrer qu’ils prenaient soin de nous, leurs employés, ils répondraient à nos demandes. Car nous, nous faisons tout notre possible pour eux, c’est nous qui produisons ! »
Des augmentations entre 60 et 120% de salaires, c’est ce que réclament les syndicats représentant les travailleurs du secteur de l’or, quand le patronat en propose 6%, soit une hausse à peine plus élevée que le taux d’inflation. Charmane Russell, la porte-parole des entreprises de ce secteur, explique « ça va toujours être un débat de savoir quelle est la juste rémunération. Mais ce qui est important aujourd’hui, c’est ce que nous pouvons nous permettre. La production d’or en Afrique du Sud est à son plus bas niveau. Il y a dix ans, nous étions les premiers producteurs au monde. Aujourd’hui, nous sommes le sixième après le Pérou, par exemple. 60% de nos mines d’or ne sont aujourd’hui plus rentables ».
Entre les travailleurs et le patronat, deux logiques diamétralement opposées
C’est ce qui explique le blocage dans le dialogue social. D’un côté, il y a la main d’œuvre, peu qualifiée, qui peine à survivre. Et de l’autre, le patronat qui trouve déjà qu’elle est trop payée et préfère la remplacer par des machines. Cela conduit à une augmentation du taux de chômage déjà très élevé dans le pays et rajoute une pression financière supplémentaire sur ceux qui travaillent. Mais ce contexte social explosif est aussi, et surtout, le résultat d’un accroissement des inégalités en Afrique du Sud, comme l’explique l’économiste Azar Jammine : « aujourd’hui, le chef d’une grande société Gold Field a un salaire de 14 millions de rands. C’est plus qu’un million d’euro, tandis que les travailleurs gagnent six ou sept mille euros par an. Ce sentiment d’une hausse des inégalités est en train de gagner beaucoup plus de forces qu’avant ».
« Le capital, le plus gros bénéficiaire »
Ce sentiment d’injustice, c’est ce qui aussi provoqué des dissensions au sein de la Cosatu, la grande centrale syndicale allié à l’ANC, le parti au pouvoir. Le syndicat des métallurgistes, Numsa en fait encore partie aujourd’hui, mais peut-être plus pour longtemps. Karl Cloete, vice-secrétaire général de Numsa, explique : « il y a un désaccord sur le fait de se montrer plus critique envers le gouvernement ANC et sur la manière de traiter la question ouvrière. Même si la classe ouvrière a bénéficié de maisons, d’un meilleur accès à l’électricité, à l’eau et aux sanitaires. Mais en des termes crus, le plus gros bénéficiaire de notre lutte pour la liberté politique a été le capital, et particulièrement les sociétés monopolistiques blanches ».
Dernier registre d’explication : les élections ont lieu l’an prochain en Afrique du Sud. Et les syndicats et les travailleurs savent que c’est le moment ou jamais pour mettre la pression sur les entreprises, le gouvernement et l’ANC, car ce sont eux qui traditionnellement permettent au parti au pouvoir de faire un score élevé.
Source : Rfi.fr
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