La querelle diplomatique entre le Maroc et la France ressemble de plus en plus à une affaire d'État. Rabat a décidé mercredi 26 février de suspendre tous les accords de coopération judiciaire avec Paris.
"Il a été décidé de suspendre l’exécution de toutes les conventions de coopération judiciaire entre les deux pays, pour en évaluer l’impact et les actualiser dans le but de remédier aux dysfonctionnements qui les entachent", a affirmé le ministère marocain de la Justice dans un communiqué publié mercredi soir.
Il a également annoncé le "rappel du magistrat de liaison marocain en France en attendant des solutions garantissant le respect mutuel total des accords" bilatéraux. Le texte évoque "l’apparition de nombreux dysfonctionnements et lacunes dans (les) conventions" entre Paris et Rabat.
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À l'origine de cette crise, le dépôt de plainte à Paris par une ONG pour "torture" et "complicité de torture" contre le Directeur général de la surveillance du territoire (DGST), Abdellatif Hammouchi. Plainte dans le cadre de laquelle la police française a effectuée jeudi dernier une descente à la résidence de l'ambassadeur du Maroc en France.
Le magistrat de liaison marocain à Paris a effectué des "démarches" "en vue d’obtenir les éclaircissements nécessaires auprès des autorités judiciaires françaises" sur le "non-respect" des conventions, et ce "vainement durant trois jours", déplore le ministère marocain de la justice.
Cela "dénote un comportement que les autorités judiciaires marocaines n’ont jamais observé dans leur coopération avec leurs homologues françaises", poursuit-il, avant de fustiger des "comportements" constituant "une atteinte grave aux règles élémentaires de la coopération entre les deux pays".
Ces tensions ont été aggravées par les propos sur le royaume prêtés à l'ambassadeur de France à l'ONU. Le Maroc est une "maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n'est pas particulièrement amoureux mais qu'on doit défendre", aurait affirmé le diplomate en 2011, selon l'acteur espagnol Javier Bardem, producteur d'un documentaire sur le Sahara occidental et bête noire de Rabat.
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Le Quai d'Orsay a démenti que de tels propos aient été tenus, et la situation avait semblé s'apaiser dans le sillage d'un appel téléphonique du président François Hollande au roi du Maroc, Mohammed VI, lundi soir.
Mercredi, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a dit regretter "le tour" pris par cette brouille. "Effectivement il y a eu ces jours derniers une certain tension", a reconnu le ministre, qui s'exprimait publiquement pour la première fois sur le sujet.
"Nous avons donné des explications utiles, regretté des incidents qui ont pu se produire, déploré qu'on puisse donner à cette situation un tour qu'elle ne devait pas avoir et j'espère bien que tout cela appartiendra, si ce n'est déjà fait, au passé", a ajouté Laurent Fabius, précisant avoir parlé avec son homologue marocain, Salaheddine Mezouar.
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