Il aura été l’un des syndicalistes les plus populaire du Sénégal. Sa mort prématurée, à Paris, vendredi dernier a comme une traînée de poudre fait la Une de toutes les parutions du samedi.
La mosquée de Dieuppeul qui avait accueilli il y’a quelques années son défunt fils Bassirou Sock a encore refusé du monde lors de la levée du corps de ce jeudi. Ils étaient nombreux à s'être déplacés venus de toutes les régions du Sénégal pour rendre un ultime adieu au défenseur des causes nobles (défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs).
Mademba Sock, un leader syndical charismatique et très engagé même après sa mort est parvenu à réconcilier les sénégalais de tout bord politique ou syndical. Ils étaient tous là pour lui témoigner fidélité et reconnaissance. C’est d’abord le Professeur Mbaye Thiam, ancien directeur de l’Ebad, qui comme il sait le faire en de pareilles circonstances a replongé l’assistance dans l’époque de la création du Sutelec. Au moment où les initiateurs du projet syndical étaient recherchés par la Police, c’est à son domicile que les rédacteurs du mémorandum s’étaient donnés rendez-vous loin des regards indiscrets pour porter sur les fonds baptismaux l’un des syndicats les plus populaires au Sénégal, disait-il.
Le Sutelec qui intègrera plus tard l’Union des Syndicats Autonomes du Sénégal (UNSAS) créée par le même Mademba Sock. Et le Professeur Mbaye Thiam en bon témoin de l’histoire d'ajouter que Mademba Sock ne connaissait pas la trahison, la compromission et le non-respect de la parole donnée.
Mademba Sock est le fils d’un ancien employé de la Senelec qui de retour de La Mecque a enfilé son costume, le même jour, pour se rendre au travail.
Un agent émérite très professionnel qui avait le sens de l’honneur. Comme le dit l’adage : « tout enfant est le reflet de ses parents (hic pater hic filius) ». C’est de cet agent modèle que Mademba Sock a pris le virus de grand défenseur des causes nobles. Mademba Sock est révélé au grand public lors de la première grève du Sutelec du temps du régime socialiste.
À la fin des années 1990, les difficultés d’approvisionnement et le coût de l’énergie au Sénégal se sont traduits par une recrudescence des mouvements sociaux, de contestations et de mobilisations collectives engageant les populations, la société civile et la jeunesse citoyenne urbaine dans un combat sans relâche contre le régime socialiste.
Juillet 1998 est le point de départ de ce vaste mouvement de contestation populaire contre le régime socialiste. Un Etat socialiste qui était à bout de souffle après plus de quarante ans d’exercice du pouvoir car confronté à une crise économique mondiale.
Ceci dans un contexte économique mondial extrêmement difficile après la dévaluation du Franc CFA en 1994. Ensuite, il y’a eu la reprise en main du processus de réforme par les partenaires techniques et financiers marquée par des politiques publiques de privatisation à outrance. Or, c’est justement à cette même époque, pour s’opposer à cette privatisation outrancière, notamment en ce qui concernait la SENELEC, que le syndicat unique des travailleurs de l’électricité fut porté sur les fonds baptismaux. Mademba Sock en bon leader syndical engagea le combat contre le régime socialiste qui était prêt à se lancer dans les réformes édictées par les institutions internationales.
Le Sutelec s’engage dans une grève intitulée « grève de zèle » marquée par le boycott des heures supplémentaires, des cumuls de postes et des réparations en cas de panne. Un mot d’ordre syndical qui allait plonger tout le Sénégal dans le noir le plus total. Une stratégie syndicale qui allait rappeler à bien des égards le mouvement de contestation de l’année 1992. Un acte jugé inacceptable par le régime socialiste qui considère que Mademba Sock et compagnie, par cet acte de défiance, doivent être considérés comme des terroristes.
Ainsi, le leader syndical et 26 membres du Sutelec furent accusés de sabotage puis arrêtés et placés sous mandat de dépôt le 20 juillet 1998. L’objectif du régime socialiste étant de chercher à décrédibiliser et à disqualifier le mouvement syndical dirigé par Mademba Sock. Il s’en est suivi plusieurs mois de manifestations et de contestations pour exiger la libération de Mademba Sock et de tous ses co-détenus.
