Eric Didier Tambo définit son métier comme un sacerdoce. A 48 ans, le procureur général de la cour d’appel de Bangui a payé cher son combat contre l’impunité. Le 19 janvier, sa maison a été incendiée par la Seleka. Mais le procureur Tambo est loin d’être le seul magistrat qu’on ait voulu faire taire.
« Il y avait des signes qui ne trompaient pas. Le magistrat Bria Modeste, directeur général des services judiciaires, a été assassiné le 16 novembre. Nous savions que vraiment qu’il y avait un danger qui guettait le corps judiciaire », raconte Eric Didier Tambo.
Ce climat de violence et d’impunité a fait fuir la plupart des juges. A Bangui, beaucoup ont repris le travail, mais aucun en province. Aujourd’hui, dans la capitale, tenir une audience publique au tribunal est trop dangereux, une seule prison fonctionne. Elle a rouvert il y a à peine dix jours et se remplit très vite de délinquants pris en flagrant délit par les policiers et gendarmes qui, eux aussi, reprennent du service.
Aides extérieures
Les enquêtes se poursuivent tant bien que mal dans ce contexte, mais les magistrats bénéficient parfois de l’aide d’organismes internationaux pour collecter un maximum d’informations sur les crimes.
Florent Geel, responsable Afrique de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), travaille avec le ministère de la Justice : « Ce qu’on essaie de mettre en place, c’est ce qu’on a appelé une cellule spéciale d’enquête, qui regrouperait le parquet, des juges d’instruction, quelques officiers de police judiciaire, et qui pourrait enquêter sur les crimes les plus graves qui sont commis actuellement ».
Des informations qui viendront nourrir les procédures qui seront ouvertes devant la juridiction nationale que le gouvernement s’apprête à mettre en place. Une juridiction chargée de juger les crimes les plus graves pour beaucoup imprescriptibles.
Source : Rfi.fr
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