Le 25 janvier 2008, le médecin-chef du centre de santé Philippe Maguilène Senghor de Yoff informait la brigade de gendarmerie de Dakar-ville de l’admission, dans son service, de deux individus présentant des blessures graves provoquées par une arme blanche. L’une des victimes, Amadou Dionne Diouf, venait de succomber à ses blessures selon l'agence de presse sénégalaise.
Arrivés au centre de santé, les gendarmes constatent que Amadou Dionne Diouf a succombé à une plaie profonde située dans la région du cœur. L’autre victime, Amadou Sagna, souffrait de sérieuses blessures.
Moussa Keïta, l’auteur présumé des blessures, explique qu’il a été provoqué par Amadou Sagna, à l’aide d’un couteau trouvé dans un conteneur. Selon sa version des faits, Amadou Dionne Diouf a tenté de prêter main forte à Amadou Sagna, en lui donnant des coups. Moussa Keïta affirme que c’est pour se défendre qu’il administra un coup à Amadou Dionne Diouf.
Ce citoyen malien était venu au Sénégal en janvier 2007. Il est né en décembre 1986 à Bamako. Le 30 janvier 2008, soit cinq jours après les faits, il est mis sous mandat de dépôt, tant il est présumé être l’auteur du meurtre d’Amadou Dionne Diouf. Les enquêteurs présument aussi qu’il a porté des coups et blessures volontaires sur la personne d’Amadou Sagna.
A la barre, Moussa Keïta a dit avoir été appelé, avant le jour des faits, par son ami Amadou Sagna, pour la décharge d’un conteneur à Ouest-Foire (Dakar).
"On avait trois jours pour décharger le conteneur. Au troisième jour, j’ai salué Amadou Sagna à mon arrivée, sans qu’il ne répondre. Il s’est ensuite rué vers moi, en m’injuriant. Puisqu’il était plus fort que moi, il m’a roué de coups. Et pour me défendre, je l’ai poignardé à l’aide d’un couteau ramassé dans la cour", a dit l’accusé, devant la Cour d’assises.
"Quand Amadou Dionne Diouf est venu nous séparer, le couteau l’a atteint à la poitrine par mégarde. Je ne savais pas qu’il avait reçu des coups de couteau. Je me suis bagarré avec Amadou Sagna. Je n’avais pas de problème avec Amadou Dionne Diouf. Je ne sais pas comment je l’ai blessé", a raconté Moussa Keïta.
Selon Moussa Seydi, témoin au moins d’une partie de la scène, et oncle d’Amadou Dionne Diouf, a dit avoir vu Amadou Sagna et Moussa Keïta se battre. "C’est en sortant de la maison que Moussa Keïta a poignardé mon neveu à la poitrine. Je l’ai pourchassé pendant cinq minutes, et j’ai fini par l’attraper", a témoigné Moussa Seydi.
Le père d’Amadou Dionne Diouf, qui s’est constitué partie civile, a refusé de réclamer des dommages et intérêts. "Un fils, c’est plus important que de l’argent. Quand j’ai rencontré Moussa Keïta à la gendarmerie, il m’a dit que le coup fatal à mon fils ne lui était pas destiné, et que c’était pour Amadou Sagna", a dit le père du défunt.
L’avocat général Djibril Bâ a décelé des contradictions dans les déclarations de l’accusé entre l’enquête et sa comparution devant la Cour d’assises. "Moussa Keïta cherche à détourner notre attention du motif de son acte", dira M. Bâ.
Il ajoute, en parlant encore de l’accusé : "Il n’a pas apprécié le fait qu’on ne lui a pas donné la ceinture qu’il réclamait et la pochette qu’il a eu à subtiliser. C’est une personne violente et hostile à toute forme de critiques."
"C’est dans une gratuité totale qu’il a eu à tuer. Il a fait preuve de violence, sans raison valable. C’est une personne dangereuse", a soutenu l’avocat général, en demandant à la Cour d’assises de n’accorder aucune circonstance atténuante à l’accusé. Il requiert 20 ans de travaux forcés.
"Amadou Sagna était beaucoup plus fort que Moussa Keïta. C’est un lutteur. Il ne l’a pas salué le jour des faits. En se retrouvant avec Moussa Keïta seul dans la maison, il a voulu lui faire sa peau. C’est pourquoi Moussa Keïta s’est emparé d’un couteau pour se défendre", soutient Me Ibrahima Mbengue, l’avocat de l’accusé.
"Mon client ne cherchait pas à tuer Amadou Dionne Diouf, qui est venu les séparer. Il ne savait pas que c’est Amadou Dionne Diouf qui venait par derrière pour les séparer. Rien ne démontre la volonté de Moussa Keïta de le tuer, car il n’en avait pas", a plaidé Me Mbengue.
Il a demandé la disqualification du meurtre en coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Après avoir délibéré, la Cour d’assises a reconnu Moussa Keïta coupable du meurtre d’Amadou Dionne Diouf et des coups et blessures volontaires sur Amadou Sagna. Elle l’a condamné à 20 ans de travaux forcés.
-
Manifestation à Ziguinchor : les conducteurs de motos dénoncent des frais cachés dans le processus d'immatriculation
-
Hausse de certaines denrées : Le député Abdou Mbow adresse une question écrite au ministre de l’Industrie et du Commerce
-
Sénégal : le taux de chômage estimé à 20,3% au troisième 2024 (rapport ANSD)
-
🔴 Suivez en Direct le bloc d’informations Midikeng avec Samba Diouf, consultant en économie numérique
-
Thiès : un vigile condamné à trois mois de prison avec sursis pour violences sur sa mère