Le 22 janvier 1999, après 6 mois d’emprisonnement, Mademba Sock et ses compagnons d’infortune furent libérés après plusieurs mois de pression sur le régime socialiste. Cette période marque le début de l'entrée sur la scène politique de l’artiste planétaire Youssou Ndour qui, à travers la chanson Boulène Couper, témoigne d’un engagement citoyen sans précédent. Et le lead vocal du Super Étoile de s’interroger : « On a emprisonné Mademba Sock mais jusqu’à présent nous n’avons pas d’électricité. Ainsi, il y a quelque chose qui n’est pas clair aux yeux des sénégalais. » Ce titre de Youssou Ndour qui passait en boucle dans les foyers sénégalais a également contribué à la popularité du syndicaliste charismatique.
En 2011, alors que le Président Abdoulaye Wade était au pouvoir, une autre crise va secouer la Senelec. Une crise caractérisée par une réforme à partir du Plan Takal initiée par l’État du Sénégal. Karim Wade, fils du Président de la République, étant le Ministre de l’Energie et Souleymane Ndéné Ndiaye le Premier ministre, une autre crise de l’électricité est annoncée au Sénégal. Une situation qui finira par être maîtrisée à l’issue d’âpres négociations menées par le Premier ministre d’alors, ami de Mademba Sock. L’on se souviendra des propos de Mademba Sock à l’endroit de Souleymane Ndéné Ndiaye : « Monsieur le Premier ministre, c’est vrai que vous êtes mon ami mais sachez que nous allons céder pour sauver le Sénégal car pour nous SUTELEC l’intérêt national passe avant tout, a-t-il indiqué ».
C’est ça le vrai visage de Mademba Sock arraché à notre affection vendredi dernier.
Un homme de compromis mais jamais de compromission.
Ses amis du Parcours Sportif se souviendront toujours de lui notamment Mohamed El Moustapha Diagne dernier ministre des finances du Président Abdou Diouf, le Général Madicke Ndao, le Général Momar Sène, le Professeur Mamadou Ndiaye dit Doudou, Fodé Diouf ancien d’Acep, Abdoulaye Diop le Parisien et moi-même !!!
Que son âme repose en Paix.
Mbaye Diouf
Ancien conseiller spécial à la Présidence de la République
La mosquée de Dieuppeul qui avait accueilli il y’a quelques années son défunt fils Bassirou Sock a encore refusé du monde lors de la levée du corps de ce jeudi. Ils étaient nombreux à s'être déplacés venus de toutes les régions du Sénégal pour rendre un ultime adieu au défenseur des causes nobles (défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs).
Mademba Sock, un leader syndical charismatique et très engagé même après sa mort est parvenu à réconcilier les sénégalais de tout bord politique ou syndical. Ils étaient tous là pour lui témoigner fidélité et reconnaissance. C’est d’abord le Professeur Mbaye Thiam, ancien directeur de l’Ebad, qui comme il sait le faire en de pareilles circonstances a replongé l’assistance dans l’époque de la création du Sutelec. Au moment où les initiateurs du projet syndical étaient recherchés par la Police, c’est à son domicile que les rédacteurs du mémorandum s’étaient donnés rendez-vous loin des regards indiscrets pour porter sur les fonds baptismaux l’un des syndicats les plus populaires au Sénégal, disait-il.
Le Sutelec qui intègrera plus tard l’Union des Syndicats Autonomes du Sénégal (UNSAS) créée par le même Mademba Sock. Et le Professeur Mbaye Thiam en bon témoin de l’histoire d'ajouter que Mademba Sock ne connaissait pas la trahison, la compromission et le non-respect de la parole donnée.
Mademba Sock est le fils d’un ancien employé de la Senelec qui de retour de La Mecque a enfilé son costume, le même jour, pour se rendre au travail.
Un agent émérite très professionnel qui avait le sens de l’honneur. Comme le dit l’adage : « tout enfant est le reflet de ses parents (hic pater hic filius) ». C’est de cet agent modèle que Mademba Sock a pris le virus de grand défenseur des causes nobles. Mademba Sock est révélé au grand public lors de la première grève du Sutelec du temps du régime socialiste.
À la fin des années 1990, les difficultés d’approvisionnement et le coût de l’énergie au Sénégal se sont traduits par une recrudescence des mouvements sociaux, de contestations et de mobilisations collectives engageant les populations, la société civile et la jeunesse citoyenne urbaine dans un combat sans relâche contre le régime socialiste.
Juillet 1998 est le point de départ de ce vaste mouvement de contestation populaire contre le régime socialiste. Un Etat socialiste qui était à bout de souffle après plus de quarante ans d’exercice du pouvoir car confronté à une crise économique mondiale.
Ceci dans un contexte économique mondial extrêmement difficile après la dévaluation du Franc CFA en 1994. Ensuite, il y’a eu la reprise en main du processus de réforme par les partenaires techniques et financiers marquée par des politiques publiques de privatisation à outrance. Or, c’est justement à cette même époque, pour s’opposer à cette privatisation outrancière, notamment en ce qui concernait la SENELEC, que le syndicat unique des travailleurs de l’électricité fut porté sur les fonds baptismaux. Mademba Sock en bon leader syndical engagea le combat contre le régime socialiste qui était prêt à se lancer dans les réformes édictées par les institutions internationales.
Le Sutelec s’engage dans une grève intitulée « grève de zèle » marquée par le boycott des heures supplémentaires, des cumuls de postes et des réparations en cas de panne. Un mot d’ordre syndical qui allait plonger tout le Sénégal dans le noir le plus total. Une stratégie syndicale qui allait rappeler à bien des égards le mouvement de contestation de l’année 1992. Un acte jugé inacceptable par le régime socialiste qui considère que Mademba Sock et compagnie, par cet acte de défiance, doivent être considérés comme des terroristes.
Ainsi, le leader syndical et 26 membres du Sutelec furent accusés de sabotage puis arrêtés et placés sous mandat de dépôt le 20 juillet 1998. L’objectif du régime socialiste étant de chercher à décrédibiliser et à disqualifier le mouvement syndical dirigé par Mademba Sock. Il s’en est suivi plusieurs mois de manifestations et de contestations pour exiger la libération de Mademba Sock et de tous ses co-détenus.
Le 22 janvier 1999, après 6 mois d’emprisonnement, Mademba Sock et ses compagnons d’infortune furent libérés après plusieurs mois de pression sur le régime socialiste. Cette période marque le début de l'entrée sur la scène politique de l’artiste planétaire Youssou Ndour qui, à travers la chanson Boulène Couper, témoigne d’un engagement citoyen sans précédent. Et le lead vocal du Super Étoile de s’interroger : « On a emprisonné Mademba Sock mais jusqu’à présent nous n’avons pas d’électricité. Ainsi, il y a quelque chose qui n’est pas clair aux yeux des sénégalais. » Ce titre de Youssou Ndour qui passait en boucle dans les foyers sénégalais a également contribué à la popularité du syndicaliste charismatique.
En 2011, alors que le Président Abdoulaye Wade était au pouvoir, une autre crise va secouer la Senelec. Une crise caractérisée par une réforme à partir du Plan Takal initiée par l’État du Sénégal. Karim Wade, fils du Président de la République, étant le Ministre de l’Energie et Souleymane Ndéné Ndiaye le Premier ministre, une autre crise de l’électricité est annoncée au Sénégal. Une situation qui finira par être maîtrisée à l’issue d’âpres négociations menées par le Premier ministre d’alors, ami de Mademba Sock. L’on se souviendra des propos de Mademba Sock à l’endroit de Souleymane Ndéné Ndiaye : « Monsieur le Premier ministre, c’est vrai que vous êtes mon ami mais sachez que nous allons céder pour sauver le Sénégal car pour nous SUTELEC l’intérêt national passe avant tout, a-t-il indiqué ».
C’est ça le vrai visage de Mademba Sock arraché à notre affection vendredi dernier.
Un homme de compromis mais jamais de compromission.
Ses amis du Parcours Sportif se souviendront toujours de lui notamment Mohamed El Moustapha Diagne dernier ministre des finances du Président Abdou Diouf, le Général Madicke Ndao, le Général Momar Sène, le Professeur Mamadou Ndiaye dit Doudou, Fodé Diouf ancien d’Acep, Abdoulaye Diop le Parisien et moi-même !!!
Que son âme repose en Paix.
Mbaye Diouf
Ancien conseiller spécial à la Présidence de la République
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